Breton/Grammaire/Pronoms
Dans une phrase, un pronom remplace un substantif de sens précis déjà exprimé, dont il prend le genre et le nombre : Anna et sa sœur sont arrivées, elles sont là, je les vois. Les pronoms se distinguent des adjectifs en ce sens qu'ils n'accompagnent pas les substantifs, puisqu'ils les remplacent.
Personnels
[modifier | modifier le wikicode]Il y a en (br) sept pronoms personnels, dont deux pour les 3èmes personnes du singulier de la conjugaison d'un verbe ; il n'y a pas de pronom indéfini correspondant au (fr) on.
- Comme en (fr), les pronoms personnels (br)s prennent des formes différentes selon qu'ils sont sujets ou complément directs : hi a wel (elle voit) • me he gwel (je la vois)[1].
- Dans la majorité des cas, le pronom personnel sujet ne s'exprime pas ; c'est la désinence du verbe qui indique la personne : gwelout a ran (je vois) • bemdez en o gwelit (vous les voyez tous les jours).
- Un pronom personnel sujet s'emploie devant un verbe conjugué, avec la particule verbale a ; le verbe subit alors les mutations par adoucissement : me a wel (je vois)[2]. Il n'y a pas de particule si un autre pronom se trouve entre le sujet et le verbe : me o gwel (je les vois).
- L'emploi du pronom sujet souligne l'importance de ce sujet : me a wel signifie en fait moi, je vois ou c'est moi qui vois selon le contexte ; moi j'ai un flingue et toi tu creuses se dirait me am eus ur gegel ha te a gleuz. Les autres sens s'expriment par la désinence du verbe : ur gegel am eus ha kleuziañ a rez (j'ai un flingue et tu creuses), littéralement "un flingue j'ai et creuser tu fais"[3].
- Une autre façon d'insister sur le sujet est de placer le pronom après le verbe conjugué, via un tiret : te a hado warc'hoazh (c'est toi qui sèmeras demain) → warc'hoazh e hadi-te (c'est demain que toi tu sèmeras) — Notez la différence de sens entre ces deux phrases ; le mot le plus important est toujours placé au début d'une phrase (br)ne correcte.
sujets |
compléments |
||||
---|---|---|---|---|---|
me |
je |
ma, 'm |
me, -moi |
— Le pronom complément ma est va en Pays de Léon ; l'élision est toujours 'm . |
- 1ère personne du singulier
Comme en (fr), ce pronom sujet fait référence à celui ou celle qui émet la phrase.
- Le pronom sujet est me (je) : me a wel (moi je vois, c'est moi qui vois) • me am eus gwelet (moi j'ai vu).
- Le pronom complément ma (me) s'emploie devant un infinitif, un participe passé, un impératif à l'affirmatif : evit ma gwelout (pour me voir) • ma gwelet hoc'h eus (vous m'avez vu·e) • ma lezit da ober (laissez-moi faire).
- Devant un infinitif après la préposition da (pour), c'est la forme 'm qui convient : *
da ma gwelout→ da'm gwelout. - Devant les autres formes de verbes, c'est encore 'm qui convient : • na 'm selaouit ket (ne m'écoutez pas) • ne 'm gwelez ket (tu ne me vois pas).
- À l'impératif affirmatif, on peut employer le pronom sujet placé après le verbe via un tiret : ma lezit da ober → lezit-me da ober (laissez-moi faire).
- La forme 'm se soude aux particules verbales a et e : Yann am gwelas (Yann me vit) • bremañ em gwelez (maintenant tu me vois).
- 2ème personne du singulier
Ce pronom remplace la personne à qui l'on s'adresse famiièrement[4].
- Le pronom sujet te s'utilise dans les mêmes conditions que me : te a wel (toi tu vois, c'est toi qui vois) • te ac'h eus gwelet (toi tu as vu).
- Le pronom complément da, 'z suit les mêmes règles que précédemment, hors impératif : evit da welout (pour te voir) • da welet he deus (elle t'a vu·e).
- Comment dire écoute-toi ? Pas *
da selaou, qui signifie à écouter car ce da-là est une préposition ; l'action étant exercée par le sujet sur lui-même, le verbe est réfléchi et c'est la particule en em qui convient : en em selaou (écoute-toi).
- Autres formes de verbes et particules verbales : ne 'z kwelez ket (tu ne te vois pas) • Yann az kwelas (Yann te vit) • bremañ ez kwelez (maintenant tu te vois) • deuit d'am gwelout (venez me voir).
