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Littérature de jeunesse en anglais

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En guise d'intro :

  • Cet article s'inspire de celui que j’ai écrit pour Vikidia à partir du 16 août 2018 : Littérature enfantine en anglais.
  • Les notes font le lien avec mes traductions d’œuvres d'artistes (écrivains et illustrateurs) du domaine public déposées depuis trois ans sur Littérature allophone.
  • Il sera étoffé au fur et à mesure de nouvelles contributions ici, sur Vikidia, sur Wikipédia et sur le blog de Calestampar.

Naissance de la littérature enfantine en anglais au XVIIIe siècle

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La littérature anglaise du XVIIIe siècle est surtout connue pour ses romans réalistes et populaires ; mais sous l'influence des opinions de John Locke sur l'éducation[1], une littérature adaptée au jeune lectorat se développe. Il conseille d'éduquer l'esprit de l’enfant en utilisant trois méthodes distinctes : développer un corps sain (nutrition et sommeil), former un caractère vertueux (mélange d'abnégation et de raisonnement ; système disciplinaire basé sur l'estime et la disgrâce, plutôt que sur la récompense et la punition) et utiliser un programme d'études approprié (formation du sens critique, s'entraîner à pratiquer des choses utiles, enseignement de la géographie, de l'astronomie et de l'anatomie). Il attire l'attention des parents sur le rôle des associations d'idées pendant la petite enfance qui forment les fondements de la personnalité[2].

Une maison d'édition se spécialise dans cette littérature enfantine, la Juvenile Library de John Newbery[3] pour répondre à l'intérêt croissant du public en pédagogie.

Pendant la première moitié du siècle

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L'éditeur Thomas Boreman fait paraitre des livres sur la vie des animaux et sur les légumes ainsi que des histoires distrayantes sur des monuments célèbres : A Description of Three Hundred Animals; beasts, birds, fishes, serpents, 1753. During the Infant-Age, ever busy and always inquiring, there is no fixing the attention of the mind, but by amusing it. (Preface de Gigantic History)

La veuve de l'éditeur Thomas Cooper publie un alphabet, un recueil de comptines[4] et des contes de fées, y compris des traductions d'une sélection de Mme d'Aulnoy[Note 1][Note 2][Note 3] sous le titre de The Court of Queen Mab[5].

En 1740, l'imprimeur Samuel Richardson publie un volume de fables d'Ésope qui seront reprises par la suite par de nombreux illustrateurs[Note 4][Note 5][Note 6] ; la lecture de ces fables est fortement recommandée par John Locke auprès des parents et des précepteurs pour leur côté distrayant et instructif, y compris pour les adultes[6]. D'autres éditions illustrées ont contribué à répandre leurs morales[7] sans compter les fontaines du labyrinthe de Versailles[Note 7].

Lancer de cerf-volant, A little pretty pocket-book, 1787.

John Newbery fait paraitre des centaines d'albums pour les enfants des classes moyennes :

  • A Little Pretty Pocket-Book[8] en 1744[9] ;
  • les comptines et mélodies de Ma mère l'oie en 1760[10] ;
  • The renowned history of Giles Gingerbread, a little boy who lived upon learning en 1764[11] ;
  • The twelfth-day gift or the grand exhibition[12], 1767 ;
  • The wonders of nature and art[13], 1768 ;
  • A description of England and Wales[14], 1769


Au total, 18 livres de 1742 à 1750 ; 47 pendant la décennie suivante ; 111 de 1761 à 1770 ; 129 de 1771 à 1780 ; 167 de 1781 à 1790 et 218 de 1791 à 1800.

Le succès est au rendez-vous, car les parents commencent à assumer leurs responsabilités d'éducateurs, en lectures et également en jeux pour enfants. Les recueils d'histoires comportent des allégories, des contes et des fables, ainsi que des histoires d'écoles. Des magazines mensuels commencent à être édités.

Pendant la seconde moitié du siècle

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Plusieurs auteurs réagissent contre la frivolité de la littérature enfantine et jouent les moralisateurs.

Ellenor Fenn, 1795

Anna L. Barbaud, enseignante, écrit en 1867 Lessons for Children, un livre de lecture en quatre volumes, pour les 2-10 ans, sur le ton d'une mère instruisant son fils, y compris dans les matières scientifiques[15]. Avec Hymns in Prose for Children, elle influença la poésie de William Blake et William Wordsworth. Elle encouragea le développement des écoles du dimanche pour les enfants pauvres. En 1793, elle publie avec son frère Evenings at home, série d'histoires, de fables, de drames, de poèmes et de dialogues illustrant les idéaux de l'éducation de l'époque des Lumières : « la curiosité, l'observation, et le raisonnement». Les enfants deviennent des observateurs critiques et, en cas de nécessité, des résistants explicites à l'autorité[16].

