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Breton/Grammaire/Adverbes

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Adverbes
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Chapitre no 11
Leçon : La grammaire bretonne
Chap. préc. :Conjonctions
Chap. suiv. :Syntaxe
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Breton/Grammaire/Adverbes
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Un adverbe est un mot grammatical ajoutant une détermination à un verbe, un adjectif, un autre adverbe, ou à une phrase.
Cette détermination tient à l'affirmation, au doute, eu lieu, à la manière, à la négation, à la quantité, au temps, etc : « certainement », « peut-être », « ici », « rapidement », « nullement », « beaucoup », « éternellement » sont des adverbes.
Un adverbe peut n'avoir que cette fonction : « ici », « beaucoup » ou être dérivés d'un autre mot : « rapidement », « éternellement ».
Il en est de même en (br).

Comme en (fr), les adverbes (br)s sont de diverses origines.

  • Certains sont des adverbes simples, ils n'ont pas d'autre fonction : atav (toujours)kalz (beaucoup).
  • D'autres sont des adjectifs utilisés comme adverbes : sklaer (clair, clairement)trumm soudain, soudainement).
  • Un substantif placé après un adjectif a fonction d'adverbe : -mor (-mer) → pinvidik-mor (immensément riche)-pesk (poisson) → yac'h-pesk (parfaitement sain)gwenn (blanc) → gwenn-erc'h (blanc comme neige)[1]
  • On peut construire des adverbes en préfixant une particule (a-, e(z)-, ent-) à un substantif ou à un adjectif : gwalc'h (satiété) → a-walc'h (assez)pizh (précis) → ent-pizh (minutieusement)laouen (joyeux) → ez-laouen (joyeusement).
  • L'adverbe suit l'adjectif ou le participe passé qu'il détermine ; il lui est généralement relié par un trait d'union : mat-tre (très bon)gloazet-fall (gravement blessé(es))

Le tableau ci-dessous liste quelques-uns des adverbes (br)s les plus usités au quotidien.

  Adverbes courants
affirmation
cause
doute
lieu

ivez (aussi)
ya (oui)
zoken (même)

perak (pourquoi)

avat (cependant)
evelato (cependant)
evelkent (tout de même)
neoazh (néanmoins)
marteze (peut-être)

du-mañ (par ici ; chez nous)
du-se (par là ; chez vous)
du-hont (là-bas)
e-barzh (dedans)
eno (là)
er-maez (dehors)
pelec'h (où)

manière
négation
quantité
temps

a-dreuz (de travers)
a-zevri (sérieusement)
buan (vite)
end-eeun (justement)
ervat (parfaitement)
gorrek (lentement)
pell (loin)
penaos (comment)
tost (près)
war-eeun (directement)

ebet (aucun)
kennebeut (non plus)
ket (pas)
nann (non)
tamm (aucun)

a-walc'h (assez)
bennak (quelque)
kalz (beaucoup)
meurbet (grandement)
mui (plus)
nebeut (peu)
ouzhpenn (en plus)
re (trop)
tre (très)[2]

abred (tôt)
alies (souvent)
antronoz (le lendemain)
atav (toujours)
a-wechoù (parfois)
bepred (toujours)
bewech (chaque fois)
biken (jamais)
biskoazh (jamais)
bremañ (à présent)
c'hoazh (déjà, encore)
dec'h (hier)
diouzhtu (immédiatement)
diwezhat (tard)
hiziv (aujourd'hui)
morse (jamais)
nepred (jamais)
neuze (alors)
pegoulz (quand)
warc'hoazh (demain)
Déjà
  • L'adverbe choazh signifie déjà (auparavant) au passé et encore au présent et futur : bet on amañ c'hoazh (je suis déjà venu ici)ha dont a rin c'hoazh (et je viendrai encore).
  • L'expression d'ores et déjà se dit pelloc'h (plus loin) ou a-benn bremañ (à présent).
  • L'expression déjà (dès lors) ainsi que l'exclamation déjà ! se disent dija[3] : Echu eo. — Dija ! — Echuet e oa dija pa 'z on erruet. (C'est terminé. — Déjà ! — C'était déjà fini quand je suis arrivé.)
Jamais

La liste des adverbes simples montre quatre mots pour "jamais" ; en effet, le (br) distingue entre le passé, le futur et l'absolu.