- 3ème personne du singulier masculin
Ce pronom désigne une tierce personne masculine, un animal mâle ou une chose de genre masculin.
- Le sujet eñ suit la règle générale : eñ a wel (il voit) • eñ ho kwelo (il vous verra).
- Le complément direct e s'emploie devant l'infinitif et le participe passé : deuit d'e welout (venez le voir) • hag e lazhet hoc'h eus ? (et vous l'avez éteint ?) • e zihuniñ a rin (je le réveillerai) • e renket he deus (elle l'a classé).
- Les formes el, en, er sont des pronoms neutres qui remplacent des notions abstraites : el lennet em eus er gelaouenn (je l'ai lu dans le journal) • en damveizet o deus (il l'ont à moitié compris) • er gouzout a rit ervat (vous le savez bien).
- À l'impératif affirmatif, on place le pronom sujet eñ après le verbe : gwelit eñ ! (voyez-le !).
- 3ème personne du singulier féminin.
Ce pronom désigne une tierce personne féminine, un animal femelle ou une chose de genre féminin.
- Le sujet hi suit la règle générale : hi a wel (elle voit) • hi ho kwelo elle vous verra.
- Le complément direct he s'emploie dans tous les cas : deuit d'he gwelout (venez la voir) • hag he lazhet hoc'h eus ? (et vous l'avez éteinte ?) • he dihuniñ a rin (je la réveillerai) • he renket he deus (elle l'a classée).
- Le complément féminin he se prononçant [e] comme le complément masculin e, il tend à devenir hec'h devant une voyelle ou un /h/ muet pour bien marquer le féminin, mais ce n'est pas obligatoire si le contexte féminin est clair : Anna eo, he anavet em eus / hec'h anavet em eus (c'est Anna, je l'ai reconnue / je l'ai reconnue) • Anna ? N'he harluit ket ! / n'hec'h harluit ket ! (Anna ? Ne l'exilez pas ! / ne l'exilez pas !).
- À l'impératif affirmatif, on place le pronom sujet hi après le verbe : gwelit hi (voyez-la !).
- 1ère personne du pluriel.
On utilise ce pronom pour désigner un groupe auquel on appartient.
- Le pronom sujet est ni ; il suit la règle générale : ni a wel (nous voyons) • ni ho kwelo (nous vous verrons).
- Le complément direct est lui aussi décliné en fonction de la lettre qui le suit : hol lezel (nous laisser) • hon tamall (nous blâmer) • hor gwelout (nous voir).
- À l'impératif affirmatif, on peut employer le pronom sujet placé après le verbe via un tiret : hol lezit da ober → lezit-ni da ober (laissez-nous faire).
- 2ème personne du pluriel.
Ce pronom sert à vouvoyer une personne seule ou à s'adresser à un groupe de personnes.
- Le pronom sujet s'emploie normalement : c'hwi a wel (vous voyez) • c'hwi hor gwelo (vous nous verrez).
- note
- En forme d'insistance, placé après le verbe, chwi peut devenir hu : Lena a welit-hu ? (Est-ce que vous, vous voyez Lena ?) • N'he gwelit-hu ket ? (Est-ce que vous, vous ne la voyez pas ?).
- Le pronom complément direct ho tend à devenir hoc'h devant une voyelle ou un /h/ muet : ho kwelout a ran (je vous vois) • ho aliañ a ran / hoc'h aliañ a ran (je vous conseille) • ho harluet o deus / hoc'h harluet o deus (ils, elles vous ont exilé·e·s).
- 3ème personne du pluriel.
À la différence du (fr) qui distingue le genre (ils, elles), le pronom sujet (br) est indifféremment i ou int. La règle générale s'applique : i a wel / int a wel (ils, elles voient) • i hor gwelas / int hor gwelas (ils, elles nous virent) ; le contexte permet de distinguer le masculin du féminin, puisque le pronom remplace un substantif masculin ou féminin.
- Il existe une forme d'insistance sur le pronom sujet : int-i a welas (c'est eux, là, qui virent, pas eux là-bas).
- Le pronom complément direct est o ; il ne change pas devant une voyelle ou un /h/ muet : o gwelout a ran (je les vois) • o aliañ a ran (je les conseille) • o harluet o deus (ils, elles les ont exilé·e·s).
- note : ce pronom complément o ne peut être confondu avec la particule verbale o : le pronom reste inchangé et provoque les mutations par spiration, la particule verbale se décline en oc'h et ouzh et induit les mutations mixtes.
- À l'impératif affirmatif, on met le pronom sujet i après le verbe : lezit i da ober (laissez-les faire).
