En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Exercice : Séries et produits infinis formels Introduction à la théorie des nombres/Exercices/Séries et produits infinis formels », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.
Démontrer, à l'aide des séries génératrices, que :
le nombre de partitions de en parties distinctes est égal au nombre de ses partitions en parties impaires[1] ;
le nombre de partitions de dans lesquelles les parties paires sont en nombre pair moins celui où elles sont en nombre impair est égal à celui en parties distinctes impaires[2].
En raisonnant sur des diagrammes de Ferrers, démontrer que :
pour tout , il y a partitions de dans lesquelles chaque partie est supérieure ou égale à , et autant dans lesquelles les deux plus grandes parties sont égales[3] ;
pour tout , . Indication : pour chaque de à , transformer un diagramme d'une partition de en un diagramme d'une partition de en lui ajoutant une ligne[4].
Solution
Il s'agit de montrer qu'il y a partitions de avec au moins une partie égale à . Or leurs diagrammes de Ferrers sont en bijection avec ceux des partitions de (en supprimant la dernière partie, égale à ).
L'indication donne une injection, et l'inégalité est stricte car il y a aussi la partition de constituée d'une seule partie.
Soit l'ensemble des diagrammes de Ferrers des partitions de en parties distinctes, chaque partition étant représentée par une suite de lignes de longueurs strictement décroissantes. On note (resp. ) le nombre de celles en un nombre pair (resp. impair) de parties.
On considère deux transformations et , définies partiellement de dans de la façon suivante :
pour , soient le nombre de points de la « base » (l'horizontale inférieure) et le nombre de points de l'« oblique » (à 45 degrés en haut à droite) ;
on construit en déplaçant la base en une oblique supplémentaire (le long des points) ;
on construit en déplaçant l'oblique en une base supplémentaire (sous les points) ;
dans les deux cas, la transformation n'est autorisée que si le nouveau diagramme est encore un élément de .
Montrer que si est tel que pour chaque , une et une seule des deux opérations est autorisée, alors .
Montrer que est autorisée si , qu'elle ne l'est pas si , et qu'elle l'est si sauf, pour certains entiers (à préciser), pour un élément particulier de (à dessiner).
Montrer que est autorisée si , qu'elle ne l'est pas si , et qu'elle l'est si sauf exception à préciser de même.
En déduire le théorème des nombres pentagonaux[5] : sauf si , auquel cas cette différence vaut .
Si, pour chaque élément de , une et une seule des deux opérations ou est autorisée, alors l'application qui à tout élément de associe le résultat de cette opération est (une involution de donc) une bijection de dans . Comme elle change la parité du nombre de lignes, elle se restreint en une bijection de (l'ensemble des éléments de ayant un nombre pair de lignes) dans (l'ensemble des éléments de ayant un nombre impair de lignes) donc .
est autorisée si et seulement l'oblique le long de laquelle on veut plaquer la base est suffisamment longue, c'est-à-dire , à l'exception suivante près : si et si l'oblique et la base ont un point en commun, est interdite. Notons le nombre de lignes de cette éventuelle partition exceptionnelle. .
est autorisée si et seulement la base le long de laquelle on veut plaquer l'oblique est suffisamment longue, c'est-à-dire (pour que la nouvelle suite de lignes soit bien de longueurs strictement décroissantes), à l'exception suivante près : si et si l'oblique et la base ont un point en commun, est interdite. Notons le nombre de lignes de cette éventuelle partition exceptionnelle. .
D'après les trois questions précédentes, si n'est pas un nombre pentagonal alors . Si au contraire alors, en notant la partition exceptionnelle (à lignes) pour laquelle ni ni n'est autorisée, on a, pour toutes les autres, une et une seule des deux opérations autorisée, et l'opération « soit , soit » est une involution de donc par restriction (comme dans la question 1) une bijection de dans si est pair, auquel cas on trouve , ou une bijection de dans si est impair, auquel cas . Dans les deux cas, .
(Apostol, exercice 7 p. 326 ; H&W, theorem 355-356.)
À l'aide de la formule du triple produit de Jacobi, démontrer que :
;
.
À quoi correspond le coefficient de dans le développement en série du produit formel et dans celui de ? (Justifier.)
Quelle est l'interprétation combinatoire des égalités de la question 1, en termes de nombres de partitions ?
Solution
En prenant et dans , on obtient :
On pourrait aussi choisir , ce qui donnerait , égale à la série précédente par changement d'indice .
Pour et , l'identité du triple produit donne :
,
qui équivaut à l'égalité à démontrer.
Lorsqu'on développe (par distributivité) , on obtient autant de fois qu'il y a de façons de choisir, dans chaque parenthèse, soit , soit , de telle manière que le produit des choisis soit , c'est-à-dire que soit la somme des pour lesquels c'est qui est choisi. Le coefficient de dans la série obtenue est donc le nombre de partitions de en parties distinctes.\\
Lorsqu'on développe , on obtient bien sûr autant de fois, mais fois avec le signe + et fois avec le signe –, où est le nombre de façons de choisir dans un nombre pair de parenthèses (et dans les autres) et est le nombre de façons de choisir dans un nombre impair de parenthèses (et dans les autres), de telle manière, dans les deux cas, que soit la somme des pour lesquels c'est qui est choisi. Le coefficient de dans la série obtenue est donc le nombre de partitions de en un nombre pair de parties distinctes moins le nombre de partitions de $n$ en un nombre impair de parties distinctes.
Le nombre de partitions de en un nombre pair de parties distinctes congrues à , ou moins le nombre de partitions de en un nombre impair de parties distinctes congrues à , ou est nul, sauf si est un « nombre heptagonal généralisé », c'est-à-dire de la forme avec (égal à avec ), auquel cas cette différence vaut .
Le nombre de partitions de en un nombre pair de parties distinctes congrues à , ou moins le nombre de partitions de en un nombre impair de parties distinctes congrues à , ou est nul, sauf si est de la forme avec (égal à avec ), auquel cas cette différence vaut .
↑Remarque due à Derrick Lehmer, d'après R. B. J. T. Allenby et Alan Slomson, How to Count: An Introduction to Combinatorics, 2011, 2e éd. [lire en ligne], p. 138-140.
↑Extrait de Allenby et Slomson 2011, p. 94. Remarque : on peut aussi le prouver à l'aide des séries génératrices.
↑Cette amélioration à peu de frais est attribuée par Apostol (p. 318) à Jacobus van Lint ((en) J. H. van Lint, Combinatorial Theory Seminar, coll. « LNM » (no 382), 1974[lire en ligne], p. 34-36), qui l'a en réalité transcrite de (en)Komaravolu Chandrasekharan, Arithmetical Functions, coll. « Grundlehren der mathematischen Wissenschaften » (no 167), 1970[lire en ligne], p. 169-170.