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Méthode de Sotta : Généralisation aux équations de degré quelconque
Méthode de Sotta/Généralisation aux équations de degré quelconque », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.
Nous avons étudié la méthode de Sotta dans le premier chapitre sur les équations du troisième degré et nous avons vu que cette méthode permet de résoudre toutes ces équations. Nous avons ensuite vu que cette méthode peut s'adapter aux équations du quatrième degré vérifiant une condition de résolubilité s'exprimant par une relation entre les coefficients de l'équation. Une question naturelle est alors : peut-on adapter la méthode de Sotta à des équations de degré quelconque ? La réponse est presque oui, mais le nombre des conditions de résolubilité croît avec le degré de l'équation. Pour une équation de degré n, il y aura n – 3 conditions de résolubilité (nécessaires mais non suffisantes) à satisfaire. Plus le degré de l'équation est élevé, plus la méthode est restrictive : le sous-espace des polynômes unitaires de degré n auxquels elle s'applique est de dimension 3, dans un espace de dimension n. Par ailleurs, la méthode de Sotta n'effectue que des résolutions par radicaux, or un théorème d'Abel établit qu'en tout degré supérieur ou égal à 5, il existe des équations non résolubles par radicaux. La méthode de Sotta ne s'applique même pas à toutes les équations résolubles par radicaux puisqu'en degré 4, toutes le sont.
Le présent chapitre expose la méthode de Sotta sous une forme générale.
Dans cette leçon, nous utiliserons la notation indicielle car nous manipulerons, la plupart du temps, des équations de degré n. Cette façon de faire s’avérera plus commode pour énoncer des résultats généraux. Par exemple, au lieux de noter :
- ,
nous noterons :
et de façon plus générale, l'équation de degré n se notera :
- .
Dans le cadre de ce chapitre, les coefficients de cette équation sont des nombres complexes.
seront des nombres complexes même s'ils apparaissent sous forme de fractions (ce qui peut porter à confusion en faisant penser à des rationnels).
Dans les deux chapitres précédents, en traduisant dans la notation indicielle, nous avons défini la résolvante de Sotta d'un polynôme :
- de degré 3, , par :
- ;
- de degré 4, , par :
- .
Plus généralement, pour les équations de degré n, on pose :
Définition de la résolvante de Sotta
Pour n égal à 3 ou 4, on retrouve, à une constante multiplicative près, les résolvantes de Sotta que nous avions définies précédemment.
Les coefficients , , de la résolvante ont été choisis de telle façon que
.
|
En particulier, donc si alors .
Remarque : si alors .
Propriété
Si P a une racine α d'ordre au moins n – 1, alors :
- si l'ordre de α est n – 1, RP est de degré 2 et de racine double α.
- si l'ordre de α est n, RP = 0.
Démonstration
Soit β la dernière racine de P (différente de α dans le premier cas et égale à α dans le second). Alors,
donc
- ,
en particulier :
Par conséquent,
avec
si bien que
- .
La définition ci-dessus de la résolvante trouve sa justification dans le résultat élémentaire suivant :
Début d’un théorème
Fin du théorème
Démonstration
Par hypothèse :
- ;
- (puisque les sont distincts) ;
- l'équation est équivalente à
- ,
- c'est-à-dire (d'après la formule du binôme) que ses coefficients, à une constante multiplicative près, sont donnés par :
- ,
- les coefficients associés étant donc :
- .
Preuve du premier point
Le quadruplet suit donc la même récurrence linéaire d'ordre 2 que la suite , si bien que est proportionnel au polynôme caractéristique de cette suite : .
Preuve du second point
- ;
- ;
- .
On remarque de plus :
Début d’un théorème
Complément au théorème de Sotta
Sous les mêmes hypothèses que dans le théorème ci-dessus, les coefficients vérifient :
Fin du théorème
Démonstration
Reprenons les calculs de la démonstration précédente et posons
- .
La suite vérifie une récurrence linéaire d'ordre 2 donc (cf. Approfondissement sur les suites numériques/Exercices/Suites récurrentes linéaires#Exercice 4) :
- .
Pour tout , en posant , on en déduit :
Nous appellerons « conditions de résolubilité de Sotta » les conditions qui, d'après le complément ci-dessus, sont nécessaires (mais non suffisantes) pour adapter la méthode de Sotta :
Définition des conditions de résolubilité de Sotta
Les conditions de résolubilité de Sotta d'une équation
- ,
de degré n ≥ 3, sont les n – 3 relations suivantes entre coefficients :
(Si n = 3, il n'y a donc aucune condition.)
Les conditions de résolubilité de Sotta impliquent donc (en multipliant par ) :
- .
