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Histoire de l'enseignement en France/De l’école de la République au XX° siècle

Leçons de niveau 14
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De l’école de la République au XX° siècle
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Chapitre no 5
Leçon : Histoire de l'enseignement en France
Chap. préc. :Contre-réforme et Humanistes
Chap. suiv. :L’école française au XX° siècle
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À la veille de la Révolution française 47% des hommes et 27% des femmes savent lire, écrire, compter mais la scolarisation est inégale selon les régions : 90% des paroisses du Nord du pays ont leur petite école respective, 50% dans le sud. L'organisation de ces écoles presbytérales est fortement influencée par les Frères des écoles chrétiennes, fondés par Jean-Baptiste de la Salle en 1684 pour l'éducation des enfants pauvres. On leur doit l'organisation matérielle de la classe, avec estrade, bureau, tableau noir et rangées de pupitres, ainsi que les principes de l'enseignement collectif ou simultané. En 1789, ils comptent 760 religieux répartis en 114 établissements qui reçoivent 30.000 élèves.

3% des garçons a accès à l'enseignement secondaire dont les 562 collèges accueillent 55.000 élèves. 181 établissements seulement - dont 178 tenus par une Congrégation religieuse - assurent une scolarité complète qui ouvre accès à une des 22 Universités assurant l'enseignement supérieur du droit, de la médecine et de la théologie tant à Paris qu'en province.

La Révolution et l’école

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La Révolution ne peut laisser les générations du futur à un savoir construit par et pour le pouvoir antérieur. Mais le problème est complexe et le décret Bouquier adopté par la Convention pour réglementer l'enseignement primaire en décembre 1793 résulte de six projets qui se sont succédé en deux ans : Condorçet (février 1791 puis avril 1792), Talleyrand (septembre 1791), Romme (décembre 1792), Lepeletier (janvier 1793) puis enfin Lakanal (juin 1793). Les familles doivent payer un droit d'écolage pour un enseignement qui est surtout civique : la République n'a pas besoin de savants... les vertus sont plus nécessaires que les lumières. D'ailleurs n'importe quel bon citoyen peut être instituteur. Trois manuels didactiques sont imprimés en 1794 : Eléments de grammaire française, Moyens d'apprendre à compter avec facilité et Principes de la morale républicaine à l'usage des écoles primaires. A travers la liberté de l'enseignement, il s'agit bien de consolider la Révolution.

À cette fin la Convention ouvre dix grandes écoles : en 1793 le Muséum d'histoire naturelle et celui des arts (Louvre), en 1794 l'école militaire, celle des travaux publics et le conservatoire des arts et métiers, en 1795 l'école des langues orientales et les écoles de médecine de Paris, Montpellier et Strasbourg. En décembre 1795, la loi Daunou créé un enseignement secondaire payant pour les garçons : les écoles centrales, externats départementaux auxquels on peut associer des pensions privées. Sous le Directoire et le Consulat elles enseignent langues anciennes et contemporaines, lettres, histoire, droit, mathématiques et sciences.

Napoléon se désintéresse de l'enseignement primaire abandonné aux congrégations de retour en force. Les Lycées créés en mai 1805 (loi Fourcroy) reprennent le modèle des collèges et des académies militaires de l'ancien régime. Réservés aux fils de la bourgeoisie, ce sont des internats coûteux où l'on enseigne les langues anciennes, le français, l'histoire, la géographie et les mathématiques. Ils dispensent une culture inutile fondée sur des humanités classiques hors du temps, de l'espace et du siècle... Je ne demande pas à un honnête homme de savoir le latin, il me suffit qu'il l'ait oublié (Saint-Marc Girardin). Il s'agit de développer avant tout le culte du beau, l'aptitude à analyser les textes et à s'exprimer en public.

L'agrégation est créée pour recruter les enseignants des lycées et un pensionnat normal - qui devient école normale supérieure en 1847 - accueille les candidats à ce concours. Ceux-ci suivent les cours de l'université qui ajoute aux trois disciplines classiques les Lettres et les Sciences et devient en mai 1806 l'Université impériale dirigée par un grand-maître. Dans chaque académie, un recteur contrôle l'enseignement secondaire avec l'aide d'un inspecteur d'académie. Le baccalauréat est créé en 1808 et 32 candidats l'obtiennent en 1809 ; la première femme attendra 1861.

De la Restauration au second Empire

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Puis les progrès industriels exigent une main-d’oeuvre plus instruite et la Restauration marque son intérêt pour l'enseignement primaire. La Monarchie constitutionnelle poursuit l'effort après la Révolution de 1830 : le ministère de l'Instruction publique, créé en 1824 sous contrôle du clergé (Mgr Freyssinous), développe les écoles normales d'instituteurs préparant à un brevet de capacité délivré par l'inspecteur d'académie. La loi Guizot, en juin 1833, finit de fixer le dispositif : toute commune est tenue d'entretenir au moins une école primaire élémentaire. Les chefs-lieux et les communes de plus de 6.000 habitants... une école primaire supérieure. Tout département... une école normale. Les inspecteurs primaires sont créés l'année suivante et à la veille de la Révolution de 1848, 64% des conscrits sont alphabétisés.

Sous le Second empire la loi Falloux institue en mars 1850 la liberté de l'enseignement et rend obligatoire l'ouverture d'une école primaire de filles dans les communes de plus de 800 habitants. Les religieuses s'en chargent le plus souvent et le développement en France de l’ordre des Salésiens fondé par Jean Bosco en 1859 pour l'éducation des jeunes ouvriers y trouve un champ d'implantation important dans les couches populaires. De 1865 à 1869, Victor Duruy crée dans le primaire la caisse des écoles et réactualise l'intérêt pour l'enseignement secondaire avec le concept d'enseignement secondaire moderne ou scientifique dont le développement de l'industrie a un besoin pressant.

La III° République

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En 1882, alors qu’1/4 seulement de l’enseignement secondaire des garçons reste aux mains des Congrégations celui des filles est encore tenu aux 3/4 par les religieuses. Afin de donner des compagnes républicaines aux hommes républicains, Paul Bert a cependant déjà imposé une école normale de filles par département en août 1879 et Camille Sée a créé les lycées de jeunes filles en décembre 1880. Ceux-ci qui ne débouchent pas sur le baccalauréat n'ouvrent pas encore la porte de l'université : mais ils entraînent la création immédiate de l'école normale supérieure de jeunes filles à Sèvres pour fournir les enseignantes nécessaires. A la veille de la guerre de 1914, 4 filles sur 5 sont élèves de l'école de la République.

Les lois Jules Ferry achèvent l'organisation de l'enseignement primaire à travers sa gratuité (1881), son obligation jusqu’à 13 ans (1882), la création du primaire supérieur et des cours complémentaires chargés de l'enseignement dit moderne (juin 1881) prévu par Duruy et enfin la laïcisation des contenus d'enseignement (mars 1882). Les écoles normales (E.N.) de garçons de St-Cloud et de filles de Fontenay-aux-roses assurent la formation des enseignants des E.N., du primaire supérieur et des collèges. La même année le Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (C.A.P.E.S.) est créé et Pauline Kergomard transforme les salles d'asiles charitables qui accueillent les jeunes enfants des ouvrières en écoles maternelles. Les instituteurs sont fonctionnarisés en 1889 et les filières modernes apparaissent dans les lycées à partir de 1890 puis au baccalauréat en 1893.