Lady Ellenor Fenn crée des jouets et des jeux pour les enfants et publie en 1783 un mélange de fables et de dialogues illustrés entre enfants :

Sarah Trimmer publie également un recueil de fables d'animaux en 1786 sur les manies de personnages excentriques :

De nombreuses histoires se déroulent dans une école, souvent en pensionnat, avec une gouvernante. Les vertus féminines sont la tempérance, la douceur, la fidélité et l'abnégation.

Sarah Fielding lance la mode en 1749 avec The Governess; or Little Female Academy[17], un livre qui divertit et instruit en même temps. Lady Ellenor Fenn publie School Occurences en 1782, School Dialogues for Boys l'année suivante et The Fairy Spectator en 1789. Les Anectodes of a Boarding Shool de Dorothy Kilner se passent dans un pensionnat qui enseigne le contrôle de soi et la discipline.

Des magazines mensuels didactiques

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  • En 1751, The Lilliputian Magazine, divertissant et édifiant, démarre une série qui durera jusqu'en 1783. Les personnages s'appellent Florella, Polly, Peter, Billy et Sally[18]. Chaque livre est abondamment illustré d'images de jeux et ne coûte que six pence.
  • The Juvenile Magazine; or, An instructive and entertaining miscellany for youth of both sexes offre 60 pages aux 7-14 ans et comporte un article de géographie, des contes, des dialogues parents-enfants, des petites pièces de théâtre et des poèmes.
  • The Juvenile Instructor démarre en janvier 1866 jusqu'à la mort du révérend Elder George Q. Cannon en 1901[19].

Cette littérature enfantine propose de tirer des leçons de morale à partir de récits fictifs qui permettent aux lecteurs de s'identifier avec tel ou tel personnage qu'ils retrouvent tous les mois, tout en développant le goût de la lecture[20].

L'influence du conte moral français

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L'ami des enfants, de Berquin

Jeanne-Marie Leprince de Beaumont écrit de nombreuses histoires pendant ses années de gouvernante en Angleterre : Dialogues between a Governess and Several Young Ladies of Quality her Scholars, 1759. Vingt-neuf dialogues sont entrecoupés de contes édifiants sentimentaux racontés par des jeunes filles de 5 à 13 ans. Elle écrit une version abrégée du conte Belle et la Bête[Note 8] dans son manuel d'éducation Le Magasin des enfants en 1757 qui inspirera de nombreuses adaptations en anglais[21].

Madame de Genlis publie en 1782 Adèle et Théodore, ou Lettres sur l'éducation et Les Veillées du château en 1784, qui sont très appréciés par les parents anglais.

La traduction de l'Ami des enfants d'Arnaud Berquin en 1787 connait un grand succès : The Looking-Glass for the Mind; or Intellectual Mirror.

Le Magasin d'éducation et de récréation d'Hetzel[22] publie sous la plume de son pseudonyme Pierre-Jules Stahl de nombreuses historiettes édifiantes et pleines d'humour, illustrés par Lorenz Fröelich, en français et souvent en anglais[Note 9][Note 10][Note 11][Note 12].

Le souci de morale et d'enfant modèle est fondamental dans toute la littérature enfantine britannique de cette fin de siècle, par exemple dans Harry and Lucy in two parts et Rosamund in three parts de Maria Edgeworth ou Sandford and Merton de Thomas Day, influencé par Jean-Jacques Rousseau. Elle appuie ses maximes et ses proverbes sur une image authentique de l'existence. Le nom que porte les enfants est souvent symbolique : Margery Meanwell est l'héroïne de Little Goody Two-Shoes publié en 1765 par John Newbery.

Les héros de The Village School de Dorothy Kilner portent le nom de leur caractère : Jacob Steadfast, Philip Trusty, Roger Riot, Jack Sneak. Sa belle-sœur, Mary Ann Kilner, publie The adventures of a pincushion en 1780.

