L'écoumène numérique/Un espace de libération de la science

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Un espace de libération de la science
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Chapitre no 8
Leçon : L'écoumène numérique
Chap. préc. :La poursuite de l'appropriation
Chap. suiv. :Considérations sur l'intelligence artificielle
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On est en droit de se demander pourquoi les socio-anthropologues tardent tant à tirer profit des multiples possibilités offertes par le numérique et l'espace web[1][2][3]. Et pourquoi, plus précisément, la plupart des ouvrages écrits dans ce domaine sont rédigés avec un traitement de texte en vue d'une impression, alors qu'il est aujourd'hui possible, avec des compétences très similaires, de les produire directement sous forme de pages web, de telle sorte à les rendre plus facilement accessibles ? Tout se passe donc comme si la socio-anthropologie avait du mal à quitter un « âge du papier »[4] alors que le monde vit déjà à l'ère du numérique.

En disant cela, je ne voudrais bien sûr pas passer sous silence cette première évolution dans l'écriture socio-anthropologique que constitua l’anthropologie visuelle, mais, à nouveau, et même si le procédé narratif cinématographique a toutes ses lettres de noblesse, la publication de travaux socio-anthropologiques au travers d'un site web me semble dépasser de loin les possibilités d'une simple projection cinématographique.

Incruster un extrait vidéo sur une page web ou y placer un hyperlien redirigeant le lecteur vers une autre page où il pourra visionner un document cinématographique est toujours possible. Alors qu'à l'inverse, rediriger le spectateur d'un film vers un autre document situé en dehors de la captation est impossible, sauf si précisément la vidéo ou le film en question est diffusé sur un site web. Dans ce cas, il est alors possible de bénéficier des nouvelles fonctionnalités de vidéo interactive offertes par l'HTML5.

Produire un document scientifique à l'intérieur de l'espace web a pour avantage principal de concentrer en un seul lieu les pouvoirs des procédés narratifs textuels, sonores, picturaux et vidéographiques, tout en profitant pleinement des capacités de référencement offertes par les moteurs de recherche. Alors que par l'usage des hyperliens, c'est aussi une nouvelle forme d'écriture dite « authentifiable » qui voit le jour, puisqu'elle offre la possibilité au lecteur d'observer par lui-même un terrain d'étude librement accessible sur le Web.

Quand c'est impossible, notamment du fait de restrictions d'accès à certains espaces web ou d'observations hors-ligne, différentes captations du terrain à l'aide d'une caméra ou un appareil photo ou encore par copie d'écran sont toujours possibles. À cela, s'ajoute la possibilité pour le lecteur d'un travail en cours d'élaboration, d'en devenir le relecteur durant un processus dialogique au sein duquel il peut apporter des commentaires ou critiques concernant ce qu'il vient de lire.

Comme en témoignait l'arrivée du projet HyperNietzsche[5] en 1996, dès cette époque, l'espace Web pouvait être exploité dans le cadre des recherches en sciences humaines. L'auteur de cette expérience pionnière parlait en effet d'un moyen « d'expérimenter une nouvelle forme d'organisation de la recherche en sciences humaines et de communication de ses résultats, fondé sur un nouveau système de fabrication, de validation et de partage des connaissances directement géré par les chercheurs. »[6]. Ce qui se concrètise par un accès ouvert, gratuit et aussi rapide que peut l'être une connexion Internet à une connaissance publiée ou en cours de production, qui permet par la suite un travail collaboratif, peu importe où se situent les rechercheurs dans le monde, pouvu qu'ils puissent faire usage du Web.

Tant d'avantages, alors que 12 ans après le lancement du projet HyperNietzsche, son auteur s'interrogeait sur l'attitude réfractaire des sciences humaines aux innovations numériques. Un constat toujours d'application aujourd'hui en ce qui concerne les travaux d'écriture malgrè le développement des humanités numériques et :

[...] nous les savants, nous les dépositaires du savoir certifié [...] quel est notre modèle de diffusion de nos savoirs ? C’est un livre publié deux ans après la conclusion de la recherche, distribué en 300 exemplaires, en payant 4 000 euros d’aide à la publication ? [...] Face à l’incroyable efficacité de la diffusion des savoirs démontrée par Wikipédia, par les blogs, par toutes sortes de communautés sur le Web, qu’avons-nous à proposer ? Disposons-nous d’un modèle qui sauvegarde la complexité et la structuration nécessaires au savoir scientifique, qui tout en étant global et ouvert assure l’évaluation par les pairs, sauvegarde la paternité intellectuelle, garantisse la stabilité du texte et dispose d’un système de navigation plus sophistiqué que les listes d’occurrences ou les articles d’encyclopédie ? Jusqu’à maintenant l’humanities computing, au lieu de concevoir une nouvelle infrastructure de recherche capable d’utiliser le nouveau medium électronique dans tout son potentiel, n’a produit qu’une nouvelle discipline de niche et un ensemble de projets non coordonnés les uns avec les autres. Devons-nous y voir le signe d’un destin des sciences humaines qui seraient réfractaires à jamais aux grands projets de coordination et inexorablement condamnées à la création de nouvelles niches[7] ?

