Breton/Grammaire/Adverbes
Un adverbe est un mot grammatical ajoutant une détermination à un verbe, un adjectif, un autre adverbe, ou à une phrase.
Cette détermination tient à l'affirmation, au doute, eu lieu, à la manière, à la négation, à la quantité, au temps, etc : « certainement », « peut-être », « ici », « rapidement », « nullement », « beaucoup », « éternellement » sont des adverbes.
Un adverbe peut n'avoir que cette fonction : « ici », « beaucoup » ou être dérivés d'un autre mot : « rapidement », « éternellement ».
Il en est de même en (br).
Construction
[modifier | modifier le wikicode]Comme en (fr), les adverbes (br)s sont de diverses origines.
- Certains sont des adverbes simples, ils n'ont pas d'autre fonction : atav (toujours) • kalz (beaucoup).
- D'autres sont des adjectifs utilisés comme adverbes : sklaer (clair, clairement) • trumm soudain, soudainement).
- Un substantif placé après un adjectif a fonction d'adverbe : -mor (-mer) → pinvidik-mor (immensément riche) • -pesk (poisson) → yac'h-pesk (parfaitement sain) • gwenn (blanc) → gwenn-erc'h (blanc comme neige)[1]
- On peut construire des adverbes en préfixant une particule (a-, e(z)-, ent-) à un substantif ou à un adjectif : gwalc'h (satiété) → a-walc'h (assez) • pizh (précis) → ent-pizh (minutieusement) • laouen (joyeux) → ez-laouen (joyeusement).
- L'adverbe suit l'adjectif ou le participe passé qu'il détermine ; il lui est généralement relié par un trait d'union : mat-tre (très bon) • gloazet-fall (gravement blessé(es))
Usage
[modifier | modifier le wikicode]Le tableau ci-dessous liste quelques-uns des adverbes (br)s les plus usités au quotidien.
affirmation |
cause |
doute |
lieu |
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ivez (aussi) |
perak (pourquoi) |
avat (cependant) |
du-mañ (par ici ; chez nous) |
manière |
négation |
quantité |
temps | |
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a-dreuz (de travers) |
ebet (aucun) |
a-walc'h (assez) |
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Remarques
[modifier | modifier le wikicode]- ♦ Déjà
- L'adverbe choazh signifie
déjà
(auparavant) au passé etencore
au présent et futur : bet on amañ c'hoazh (je suis déjà venu ici) • ha dont a rin c'hoazh (et je viendrai encore). - L'expression
d'ores et déjà
se dit pelloc'h (plus loin) ou a-benn bremañ (à présent). - L'expression
déjà
(dès lors) ainsi que l'exclamationdéjà !
se disent dija[3] : Echu eo. — Dija ! — Echuet e oa dija pa 'z on erruet. (C'est terminé. — Déjà ! — C'était déjà fini quand je suis arrivé.)
- ♦ Jamais
La liste des adverbes simples montre quatre mots pour "jamais" ; en effet, le (br) distingue entre le passé, le futur et l'absolu.
- L'adverbe biskoazh s'emploie au passé, à l'affirmatif et au négatif : biskoazh n'em eus laeret tra pe dra (je n'ai jamais volé quoi que ce soit) • gwellañ tra am eus debret biskoazh ! (la meilleure chose que j'aie jamais mangée)
- L'adverbe biken s'emploie au futur, à l'affirmatif et au négatif : ha biken ne rin (et je ne le ferai jamais) • gwashañ tra a vevin biken (la pire chose que je vivrai jamais)
- Les adverbes nepred et morse sont absolus, ils signifient "à aucun moment passé ou futur" : nepred ne arverer "biskoazh" en dazont (on n'emploie jamais "biskoazh" au futur) • morse ne arverer "biken" en tremened (on n'emploie jamais "biken" au passé)[4].
- • nepred = nep (aucun) + pred (moment) = (à) aucun moment ; on ne l'emploie que dans les phrases négatives.
- • morse vient du vieux (fr) morsel (1155), devenu morceau en 1480 ; le véritable mot (br) est tamm (morceau), mais morse est le plus répandu au sens de "jamais" (hélas) ; nepred est compris partout.
- ♦ Non
Il y a plusieurs manières (polies) de dire « non » en (br).
- On emploie ket pour répondre négativement à une question positive : Ha dont a ri ? — Ket (Viendras-tu ? — Non).
- On n'emploie nann que pour répondre négativement à une question négative : Ne zeui ket ? — Nann (Tu ne viendras pas ? — Non).
- On peut reprendre le verbe de la question et le mettre au négatif : Brouezet out ? — N'on ket (Tu es en colère ? — Non ["Je ne suis pas"]).
- On peut également reprendre le verbe auxiliaire de la question et le mettre au négatif : Ha mouzhañ a ri ? — Ne rin ket (Tu vas bouder ? — Non. ["Je ne ferai pas"]).
Indéfini
[modifier | modifier le wikicode]Diverses constructions rendent l'indéfini en (br).
- ♦ AUCUN
Évidemment, toutes les phrases comprenant ces mots sont négatives.
- Le mot ebet[5] placé après le mot auquel il se rapporte exprime l'absence de quelque chose ou quelqu'un : n'eus kudenn ebet (il n'y a aucun/pas de problème) • n'eus den ebet (il n'y a personne).
- Le mot nep est l'exact équivalent de nul·le·s : n'en deus nep digarez (il n'a aucune excuse).
