L'Illusion comique/Acte I scène 1, commentaire no 1

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Acte I scène 1, commentaire no 1
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Leçon : L'Illusion comique
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Introduction[modifier | modifier le wikicode]

En 1639, le dramaturge et poète français Pierre Corneille publie l'une de ses œuvres les plus célèbres : L'Illusion comique. Une tragi-comédie baroue en cinq actes, elle s'appuie sur le motif du théâtre dans le théâtre. Dans cet extrait, on se trouve à l'exposition de la pièce, où Dorante présente le magacien Alcandre à Pridament, qui a perdu son fils 10 ans plus tôt.

Questions possibles[modifier | modifier le wikicode]

  • Dans quelle scène mesure cette scène d'exposition est-elle placée sous le signe de l’illusion ?

Un cadre ambigu[modifier | modifier le wikicode]

Une atmosphère de mystère[modifier | modifier le wikicode]

Tout d'abord, l'atmosphère de mystère est caractérisée par l'ambiance inquiétante de la scène. En effet, le champ lexical du noirceur provoque un sentiment de danger et de méconnaissance chez le spectateur. Comme exemple d'un terme indiquant le noirceur : « obscure », « nuit » et « rayons d'un faux jour ». Le même effet est produit avec l'usage d'un vocabulaire de l'immatériel qui enlève tout référence au réel et place le spectateur dans un sentiment d'incertitude, comme « ombre », « invisible » et « inacessible ». Aussi, les termes indeterminés qui indiquent le lieu donnent un facteur de solitude dans le psyche, par exemple « cette grotte », « ces lieux », « ce rocher », « cette large bouche ». Il existe aussi une dimension de claustrophobie, indiquée par les termes contraignements comme « voile épais » et « rempart ».

En outre, il y a une temporalité brouillée dans l'extrait. Il n'y a pas de temps précis indiqué dans le texte, le seul indice est la présence de marqueurs de temps ambigus, comme « obscure », « la nuit » et « rayons d'un faux jour ». De plus, la notion d'urgence proposée par Pridament aux vers 19 et 20 dans le chiasme entre « peu » et « manque » et aussi « brûle de le voir » et « impatience ». Ceci crée un effet d'obssession chez le personnage de Pridament au point qu'il commence à perdre son contrôle au profit de son impatience.

Un lieu métaphorique[modifier | modifier le wikicode]

Deuxièmement, le lieu de la scène choisi par Corneille est métaphorique. Il y a en effet une invraisemblance de la situation, produit par un lieu qui est en inadéquation avec l'action. La forte présence des négations exceptives crée une aura de danger en limitant les actions des personnages. Par exemple, « n'a choisi […] que », « n'ouvrant […] que » et « n'avancez pas ». Tous ces éléments font partie d'une allusion au mythe de la caverne, caractérisé par uné référence de la caverne, « cette grotte », de la mur illusoire, « ce mur invisible », et les négations verbales qui démontre qu'il y a une limitation d'action.

Comme le mythe, cette allusion indique cet environnement est en effet très théâtrale par nature. Par exemple, il existe un vocabulaire du décor indique par « il se montre » et « art ». Conjointement à la polysémie du « mur invisible », qui indique le quatrième mur du théâtre, on peut hypothéser que Dorante théâtralise la situation.

Transition[modifier | modifier le wikicode]

Afin de prouver cette idée, il faut déduire les portraits des personnages présents et absents et leur rôle dans la scène.

Des personnages intime[modifier | modifier le wikicode]

Un duo singulier[modifier | modifier le wikicode]

En premier temps, on relève un duo singulier entre Dorante at Pridament. Dorante est un simple intermédiaire entre Pridament et Alcandre, présentant le lieu et les personnages avec précision en utilisant des pronoms démonstratifs comme « ce grand mage », « ce qui », « cette grotte obscure » et « ce rocher ». Son rôle dans la scène lui interdit d'intervenir dans l'action en utilisant des phrases impératives sous forme des conseils conjointement aux négations, déplçant l'action à l’autre, par exemple « n’avancez pas » et « ne traitez pas ». De plus, il se concentre sur le réel et sur le présent selon l'usage des verbes au présent de l’indicatif d'énonciation et de vérité générale dans ses phrases déclaratives, comme « l'art commande », « il se montre », « nous touchons » et « il sort ». En effet, il est un personnage effacé, conçu pour attirer l'attention sur Alcandre en employant des termes généralisants comme « il » et « nos ».

