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En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, «
Fonctions d'une variable réelle : Continuité uniforme Fonctions d'une variable réelle/Continuité uniforme », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.
Dans tout ce chapitre,
f
:
I
→
R
{\displaystyle f:I\to \mathbb {R} }
est une fonction définie sur un intervalle
I
{\displaystyle I}
.
Les notions de fonction uniformément continue / höldérienne / lipschitzienne seront étendues aux espaces métriques à peu de frais, dans la leçon « Topologie générale » (niveau 16 ).
Voici une notion de continuité plus fine que la continuité « simple ». Elle sert d'un point de vue théorique notamment à construire l'intégrale de Riemann ou à démontrer le théorème de Weierstrass sur l'approximation de fonctions.
Définition
f
{\displaystyle f}
est dite
uniformément continue sur
I
{\displaystyle I}
si :
∀
ε
>
0
∃
δ
>
0
∀
(
x
,
y
)
∈
I
2
|
x
−
y
|
≤
δ
⇒
|
f
(
x
)
−
f
(
y
)
|
≤
ε
{\displaystyle \forall \varepsilon >0\quad \exists \delta >0\quad \forall \left(x,y\right)\in I^{2}\quad \left|x-y\right|\leq \delta \Rightarrow \left|f\left(x\right)-f\left(y\right)\right|\leq \varepsilon }
.
La continuité « simple » de
f
{\displaystyle f}
sur
I
{\displaystyle I}
s'écrit par comparaison :
∀
ε
>
0
∀
x
∈
I
∃
δ
>
0
∀
y
∈
I
|
x
−
y
|
≤
δ
⇒
|
f
(
x
)
−
f
(
y
)
|
≤
ε
{\displaystyle \forall \varepsilon >0\quad \forall x\in I\quad \exists \delta >0\quad \forall y\in I\quad \left|x-y\right|\leq \delta \Rightarrow \left|f\left(x\right)-f\left(y\right)\right|\leq \varepsilon }
.
Le terme « uniforme » signifie que le choix de
δ
{\displaystyle \delta }
en fonction de
ε
{\displaystyle \varepsilon }
, dans la définition de la continuité uniforme, ne dépend pas du point
x
{\displaystyle x}
considéré ; il est uniforme sur
I
{\displaystyle I}
.
D'après la comparaison ci-dessus des deux définitions, on a immédiatement :
Remarque
Toute fonction uniformément continue est continue.
La réciproque est fausse, comme le montre l'exemple suivant :
Début de l'exemple
Exemple d'application non uniformément continue
L'application
g
:
R
→
R
,
x
↦
x
2
{\displaystyle g:\mathbb {R} \to \mathbb {R} ,\ x\mapsto x^{2}}
n'est pas uniformément continue. En effet, montrons que :
∃
ε
>
0
∀
δ
>
0
∃
x
,
y
∈
R
|
x
−
y
|
≤
δ
et
|
g
(
x
)
−
g
(
y
)
|
>
ε
{\displaystyle \exists \varepsilon >0\quad \forall \delta >0\quad \exists x,y\in \mathbb {R} \quad \left|x-y\right|\leq \delta {\text{ et }}\left|g(x)-g(y)\right|>\varepsilon }
.
Il suffit de choisir
ε
=
2
{\displaystyle \varepsilon =2}
. Pour tout
δ
>
0
{\displaystyle \delta >0}
, soit
x
{\displaystyle x}
(resp.
y
{\displaystyle y}
) le réel égal à
1
δ
+
δ
{\displaystyle {\frac {1}{\delta }}+\delta }
(resp.
1
δ
{\displaystyle {\frac {1}{\delta }}}
). Alors :
|
x
−
y
|
≤
δ
et
|
g
(
x
)
−
g
(
y
)
|
=
(
1
δ
2
+
2
δ
1
δ
+
δ
2
)
−
1
δ
2
=
2
+
δ
2
>
ε
{\displaystyle \left|x-y\right|\leq \delta \quad {\text{et}}\quad \left|g(x)-g(y)\right|=\left({\frac {1}{\delta ^{2}}}+2\delta {\frac {1}{\delta }}+\delta ^{2}\right)-{\frac {1}{\delta ^{2}}}=2+\delta ^{2}>\varepsilon }
,
ce qui termine la démonstration.
Fin de l'exemple
Un autre contre-exemple est la fonction
R
→
R
,
x
↦
sin
(
e
x
)
{\displaystyle \mathbb {R} \to \mathbb {R} ,\ x\mapsto \sin(\mathrm {e} ^{x})}
.
On a cependant une réciproque partielle :
Début d’un théorème
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Toute fonction continue
sur un intervalle fermé borné est uniformément continue.
