Picard/Culture/Contes et Croyances populaires
On s' intéresse ici au contes, légendes et croyances populaires des pays picards, c'est-à-dire les régions du domaine linguistique picard. Ce domaine comprend principalement l'Oise, la Somme, l'Aisne, le Pas-de-Calais, le Nord et la Wallonie picarde.
Les fabliaux
[modifier | modifier le wikicode]Le fabliau est un récit comique qui au Moyen Âge a eu un grand succès dans le domaine picard. Fabliau signifie littéralement « petit récit » ; c’est le nom qu'on donne dans la littérature française du Moyen Âge à de petites histoires en vers simples et amusants. Les fabliaux visent la plupart du temps surtout à faire rire. D'après Joseph Bédier, il y aurait environ 150 récits écrits entre 1159 et 1340, en majorité dans les provinces du nord ( Picardie, Artois et Flandre ). Bon nombre de fabliaux sont anonymes mais certains auteurs sont connus comme: Rutebeuf, Philippe de Beaumanoir, Henri d'Andeli, Huon le Roi, Gautier Le leu, Jean Bodel. L'exemple le plus connu de fabliau est le Roman de renard.
Philippe de Rémi
[modifier | modifier le wikicode]Philippe de Rémi ou Rémi sire de Beaumanoir est un poète français, né vers 1210 et mort en 1265. La famille de Remi est originaire du village de Remy en Picardie à l'ouest de Compiègne, actuel département de l'Oise. C'était dans le diocèse de Beauvais au Moyen Âge. Il est l'auteur des romans en vers La Manekine et Jehan et Blonde.
Jehan Bodel
[modifier | modifier le wikicode]Jean Bodel ou Jehan Bodel (1165-1210) fut un trouvère qui vécut vers la fin du XIIe siècle à Arras.
- Le paysan de Bailleul,
- Haimet et Barat,
- Brunain la vache au prêtre, (texte disponible sur Wikisource)
- De Gombert et les deus clers,
Gautier de Coinci
[modifier | modifier le wikicode]Gauthier de Coincy (ou Gautier de Coinci), né en 1178 à Coincy, près de Fère-en-Tardenois (Aisne), et mort le 25 septembre 1236 à Soissons (Aisne), est un moine bénédictin et trouvère.
- Le Tombeur Notre-Dame
Huon d'Oisy, trouvère
[modifier | modifier le wikicode]Hugues III d'Oisy (1145- 1189), seigneur d'Oisy et de Crèvecœur, châtelain de Cambrai, vicomte de Meaux était trouvère sous le nom de Huon d'Oisy ou Huon de Cambrai.
- La mal(l)e Honte
Courtebarbe
[modifier | modifier le wikicode]- Les Trois Aveugles de Compiègne (voir pcd.wikipedia.org/wiki/Cortebarbe)
Rutebeuf
[modifier | modifier le wikicode]- La dame qui fit trois fois le tour de l'église
de nombreux autres fabliaux sont anonymes
[modifier | modifier le wikicode]Pour de nombreux autres fabliaux les auteurs ne sont pas connus. Parmi ces fabliaux citons =
- La Demoiselle qui ne pouvait pas entendre parler de foutre.
- Le Chevalier qui fit les cons parler
Exemples de fabliaux
[modifier | modifier le wikicode]La vieille qui graissa la patte au chevalier
[modifier | modifier le wikicode]C'est l'histoire d'une pauvre vieille qui a perdu la seule richesse qu'elle possédait : ses deux vaches.
- C'est le prévôt qui les a et il ne veut pas les rendre. La vieille décide d'aller voir sa voisine Hersant pour lui demander conseil. Celle-ci lui propose de « graisser la patte » au chevalier afin que celui-ci lui rende ses vaches. La vieille qui est une paysanne naïve et sans culture ne connait pas cette expression qu'elle prend au sens propre au lieu du sens figuré courant. Ainsi naît le quiproquo qui entraîne un comique de situation. En effet la pauvre vieille, suite au conseil, va chercher un morceau de lard chez elle et en badigeonne les mains du chevalier. Lorsque celui-ci comprend l'erreur qu'elle a commise, il rit tellement qu’il décide de lui rendre ses vaches.
La Farce du cuvier
[modifier | modifier le wikicode]La Farce du cuvier, ou Le Cuvier, est une œuvre de la littérature médiévale, demeurée anonyme mais probablement d'origine picarde d’après certains aspects du texte. Elle compte parmi les œuvres du genre farcesque les plus connues.