Par contre, Pridament est un personnage difficile à cerner, son incertitude suggère une méconnaissance de la scène, trouvée dans le terme « inquiétude » ainsi que la présence des antithèses comme entre « J'en attends peu de chose » et « J'ai de l'impatience » et entre « une injuste rigueur » et « un juste repentir ». En outre, il est un personnage excessif, il semble qu'il ne sache pas préciser des quantités avec précision. Au lieu de cela, il emploie des abondances avec le terme « tant » pour quantifier son expérience, comme « tant de peine », « tant de maux » et « tant d'expérience ». De plus, il utilise des comparaisons superlatifs pour atteindre le même effet, par exemple, « un d'eux » et « rien ».

Des personnages principaux invisibles[modifier | modifier le wikicode]

En second temps, il existe des personnages principaux invisibles dans la scène. D'une part, il y a le fils mal aimé de Pridament, nommé Clindor. Dans cette scène, il n’a pas d'identité, il est référencé à l’aide des périphrases comme « ce cher objet », ainsi que des métonymies comme « sa puissance » et « ses libertés ». On trouve qu'il est toujours en position d'objet sous forme complément d'objet direct comme « le voir » et « le bannir » ainsi que sous forme antécédent de subordonnée comme « que », suggèrant que toute l'action de la scène lui entoure. En effet, il est cause de malheur pour son père Pridament, sur lequel est contré le propos, démontré par la présence du champ lexical du malheur, par exemple « punir », « repentir », « désespoir » et « soufferts ».

D'autre part, Alcandre joue le rôle d'une divinité désincarnée, ermite et caractérisée par ses pouvoirs. Il est omniscient et omnipotent d’après l’usage des tournures factitives qui indique qu'il affirme son contrôle sur le réel, par exemple « fait enfler », « font descendre » et « fait trembler ». Ceci est renforcé par la présence des verbes d'action comme « transporter », « trembler » et « commander ».

Transition[modifier | modifier le wikicode]

Les personnages invisibles et présents créent d’une dimension illusoire de l'action et de la scène en générale.

Une action en trompe-l'œil[modifier | modifier le wikicode]

Une action principale retardée[modifier | modifier le wikicode]

Premièrement, il existe une action en trompe-l'œil dans la scène, particulièrement l’une qui est principalement retardée. On relève donc une dilatation temporelle. En effet, des exemples des compléments circonstanciels du temps sont présents, par exemple « toujours », « pour jamais », « depuis dix ans » et « longues erreurs » précise le cadre temporel de la scène. Par contre, on observe aussi des valeurs de conjugaison particulières, comme le futur proche du « nous touchons à l'heure » et le présent de l’habitude « il se montre / il sort » ainsi que le présent de la vérité générale de « commande ».

De plus, la structure du texte présente aussi des effets de délais par le décor propice à l’action mais qui provoque un retour sur le passé, selon la forte présence des marqueurs du passé comme « il prenait », « je croyais », « ne m'en ont rien appris », « j’ai déjà […] consulté » et « j’ai vu ».

… ou dont la mise en scène a déjà débuté ?[modifier | modifier le wikicode]

En revanche, la mise en scène suggère qu'elle a déjà débuté, ou un temps anticipé. Il existe un jeu entre les personnages et les spectateurs. En effet, il y a deux meneurs du jeu : Dorante et Alcandre, chacun est la porte-parole de quelqu'un d'autre. Dans ce cas, Alcandre est le narrateur de la scène, d'après l’usage de l’expression « livres ouverts » par Dorante qui fait référence aux œuvres littéraires. En outre, Pridament sert le rôle d'un double du spectateur. Le polyptote de la vision provoque un effet de dualité dans la dimension visuelle de la scène. D'une part il est un personnage, celui qui est regardé par les spectateurs réels ; d'autre part, il est celui qui regarde par son usage du verbe « voir » et « vit ».

Au total, la pièce est un drôle de monstre théâtral, où le terme « monstre » fait allusion au surnaturel présent dans la scène. Les hyperboles provoque un effet fantastique et une dimesion de l'impossible, par exemple « deux Soleils ». De plus, les échos-sonores de [ère] exagère l'irréel de cet aspect. Finalement, les allusions aux différents genres du théâtre, construisent un éloge théâtral de l’art en question. La tragédie est évoquée par le péril de mort dans l’adjectif « funestes ». Le cadre spatial de la scène est à la campagne, particulièrement dans une « grotte », faisant allusion au genre pastoral. Enfin, la pièce à machine indique le progrès technique du théâtre selon l'usage des verbes d'action comme « transportent » et « font descendre » qui font référence au décor mécanisé.

Conclusion[modifier | modifier le wikicode]

En conclusion, cette scène d'exposition est placée sous le signe de l’illusion en provoquant l'ambiguïté dans le cadre spatio-temporel, tandis que les personnages intimes et ses relations servent à jouer des archétypes théâtrales bien précisés. Ces éléments créent une illusion, basée principalement sur le temps ambivalent pour faire finalement un éloge de l’art théâtral.