Le merveilleux conserve sa place mais sans oublier l'aspect instructif du récit. En 1785, dans The Adventures of Six Princesses of Babylon, in Their Travels to the Temple of Virtue de Lucy Peacock, la fée Benigna annonce aux parents des princesses qu'ils retrouveront leur empire grâce aux réussites de leurs filles qu'elle éduque.

En cette fin de siècle, la littérature enfantine est devenue un champ littéraire autonome dans une culture propre à l'enfant dans sa famille et dans la société.

Au XIXe siècle

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La littérature enfantine en anglais est très fortement influencée par la diffusion des œuvres d'Andersen[Note 13] et des Frères Grimm[Note 14].

Au tournant du siècle, le côté didactique qui caractérisait cette production littéraire passe au second plan au profit de l'humour et laisse plus de place à l'imagination.

Le héros dont le nez s'allonge à chaque mensonge devient la marionnette favorite de tous les enfants, avec la traduction des Aventures de Pinocchio (The tale of a puppet).

Le thème de la vie scolaire

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En 1857, Thomas Hughes lance la mode avec Tom Brown's School Days, basé sur son expérience de vie de pensionnaire dans les années 1830. Le héros est un sportif pas très intellectuel. Il est pris en charge à son arrivée par un camarade plus expérimenté, Harry ; mais ils deviennent la cible des brutalités de Flashman[23].

En 1887, Talbot Baines Reed publie The Fifth Form at St. Dominic's[24].

Les filles n'étant pas scolarisées dans les mêmes établissements que les garçons, elles bénéficient d'une littérature différente dont l'objectif, très victorien, est de les former à devenir épouses et femmes d'intérieur[Note 15].

En 1862, le Révérend Charles Kingsley publie The Water-Babies, A Fairy Tale for a Land Baby, pour parodier L'origine des espèces de Charles Darwin.

En 1865, la publication et le succès d'Alice au pays des merveilles[Note 16] redonnent à l'imagination, au merveilleux, au burlesque, à l'absurde une place centrale[25].

L'illustrateur Richard Doyle passionne les enfants avec ses images du monde des fées[Note 17].

Les livres d'aventure

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En 1847, Frederick Marryat publie Les enfants de la forêt-neuve après une longue carrière dans la marine et son entrée dans le cercle littéraire de Charles Dickens.

La fin du siècle est marquée par la publication du roman de L'Île au trésor[26] par Robert Louis Stevenson[27], et de l'histoire de Mowgli dans Le Livre de la jungle[28] de Rudyard Kipling.

Aux États-Unis

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En 1868, la publication par Louisa May Alcott des Quatre Filles du docteur March (Little women sur wikisource) lance la mode de romans réalistes dans lesquels le manque d'argent et l'éducation des jeunes filles tiennent une place importante dans la vie quotidienne d'une famille.

À partir de 1874, Frances Hogdson Burnett publie une quarantaine de romans sur le thème de l'enfance après un séjour de deux ans à Paris ; les plus connus sont :

En 1876, Mark Twain publie Les aventures de Tom Sawyer[30].

Les livres-jouets

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Au siècle précédent, l'éditeur John Newbery avait déjà fait la promotion de livres au format spécial pour les enfants. Pendant l'époque victorienne, les livres-jouets (Toy books) envahissent le marché : ils comportent six pages illustrées et sont vendus au prix de six pence. Les images, de qualité, ne sont pas une simple illustration du texte. L'imprimeur Edmund Evans[31] et l'éditeur Routledge utilisent la technique de la chromolithographie pour colorier les planches en pierre ou en bois. Ils font appel à trois artistes, Walter Crane, Randolph Caldecott et Kate Greenaway[32] issus des mouvements préraphaélite et Arts & Crafts. Les livres offrent une version abrégée de contes traditionnels[33]. Le choix des couleurs exprime un état idyllique de l'enfance.

Walter Crane[34] est intéressé par les arts décoratifs et le cadre de chaque dessin est un véritable décor de théâtre[Note 18][Note 19][Note 20][Note 21][Note 22][Note 23][Note 24][Note 25][Note 26][Note 27][Note 28][Note 29][Note 30][Note 31][Note 32][Note 33].

Randolph Caldecott, spécialiste de croquis humoristiques, prend sa succession en 1878 avec The House that Jack Built et The Diverting History of John Gilpin[35].

Kate Greenaway est une aquarelliste mettant en scène des petits enfants habillés à la mode du début du XIXe siècle du temps de la reine Anne L'importance qu'elle attache à la ligne et au rendu plastique sont à l'origine de sa renommée internationale[36].

