Breton/Grammaire/Substantifs
On appelle ici « substantifs » les mots ou groupes de mots représentant des substances, concrètes (êtres, choses, etc) ou abstraites (sentiments, idées, etc). Les substantifs peuvent se combiner avec divers éléments grammaticaux (articles, pronoms, etc) pour exprimer des modalités particulières.
Autrement dit, les substantifs sont les noms et groupes de noms – nom est un substantif, groupes de noms est un groupe de substantifs.
Genre
[modifier | modifier le wikicode]Il y a seulement deux genres en breton : le masculin et le féminin.
Le substantif breton n'a pas toujours le même genre que son correspondant en français : plaisir est masculin, plijadur est féminin (ur blijadur, un plaisir) • maison est féminin, ti est masculin (daou di, deux maisons).
- Sont masculins les noms d'hommes, d'animaux mâles, la plupart des noms de choses et les noms abstraits en -der et en -erezh : ur pober (un boulanger) • ur c'hi (un chien) • an tommder (la chaleur) • ar c'heginerezh (l'art culinaire).
- Sont féminins les noms de femmes, d'animaux femelles, la plupart des noms géographiques (pays, villes, rivières, etc), et quelques noms de choses, en particulier la plupart des noms en -ded, en -ell, en -enn, en -ez, en -ezh et les noms abstraits en -i : ar boberez (la boulangère) • ur giez (une chienne) • ur vro (un pays) • ar vreskted (la fragilité) • ur ganell (une bobine) • un dommerez (un appareil de chauffage) • ar varregezh (la compétence) • ar c'hwervoni (l'amertume).
- Si un substantif masculin peut être féminisé, le genre féminin s'obtient en ajoutant le suffixe -ez à la forme masculine : pober → poberez boulanger → boulangère • ki → kiez chien → chienne.
- note 1
- Comme en français, le féminin peut être complètement différent du masculin (phénomène de supplétion) : marc'h (cheval) → kazeg (jument) • paotr (garçon) → plac'h (fille)[1] • tad (père) → mamm (mère) • tarv (taureau) → buoc'h (vache).
- note 2
- Le suffixe -enn sert parfois à féminiser un substantif masculin : krennard (adolescent) → ur grennardez / ur grennardenn (une adolescente).
- Il sert également à former des noms féminins de personnes : koant (joli) → ur goantenn (une jolie fille) • pebr (poivre) → ur bebrenn (une femme acariâtre)
- note 3
- On peut distinguer le sexe de certains animaux par l'emploi de tad ou mamm : golvan (moineau) → ur golvan, ur c'holvanez ou un tad golvan, ur vamm golvan (un moineau mâle, un moineau femelle).
- Le substantif tarv sert parfois à insister sur la masculinité : un targazh (un matou) dérive de tarv (taureau) + kazh (chat).
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Nombre !
[modifier | modifier le wikicode]Si l'on veut parler en un mot de plusieurs exemplaires d'un substantif, on doit mettre ce substantif au pluriel.
Pluriels communs
[modifier | modifier le wikicode]Le pluriel se forme généralement via un suffixe.
- En règle générale, on distingue entre les noms de choses et les noms de personnes.
- • On ajoute -où ou -ioù aux noms de choses : tra (choses) → traoù (des choses) • tu (côté) → tuioù (des côtés).
- • On ajoute -ed aux noms d'êtres vivants : nizez (nièce) → ma nizezed (mes nièces) • pesk (poisson) → pesked (des poissons) • avalenn (pommier) → avalenned (des pommiers).
- Nous avons déjà rencontré des noms de personnes en -où au chapitre des mutations par adoucissement, note 2. Il y a également un nom d'animal : leue (veau) → leueoù (des veaux)[3].
- note
- Les noms d'auteurs et la plupart des noms de métiers se forment à l'aide des suffixe -er ou -our : barn (juger) → ur barner (un juge) • kig (viande) → ur c'higer (un boucher) • stlenneg (informatique) → ur stlennegour (un informaticien) ; les féminins sont réguliers: barnerez, kigerez, stlennegourez ; les pluriels masculins sont en -ien : barnerien, les féminins en -ed : stlennegourezed.