Remarque : cas d'échec complet de la méthode
Soit une équation à résoudre :
vérifiant les conditions de résolubilité de Sotta.
Nous avons conçu ces conditions de résolubilité de façon à obtenir, si elles sont vérifiées, une réciproque du théorème de Sotta : les n racines s'exprimeront (sauf dans quelques cas exceptionnels, dont le cas d'échec complet signalé ci-dessus) comme une fonction homographique des n racines n-ièmes d'un certain nombre complexe.
Début d'un lemme
Lemme 1
Si n ≥ 4, la résolvante de Sotta est soit de degré 2, soit nulle.
Fin du lemme
Démonstration
La dernière condition de résolubilité implique :
- .
Si alors donc (voir supra) .
Les conditions de résolubilité permettent en général de propager la relation de récurrence linéaire d'ordre 2 amorcée par le choix de la résolvante :
Début d'un lemme
Fin du lemme
La résolution repose ensuite directement sur les trois théorèmes suivants (qui ne traitent pas tous les cas).
Début d’un théorème
Premier théorème de résolution
Fin du théorème
Démonstration
D'après le lemme 2, on a
avec
- , .
Par conséquent :
donc et sont non nuls (sinon, R serait nul), et
- .
Début d’un théorème
Deuxième théorème de résolution
Si est de degré 2 et a une racine double α, non nulle si n > 4,
alors α est racine d'ordre n – 1 de P, l'autre racine (simple) étant donc .
Fin du théorème
Démonstration
Il suffit de montrer que α est racine d'ordre au moins n – 1 de P (elle ne peut pas l'être d'ordre n, sinon serait nul).
D'après le lemme 2, on a
- .
Par conséquent :
Début d’un théorème
Troisième théorème de résolution
Fin du théorème
Démonstration
Les cas (qui n'utilisent d'ailleurs pas les conditions de résolubilité) ayant été traités aux chapitres précédents, supposons .
Par hypothèse, et sont non nuls. En poursuivant les calculs du lemme 1, on déduit facilement des conditions de résolubilité (par récurrence descendante) que
- .
Par conséquent,
- .
Dans le plan complexe, les racines sont alors aux sommets d'un n-polygone régulier, qui dégénère en un point (racine d'ordre n) si .
Pour tout n ≥ 5, les deux cas restants (cas , et cas ) ne sont pas abordés par la méthode de Sotta (voir supra).
Pour faciliter (ou pas, selon les goûts) l’application de la méthode aux équations de petit degré, nous allons ci-dessous réécrire les formules vues précédemment en abandonnant la notation indicielle et en remplaçant n par sa valeur.
L'application de la méthode aux équations de degré 3 a déjà été étudiée dans le chapitre 1.
L'application de la méthode aux équations de degré 4 a déjà été étudiée dans le chapitre 2.
Considérons le polynôme de degré 5 :
- ,
et supposons qu'il vérifie les conditions de résolubilité de Sotta, c'est-à-dire :
- ;
- .
Remarque : si , ces deux conditions se résument à .
La résolvante est (à une constante multiplicative près) le polynôme :
- .
Premier cas : si a deux racines distinctes non nulles α et β,
alors P admet les 5 racines distinctes suivantes :
où les sont les racines cinquièmes de .
Deuxième cas : si admet une racine double α non nulle,
alors α est racine d'ordre 4 de P. La racine simple manquante est donc .
Troisième cas : si et ,
alors les 5 racines de P sont :
où les sont les racines cinquièmes de .
Considérons le polynôme de degré 6 :
- ,
et supposons qu'il vérifie les conditions de résolubilité de Sotta, c'est-à-dire :
- ;
- ;
- .
Sa résolvante est (à une constante multiplicative près) le polynôme :
- .
Premier cas : si deux racines distinctes non nulles α et β,
alors P admet les 6 racines distinctes suivantes :
où les sont les racines sixièmes de .
Deuxième cas : si la résolvante admet une racine double α non nulle,
alors α est racine d'ordre 5 de P. La racine simple manquante est donc .
Troisième cas : si et ,
alors les 6 racines de P sont :
où les sont les racines sixièmes de .
Considérons le polynôme de degré 7 :
- ,
et supposons qu'il vérifie les conditions de résolubilité de Sotta, c'est-à-dire :
- ;
- ;
- ;
- .
Sa résolvante est (à une constante multiplicative près) le polynôme :
- .
Premier cas : si a deux racines distinctes non nulles α et β,
alors P admet les 7 racines distinctes suivantes :
où les sont les racines septièmes de .
Deuxième cas : si admet une racine double α non nulle,
alors α est racine d'ordre 6 de P. La racine simple manquante est donc .
Troisième cas : si et
alors les 7 racines de P sont :
où les sont les racines septièmes de .