Fin du théorème
'Démonstration'
Démontrons la contraposée , en supposant
f
:
[
a
,
b
]
→
R
{\displaystyle f:\left[a,b\right]\to \mathbb {R} }
non uniformément continue et en prouvant qu'elle est alors discontinue en au moins un point de
[
a
,
b
]
{\displaystyle \left[a,b\right]}
.
Par hypothèse, il existe
ε
>
0
{\displaystyle \varepsilon >0}
tel que
∀
δ
>
0
∃
x
,
y
∈
[
a
,
b
]
|
x
−
y
|
<
δ
et
|
f
(
y
)
−
f
(
x
)
|
≥
ε
{\displaystyle \forall \delta >0\quad \exists x,y\in \left[a,b\right]\quad \left|x-y\right|<\delta {\text{ et }}\left|f\left(y\right)-f\left(x\right)\right|\geq \varepsilon }
donc (en prenant
δ
=
1
n
{\displaystyle \delta ={\frac {1}{n}}}
) pour tout entier
n
>
0
{\displaystyle n>0}
, on peut alors choisir dans
[
a
,
b
]
{\displaystyle \left[a,b\right]}
deux éléments
x
n
{\displaystyle x_{n}}
et
y
n
{\displaystyle y_{n}}
tels que
|
x
n
−
y
n
|
<
1
n
{\displaystyle \left|x_{n}-y_{n}\right|<{\frac {1}{n}}}
et
|
f
(
y
n
)
−
f
(
x
n
)
|
≥
ε
{\displaystyle \left|f\left(y_{n}\right)-f\left(x_{n}\right)\right|\geq \varepsilon }
.
La suite
(
x
n
)
{\displaystyle \left(x_{n}\right)}
étant à valeurs dans
[
a
,
b
]
{\displaystyle \left[a,b\right]}
, elle est bornée. Le théorème de Bolzano-Weierstrass assure qu'il existe une sous-suite
(
x
φ
(
n
)
)
{\displaystyle \left(x_{\varphi \left(n\right)}\right)}
qui converge. Soit
ℓ
{\displaystyle \ell }
sa limite (qui appartient à
[
a
,
b
]
{\displaystyle \left[a,b\right]}
, par passage à la limite dans les inégalités ). La relation
|
x
φ
(
n
)
−
y
φ
(
n
)
|
<
1
φ
(
n
)
≤
1
n
{\displaystyle \left|x_{\varphi \left(n\right)}-y_{\varphi \left(n\right)}\right|<{\frac {1}{\varphi \left(n\right)}}\leq {\frac {1}{n}}}
montre que
(
y
φ
(
n
)
)
{\displaystyle \left(y_{\varphi (n)}\right)}
converge aussi vers
ℓ
{\displaystyle \ell }
.
Il s'ensuit que pour tout
δ
>
0
{\displaystyle \delta >0}
, il existe
x
,
y
∈
]
ℓ
−
δ
,
ℓ
+
δ
[
∩
[
a
,
b
]
{\displaystyle x,y\in \left]\ell -\delta ,\ell +\delta \right[\cap \left[a,b\right]}
tels que
|
f
(
y
)
−
f
(
x
)
|
≥
ε
{\displaystyle \left|f\left(y\right)-f\left(x\right)\right|\geq \varepsilon }
donc tels que
|
f
(
x
)
−
f
(
ℓ
)
|
≥
ε
/
2
{\displaystyle \left|f\left(x\right)-f\left(\ell \right)\right|\geq \varepsilon /2}
ou
|
f
(
y
)
−
f
(
ℓ
)
|
≥
ε
/
2
{\displaystyle \left|f\left(y\right)-f\left(\ell \right)\right|\geq \varepsilon /2}
,
ce qui prouve que
f
{\displaystyle f}
est discontinue au point
ℓ
{\displaystyle \ell }
.
Définition : fonction lipschitzienne
f
{\displaystyle f}
est dite
lipschitzienne sur
I
{\displaystyle I}
si, pour une certaine constante
k
{\displaystyle k}
:
∀
x
,
y
∈
I
|
f
(
x
)
−
f
(
y
)
|
≤
k
|
x
−
y
|
{\displaystyle \forall x,y\in I\quad \left|f(x)-f(y)\right|\leq k\left|x-y\right|}
.
On dit alors que
f
{\displaystyle f}
est
k
{\displaystyle k}
-lipschitzienne. S'il existe de tels
k
{\displaystyle k}
alors le plus petit d'entre eux existe et est appelé la constante de Lipschitz de
f
{\displaystyle f}
.
Caractérisation parmi les fonctions dérivables
Une fonction
dérivable sur un intervalle réel est lipschitzienne si et seulement si sa dérivée est bornée.