- Un homme du peuple doit obéir à sa femme et à sa belle-mère et elles veulent lui imposer tous les travaux du logis. Elles lui donnent donc un « rôlet » qui indique la liste des travaux qu’il aura à effectuer. Jacquinot aide sa femme pour un travail ménager au bord du cuvier, un grand baquet qui contient le linge sale. Sa femme bascule alors dans le cuvier. Tempêtant et suppliant son époux, elle est sur le point de mourir noyée. Jacquinot lui répond simplement que la sortir de l'eau ne fait pas partie de sa liste. Il ne se décide à aider sa femme à sortir du cuvier qu'après la promesse qu’il sera dorénavant le maître.
On pourra lire des fabliaux sur Gallica
[modifier | modifier le wikicode]- Le Curé qui mangea des mûres
- La vieille qui graissa la patte au chevalier
- Frère Denise (Rutebeuf)
- Le prêtre qui eut une mère malgré lui
- Du jongleur qui alla en enfer
- Du vilain qui conquit le paradis par plaid
Les contes
[modifier | modifier le wikicode]- Contes pour enfant
Les personnages les plus connus sont = Gribouille, Jean-Bête, Marie-Groehète ou Marie-Grohète , Pierre-le-Badaud et Pierre Berzilié.
- Marie Grohète,
-
- c'est une sorcière qui se cache dans l'eau des marais et qui tente d'attraper les enfants pas sages qui osent s'approcher.
- Marie-Grohète, ch'est eune chorchelle qui maque chés éfants.
- c'est une sorcière qui se cache dans l'eau des marais et qui tente d'attraper les enfants pas sages qui osent s'approcher.
Les légendes
[modifier | modifier le wikicode]- Chevaux légendaires = El blanque jumint (La blanche jument), ech goblin (le gobelin) et ch'blank gvo ou ech blanc qu'vau (le cheval blanc)
Les chevaux légendaires sont des animaux fabuleux et diaboliques de couleur blanche du folklore de l'Artois, du Ternois et du Boulonnais.
- La blanque jumint apparaissait à la tombée du jour ou au milieu de la nuit pour tromper les enfants et les hommes. Elle les faisait monter sur son dos qui pouvait s'allonger pour accueillir jusqu'à sept cavaliers. Elle les entraînait ensuite dans l'eau. Cet animal est mentionné dans le Boulonnais et à Samer.
- Ech goblin et ech blanc gvo de Saint-Pol-sur-Ternoise, portait un collier à clochettes pour attirer ses victimes.
- Ch'blanc qu'vo de Maisnil, ou encore l'animal de Vaudricourt, étaient un cheval blanc ou âne gris qui emportait vingt enfants et les noyait.
Ces animaux de légende servaient à faire peur aux enfants qui n'étaient pas sages: Gare à ti, v'lo ch'goblin (attention à toi, voila le Gobelin)
- L’Gâte d’or et L’Blanke Gâte
Chevri
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La Chèvre d’or et La Chèvre blanche sont des légendes de la commune de Sivry (Belgique) ( Chevri en picard )
- L’Gâte d’or avait avalé un trésor et en se sauvant elle était tombée dans l'fosse à l'gâte et avait disparu dans l'eau.
- L’Blanke Gâte elle était cachée derrière deux pierres tournées et elle insultait les ivrognes qui rentraient chez eux après minuit.
- Références
- Roger Foulon, Légendes et contes d’Entre-Sambre-et-Meuse , Paul Legrain Ed. (1989)
- http://www.sivry-rance.be/gate/la-legende-de-la-gate-dor
Les anciens cultes
[modifier | modifier le wikicode]Les mégalithes
[modifier | modifier le wikicode]- les pierres
On trouve de nombreux mégalithes dans le domaine picard sous forme de polissoirs, de menhirs ...
On a par exemple:
- La Pierre Clouise à Haramont en forêt de Retz près de Villers-Cotterêts (Aisne)
- La Pierre qui Pousse - menhir de Viéville
- Le Menhir de Doingt (Somme) ou Pierre de Gargantua ou doigt de Gargantua - Ce menhir a une hauteur de quatre mètres et une circonférence de trois mètres.
- La Table aux Fées - dolmen de Fresnicourt
- Le Versiau de Gargantua à Bois-lès-Pargny (Aisne)
- Le Gros Caillou à Oisy-le-Verger (Pas-de-Calais).
- La Légende des Neuches à Ferques (Pas de Calais)
Les croyances populaires
[modifier | modifier le wikicode]Les picards ont donc conservé pendant très longtemps des anciens cultes où ils ont vénéré des pierres, des arbres et des fontaines.
Comme il était difficile de faire disparaitre ces anciens cultes, l'église a souvent christianisé ces lieux de cultes païens.