Arthur Rackham traite en plus de sujets fantastiques et féeriques souvent inquiétants[37].

Les illustrations de Louis-Maurice Boutet de Monvel ont beaucoup de succès en Grande-Bretagne et aux États-Unis à partir de 1880[38].

L'éditeur allemand Ernst Nister publie de nombreux livres pour enfants qu'il traduit[Note 34][Note 35] et exporte sur le marché britannique et américain à partir de 1888[39].

Le thème des colonies

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Comme le fait remarquer Edward W. Said dans Entre deux cultures[40], les colonies britanniques ont joué un rôle capital dans la créativité littéraire des romanciers anglais du XIXe siècle. On retrouve la même présence dans la littérature de jeunesse[41].

  • Le conte du tailleur et de l'éléphant[Note 36].
  • Comment les oiseaux eurent un roi[Note 37].
  • Six contes de fées indiens[Note 38], par le folkloriste John Batten qui a recueilli et diffusé en 1892 vingt-neuf contes indiens[42].
  • Contes oraux de Jataka[Note 39] transcrits par Ellen Babbitt en 1912[43].
  • Dans sa Croisière sur le Snark, Jack London décrit les sociétés en mutation des îles du Pacifique sud du fait de la colonisation, du développement du commerce et des transports maritimes, ainsi que de l'action des missionnaires[44].

Notes et Références

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  1. Pensées sur l'Éducation, 1693 (en anglais, sur wikisource, réédité 19 fois jusqu'en 1761)
  2. Quelques pensées sur l'éducation, traduction en français
  3. Littérature enfantine en Angleterre au XVIIIe siècle
  4. Tommy Thumb's Pretty Song Book en anglais
  5. Tales of the Fairies, 1752
  6. Children’s understanding of Aesop’s fables: relations to reading comprehension and theory of mind
  7. Aesop's Fables, 1882
  8. A Little Pretty Pocket-Book en anglais sur Wikisource
  9. Illustrations sur Commons
  10. Mother Goose's melody
  11. Giles Gingerbread
  12. The twelfth-day gift
  13. The wonders of nature and art: being an account of whatever is most curious and remarkable throughout the world, whether relating to its animals, vegetables, minerals, volcanoes, cataracts, hot and cold springs and other parts of natural history, or to the buildings, manufactures, inventions, and discoveries of its inhabitants
  14. Description of England and Wales, containing a particular account of each county, with its antiquities, curiosities, situation, figure, extent, climate, rivers, lakes, mineral waters, soils, fossils, caverns, plants and minerals, agriculture, civil and ecclesiastical divisions, cities, towns, palaces, seats, corporations, markets, fairs, manufactures, trade, sieges, battles, and the lives of the illustrious men each county has produced : embellished with two hundred and forty copper plates, of palaces, castles, cathedrals, the ruins of Roman and Saxon buildings, and of abbeys, monasteries, and other religious houses, besides a variety of cuts of urns, inscriptions, and other antiquities
  15. Lessons for children
  16. Evenings at home or the juvenile budget opened, sur Gutenberg
  17. The Governess; or Little Female Academy
  18. The Lilliputian Magazine
  19. The Juvenile Instructor
  20. 19th Century Juvenile Magazines
  21. La Belle et la Bête, Gallica
  22. Éducation et récréation, avec Hetzel
  23. Illustrations de Tom Brown's schooldays, sur Commons
  24. The Fifth Form at St. Dominic's
  25. Alice
  26. Traductions de l'île au trésor sur wikisource
  27. Illustrations sur Commons
  28. The Jungle book, sur wikisource
  29. Cent ans après le Jardin secret
  30. Illustrations de Tom Sawyer sur Commons
  31. Livres en ligne d'E. Evans
  32. L’œuvre de Walter Crane, Kate Greenaway et Randolph Caldecott, une piste pour une définition de l’album
  33. Illustrations sur Commons
  34. Illustrations de Walter Crane sur Commons
  35. Illustrations de Caldecott sur Commons
  36. Illustrations de Kate Greenaway sur Commons
  37. Ouvrages illustrés par Arthur Rackham
  38. Boutet de Monvel sur commons
  39. Ernst Nister, en anglais
  40. E. Said, Entre deux cultures
  41. Compte rendu de la journée d’étude: « Enfance et littérature: colonies et colonisation »
  42. Indian Fairy Tales
  43. Jataka tales
  44. Exposition sur la croisière du Snark par Jack et Charmian London