De cette situation dramatique découle alors l'ingérence du politique et de l'économique au sein d'une science qui en arrive à se voir complètement détournée de sa mission première. Au niveau des acteurs, il y règne d'ailleurs un climat de révolte[8] et un taux important d'abandons[9] au sein d'un milieu reconnu pour être un « panier de crabes » selon l'avis d'un employé de cabinet ministériel chargé de la recherche scientifique[10].

Quant au débat sur le libre accès des publications scientifiques, il n'est pas nouveau et ne concerne pas non plus de la même manière tous les pays du monde[11]. Dès 1999, un mouvement en faveur de l'Open Science fut effectivement lancé dans le cadre du projet The OpenScience Project dont le but est d'« encourager un environnement collaboratif dans lequel la science peut être poursuivie par quiconque est inspiré à découvrir quelque chose de nouveau sur le monde naturel »[12][13].

Cette idéologie d'ouverture et de partage, qui se traduit en français par l'expression francophone « science ouverte » (à ne pas confondre avec « Science libre »[14]), apparut ainsi dans la continuité d'une philosophie et de valeurs préalablement diffusées par le mouvement du logiciel libre initié par Richard Stallman[15] qui en son temps insista déjà sur le fait que :

[...] quelle que soit la catégorie de l'œuvre, la liberté de copier et de redistribuer de manière non commerciale devrait s'appliquer intégralement et en tout temps. Si cela signifie de laisser les internautes imprimer une centaine de copies d'un article, d'une image, d'une chanson ou d'un livre et ensuite d'en distribuer par courriel les copies à une centaine d'étrangers, alors qu'il en soit ainsi[16].

À ces considérations initiales, qui mettent en exergue le partage au sein du paradigme du savoir, s’ajoute ensuite « le défi de la transparence » telle qu'il se voit décrit par le virologue Bernard Rentier :

Bien au-delà de l'accès ouvert, la science ouverte s'étend sur un champ très vaste et prend en compte, dans un effort de rénovation et de modernisation, l'ensemble des problématiques de la recherche et de ses conséquences, telles que l'ouverture et la gestion des données de recherche, l'ouverture et l'inter-opérabilité des logiciels, la transparence des évaluations, l'encouragement de la participation citoyenne à la recherche et la liberté d'accès aux matières d'enseignement[17].

On peut ensuite considérer les choses de manière plus globale en se remémorant que le mot « science » se définit dans un sens premier comme la « somme de connaissances qu'un individu possède ou peut acquérir par l'étude, la réflexion ou l'expérience », et aussi dans un sens second, comme « ensemble structuré de connaissances qui se rapportent à des faits obéissant à des lois objectives (ou considérés comme tels) et dont la mise au point exige systématisation et méthode »[18]. Sauf que ce sens second pose problème. Tout d'abord lorsque des philosophes des sciences comme Jean-Claude Passeron et Karl Popper ne sont pas d'accord sur la manière de définir un énoncé scientifique, et donc à plus forte raison une loi. Ensuite, parce que, selon Paul Feyerabend, la méthode et la systématisation ne représentent pas des critères pertinents pour définir ce qui fait science[19].

En attendant que les philosophes se mettent d'accord, il est donc possible d'en revenir au sens premier du mot science et de dire que toute personne qui produit ou partage de la connaissance est un scientifique pratiquant la science. Cette façon de voir les choses a en outre l'avantage de concevoir la science de manière démocratique puisque son activité est dès lors accessible à tous. Au départ d'une telle vision, on peut donc « imaginer un monde dans lequel chaque être humain puisse partager librement la somme de toutes les connaissances »[20] conformément à cette vision du monde défendue par le mouvement Wikimédia.

Cependant, et notamment en raison d'une méthode pourtant soumise à débat, la science fut accaparée par les universités, instituts d'enseignement supérieur, laboratoires et autres institutions de ce type souvent reconnaissables par leurs prétentions à l'excellence. Mais peut-on encore parler d'excellence lorsqu'on apprend que les universités « perdent le nord »[21], qu'une thèse de doctorat fut annulée pour plagiat[22], et que c'est toute une dérive institutionnelle qui menace le principal siège de la science comme le décrit ci-dessous Arnaud Mercier[23] :

On peut alors parler de dérives pour les universités, qui mettent en péril les modes de travail des universitaires et des personnels académiques en général. Sous ces coups de boutoir, les universités se liquéfient, elles se bureaucratisent, entrent stérilement dans un esprit de compétition mal placé, de sorte qu’un sentiment d’aliénation professionnelle s’empare de plus en plus des personnels, chacun se sentant dépossédé de son outil de travail et perdant progressivement le pouvoir de définir le sens des missions de l’université. Ces dérives sont lourdes de conséquence et la qualité de la recherche et du service rendu aux étudiants ne peut que s’en ressentir.

