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Turc/Grammaire/Mutations consonantiques et suffixes

Leçons de niveau 2
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Mutations consonantiques et suffixes
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Chapitre no 3
Leçon : Grammaire turque
Chap. préc. :Harmonie vocalique
Chap. suiv. :Genre et nombre
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Turc/Grammaire/Mutations consonantiques et suffixes
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Le turc utilise un certain nombre de suffixes. Ceux-ci ont des voyelles qui changent en fonction de la dernière voyelle du mot auquel ils se collent. Mais ce phénomène de suffixation, s'il s'accompagne toujours d'une mutation de voyelle, entraine également parfois une mutation de consonne. Ce chapitre va donc vous apprendre ces mutations consonantiques, et vous donnera enfin quelques détails et conseils concernant l'ajout de suffixes en général.

Mutations consonantiques du suffixe

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Après ç, f, h, k, p, s, ş, t
Consonne d'origine Consonne mutée
-c... -ç...
-g... -k...
-d... -t...

Lors du chapitre consacré à l'alphabet turc, nous vous avions parlé des consonnes sourdes (on trouve aussi parfois consonnes dures). Celles-ci sont ç, f, h, k, p, s, ş, t (dans l’ordre alphabétique). Elles sont dites sourdes car lorsqu'on les prononce, les cordes vocales ne vibrent pas.

Lorsqu'un suffixe commençant par c, g, ou d est ajouté à un mot finissant par une de ces consonnes sourdes, la consonne du suffixe est alors mutée en respectivement ç, k ou t, et deviennent alors elles-même des consonnes sourdes, plus facile à prononcer avec celle qui finit le mot.

Voici plusieurs exemples avec le suffixe -cik, qui sert à faire des diminutifs (affectif, comme -ito/-ita en espagnol). Vous noterez aussi l'harmonie vocalique complexe que suit ce suffixe :

Nom affectif en turc Traduction en français
kuvaförcük Le « petit » coiffeur
Ali'cik Ali « chéri »
şezlongcuk Le « petit » transat
kapıcık La « petite » porte
çocukçuk Le « petit » enfant
kitapçık Le « petit » livre
Paris'çik Le « petit » Paris
yoğurtçuk Le « petit » yaourt

Nous aurons l’occasion de préciser cela lorsque nous rencontrerons d'autres suffixes commençant par ç, g ou d.

Mutation consonantique du radical

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Avant suffixe débutant par une voyelle
Consonne d'origine Consonne mutée
...ç ...c+voyelle..
..voyelle + k ...ğ+voyelle..
...p ...b+voyelle..
..nt ...nd+voyelle..
..rt ...rd+voyelle..

Les mots qui se finissent par les consonnes ç, k, p, nt ou rt vont eux aussi muter lors de l'apposition d'un suffixe débutant par une voyelle. Lors de la mise du suffixe, la dernière lettre du mot va s'adoucir pour permettre une prononciation plus souple de l'ensemble. Ces consonnes ç, k, p ou nt rt mutent donc respectivement en c, ğ, b, nd ou rd.

Cela est vrai aussi si on ajoute un suffixe à un mot déjà suffixé, et dont le suffixe se termine par une de ces consonnes (ç, k, p ou t), car le suffixe se colle au mot et fait donc partie du mot ; ainsi la dernière lettre du mot devient celle du suffixe.

Le suffixe -e (après une consonne) sert à faire le cas du directif (il indique le lieu ou l’objet vers lequel on se dirige, nous l'étudierons dans le chapitre suivant). Voyons ces exemples :

Mot seul en turc Mot au directif en turc Traduction en français
kuvaför kuvaföre le coiffeur/vers le coiffeur
şezlong şezlonga le transat/vers le transat
kitap kitaba le livre/vers le livre
çocuk çocuğa l'enfant/vers l'enfant
fark farka la différence/vers la différence
bent bende la digue/vers la digue
kent kente la ville/vers la ville
yoğurt yoğurda le yaourt/vers le yaourt
şart şarta la condition/vers la condition
fert ferde l'individu/vers l'individu
ağaç ağaca l'arbre/vers l'arbre
üç üçe trois/à trois
dört dörde quatre/à quatre
kırk kırka quarante/à quarante
millet millete la nation/vers la nation
kebap kebaba le kebab/vers le kebab
kuvaförcük kuvaförcüğe le « petit » coiffeur/vers le « petit » coiffeur
kitapçık kitapçığa le « petit » livre/vers le « petit » livre

