Approfondissement sur les suites numériques/Récurrence affine d'ordre 2
On étudie les suites récurrentes affines d'ordre 2 à valeurs dans un corps commutatif K, en s'intéressant en particulier aux cas où le corps est celui des réels ou des complexes.
Définitions
[modifier | modifier le wikicode]Soient . On appelle suite récurrente affine d'ordre 2 (à valeurs dans K) toute suite définie par une relation de récurrence de la forme : et par les valeurs de et , éléments de K.
On appelle suites récurrentes linéaires associées à la relation de récurrence précédente les suites vérifiant la relation :
Cas linéaire
[modifier | modifier le wikicode]On cherche l’ensemble des suites vérifiant la relation de récurrence linéaire .
Il est immédiat que est un sous-espace vectoriel (sur ) de l’espace des suites à valeurs dans . Une telle suite est entièrement définie par la donnée de et . L'application linéaire est ainsi une bijection, donc est de dimension 2.
On considère le polynôme du second degré :
- .
Supposons que ce polynôme admet deux racines — si , c'est toujours le cas. On peut donc écrire :
- .
Le cas est celui où P admet une racine double, c'est-à-dire où est également racine de la dérivée de P :
- .
Vérifions d'abord que (dans les deux cas) les deux suites mentionnées appartiennent bien à . Soit . Pour tout :
(y compris pour , avec la convention même si )
donc la suite appartient à si et seulement si .
donc si , la suite appartient aussi à si et seulement si .
Puisque est de dimension 2, pour montrer que les deux suites mentionnées forment une base de , il suffit de vérifier (dans les deux cas) qu'elles sont linéairement indépendantes.
Si , les deux suites et sont linéairement indépendantes : soient tels que . Alors :
- pour n = 0, , donc ;
- pour n = 1, , donc .
Or les deux racines sont distinctes par hypothèse, donc .
On vérifie de même (exercice) que pour tout , les deux suites et sont linéairement indépendantes.
Cas affine
[modifier | modifier le wikicode]On note l’ensemble des suites vérifiant la relation de récurrence affine .
Les suites vérifiant la récurrence affine sont exactement les sommes de l'une d'entre elles et d'une suite vérifiant la récurrence linéaire.
Soit . Alors, une suite appartient à si et seulement si vérifie : , c'est-à-dire si .
Pour pouvoir affirmer que est un espace affine de direction , il reste donc à trouver, en fonction de (supposé non nul), un élément particulier de .
Premier cas : P(1) ≠ 0
[modifier | modifier le wikicode]On suppose que . Cherchons un scalaire tel que la suite (constante) de terme général : soit une solution particulière de la récurrence affine.
est nul pour tout n si et seulement si .
La solution est donc : .
Second cas : P(1) = 0
[modifier | modifier le wikicode]On suppose maintenant que : .
Second cas, premier sous-cas : P'(1) ≠ 0
[modifier | modifier le wikicode]On suppose que . Cherchons un scalaire tel que la suite soit une solution particulière de la récurrence affine.
est nul pour tout n si et seulement si .
La solution est donc : .
Second cas, second sous-cas : P'(1) = 0
[modifier | modifier le wikicode]On suppose que P'(1) = 0. Cherchons un scalaire tel que la suite soit une solution particulière de la récurrence affine.
On trouve par les mêmes méthodes que précédemment que la solution est : .
Cas des suites réelles
[modifier | modifier le wikicode]Si et si le discriminant du polynôme caractéristique P est strictement négatif, les racines complexes et de P sont distinctes mais non réelles. Elles sont conjuguées l'une de l'autre : et .
Les suites complexes solutions sont donc, dans le cas général, toutes les suites de la forme :
- avec paramètres complexes.
Par le changement de paramètres , ce sont aussi les suites de la forme
- avec paramètres complexes.
Les suites réelles solutions sont donc les suites de la forme
- avec paramètres réels.
En effet, la condition sur les paramètres A, B (complexes a priori) pour que cette suite soit à valeurs réelles est que A et B soient réels : c'est immédiat dans un sens (si A, B sont réels alors la suite est réelle), et pour la réciproque il suffit de remarquer que et non nul (donc si sont réels alors A et B aussi).
Cas des suites entières
[modifier | modifier le wikicode]Lorsque les trois coefficients de la récurrence et les deux valeurs initiales de la suite sont des entiers (relatifs), la suite est évidemment à valeurs entières. Si ces cinq entiers sont positifs ou nuls, elle est même à valeurs dans , comme la suite de Fibonacci.
Résumé et conclusion
[modifier | modifier le wikicode]L'étude des suites récurrentes affines d'ordre deux se résume à l'étude de leur polynôme caractéristique. La solution générale est la somme de la solution de l'équation linéaire et d'une solution particulière.
Ces suites peuvent toujours être « résolues » complètement. La connaissance des racines d'un polynôme de degré 2 suffit.