Théorie de la mesure/Exercices/Mesures
Exercice 2-1
[modifier | modifier le wikicode]Soient une algèbre d'ensembles et une application.
- Montrer que les trois propriétés suivantes sont équivalentes, en prouvant les implications .
- (P1) ;
- (P2) et ;
- (P3) .
- Si l'une de ces trois propriétés est vérifiée, elles le sont donc toutes ; est alors dite additive.
- On suppose additive. Montrer que :
- disjoints, ;
- ;
- est croissante, c'est-à-dire ;
- disjoints tels que , .
- Comparer 2.1, 2.2 et 2.4.
- Soient .
- : supposons (P1). Alors,
- d'une part donc et
- d'autre part ,
- d'où (P2).
- : supposons (P2). Alors, , d'où (P3).
- : supposons (P3) et . Alors, , d'où (P1).
- : supposons (P1). Alors,
-
- 2.1 par récurrence sur à partir de (P1), en posant et .
- 2.2 par récurrence sur , car d'après (P2).
- 2.3 d'après (P2).
- 2.4 : d'après 2.3 et 2.1, pour tout .
- D'après ce qui précède, 2.1 (qui équivaut à P1 donc à l'additivité) implique 2.2 et 2.4. Mais :
- 2.2 n'implique pas 2.4 car 2.4 implique , alors que si 2.2 est vrai pour il l'est aussi pour .
- 2.4 n'implique pas 2.2 car par exemple sur (avec et complémentaires dans ), la fonction définie par et vérifie 2.4 mais pas 2.2.
Exercice 2-2
[modifier | modifier le wikicode]Soient un ensemble infini et l'algèbre de ses parties finies ou cofinies.
- Montrer que la fonction définie par si est fini et si est cofini est additive.
- Si est dénombrable, montrer qu'il existe des disjoints, d'union , tels que .
- Condition nécessaire et suffisante pour que s'étende en une mesure sur ?
- Soient disjoints et . Si sont finis alors aussi et . Si est cofini alors aussi et est fini, et . Même chose en intervertissant et .
- est une union dénombrable de singletons disjoints.
- D'après la question précédente, une condition nécessaire est que ne soit pas dénombrable. Alors, s'étend (de façon unique) en la mesure sur définie par si est (au plus) dénombrable et si c'est son complémentaire qui l'est (ces deux cas s'excluent bien, par hypothèse sur ). Remarque : alors, est complète pour .
Exercice 2-3
[modifier | modifier le wikicode]On admettra que pour toute fonction croissante et continue à droite, il existe une mesure (unique) sur , appelée mesure de Stieltjes associée à , telle que pour tous réels , .
- Soit . Calculer , , , , pour tous réels , et enfin .
- Même question pour les fonctions et .
- Soit une mesure sur telle que pour tout , et . Montrer que est une mesure de Stietjes et déterminer une fonction telle que .
- , , , , .
- où est la mesure de Lebesgue et où est la mesure de Dirac en 0, donc , , , , , , , si ou , si , , .
- et donc , avec constante sur et saute de 1 de à donc la fonction partie entière (à une constante près).
Exercice 2-4
[modifier | modifier le wikicode]Soient un espace topologique et une mesure sur sa tribu borélienne . On note l'ensemble des parties de telles que
- ouvert et fermé tels que et .
- Vérifier que est stable par complémentaire.
- Si est bornée, montrer que est stable par réunion dénombrable (on pourra vérifier que et faire en sorte que avec ).
- Si est métrisable et si est bornée, montrer que tout fermé appartient à et en déduire que (on posera et l'on vérifiera que ).
- Étendre ce résultat au cas où est métrisable et bornée sur toute boule (c'est vrai pour toute mesure de Stieltjes). (Pour un borélien , on fixera et , on appliquera ce qui précède à et , et l'on vérifiera que si les sont des fermés alors leur réunion aussi.)
- En déduire qu'alors, pour tout ,
- .
- Immédiat, en remarquant que .
- Soient , et . Soient tels que (par exemple ). Il existe des fermés et des ouverts tels que et . Soient O l'ouvert et les fermés (dont la réunion n'est pas nécessairement fermée — exemple ). Les forment une suite décroissante, d'intersection donc (comme est bornée) quand , , donc pour assez grand, (et ).