  • L'adverbe biskoazh s'emploie au passé, à l'affirmatif et au négatif : biskoazh n'em eus laeret tra pe dra (je n'ai jamais volé quoi que ce soit)gwellañ tra am eus debret biskoazh ! (la meilleure chose que j'aie jamais mangée)
  • L'adverbe biken s'emploie au futur, à l'affirmatif et au négatif : ha biken ne rin (et je ne le ferai jamais)gwashañ tra a vevin biken (la pire chose que je vivrai jamais)
  • Les adverbes nepred et morse sont absolus, ils signifient "à aucun moment passé ou futur" : nepred ne arverer "biskoazh" en dazont (on n'emploie jamais "biskoazh" au futur)morse ne arverer "biken" en tremened (on n'emploie jamais "biken" au passé)[4].
nepred = nep (aucun) + pred (moment) = (à) aucun moment ; on ne l'emploie que dans les phrases négatives.
morse vient du vieux (fr) morsel (1155), devenu morceau en 1480 ; le véritable mot (br) est tamm (morceau), mais morse est le plus répandu au sens de "jamais" (hélas) ; nepred est compris partout.
Non

Il y a plusieurs manières (polies) de dire « non » en (br).

  • On emploie ket pour répondre négativement à une question positive : Ha dont a ri ? — Ket (Viendras-tu ? — Non).
  • On n'emploie nann que pour répondre négativement à une question négative : Ne zeui ket ? — Nann (Tu ne viendras pas ? — Non).
  • On peut reprendre le verbe de la question et le mettre au négatif : Brouezet out ? — N'on ket (Tu es en colère ? — Non ["Je ne suis pas"]).
  • On peut également reprendre le verbe auxiliaire de la question et le mettre au négatif : Ha mouzhañ a ri ? — Ne rin ket (Tu vas bouder ? — Non. ["Je ne ferai pas"]).

Diverses constructions rendent l'indéfini en (br).

AUCUN

Évidemment, toutes les phrases comprenant ces mots sont négatives.

  • Le mot ebet[5] placé après le mot auquel il se rapporte exprime l'absence de quelque chose ou quelqu'un : n'eus kudenn ebet (il n'y a aucun/pas de problème)n'eus den ebet (il n'y a personne).
  • Le mot nep est l'exact équivalent de nul·le·s : n'en deus nep digarez (il n'a aucune excuse).
• Il est à l'origine de plusieurs mots, dont neblec'h [nep + lec'h, « aucun lieu »] (nulle part)nemeur [nep + meur, « aucun grand »] (guère)nepred [nep + pred, « aucun moment »] (jamais)netra [nep + tra, « aucune chose »] (rien)neptu [nep + tu, « aucun côté »] (neutre).
AUTRE
  • Le mot all signifie « autre » et suit toujours le mot auquel il se rapporte : ur yezh all (une autre langue); c'est aussi un pronom : unan all (un·e autre)re all (d'autres)
  • Le mot ken placé devant un nom a également le sens de « autre » : ne 'm eus ken youl nemet da zeskiñ brezhoneg (je n'ai d'autre volonté que d'apprendre le breton).
  • Si autre a le sens de « différent », le mot (br) est disheñvel (différent) : ur yezh disheñvel-krenn eo (c'est une toute autre langue).
L'UN . . . L'AUTRE
  • On emploie an eil . . . egile si l'un au moins des termes renvoie à un sujet masculin : Yann hag Anna – ken droch an eil hag egile (Yann et Anna — aussi farfelus l'un que l'autre).
  • On emploie an eil . . . eben si les deux termes renvoient à des sujets féminins : Nolwenn hag Anna – sonerezed an eil hag eben (Nolwenn et Anna — des musiciennes l'une et l'autre).
  • La même règle s'applique aux expressions du type l'un + verbe, l'autre + verbe : an eil zo du, egile zo glas (l'un est noir, l'autre est bleue)du eo an eil ha glas eo eben (l'une est noire et l'autre est bleue).
  • La particule verbale en em exprime la réciprocité (l'un·e l'autre) : en em garout a ra Nolwenn hag Anna (Nolwenn et Anna s'aiment l'une l'autre).
  • Au pluriel, les un·es . . . les autres se dit an eil re . . . ar re all : an eil re pe ar re all a c'hounezo (les une·s ou les autres gagneront).
  • Plusieurs expressions équivalent à les un·es, les autres au sens de certain·es : lod zo melen, lod (all) zo ruzdarn zo melen, darn (all) zo ruzlod/darn zo melen, re all zo ruz (certain·es sont jaunes, d'autres sont rouges).
MÊME·S, TEL·LE·S
  • La similitude est exprimée par hevelep, qui précède le mot auquel il se rapporte : la même langue (an hevelep yezh)an hevelep re eo ! (ce sont les mêmes !).
  • Le même mot hevelep exprime tel dans le même contexte : un hevelep yezh (une telle langue).
ON