Début de l'exemple
Exemples et contre-exemples
*Si
f
{\displaystyle f}
est de
classe C1 sur un intervalle
I
{\displaystyle I}
fermé borné alors
f
{\displaystyle f}
est lipschitzienne sur
I
{\displaystyle I}
(en effet,
f
′
{\displaystyle f'}
, continue sur
I
{\displaystyle I}
, est bornée d'après le
théorème des bornes ).
Soit
α
∈
]
0
,
1
[
{\displaystyle \alpha \in \left]0,1\right[}
. Pour tout
ε
>
0
{\displaystyle \varepsilon >0}
, la fonction
f
:
x
↦
x
α
{\displaystyle f:x\mapsto x^{\alpha }}
n'est pas lipschitzienne sur
[
0
,
ε
]
{\displaystyle \left[0,\varepsilon \right]}
ni même (ce qui par continuité est en fait équivalent) sur
]
0
,
ε
]
{\displaystyle \left]0,\varepsilon \right]}
:
Démonstration directe :
∀
x
>
0
f
(
x
)
−
f
(
0
)
x
=
x
α
−
1
{\displaystyle \forall x>0\quad {\frac {f(x)-f(0)}{x}}=x^{\alpha -1}}
, qui n’est pas bornée au voisinage de
0
{\displaystyle 0}
.
Démonstration en utilisant la dérivée :
f
′
:
]
0
,
ε
]
→
R
,
x
↦
α
x
α
−
1
{\displaystyle f':\left]0,\varepsilon \right]\to \mathbb {R} ,\;x\mapsto \alpha x^{\alpha -1}}
n'est pas bornée.
Soit
α
∈
]
1
,
+
∞
[
{\displaystyle \alpha \in \left]1,+\infty \right[}
. Pour tout
A
>
0
{\displaystyle A>0}
, la fonction
f
:
x
↦
x
α
{\displaystyle f:x\mapsto x^{\alpha }}
n'est pas lipschitzienne sur
]
A
,
+
∞
[
{\displaystyle \left]A,+\infty \right[}
:
Démonstration directe :
∀
x
>
0
f
(
2
x
)
−
f
(
x
)
2
x
−
x
=
(
2
α
−
1
)
x
α
−
1
{\displaystyle \forall x>0\quad {\frac {f(2x)-f(x)}{2x-x}}=\left(2^{\alpha }-1\right)x^{\alpha -1}}
, qui n'est pas bornée au voisinage de l'infini.
Démonstration en utilisant la dérivée :
f
′
:
]
A
,
+
∞
[
→
R
,
x
↦
α
x
α
−
1
{\displaystyle f':\left]A,+\infty \right[\to \mathbb {R} ,\;x\mapsto \alpha x^{\alpha -1}}
n'est pas bornée.
Fin de l'exemple
Définition : fonction höldérienne
f
{\displaystyle f}
est dite
höldérienne sur
I
{\displaystyle I}
si, pour un certain
a
∈
]
0
,
1
]
{\displaystyle a\in \left]0,1\right]}
et une certaine constante
k
{\displaystyle k}
:
∀
x
,
y
∈
I
|
f
(
x
)
−
f
(
y
)
|
≤
k
|
x
−
y
|
a
{\displaystyle \forall x,y\in I\quad \left|f(x)-f(y)\right|\leq {k\left|x-y\right|^{a}}}
.
On dit alors que
f
{\displaystyle f}
est
a
{\displaystyle a}
-höldérienne : si
a
=
1
{\displaystyle a=1}
, on retrouve la notion de fonction lipschitzienne.
Début de l'exemple
Exemples
*La fonction puissance d'exposant
a
{\displaystyle a}
, pour
0
<
a
≤
1
{\displaystyle 0<a\leq 1}
, est
a
{\displaystyle a}
-höldérienne (cf.
cet exercice corrigé du chapitre « Dérivabilité »).
Fin de l'exemple
Propriété
Toute fonction höldérienne est uniformément continue.
'Démonstration'
Il suffit de prendre
δ
≤
(
ε
/
k
)
1
/
a
{\displaystyle \delta \leq \left(\varepsilon /k\right)^{1/a}}
dans la définition de la continuité uniforme.
La réciproque est fausse, comme le montre l'exemple suivant :
Début de l'exemple
Exemple de fonction non höldérienne
La fonction
f
{\displaystyle f}
définie sur
[
0
,
1
/
2
]
{\displaystyle \left[0,1/2\right]}
par :
f
(
0
)
=
0
{\displaystyle f(0)=0}
et
∀
x
∈
]
0
,
1
/
2
]
f
(
x
)
=
1
/
ln
x
{\displaystyle \forall x\in \left]0,1/2\right]\quad f(x)=1/\ln x}
est continue donc (d'après le théorème de Heine) uniformément continue, mais elle n'est
a
{\displaystyle a}
-höldérienne pour aucune valeur de
a
{\displaystyle a}
.
Fin de l'exemple