- (si n'est pas fermé, cette dernière égalité est fausse, ce qui montre bien qu'on ne peut pas « raisonner » en intervertissant et ). La suite décroissante des est donc d'intersection vide, donc (puisque est bornée) , d'où . Donc d'après les questions précédentes, .
- Soient un borélien et . On choisit tels que et l'on pose . D'après la question précédente, il existe des fermés et des ouverts tels que et . Quitte à remplacer par , on peut même supposer (tout en conservant les autres propriétés). Soient l'ouvert et soit . est bien fermé, car pour toute suite dans convergeant vers , est bornée donc est à valeurs dans une union finie des , qui est fermée donc contient , donc . On a, comme dans la question 2, et , d'où .
- Immédiat.
Exercice 2-5
[modifier | modifier le wikicode]Soient un espace topologique, l'ensemble de ses ouverts, l'ensemble de ses fermés, l'ensemble de ses compacts, une tribu sur contenant la tribu borélienne , une mesure sigma-finie sur vérifiant :
- .
On note l'ensemble des intersections dénombrables d'ouverts et l'ensemble des réunions dénombrables de fermés.
- Soient et . Montrer qu'il existe un ouvert tel que . En déduire qu'il existe un fermé tel que (donc vérifie la régularité de l'exercice précédent).
- En déduire que tels que et . En déduire que (la tribu complétée de pour ).
- On suppose de plus que est réunion dénombrable de compacts et que est séparé. Prouver alors que est intérieurement régulière, c'est-à-dire .
- Supposons d'abord que est fini. Alors, , donc il existe un ouvert contenant et tel que , d'où .
Si , il faut utiliser la sigma-additivité de : avec . On pose . Ainsi, est de mesure finie donc on peut lui appliquer ce qui précède : il existe un ouvert contenant et tel que . On pose alors . Ainsi, est un ouvert contenant , et . D'où .
Pour tout et tout , il existe donc un ouvert contenant tel que . En appliquant cela à au lieu de , on en déduit l'existence d'un ouvert tel que . Si l'on pose , est un fermé inclus dans et (donc ).
Remarque : par hypothèse, avec donc (d'après ce qui précède) est inclus dans un ouvert de mesure finie. Ceci montre qu'on peut (quitte à remplacer par ) supposer les ouverts. - Remarquons d'abord que , donc et (par passage aux complémentaires) .
Soit . Pour tout , d'après la question 1, il existe un fermé et un ouvert tels que et . Posons et : appartient à et à , , et pour tout , est inclus dans donc , d'où .
On peut alors mettre sous la forme avec , , , (pour et ), donc appartient à . - Évidemment, .
Pour montrer la réciproque, prouvons que pour tout , il existe un compact inclus dans tel que . Par hypothèse, est une réunion de compacts . On peut même (quitte à remplacer par ) supposer que la suite est croissante. Posons . Alors, est une suite croissante, d'union , donc , donc il existe tel que . Il existe alors tel que . D'après la question 1, il existe un fermé inclus dans (donc dans ) tel que , donc tel que , donc tel que donc (puisque ) . Il suffit, pour conclure, de remarquer que ce fermé est inclus dans le compact , donc est lui-même compact.
Remarque : sous les hypothèses de l'énoncé, est à la fois union dénombrable de compacts , et d'ensembles de mesures finies. En fait on peut même choisir , car tout compact est de mesure finie. En effet, est inclus dans une réunion d'ouverts de mesures finies (cf. question 1, remarque), dont on peut extraire un sous-recouvrement fini.
Exercice 2-6
[modifier | modifier le wikicode]Les deux affirmations suivantes sont-elles équivalentes ?
- (1) -presque partout ;
- (2) .
Quitte à remplacer par , on peut supposer et .
La traduction de (1) est alors :
- , ou encore :
- ,
et celle de (2) est :
- .
Si est finie, on sait que , donc .
Si est infinie, cherchons un contre-exemple de la forme . Pour , , donc il suffit de construire une suite telle que et .
Si l'on s'astreint à choisir de plus décroissante, ces conditions se simplifient en : et , par exemple sur muni de Lebesgue : .
Si l'on s'astreint plutôt à choisir disjoints, ces conditions se simplifient en : , par exemple .
Quant à , il n'a aucune raison d'être vrai même pour finie : il suffit de construire une suite telle que mais , par exemple sur muni de Lebesgue : , , , , , , etc.