Littérature de jeunesse en anglais : Pocahontas/Pocahontas lui sauve la vie
|
LA DANSE DE LA VICTOIRE Ils transportèrent leur prisonnier de village en village ; à chaque instant il se préparait à la mise à mort. Ils finirent par atteindre la capitale, Werowacomo, où demeurait leur roi Powhatan. C'est là qu'ils décidèrent de célébrer leur victoire en grande pompe et à grands renforts de conjurations. Ils attachèrent le capitaine au poteau sacrificiel, se recouvrirent le corps de peintures de guerre agressives et d'attributs effrayants et se mirent à danser leur sauvage ronde triomphale. Ils brandissaient leurs armes contre leur captif, en criant, sautant et tourbillonnant comme une bande de démons, tous plus terrifiants les uns que les autres. Mais, comme il était toujours en vie, le capitaine, imperturbable, continuait à leur raconter des histoires sur le soleil, les étoiles, le monde d'au-delà des mers et, bien que n'y comprenant pas grand chose, ces discours les faisaient hésiter, tantôt prêts à l'exécuter, tantôt au contraire le vénérant. Pocahontas était vraiment malheureuse pour le beau jeune homme ; elle se sentait attirée et lui enseigna quelques mots dans sa langue. De son côté il fit de son mieux pour lui raconter des histoires sur la vie de son peuple outre-Atlantique et ils finirent par se lier d'amitié.
Finalement, après de longues délibérations, les Indiens décidèrent que, conformément à leur loi, il devait mourir puisqu'il avait tué un des leurs. Ils le trainèrent, ligoté, au pied de leur grand chef Powatan, trônant au milieu de ses guerriers. Ils allongèrent le capitaine par terre, la tête sur une grosse pierre, prêts à l'écraser de leurs matraques cruelles. La fin était proche mais à l'instant même où le premier guerrier indien brandissait et faisait tournoyer son arme terrible, Pocahontas se précipita entre les deux hommes. Elle lui fit un bouclier de son corps pour protéger le capitaine car son cœur était plein de pitié pour l'étranger et elle ne pouvait supporter l'idée de le voir mourir. Elle se releva, les yeux étincelants, et repoussa le bourreau d'un geste. Puis elle plaida la cause du capitaine auprès de son père, pour qu'il ait la vie sauve.
Mais Pocahontas argua de son droit de Princesse pour s'interposer et refusa de leur céder la victime. Alors son père Powhatan, qui régnait sur tous ses sujets, leva la main pour les faire taire. Un silence maussade s'installa, les guerriers en colère attendaient sa décision. Et lui, pour faire plaisir à sa fille qu'il aimait tendrement, il décréta que sa volonté prévaudrait et leur dit : – Que Pocahontas garde l'étranger pour qu'il continue à lui fabriquer des jouets ! En effet, pendant ses longues journées de captivité et d'inactivité, le capitaine John avait souvent fabriqué pour la fillette des jouets étonnants. Et c'est ainsi que la vie du capitaine fut sauvée par la petite indienne, et, par la même occasion, la colonie de Jamestown toute entière car, sans leur chef – déterminé et débrouillard – les colons auraient perdu courage et abandonné la ville.
Quant au capitaine John, il fut adopté par Powhatan et intégré à la tribu, après festins, rites et cérémonies. Ils en firent un chef et lui dirent qu'il pouvait aller et venir en toute sécurité, comme un des leurs. Ils lui fournirent des guides pour le reconduire à Jamestown en gage d'amitié entre blancs et peaux-rouges, puisque telle était la volonté de Pocahontas. Le capitaine John remercia la fillette pour ce service incroyable qu'elle venait de lui rendre et, comme les chevaliers des temps jadis, il mit un genou à terre et lui fit un baise-main pour lui dire au-revoir. À son retour à Jamestown, il trouva une colonie complètement désorganisée et en pleine panique. Les colons s'apprêtaient à repartir en Angleterre, terrorisés par les Indiens, désespérés, persuadés qu'il était mort. Le capitaine Smith réussit à relancer l'entreprise, à remettre à l'ouvrage les découragés et à les libérer de la crainte d'une attaque indienne puisque Pocahontas était son alliée et son amie. |