Dialectes français d'Afrique/Français burkinabè
Le Burkina Faso (littéralement « Pays des hommes intègres ») est un pays d'Afrique de l'Ouest. Les langues africaines les plus parlées dans ce pays sont le mooré et le dioula, ce dernier étant considéré comme la langue commerciale de l'Afrique de l'Ouest, cependant le français est la langue officielle du pays.
Dans les principales villes telles qu'Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Banfora, la langue française s'impose de façon croissante comme lingua franca chez les commerçants et lors des échanges liés à tous les petits métiers qui se multiplient dans ces grandes villes[1].
La langue française parlée au Burkina Faso n’est pas le français standard mais un dialecte français qui, sans la base de l'écrit, se transforme, se réinvente[2]. Cette expansion du français est relayée par l’affichage publicitaire qui est très présent dans les villes et qui propose des slogans en français. Ces slogans deviennent vite populaires dans une société burkinabè à forte tradition orale[3].
Cette variété de français endogène qui résulte d'une hybridation linguistique[4] est un pidgin en voie de créolisation[5].
Ainsi est apparu un français populaire au Burkina Faso[6]. Ce français est parfois appelé français de Ouaga et reste essentiellement une langue orale[7]. Il s'est créé un certain nombre d'interférences entre le français standard et le français populaire du Burkina du fait de l'influence des langues africaines dans la pratique locale du français[8]
Un français populaire à l'écrit est aussi apparu dans le quotidien burkinabè L’Observateur Paalga du vendredi avec la rubrique Soliloque de Nobila Cabaret initié par Boniface Batiana et repris par la suite par El Kabor. On trouve aussi la rubrique Moi Goama dans le journal satirique Journal du jeudi.
Exemples de Français burkinabé
[modifier | modifier le wikicode]- ces exemples sont repris de l’article de Wikipédia w:Français populaire burkinabè
Français burkinabé | Français standard | |
---|---|---|
C'est comment? | Comment ça va? | |
On dit quoi ? | Quoi de neuf ? | |
Ça fait deux jours | Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu (même après deux semaines ou un mois) | |
Tu vois ça ? | Tu comprends ? | |
Une mèche | Une cigarette | |
En tout cas... | Oui, ce que tu viens de dire est vrai et il n'y a rien d’autre à ajouter tellement c’est vrai | |
Dolo | La bière de mil | |
Ça c’est deux cents deux cents | Ça c’est deux cents francs chacun | |
Un jeton | Une pièce de monnaie de valeur anonyme. | |
Ça donne / ça donne pas | Ça fonctionne / ça ne fonctionne pas | |
C'est gâté | Ça ne marche plus, c’est en panne, c’est cassé | |
Mordre le carreau | Mordre la poussière | |
Becqueter | Crier dessus, injurier | |
Passer son temps à planer | Rôder dans les rues à mobylette | |
Ou bien ? | N'est-ce pas? | |
Ça va un peu | Ça va, mais je n'ai pas d'argent | |
Une sucrerie | Un soda (Coca-Cola, Fanta) | |
Un poulet-bicyclette | Une cuisse de poulet | |
Une pochette | Un mouchoir | |
Hier nuit | La nuit dernière | |
Ça ne me dit rien | Ça m’est égal | |
Y a la place | Assied toi | |
Un bâton | Une cigarette | |
C'est caillou | C'est difficile | |
Laver une pellicule | Faire développer un film | |
Javer/ s'ambiancer | Faire la fête | |
Un circulaire | Un téléphone portable | |
Une go/ une bouille | Une fille | |
Avoir un deuxième bureau | Avoir une maîtresse | |
Tu fréquentes où? | Où vas-tu à l'école? | |
Demander la route | Demander l'autorisation pouvoir partir/ sortir du village | |
Un titanic | Un taxi public | |
Avoir l'œuf colonial | Ventripotent | |
Jusqu'à fatigué | Trop | |
Le goudron | Une route bitumée | |
C'est quoi même? | Qu'est-ce qu’il y a? | |
La descente | La fin de la journée de travail | |
Piéter | Aller à pied | |
Gagner petit | Avoir un enfant | |
Goder | Boire | |
Y a pas le feu | Il n'y a pas de problème | |
Sources: [1],[2], [3], [4], [5] |
Influence du français sur les langues locales burkinabèes
[modifier | modifier le wikicode]Le français parlé du Burkina interagit étroitement avec les langues locales que sont le mooré, le dioula et le fulfudé. Y compris dans sa forme syntaxique.
Plusieurs techniques d'adaptation syntaxique sont utilisées dans les variétés les plus éloignées du français[9].
Langues burkinabèes [API] |
adaptation syntaxique | Français standard |
---|---|---|
Amuïssement | clef à molette | |
Amuïssement | pomme de terre | |
Agglutination | garde à vue | |
Aphérèse | automobile | |
Épenthèse | aspirine | |
Prosthèse | sport | |
Assimilation | lettre | |
Assimilation | petit | |
Dissimilation | Dakar |
Institut français du Burkina Faso - Ouagadougou
[modifier | modifier le wikicode]Créé en 1963, le Centre culturel français est une des premières structures culturelles installées au Burkina Faso. Antérieurement dénommé " centre culturel franco-voltaïque " (le pays s’appelait Haute-Volta), il prend en 1985 le nom de centre culturel français Georges Méliès. Ouagadougou s’est imposée comme la capitale du cinéma africain, avec l’organisation du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO).
Notes et références
[modifier | modifier le wikicode]- code de langue IETF : fr-bf
- ↑ (Batiana & Prignitz, 1993 et Batiana, 1998)
- ↑ (Caitucoli, 1993, 1996, 1998 ; Nacro, 1988 ; Prignitz, 1993, 1996, 1998)
- ↑ André Magord et Rodrigue Landry, Vécu Langagier africanophone et francophone de jeunes lycéens du Burkina Faso.
- ↑ Bakary Coulibaly
- ↑ "Le français des rues, une variété avancée du français abijanais", Suzanne Lafage, Faits de langues, 1998, vol 6, numéro 11, p.136
- ↑ Batiana, 1998
- ↑ Amadou Bissiri, Le « français populaire » dans le champ artistique francophone. Les paradoxes d’une existence, Plurilinguisme et création
- ↑ Bakary Coulibaly, Interférences et français populaire du Burkina, Langue française, vol 104, n° 1, p.64-69 (1994)
- ↑ 9,0 et 9,1 http://www.burkinafaso-cotedazur.org/documents/documents/demographie/francais-populaire.pdf
- Gisèle Prignitz et André Batiana, Francophonies africaines, Pu Rouen, (ISBN 2-87775-245-3)(1998)
- Amadou Bissiri, "Le français populaire » dans le champ artistique francophone. Les paradoxes d’une existence", Cahiers d'études africaines, p. 163-164 (2001)
Liens internets
[modifier | modifier le wikicode]Exercices
[modifier | modifier le wikicode]Faites ces exercices : Français burkinabè . |