Il n'y a pas de pronom indéfini correspondant au français on.

  • Soit on utilise la forme impersonnelle du verbe, si elle existe : atav e komzer brezhoneg amañ (ici on parle toujours breton).
  • Soit on utilise le sujet indéfini an den (la personne) : ne gav mui an den tra pe dra er stlabez-mañ ! (on ne trouve plus rien dans ce bordelfatras !).
PLUSIEURS, QUELQUES

L'adjectif meur a rôle d'adverbe pour un des équivalents (br)s de plusieurs. D'autres constructions existent.

  • meur a (plusieurs) est toujours suivi d'un substantif au singulier : meur a yezh (plusieurs langues).
  • un nebeud (plusieurs [quelques]) est suivi d'un pluriel : un nebeud yezhoù (plusieurs langues, quelques langues)[6].
  • lod (plusieurs [certains]) : lod yezhoù zo romanek (plusieurs/certaines langues sont romanes).
  • substantif pluriel + zo (plusieurs [certains]) : keltiek eo yezhoù zo (plusieurs/certaines langues sont celtiques).
QUELQUE

L'adverbe bennak, toujours placé après le mot auquel il se rapporte, donne à ce mot un sens indéfini.

  L'adverbe bennak
  • un den bennak (quelqu'un)
  • ur wech bennak (une fois quelconque)
  • pegen abred bennak (aussi tôt que)
  • pegement bennak (autant que)
  • pelec'h bennak (où que)
  • petra bennak (quoi que)
  • piv bennak (quiconque)
  • (en un) tu bennak (quelque part)
  • unan bennak, ur re bennak (quelques-uns)
  • un dra bennak (quelque chose)
  • un nebeud (quelque [un peu de])
  • un tamm (quelque [un peu de])
TOUS, TOUT
  • Le mot holl signifie en entier, tout à fait et se lie par un tiret au mot auquel il se rapporte : ar bed-holl (le monde entier)mantret-holl (tout à fait désolé)adlivet-holl (entièrement repeint).
  • Entièrement ; ensemble est exprimé par holl précédé de l'article défini et placé avant le mot auquel il se rapporte : an holl yezhoù (toutes les langues)an holl dud gwitibunan (tout le monde sans exception).
  • Le mot pep signifie chaque ; il se place devant un substantif au singulier : pep den en deus e yezh (tout/chaque être humain a sa langue).
  • Le mot kement s'emploie dans le même sens : kement ti a zo er straed (toutes les maisons de la rue, chacune des maisons de la rue).
  • Chacun, chacune se dit pep unan ou pep hini : Yann hag Erwan : da bep unan e dro Yann et Erwan : à chacun son tour)Anna ha Nolwenn : da bep hini he zro Anna et Nolwenn : à chacune son tour).
  • Le mot a-bezh signifie en totalité : ar bed a-bezh (le monde entier) ; pezh peut se construire avec un pronom : ar rannvro en he fezh (la région dans sa totalité).
  • Les adverbes krenn, a-grenn signifient totalement, à fond, pour de bon : diskaret-krenndiskaret a-grenn (totalement détruit·e·s)
  1. Gwenn-Erc'h est d'ailleurs le nom (br) de Blanche-Neige.
  2. Contrairement à l'étymologie populaire, tre vient du (br) trec'h « supérieur » et non du (fr) très.
  3. Emprunt direct au (fr) déjà.
  4. J'espère que c'est clair, maintenant !
  5. en bet en 1557, dans le monde.
  6. Notez : nebeut a « peu de » ≠ un nebeud « quelques ».
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