Pluriels rares
[modifier | modifier le wikicode]D'autres terminaisons plus rares marquent le pluriel, souvent à côté d'un pluriel régulier et en altérant la forme du singulier.
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Pluriels irréguliers
[modifier | modifier le wikicode]Quelques substantifs ne suivent aucune règle stricte quant à la formation de leur pluriel ; nous en avons rencontré deux ci-dessus (aotrou et roue), en voici d'autres.
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- Plus d'une cinquantaine de sustantifs ont leur pluriel en -i, avec ou sans modification du radical, comme gast (prostituée) → gisti • gwiz (truie) → gwizi • karr (voiture) → kirri • klujar (perdrix) → klujiri.
Doubles pluriels
[modifier | modifier le wikicode]- Le mot tud (des gens) a un pluriel tudoù que l'on emploie pour s'adresser familièrement à un groupe de gens mixte : deomp, tudoù ! (allons-y, "gens" !)[8].
- Quelques substantifs dont le pluriel est en -où ou ioù, dénombrable, ont également un pluriel en -eier au sens plus général et qui ne se substitue donc pas au pluriel régulier car désignant une plus grande quantité imprécise : botez (chaussure) → botoù et boteier • bragez (culotte) → bragoù (pantalon) → brageier (des pantalons) • edenn (grain de blé, pied de blé) → ed (du blé) → edoù (des blés, des céréales) → edeier (diverses espèces de blé, diverses céréales) • koad (bois) → koadoù et koadeier • park (champ) → parkoù et parkeier • porzh (port) → porzhioù et perzhier.
Diminutifs
[modifier | modifier le wikicode]- Au singulier, on forme les diminutifs des substantifs à l'aide du suffixe -ig : dor (porte) → dorig (petite porte) • kazh (chat) → kazhig (chaton).
- Au pluriel, le suffixe devient -ig + -où = -igoù : dorioù (des portes) → dorioùigoù (des petites portes) • kizhier (des chats) → kizhierigoù (des chatons)[9].
Collectif et singulatif
[modifier | modifier le wikicode]Collectif
[modifier | modifier le wikicode]- Outre les substantifs singuliers et leurs pluriels, il y a en (br) de nombreux substantifs dits « généraux » : aour (de l'or) • geot (de l'herbe) • paper (du papier).
- On les reconnaît au fait qu'on ne peut les désigner (en (br) !) par un article indéfini, les dénombrer ou les caractériser par un adverbe : *ur geot ("une herbe"), *tri geot (trois herbes), *meur a c'heot (plusieurs herbes) sont des fautes de (br).
- Il y a également d'autres substantifs dits « collectifs » qui désignent des groupes de choses considérées collectivement : gwez des arbres • logod des souris • stered des étoiles.
- Comme précédemment, *ur gwez ("un arbre"), *tri logod (trois souris), *meur a stered (plusieurs étoiles) sont des fautes de (br).
- Bien que les substantifs généraux et les substantifs collectifs soient des pluriels, on peut les mettre au pluriel pour en désigner des sortes, des espèces ou des catégories : geotoù (différentes espèces d'herbes) • gwezioù (différentes essences d'arbres) • steredoù (des catégories d'étoiles).
Singulatif
[modifier | modifier le wikicode]Pour exprimer l'idée d'un objet particulier parmi le général ou un fragment d'un groupe, il suffit d'ajouter le suffixe -enn au substantif ; les noms obtenus sont tous au féminin singulier : geot (de l'herbe) → ur c'heotenn (une herbe, un brin d'herbe) • gwez (des arbres) → div wezenn (deux arbres) • stered (des étoiles) → teir steredenn (des étoiles) • tud (des gens) → un dudenn (un personnage).
- Chaque singulatif étant un substantif, il peut lui-même être mis au pluriel, tout à fait régulièrement via le suffixe -où, pour obtenir un mot au sens différent du général ou du collectif puisqu'alors on considère des individus : geotennoù (des herbes, des brins d'herbe) • gwezennoù (quelques arbres) • logodennoù (plusieurs souris) • tudennoù (des personnages).
