Littérature de jeunesse en anglais : Andrew Lang, Princesse Personne/Les prétendants

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À partir de ce moment-là, le royaume près du pays des Fées connut une période de profond désespoir, le peuple tout entier gémissait, le roi et la reine fondaient en larmes à longueur de journée, tout en cherchant un moyen de récupérer leur fille. La Reine finit par avoir une idée.
– Mon cher, dit-elle au Roi, offrons notre fille en mariage au Prince qui réussira à la retrouver et à la ramener.
– Mais, qui voudra épouser une fille qu'il ne peut voir ? S'ils n'ont pas encore épousé de jolies filles qu'ils pouvaient voir en chair et en os, ils ne vont certainement pas s'intéresser à notre pauvre Niente.
– Tant pis, essayons quand même.

Ils envoyèrent des messagers dans le monde entier et firent circuler partout une image de la Princesse, en proclamant que la belle Princesse Niente et les trois-quarts du royaume seraient offerts en récompense au Prince qui retrouverait la Princesse et la ramènerait. Il y aurait un grand tournoi, sous forme de spectacle, au Palais, pour distraire les Princes avant leur départ.

Un grand nombre de Princes se retrouvèrent au Palais, pleins d'espoir, ils se livrèrent combat à coup de lance et d'épée en reversant leur adversaire, puis ils festoyèrent, dansèrent et firent la fête.
Plusieurs Chevaliers du domaine des Fées vinrent jusqu'à la frontière et se livrèrent aussi combat à coup de lances, montés sur des scarabées et des criquets en guise de cheval.

Voici une illustration d'un de ces tournois entre chevaliers du Domaine des Fées.

Avec tous ces entrainements au combat, leur courage fut renforcé, avant de partir affronter Fantômes et Géants et d'aller délivrer la belle Princesse.

Après tous ces tournois, les Princes prirent le départ pour le pays des Fées.
Quelles choses étranges s'offrirent alors à leur regard ! Ils assistèrent à une course d'escargots géants qui se déplaçaient tellement vite que leurs jockeys chaviraient dans l'herbe. Ils virent un Elfe danser avec un Écureuil et tous les oiseaux ou les animaux qu'ils rencontrèrent étaient gentils et amicaux, et capables de parler. Et oui, c'était comme ça au temps d'antan, alors que maintenant ni les bêtes ni les oiseaux ne savent parler, à l'exception des Perroquets.
Parmi toute cette troupe de Princes courageux, il en était un particulièrement laid, vieux et étrange dont tout le monde se moquait, c'était le Prince Ridicule. Mais il avait bon cœur : un jour où il marchait seul en réfléchissant au moyen de délivrer la Princesse, il vit trois méchants garçons s'attaquer à un Cousin. Ils avaient attrapé une de ses pattes et tiraient dessus de toutes leurs forces. En voyant cela, le Prince Ridicule se précipita sur le trio qu'il chassa et se mit à frotter la patte du Cousin jusqu'à ce qu'il arrête de se plaindre et de gémir. Il s'assit en disant faiblement :
– Vous avez été vraiment gentil avec moi ; que puis-je faire pour vous à mon tour ?
– Oh, vous pouvez m'aider à trouver la Princesse Niente, répondit le Prince. Vous qui volez un peu partout, sauriez-vous où elle est ?
– Non, moi je ne sais pas lui répondit tristement le Cousin, je n'ai jamais volé aussi loin. Mais je sais que vous vous trouvez dans une zone très dangereuse de notre Pays des Fées. Je vous propose de vous faire rencontrer un vieux Scarabée Noir qui est de très bon conseil.

Ils prirent alors la route tous les deux jusqu'à l'endroit où vivait le Scarabée Noir.
– Pouvez-vous renseigner le Prince, lui demanda le Cousin, et lui dire où se cache la Princesse Niente ?
– Je sais qu'elle se trouve au Pays des Champignons mais il lui faudra un guide.
– Accepteriez-vous d'être mon guide ? lui demanda le Prince.
– Oui, mais que fait-on de tous vos amis, les autres Princes ?
– Oh, on les emmène tous, ce serait trop injuste de les laisser à l'arrière, lui répondit le Prince Ridicule.
Ce Prince était vraiment un parangon d'honneur ; malgré toutes les moqueries dont il était victime, il n'était pas question de tirer avantage de sa chance et de les abandonner.