Remarques
[modifier | modifier le wikicode]- Quand un pronom personnel est employé isolément, il prend toujours la forme du sujet : piv a vo Hamlet ? — eñ. (qui sera Hamlet ? — lui.) • ha Laertes ? — me eo. (et Laertes ? — c'est moi.)
- Après les démonstratifs sede et setu (voici, voilà), c'est également le pronom sujet qu'on emploie : setu hi! (la voilà !)[5].
Possessifs
[modifier | modifier le wikicode]Il n'y a pas en (br) de pronoms possessifs à proprement parler.
- Au singulier, on emploie le pronom hini : ma hini (le mien, la mienne) • he hini (le sien, la sienne – à elle) • o hini (le leur, la leur – à eux, à elles)
- Au pluriel, on emploie le pronom re : ma re (les miens, les miennes) • he re (les siens, les siennes – à elle) • o re (les leurs – à eux, à elles)
Démonstratifs
[modifier | modifier le wikicode]En règle générale, le mode démonstratif se construit avec l'article défini suivi de -mañ (-ci), -se (-là) ou -hont (-là-bas) : an dra-mañ (ceci, cette chose-ci) • an dra-se (cela, cette chose-là) • an dra-hont (cela là-bas, cette chose là-bas).
- Si le nom est suivi d'un adjectif, celui-ci est apposé au nom : an dra ruz-se (cette chose rouge-là).
Les pronoms démonstratifs remplacent des substantifs selon les mêmes degrés de proximité : ici, là et là-bas.
an hini |
celui, celle, le, la |
hemañ |
celui-ci |
homañ |
celle-ci |
ar re-mañ |
ceux-ci, celles-ci |
- « Tout ceci, tout cela, tout cela là-bas » se dit kement-mañ, kement-se, kement-hont.
- Se en début de phrase équivaut à an dra-se ou kement-se : se eo a ranki lavarout (c'est cela que tu devras dire) • se zo nevez ! (ça c'est nouveau !).
- « Ce qui, ce que » se dit ar pezh a (la pièce qui, que) ou simplement pezh a par élision de l'article défini : gaou eo ar pezh a lavarit (ce que vous dites est mensonger) • setu pezh zo c'hoarvezet (voilà ce qui s'est passé).
- « Celui qui, que, celle qui, que » se dit an hini a, et ar re a au pluriel : setu amañ madigoù, kemer an hini a blij dit ha lez ar re a gavez fall (voici des bonbons, prends celui qui te plaît et laisse ceux que tu trouves mauvais).
Relatifs
[modifier | modifier le wikicode]- Sujet ou complément direct, le pronom relatif (br) est a à l'affirmatif et na au négatif : digablus eo ar vaouez a varner (la femme que l'on juge est innocente) • dall eo an den na wel netra (la personne qui ne voit rien est aveugle).
- Le pronom a est devenu la particule verbale que vous connaissez ; il est sous-entendu à la 3ème personne du singulier du verbe bezañ : zo signifie qui est – dire ou écrire *
a zoest un abus de langage. Ce rôle de pronom explique l'emploi de a pour insister sur le sujet quand celui-ci est placé en tête de phrase.
Interrogatifs
[modifier | modifier le wikicode]En (fr), les pronoms relatifs et interrogatifs ont la même forme ; il n'en est pas de même en (br).
piv ? qui ? |
Indéfinis
[modifier | modifier le wikicode]- Retournez au début : « il n'y a pas de pronom indéfini correspondant au (fr) on »... et relisez ce chapitre, ce n'est pas du temps perdu .
Notes
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ Les pronoms personnels compléments indirects (à moi) s'obtiennent par des prépositions conjuguées, présentées au chapitre 10.
- ↑ Rappelez-vous : pas de particule devant le verbe kaout (avoir).
- ↑ Comme nous le verrons dans le chapitre 12 consacré à la syntaxe, Yoda serait à l'aise en (br).
- ↑ Le tutoiement n'est pas employé partout : le vouvoiement est de rigueur dans une aire couvrant le sud de la Cornouaille et le nord du Pays de Vannes, approximativement de Pontivy à Quimper et de Carhaix à Lorient ; ma grand-mère trégorroise de Morlaix vouvoyait tout le monde sauf Dieu et, bien qu'ayant son certificat d'études, ne parlait français qu'à son chien (et en le vouvoyant).
- ↑ Ces démonstratifs sont des contractions de verbes et de pronoms : sede = sell (vois) + te et setu = sellit (voyez) + hu.
Exercices
[modifier | modifier le wikicode]Faites ces exercices : Pronoms. |