Au final, et si l'on s'en réfère aux recommandations de Karl Popper, un mouvement tel que Wikimédia avec ses sites web tels que Wikipédia ne serait-il pas plus scientifique, épistémologiquement parlant, que les Universités ? Popper était effectivement opposé à ce que la science soit basée sur des critères d'autorité tout en affirmant qu'une production scientifique devait être réfutable.

Or, pour réfuter les productions scientifiques universitaires, il faut d'abord y avoir accès. Lorsque celui-ci est payant et interdit de reproduction, il en devient moins facilement réfutable et donc fatalement moins scientifique. Tout à l'inverse, le contenu des projets Wikimédia est pour sa part archivé « en temps réel » pour être librement et gratuitement accessible à quiconque bénéficie d'un accès Internet, avec la permission et l'encouragement même de l'imprimer pour en faciliter davantage la diffusion. De plus, partager du savoir « à la manière wiki », c'est aussi « rendre la correction d'erreurs facile plutôt que de rendre l'insertion d'erreurs difficile »[24]. Quoi de mieux donc que la méthode Wikimédia pour favoriser la réfutation du savoir par le plus grand nombre ?

Car il est vrai que la plupart des Universités sont embourbées dans un marché du savoir capturé par les maisons d'édition et ses grosses enseignes commerciales. Le système universitaire repose effectivement de nos jours sur des indicateurs de type Science Citation Index, facteur d'impact, Journal Citation Reports ou autres, qui sont pourtant soumis à la critique de professeurs émérites qui, après avoir quitté le système, se sentent bien plus libres d'en dénoncer les failles. Parmi ceux-ci, on retrouve James C. Scott qui nous rappelle l’existence de la loi de Goodhart selon laquelle « lorsqu'une mesure devient un objectif, elle cesse d'être une bonne mesure »[25], puisqu'elle devient sujette à diverses manipulations et stratégies d'actions qui finiront par la rendre obsolète ou biaisée. Cet auteur aborde aussi le sujet du Social Science Citation Index (SSCI) en nous disant ceci[26] :

Il est inutile de s’étendre davantage sur les défauts du SSCI. Ils ne servent qu’à illustrer l’inévitable fossé entre ce genre de systèmes de mesure et la qualité sous-jacente qu’ils sont censés évaluer. La triste réalité est que plusieurs de ces défauts inhérents pourraient en fait être rectifiés en apportant des réformes et des améliorations aux procédés de conception de l’index. En pratique, cependant, on préfère la mesure la plus abstraite, du point de vue de la schématisation, et la plus simple, du point de vue du calcul, parce qu’elle est facile d’emploi et, dans ce cas-ci, moins coûteuse. Mais sous le décompte en apparence objectif des citations se trouve une longue série de « conventions comptables ». Ces conventions, subtilement introduites dans la mesure elle-même, sont profondément politiques et extrêmement lourdes de conséquences.

Encore une fois donc, le débat sur la science nous renvoie ainsi vers la sphère du politique et de l'idéologique. Deux domaines, pour peu que l'on vive dans un monde épargné du totalitarisme, chacun sera toujours libre de choisir sa position. Mais dans le cas de la science, ce qui devient alors dérangeant, c'est sa prétention à l'universalité et à l'objectivité, là où il semble très clairement n'y avoir que subjectivités, intérêts idéologiques et cas de figure. Les choses peuvent évidemment varier d'une discipline à l'autre, mais au bout du compte, et quel qu'en soit le secteur d'activité, ne serait-il pas sain de maintenir la science à sa juste place ? Celle d'un projet démocratique et universel en ce sens, qui inviterait tous les êtres humains à partager sur un pied d'égalité toute forme de connaissances produites dans le monde.

Et il s'avère que, précisément, c'est là quelque chose de tout à fait possible au sein de l'écoumène numérique. Et même si celui-ci n'aura pas échappé aux phénomènes d’exclusions sociales[27], puisque tous les êtres humains à ce jour n'ont effectivement pas le privilège d'accéder à cet espace faute de posséder le matériel informatique suffisant ou l'accès au réseau Internet[28]. Comme le disait déjà Karl Polanyi en 1944 : « au lieu que l'économie reste ancrée dans les relations sociales, ce sont les relations sociales qui sont devenues tributaires du système économique »[29]. Une affirmation qui semble rester d'actualité, puisqu'il est toujours nécessaire de libérer la science pour en faire une activité accessible à tous en mettant fin aux ingérences de la sphère économique et politique dans l'organisation sociale des sociétés humaines.