Il existe cependant de rares exceptions à cette règle, comme par exemple des radicaux invariants de certains verbes comme bakmak, ou encore le chiffre üç/trois. La mutation de t en d est assez complexe. En fait, beaucoup de mots d'origine arabe ou perse se terminant en b, c ou d ont vu ces consonnes se remplacer par p,ç, k ou t (car les syllabes en turc ne peuvent pas se terminer par ces premières). Pour cette raison, la mutation s'effectue assez irrégulièrement. Observez les exemples suivants du tableau ci-dessus: fark/différence, şart/condition, kent/ville ou kırk/quarante subissant la mutation. Le chiffre üç/trois, le mot Türk ne subissent pas la mutation, dört/quatre la subit). Lorsque nous rencontrerons une de ces exceptions, nous vous les préciserons.

Bien suffixer des mots en turc

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Conseils pour apprendre l'harmonie vocalique

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Vous l'avez vu, le turc utilise de nombreux suffixes. Mais ceux-ci n'ont pas de forme fixe, car selon le mot (sa dernière voyelle, sa dernière consonne ou la première consonne du suffixe), le suffixe mute. Rappelez-vous ces mutations ne sont là que pour faciliter la prononciation au plus naturel possible à l'intérieur d'un même mot.

Si, à l'oral, vous faites quelques erreurs au début, vous resterez sans doute compréhensible (si vous dites otela à la place de otele (vers l'hôtel), on vous comprendra sûrement). Mais dans la mesure du possible, prenez votre temps pour analyser le mot que vous allez suffixer, pour retrouver la bonne forme du suffixe. Ce temps d'analyse vous sera toujours bénéfique, et vous fera progresser pour analyser plus vite la prochaine fois que vous le ferez, jusqu'à ce que cela devienne naturel et bientôt vous n'y penserez même plus et le bon suffixe vous viendra spontanément.

Suffixes sur un nom propre

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Une autre règle à l'écrit concerne l'ajout de suffixe à des noms propres. Pour conserver le nom propre d'origine lisible après lui avoir collé des suffixes, on met toujours une apostrophe entre ce nom propre et ses suffixes. Par exemple, vers Istanbul s'écrira İstanbul'a ; vers le « petit » Paris se note Paris'çiğe (Paris+cik+e). Et si le radical du nom propre doit subir une mutation consonantique (car il se termine par ç, k, p ou t), alors à l'écrit on ne modifie pas l’orthographe du mot, mais à l'oral on prononce la consonne mutée. Par exemple vers l'Irak s'écrira Irak'a mais se prononce bien « ırağa », de même vers Bagdad s'écrit Bağdat'a mais prononce « bağdada ». En revanche, si c’est le suffixe qui mute, on l'écrit bien avec la consonne mutée (souvenez vous de Paris'çiğe).

Consonnes « tampon »

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Nous avions déjà vu dans le chapitre sur l'harmonie vocalique que deux voyelles ne pouvaient théoriquement pas se suivre en turc (sauf exceptions d'origine étrangères) dans le radical des mots (toujours pour préserver une certaine harmonie phonétique au sein du mot). Cela est aussi vrai pour les suffixes, et lorsque vous ajouterez des suffixes commençant par des voyelles à des mots finissants par des voyelles, on utilisera une consonne tampon entre les deux voyelles. Cela signifie qu'on va ajouter une consonne (pas n’importe laquelle) entre le mot et son suffixe. Cette consonne tampon est souvent y, n ou encore s, mais chaque suffixe utilise une consonne tampon qui lui est propre. Par exemple, le suffixe -e du directif utilise la consonne tampon y. Ainsi, vers le jardin se dit bahçeye ou vers Ankara se dit Ankara'ya. Mais nous préciserons cela lorsque nous verrons les suffixes débutant par une voyelle.