- les arbres
- L'arbre de Saint-Claude ou arbre à loques ou el friperie éd Saint-Gleude (voir plus loin)
- Le noisetier de saint-Gratien
- Le tilleul de Saint-Vaast
- les fontaines
- la fontaine Saint-Clair d' Angy pouvait guérir les maux d'yeux.
- la fontaine Saint-Fursy à Frohen-le-Grand pouvait guérir les maladies de la peau
- Les arbre à loques
Un arbre à loques (ou arbre aux loques, ou arbre à clous) est un arbre sur lequel ont été fixés des morceaux de vêtements pour obtenir la guérison d'une maladie. L'origine de cette pratique remonte aux cultes païens.
- Kinne à claus de Jurbise (Hainaut)
- Abe à loques d'Ésnèrpont (Sénarpont en français) pour la guérison des malades par Saint Claude.
- Le robinier de Notre-Dame au Puits à Stambruges (Hainaut)
- Quériméro, Carimaro et Chorchèle
- Le sabbat des sorcières
Le jour du Sabbat à minuit, les sorcières, montées sur des manches à balai, se donnent rendez-vous pour danser des rondes et commercer avec le diable.
- Sabbat d’chés Chorchîles , dernier samedi de juin à Elzîle (Ellezelles - Hainaut): Quatre sorcières furent exécutées par la corde et par le feu au lieu dit "Le Mareû à Chorchîles" en 1610 après avoir été jugées pour actes de sorcellerie.
- Sabbat au « Rond à Sorcières » dans le bois de Stambruges (Hainaut)
Marie Greuète c'est une sorcière ou une vouivre qui vit dans les étangs, les marais, les puits, ...
Marie Greuète entraine les enfants, au fond de l’eau, avec sa griffe, qu’elle a toujours dans sa main. Elle a un long nez crochu et des dents de baudet.
C'est une légende pour faire peur aux enfants qui veulent s'approcher de l'eau des mares. Marie Greuète c'est comme un croquemitaine ou bien comme des leumerettes ( feux follets maléfiques ).
Les parents disaient aux enfants : « N’ va pon à l’ rivière. Marie-Greuète a t’attraperot pou t’ tirer au fond. »
- variantes : ♦ Marie Greuète ♦ Marie-Grauette ♦ Marie-Grauhète ♦ Marie-Groëtte ♦ ...
Les saints-patrons
[modifier | modifier le wikicode]Chés modes picardes
[modifier | modifier le wikicode]- ech Guénel ou Au djignèle ou au djénèle
Après Noël ou à Mardi gras, les enfants font une quête en chantant pour avoir des pommes ou des bonbons (aller au djignèle).
- au djignèle
- pi d’étchèle
- tous chés fames i sont tondues
- i n’reste pu qu’él fame dèch maricho
- à tonde din ch’sé.
Dans le Boulonnais, la veille de Noël, les enfants vont de maison en maison pour avoir des bonbons en portant une betterave sculptée et éclairée. Chés margas i cant'te avu leus bétrapes
- [...]
- O Guénel, Guénel, tou pitiou pitiou
- Lavez vos écuèles et lékez vos plats
- Si vos files sont bèles on les marira,
- Si as n'sont pon bèles, on les laiçra là, et tra la la...
- réf = Alain Dawson, Le Chtimi de poche, Assimil évasion, 2004
- Bohourde ou Diminche ed bourdi ou Diminche d'chés brandons ou "Bos-Hourdy" ou "Béhourdis" (c'est-à-dire bois brulé).
Bohourde ou Bouhourdi c’est le dimanche après Mardi-gras (i.e. le preumier dimanche du carême). C'était une vieille tradition où les garçons et les filles dansaient dans les jardins et dans les vergers en passant sur les troncs des arbres fruités des brandons pour avoir de bonnes récoltes.
- Al jor de Behourdis des prés
- Entor des abes j’ai tant ballé
- Que j'ay mèn solé desquiré.
- Trou la lirette
- Trou la liré.
Notes et références
[modifier | modifier le wikicode]- Henry Carnoy, Contes de Picardie, texte établi et présenté par Françoise Morvan, éd. Ouest-France, Rennes (2007)
- Henry Carnoy, Littérature orale de la Picardie lire sur Wikisource (1883)
- Yvan Brochard et Jean-François Leblond, Croyences et cultes populaires en Picardie, éd. Martelle, Amiens (1992)
- Jean-Marie François, Histoères, contes et pi légindes d'éch poéyi picard, La Vague Verte, Inval-Boiron (2006)
- Jean-Marie Braillon et Julie Braillon, Mystères, contes et légendes aux pays picards, Christinne Bonneton (2007)
- http://lanchron.fr/fables.htm
- voir aussi =
Faites ces exercices : Quiz - Traditions picardes. |