Mots Clefs :

Notes et références

  1. Anne Beyaert-Geslin, Antoine Blanchard, Valérie Carayol et Claire Clivaz, Le tournant numérique des sciences humaines et sociales, 2019 (ISBN 978-2-85892-441-7 et 978-2-85892-514-8) (OCLC 8436666968) 
  2. Dana Diminescu et Michel Wieviorka, « Le défi numérique pour les sciences sociales », socio Socio, 2015, p. 9–17 (ISSN 2266-3134)
  3. Michel Wieviorka, L'Impératif numérique ou la nouvelle ère des sciences humaines et sociales?, CNRS Éditions, 2013 (ISBN 978-2-271-07981-7) (OCLC 1120631257) 
  4. Martyn Lyons, « 1. Introduction : l'âge du papier », Le Triomphe du livre, Éditions du Cercle de la Librairie, 1987, p. 9 à 23
  5. ITEM, « HyperNietzsche »
  6. Paolo D'Iorio, HyperNietzsche, Presses universitaires de France, 2000 (ISBN 978-2-13-051156-4) (OCLC 848791915) [lire en ligne] 
  7. Paolo D’Iorio, « L’île des savoirs choisis », recherchestravaux Recherches & travaux, 2008, p. 279–301 (ISSN 0151-1874) [texte intégral]
  8. Sauvons l'Université, « Appel solennel aux enseignantes-chercheuses et enseignants-chercheurs »
  9. Christian Du Brulle, « Doctorants : 50 % d’abandons », sur Daily Science,
  10. Cette expression m'est venue d'une observation participante au sein d'un cabinet ministériel en 2010 dans le cadre d'un cours portant sur les lieux de médiation.
  11. Carmen Rial, « Miroirs transnationaux pour l’anthropologie », Journal des anthropologues, vol. 152-153, no  1, 2018, p. 247 (ISSN 1156-0428)
  12. We are a group of scientists, mathematicians and engineers who want to encourage a collaborative environment in which science can be pursued by anyone who is inspired to discover something new about the natural world.
  13. The OpenScience Project, « The OpenScience Project »
  14. L'expression « Science libre » fut en effet récupérée par un magazine publié sous copyright
  15. L'histoire et les enjeux du logiciel libre et des idées de Richard Stallman son créateur sont présentés plus en détails dans le premier chapitre de ce travail de recherche.
  16. Richard M. Stallman, Sam Williams et Christophe Masutti, Richard Stallman et la révolution du logiciel libre:Une biographie autorisée, Eyrolles, 2013-03-22 (ISBN 978-2-212-19254-4) [lire en ligne], p. 99 
  17. Bernard Rentier, Science ouverte, le défi de la transparence., Académie Royale de Belgique, 2018 (ISBN 978-2-8031-0659-2) (OCLC 1089213960) [lire en ligne], p. 26 
  18. CNRTL, « SCIENCE : Définition de SCIENCE »
  19. Paul Feyerabend, Against Method, London, Verso, 1993 (ISBN 0-8609 1 -646-4) [lire en ligne] 
  20. Meta-Wiki, « Vision »
  21. Syndicat des professeurs et professeures de l'UQAM, L'Université contemporaine: un bateau à la dérive?, Bibliothèque Paul-Émile Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi, 2008 (OCLC 1132060125) [lire en ligne] 
  22. Yann Bouchez et Camille Stromboni, « L’annulation d’une thèse pour plagiat déstabilise l’université Paris-I - Panthéon-Sorbonne », Le Monde,
  23. Arnaud Mercier, « Dérives des universités, périls des universitaires », Questions de communication, 2012, p. 197–234 (ISSN 1633-5961)
  24. Meta-Wiki, « À la manière wiki »
  25. Marilyn Strathern, « 'Improving ratings': audit in the British University system », European Review European Review, vol. 5, no  3, 1997, p. 305–321 (ISSN 1062-7987)
  26. James C Scott, Petit éloge de l'anarchisme, Lux éditeur, coll. « Instinct de liberté », 2014 (ISBN 978-2-89596-172-7) (OCLC 903647385), p. 105 
  27. Périne Brotcorne et Patricia Vendramin, « Une société en ligne productrice d'exclusion ? », Sociétés en changement n°11, UCLouvain, iacchos, no  11, mars 2021 [texte intégral]
  28. Internet World Stats, « Internet usage statistics »
  29. Instead of economy being embedded in social relations, social relations are embedded in the economic system.