Breton/Grammaire/Syntaxe
On appelle syntaxe d'une langue l'étude des règles qui président à la construction de phrases intelligibles dans ladite langue, ainsi que ces règles elle-mêmes.
La syntaxe d'une phrase correctement construite dans une langue peut rendre la même phrase incorrecte ou inintelligible si elle est appliquée à une autre langue ; c'est pourquoi la traduction mot à mot est généralement à proscrire.
- La phrase (fr)e « la grande chaise du petit enfant est rouge » comprend huit mots, dans l'ordre 1-2-3-4-5-6-7-8. Et dans deux autres langues ?
• (fr) : « la grande chaise du petit enfant est rouge » (1-2-3-4-5-6-7-8)
• (en) :the big chair of the little child is red(1-2-3-4-5-6-7-8) → the little child's big chair is red (1-5-6-4-2-3-7-8)
• (br) :ar bras kador eus ar bihan bugel zo ruz(1-2-3-4-5-6-7-8) → ruz eo kador vras ar bugel bihan (8-7-3-2-4-6-5, pas de 1)
Phrase
[modifier | modifier le wikicode]Simple
[modifier | modifier le wikicode]Une phrase simple est constituée d'un verbe autour duquel sont organisés d'autres mots : ruz eo kador vras ar bugel bihan (la grande chaise du petit enfant est rouge) ; s'il n'y a pas de verbe, il s'agit d'un segment de phrase : kador vras ar bugel bihan (la grande chaise du petit enfant).
Dans la langue courante, le verbe peut toutefois être sous-entendu : Petra eo ? — Kador vras ar bugel bihan [eo]. (Qu'est-ce que c'est ? — [C'est] La grande chaise du petit enfant).
Composée ou complexe
[modifier | modifier le wikicode]Une phrase composée est constituée de deux ou plusieurs propositions
indépendantes d'importance égale (rapport de coordination), alors que la phrase complexe est constituée de propositions hiérarchisées (rapport de subordination).
- ♦ Coordination
Les propositions sont reliées par une conjonction de coordination : ruz eo kador vras ar bugel bihan ha melen eo hini e c'hoar (la grande chaise du petit enfant est rouge et celle de sa sœur est jaune). Notez que chaque proposition comporte un verbe et est indépendante de l'autre ; elle se suffit à elle-même.
- Le verbe de la seconde peut être sous-entendu : ruz eo kador vras ar bugel bihan ha melen hini e c'hoar (la grande chaise du petit enfant est rouge et celle de sa sœur jaune) ; est-ce la sœur qui est jaune ? Pas dans la phrase (br)ne, à cause du pronom hini (celle) qui se rapporte clairement à kador (chaise) car l'adjectif melen (jaune) n'est pas placé après le substantif c'hoar (sœur) ; mais dans la phrase (fr)e, l'élision du verbe peut conduire à comprendre que la chaise rouge du petit enfant est aussi celle de sa sœur jaune. La syntaxe (br)ne est ici plus stricte que la (fr)e.
- Notez que kador vras est le sujet commun aux deux propositions, ce qui arrive souvent : Nolwenn a gano pe a sono an delenn (c'est Nolwenn qui chantera ou jouera de la harpe).
- ♦ Subordination
On parle de subordination quand, dans une phrase complexe, une des propositions est la principale et les autres lui sont subordonnées ; la subordination se fait par une conjonction de subordination ou une particule verbale (parfois omise) : o lenn e oan pa zaskrenas ma foellgomz Ø en em lazhas kerkent peogwir e oa diskarget (j'étais en train de lire quand vibra mon smartphone qui s'éteignit de suite puisqu'il était déchargé).
- La subordonnée peut se rapporter à un seul mot de la principale : Anna a ganas an ton a oa bet savet gant Nolwenn (Anna chanta l'air que Nolwenn avait composé), où la subordonnée se rapporte à ton (air de musique).
Ordre des mots
[modifier | modifier le wikicode]C'est la principale difficulté que rencontrent les francophones qui apprennent le (br) : en (fr), le mot le plus important d'une phrase ou d'une proposition – celui sur lequel on veut insister — est généralement placé à la fin, alors qu'en (br) il est toujours au début de proposition, qu'elle soit principale ou non : « la grande chaise du petit enfant est rouge » → ruz eo kador vras ar bugel bihan.