Duels
[modifier | modifier le wikicode]Les noms des organes doubles des corps d'êtres vivants on généralement un pluriel particulier formé à l'aide des préfixes -daou (deux, masculin) ou div (deux, féminin) : askell (aile) → an divaskell (les deux ailes) • lagad (œil) → an daoulagad (les deux yeux) • skouarn (oreille) → an divskouarn (les deux oreilles) • troad (pied) → an daoudroad (les deux pieds), etc.
- Ces duels ont à leur tour un pluriel : daoulagadoù (des paires d'yeux).
- Un substantif peut avoit un duel et un pluriel régulier : lagad (œil) → daoulagad (paire d'yeux) et lagadoù (des yeux) • skouarn (oreille) → divskouarn (paire d'oreilles) et skouarnoù (des oreilles, par exemple les anses d'un vase).
- Il y a des duels irréguliers : dorn (main) → an daouarn (les deux mains) • gar (jambe) → an divhar (les deux jambes) • glin (genou) → an daoulin (les deux genoux).
Complément de nom
[modifier | modifier le wikicode]Comme en (fr), un second substantif peut servir de complément à un substantif principal afin d'en préciser le sens, comme « la harpe d'Alan », « la fille de sa mère », « le jardin du manoir ». On distingue plusieurs constructions en (br).
- Si le nom complément est bien déterminé, on ne met pas d'article devant le principal et pas de préposition entre le principal et le complément : telenn Alan (la harpe d'Alan) • merc'h he mamm (la fille de sa mère) • breur ar c'here (le frère du cordonnier).
- Si le complément est indéterminé, on le place également directement après le principal ; celui-ci est précédé de l'article ou pas, d'un autre mot ou pas, selon le sens : an ti koad (la maison en bois) • nervennoù dir (des nerfs d'acier') • ho kentel brezhoneg (votre leçon de (br)) • tud Naoned (les gens de Nantes).
- Une préposition peut préciser le complément : tud eus Naoned (des gens de Nantes) • ur vaouez a galon (une femme de cœur) • ur mab d'ar c'here (un fils du cordonnier).
- note 1
- Les phrases françaises du type le crabe aux pinces d'or, la fille à la robe jaune se construisent généralement sans article devant le substantif principal : krank e veudoù aour ("crabe ses pinces d'or) • plac'h he sae velen ("fille sa robe jaune") ; bien que rarement utilisées et souvent corrigées, les constructions avec article ar c'hrank e veudoù aour et ar plac'h he sae velen sont correctes.
- note 2
- Si le principal est une personne, on insère la préposition a avant le complément : un dresourez a vicher (une dessinatrice professionnelle) • tud a youl-vat (des bénévoles).
- note 3
- Si le principal est un nom suivi d'un adjectif et le complément indéterminé, on insère la préposition a entre l'adjectif et le complément : Un tamm keuz (un morceau de fromage) → un tamm mat a geuz (un bon morceau de fromage).
Notes
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ Il existe un féminin paotrez, dont le sens de fille est devenu péjoratif (coureuse).
- ↑ Pour en savoir davantage : les nombres.
- ↑ Mais son dérivé kozh (vieux) + leue = kole ("vieux veau", taurillon) a deux pluriels : koleoù et koleed.
- ↑ Et : point de discussion ; agrafe ; prise de lutte ; égratignure.
- ↑ Et : battement (de cœur, etc) ; chute.
- ↑ 6,0 et 6,1 Ce second pluriel dérive du suffix -eg.
- ↑ Mais bugel berger, pâtre prend le pluriel régulier des noms de personnes : bugelien
- ↑ Intraduisible ; on dira deomp, merc'hed ! (allons-y, les filles !) ou deomp, paotred ! (allons-y, les gars !), deomp, landreidi ! (allons-y, bande de fainéants !)...
- ↑ Avez-vous repéré le pluriel irrégulier ?
Exercices
[modifier | modifier le wikicode]Faites ces exercices : Substantifs. |