Differenciation-Les profils d eleves et leurs fonctionnements
Les différents profils d'élèves et leur fonctionnement
[modifier | modifier le wikicode]Mallette pédagogique Différenciation
[modifier | modifier le wikicode]« Toute situation didactique proposée ou imposée uniformément à un groupe d’élèves est inévitablement inadéquate pour une partie d’entre eux. » Philippe Perrenoud
De nombreuses classifications différentes des profils d’élèves existent, chacune permet d’attirer l’attention des enseignants sur un ou plusieurs aspects à ne pas négliger dans les processus d’enseignement / apprentissage.
Antoine de la Garanderie distingue :
- les visuels qui mémorisent mieux ce qu’ils voient et créent des images mentales. La schématisation sera facilitante pour ces élèves, les relations spatiales entre les éléments étant importantes.
- les auditifs qui passeront davantage par la dynamique, le déroulement pour mémoriser un savoir. Ils utilisent la chronologie, les enchaînements entre les éléments.
- les kinesthésiques qui auront besoin de toucher, de manipuler.
Nous sommes rarement l’un ou l’autre exclusivement. Cela rejoint la théorie des intelligences multiples de Howard Gardner selon laquelle il n’existe pas un seul profil, mais des profils multi-formes.
Jean-Louis Gouzien parle du rapport production / consommation:
- Certaines personnes se positionneraient plutôt du côté de la production et adopteraient une attitude engagée par rapport au savoir, auraient besoin d’actions.
- D’autres seraient plutôt tournées vers la consommation et adopteraient une attitude plus réservée et apprendraient par l’observation.
On oppose ici émission et réception.
Jérôme Kagan oppose réflexivité et impulsivité:
- D’un côté les adeptes de la réflexivité qui ont tendance à différer leur réponse pour s’assurer de sa justesse.
- De l’autre les adeptes de l’impulsivité qui ont tendance à répondre rapidement quitte à se tromper, l’incertitude étant vécue comme intolérable.
Herman Witkin et Michel Huteau définissent deux profils d’apprenants :
- Les dépendants du champ qui accordent leur confiance aux informations issues de l’extérieur. Le contexte social et affectif de l’apprentissage est important, les données sont souvent restituées comme elles ont été présentées ;
- les indépendants du champ confiants dans leurs repères personnels, qui ont tendance à remanier personnellement les données et qui semblent peu influencés par le contexte social et affectif de l’apprentissage.
Jérome Bruner oppose balayage et centration :
- d’un côté les personnes qui se centrent tendanciellement sur une chose, qui ont besoin de comprendre pleinement un élément avant de passer à un autre, leur modalité de travail est intensive ;
- de l’autre ceux qui font plusieurs choses simultanément en examinant superficiellement chacun des éléments dans un premier temps. Leur travail est de type extensif.
David Ausubel distingue deux modes :
- accentuation : l’apprenant cherche à opposer, différencier, il a tendance à accentuer le caractère de ce qu’il découvre. L’écart avec ce qui est déjà connu est mesuré, il y a un plaisir dans la découverte de nouveautés ;
- égalisation : l’apprenant cherche les régularités, les éléments connus, les habitudes de pensée. Il a tendance à ramener le nouveau à ce qu’il connaît déjà et prend plaisir à pouvoir anticiper les choses.
Cet inventaire permet d’avoir en tête différents rapports au savoir, à la mémoire, à la production… Ce ne sont en aucun cas des profils figés mais des tendances qui habitent chacun de nous et chacun de nos élèves. Nous avons souvent tendance à privilégier les mêmes types de profils, ces définitions peuvent aider à varier les approches. S’il semble essentiel que l’enseignant connaisse les profils de ses élèves et de sa classe, de nombreux chercheurs insistent sur les bienfaits d’une connaissance par l’élève de son profil d’apprenant. Les démarches qui s’inspirent de la théorie des intelligences multiples associent le plus souvent l’élève dès l’élaboration des profils d’apprenant. Selon les recherches (notamment celle de Dunn, Griggs, Olson, Gorman et Beasley - 1995) lorsqu’un élève connaît des éléments sur ses capacités cognitives, il y a des effets positifs sur son attitude en classe, sur sa motivation et même plus tard sur son déroulement de carrière. Par ailleurs, lorsqu’au sein d’une classe, chacun connaît le profil des autres, l’acceptation des différences et la reconnaissance de chaque élève comme quelqu’un d’unique et d’important sont facilitées.
De plus, il ne faut pas négliger les facteurs liés aux origines socio-culturelles des enfants et au climat psycho-affectif familial : leur milieu familial a un impact sur leur manière d’être disponible aux apprentissages, leur manière d’appréhender l’école, le travail scolaire, la langue, les “objets” culturels... Il ne s'agit pas de proposer un type d'enseignement spécifique en fonction de leur origine sociale mais d'avoir en tête qu'ils ont tous un milieu et des références différents. Leur "habitus", comme le nomme P. Bourdieu, est parfois très éloigné des savoir-être et des références valorisés par l'école.