Affirmatif
[modifier | modifier le wikicode]Une phrase (br)ne change de structure selon le mot sur lequel on veut insister, car l'ordre des mots dépend du premier.
Le tableau ci-dessous en donne un exemple basés sur la phrase « Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours ».
| |||||||||||||||||||||
A | Nolwenn | a gelenn | ar sonerezh | er skol | bemdez | (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours) | |||||||||||||||
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | |||||||||||||||||
B | Kelenn a ra | Nolwenn | ar sonerezh | er skol | bemdez | (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours) | |||||||||||||||
2 | 1 | 3 | 4 | 5 | |||||||||||||||||
C | Ar sonerezh | a gelenn | Nolwenn | er skol | bemdez | (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours) | |||||||||||||||
3 | 2 | 1 | 4 | 5 | |||||||||||||||||
D | Er skol | e kelenn | Nolwenn | ar sonerezh | bemdez | (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours) | |||||||||||||||
4 | 2 | 1 | 3 | 5 | |||||||||||||||||
E | Bemdez | e kelenn | Nolwenn | ar sonerezh | er skol | (Nolwenn enseigne la musique à l'école tous les jours) | |||||||||||||||
5 | 2 | 1 | 3 | 4 |
♦ Remarques
- A présente la même structure que la phrase (fr)e ; on insiste donc sur le sujet du verbe (c'est de Nolwenn et pas de quelqu'un d'autre que l'on parle).
- B insiste sur l'action : Nolwenn est enseignante, elle n'est pas élève ; notez que le verbe en début de phrase impose sa construction avec un auxiliaire.
- C Nolwenn enseigne la musique, pas autre chose ; la particuler verbale a joue ici le rôle d'un pronom relatif (c'est la musique que Nolwenn enseigne)[1].
- D C'est à l'école qu'elle enseigne ; notez que la particule verbale est e, puisque ar skol n'est pas c. o. d. et le sujet suit le verbe.
- E Tous les jours, pas une fois par semaine ; le reste de la structure suit le même ordre que la phrase D, avec cependant la permutation lieu / temps.
Interrogatif
[modifier | modifier le wikicode]Comme en (fr), si la phrase ne commence pas par un mot spécifiquement interrogatif (où ? quand ? qui ? quoi ? etc)
, seule l'intonation la différencie d'une affirmative : Meizañ a rit ? (Comprenez-vous ?).
Cependant, la forte accentuation du (br) conduit le plus souvent à débuter la phrase interrogative par la conjonction ha (et) non accentuée, l'accent portant sur le mot le plus important : Ha meizañ a rit ? (Comprenez-vous ?).
On peut insister via la conjonction daoust[2] : Daoust ha meizañ a rit ? (Est-ce que vous comprenez ?).
Relatif
[modifier | modifier le wikicode]C’est la particule verbale a qui permet d’introduire la relativité dans une phrase : intent a rit, war a welan (vous comprenez, à ce que je vois) • al lavarenn a veizan (la phrase que je comprends).
Une proposition relative peut être ambiguë, par exemple si elle commence par l’antécédent suivi du verbe : ar c'harr a ra trouz, où l’on peut comprendre la voiture fait du bruit ou la voiture qui fait du bruit ; le contexte permet de faire la différence. Cependant, on peut insister sur la relativité pour lever cette ambiguïté en insérant la conjonction hag ou l’expression a gement avant la particule verbale : ar c'harr hag a ra trouz ou ar c'harr a gement a ra trouz (la voiture qui fait du bruit)
- Si la relativité porte sur un mot qui n’est ni sujet ni C.O.D., on ajoute la préposition conjuguée selon l’antécédent et placée en fin de proposition : ar c'harr a gomzan anezhañ (la voiture dont je parle).
- Au négatif, la particule a devient na : ar c'harr na ra mui trouz (la voiture qui ne fait plus de bruit) — à ne pas confondre avec ar c'harr ne ra mui trouz (la voiture ne fait plus de bruit), qui est à l'affirmatif.
Notes
[modifier | modifier le wikicode]Exercices
[modifier | modifier le wikicode]Faites ces exercices : Syntaxe. |