- • Il est à l'origine de plusieurs mots, dont neblec'h [nep + lec'h, « aucun lieu »] (nulle part) • nemeur [nep + meur, « aucun grand »] (guère) • nepred [nep + pred, « aucun moment »] (jamais) • netra [nep + tra, « aucune chose »] (rien) • neptu [nep + tu, « aucun côté »] (neutre).
- ♦ AUTRE
- Le mot all signifie « autre » et suit toujours le mot auquel il se rapporte : ur yezh all (une autre langue); c'est aussi un pronom : unan all (un·e autre) • re all (d'autres)
- Le mot ken placé devant un nom a également le sens de « autre » : ne 'm eus ken youl nemet da zeskiñ brezhoneg (je n'ai d'autre volonté que d'apprendre le breton).
- Si autre a le sens de « différent », le mot (br) est disheñvel (différent) : ur yezh disheñvel-krenn eo (c'est une toute autre langue).
- ♦ L'UN . . . L'AUTRE
- On emploie an eil . . . egile si l'un au moins des termes renvoie à un sujet masculin : Yann hag Anna – ken droch an eil hag egile (Yann et Anna — aussi farfelus l'un que l'autre).
- On emploie an eil . . . eben si les deux termes renvoient à des sujets féminins : Nolwenn hag Anna – sonerezed an eil hag eben (Nolwenn et Anna — des musiciennes l'une et l'autre).
- La même règle s'applique aux expressions du type l'un + verbe, l'autre + verbe : an eil zo du, egile zo glas (l'un est noir, l'autre est bleue) • du eo an eil ha glas eo eben (l'une est noire et l'autre est bleue).
- La particule verbale en em exprime la réciprocité (l'un·e l'autre) : en em garout a ra Nolwenn hag Anna (Nolwenn et Anna s'aiment l'une l'autre).
- Au pluriel, les un·es . . . les autres se dit an eil re . . . ar re all : an eil re pe ar re all a c'hounezo (les une·s ou les autres gagneront).
- Plusieurs expressions équivalent à les un·es, les autres au sens de certain·es : lod zo melen, lod (all) zo ruz • darn zo melen, darn (all) zo ruz • lod/darn zo melen, re all zo ruz (certain·es sont jaunes, d'autres sont rouges).
- ♦ MÊME·S, TEL·LE·S
- La similitude est exprimée par hevelep, qui précède le mot auquel il se rapporte : la même langue (an hevelep yezh) • an hevelep re eo ! (ce sont les mêmes !).
- Le même mot hevelep exprime tel dans le même contexte : un hevelep yezh (une telle langue).
- ♦ ON
Il n'y a pas de pronom indéfini correspondant au français on.
- Soit on utilise la forme impersonnelle du verbe, si elle existe : atav e komzer brezhoneg amañ (ici on parle toujours breton).
- Soit on utilise le sujet indéfini an den (la personne) : ne gav mui an den tra pe dra er stlabez-mañ ! (on ne trouve plus rien dans ce
bordelfatras !).
- ♦ PLUSIEURS, QUELQUES
L'adjectif meur a rôle d'adverbe pour un des équivalents (br)s de plusieurs
. D'autres constructions existent.
- meur a (plusieurs) est toujours suivi d'un substantif au singulier : meur a yezh (plusieurs langues).
- un nebeud (plusieurs [quelques]) est suivi d'un pluriel : un nebeud yezhoù (plusieurs langues, quelques langues)[6].
- lod (plusieurs [certains]) : lod yezhoù zo romanek (plusieurs/certaines langues sont romanes).
- substantif pluriel + zo (plusieurs [certains]) : keltiek eo yezhoù zo (plusieurs/certaines langues sont celtiques).
- ♦ QUELQUE
L'adverbe bennak, toujours placé après le mot auquel il se rapporte, donne à ce mot un sens indéfini.
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- ♦ TOUS, TOUT
- Le mot holl signifie
en entier, tout à fait
et se lie par un tiret au mot auquel il se rapporte : ar bed-holl (le monde entier) • mantret-holl (tout à fait désolé) • adlivet-holl (entièrement repeint). Entièrement ; ensemble
est exprimé par holl précédé de l'article défini et placé avant le mot auquel il se rapporte : an holl yezhoù (toutes les langues) • an holl dud gwitibunan (tout le monde sans exception).- Le mot pep signifie
chaque
; il se place devant un substantif au singulier : pep den en deus e yezh (tout/chaque être humain a sa langue). - Le mot kement s'emploie dans le même sens : kement ti a zo er straed (toutes les maisons de la rue, chacune des maisons de la rue).
Chacun, chacune
se dit pep unan ou pep hini : Yann hag Erwan : da bep unan e dro Yann et Erwan : à chacun son tour) • Anna ha Nolwenn : da bep hini he zro Anna et Nolwenn : à chacune son tour).- Le mot a-bezh signifie
en totalité
: ar bed a-bezh (le monde entier) ; pezh peut se construire avec un pronom : ar rannvro en he fezh (la région dans sa totalité). - Les adverbes krenn, a-grenn signifient
totalement, à fond, pour de bon
: diskaret-krenn • diskaret a-grenn (totalement détruit·e·s)
Notes
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ Gwenn-Erc'h est d'ailleurs le nom (br) de Blanche-Neige.
- ↑ Contrairement à l'étymologie populaire, tre vient du (br) trec'h « supérieur » et non du (fr) très.
- ↑ Emprunt direct au (fr) déjà.
- ↑ J'espère que c'est clair, maintenant !
- ↑ en bet en 1557,
dans le monde
. - ↑ Notez : nebeut a « peu de » ≠ un nebeud « quelques ».
Exercices
[modifier | modifier le wikicode]Faites ces exercices : Adverbes. |