Breton/Grammaire/Prononciation/Voyelles
Quand on prononce une voyelle, les cordes vocales vibrent toujours ; le rétrécissement au passage de l'air n'étant pas suffisant pour produire un bruit – une consonne – le son distinctif de la voyelle résulte de la seule résonance de la cavité buccale.
LES VOYELLES | |||||
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antérieures | centrales | postérieures | |||
fermées | |||||
pré-fermées | |||||
mi-fermées | |||||
moyennes | |||||
mi-ouvertes | |||||
pré-ouvertes | |||||
ouvertes |
Voyelles brèves
[modifier | modifier le wikicode]- Toute voyelle non accentuée est brève.
- Une voyelle accentuée est brève si elle est suivie d'une autre voyelle ou d'un groupe de consonnes.
- Si une voyelle accentuée est brève devant les consonnes l, m, n, r, cette brièveté est marquée dans l'orthographe par le doublement de la consonne.
- Une voyelle accentuée est généralement brève devant les sons /ɲ/ (gn), /ʎ/ (lh), /ʃ/ (ch), /w/ (w) et /j/ (i + voyelle, y).
- Une voyelle accentuée tend à être brève devant toute consonne sourde (f, ch, c'h, h, k, p, s, t).
- Les voyelles brèves sont en gras
- (a-drek) [a'dre:k] (derrière) • (bepred) [be'pre:t] (toujours) • (diribin) [di'ri:bin] (pente descendante) • (koleniñ) [ko'lẽ:nĩ] (mettre bas) • (skuilhadenn) [sky'ljɑ:dɛn] (épandage)
- (aotrou) ['otru] (seigneur) • (kreskiñ) ['kreskĩ] (grandir) • (pistig) ['pistik] (élancer) • (losker) ['loskɛr] (pyromane) • (pluskenn) ['plyskɛn] (épluchure)
- (pellenn) ['pɛl:ɛn] (pelote) • (mammenn) ['mãm:ɛn] (source) • (kannañ) ['kãn:ã] (blanchir) • (berrbad) ['bɛrbat] (éphémère)
- (pignat) ['pinjat] (grimper) • (kailhar) ['kaljar] (fange) • (sachañ) ['saʃã] (attirer) • (diwall) ['diwal:] (protection) • (kreien) ['krɛjɛn] (gratin)
- (ufern) ['yfɛrn] (cheville) • (ucher) ['yʃe:r] (huissier) • (plac'h) ['plax] (fille) • (ahont) ['ahõnt] (là-bas) • (bukañ) ['bykã] (viser) • (repu) ['repy] (refuge) • (bosenn) ['bosɛn] (peste) • (rotel) ['rotɛl] (compost)
- Les voyelles brèves i, u et ou sont les mêmes qu'en français : kirri ['kiri] (voitures) comme "Syrie", kurun ['ky:ryn] (tonnerre) comme "suture", poulloù ['pul:u] (mares) comme "roucouler".
Voyelles longues
[modifier | modifier le wikicode]- Hors les cas évoqués précédemment, les voyelles accentuées sont longues : tad ['ta:t] (père) • telenn ['te:lɛn] (harpe) • ti ['ti:] (maison) • toenn ['to:ɛn] (toit) • tudenn ['ty:dɛn] (personnage).
- Les voyelles longues bretonnes sont plus fermées que les voyelles brèves correspondantes (la langue est plus rapprochée du palais) et elles tendent à se fermer au fur et à mesure qu'elles se prolongent.
- Les voyelles longues sont plus fortement accentuées à l'attaque qu'à la fin.
Prononcer une voyelle brève au lieu d'une longue peut conduire à des quiproquos embarrassants, tels ceux-ci (authentiques) :
- kan [kã:n] ≠ kann [kãn:]
(Annonce dans un fest-noz)
« Alan Stivell a gaso ar c'hann » ≠ Alan Stivell a gaso ar c'han
« Alan Stivell mènera la bagarre » ≠ Alan Stivell mènera le chant
- keloù ['kɛ:lu] ≠ kelloù ['kɛl:u]
(D'une femme à un homme)
« Ker pell zo ne'm eus ket bet eus ho kelloù » ≠ Ker pell zo ne'm eus ket bet eus ho keloù
« Il y a si longtemps que je n'ai eu de vos testicules » ≠ Il y a si longtemps que je n'ai eu de vos nouvelles
Voyelles nasalisées
[modifier | modifier le wikicode]En français, seules quatre voyelles peuvent être nasalisées : ta [ta] → tant [tã], plaire [plɛʀ] → plein [plɛ̃], beurre [bœʀ] → brun [bʀœ̃], botté [bɔte] → bonté [bɔ̃te].
En breton, toutes les voyelles peuvent être nasalisées.
- aval [a:val] (pomme) → kañval ['kã:val] (chameau)
- Le "ñ" veut parfois dire que la voyelle peut être nasalisé ou non : kanañ (chanter, à l'infinitif) est prononcé ['kã:nã] ou bien ['kã:nã]. Ceci vaut pour la voyelle "a" ou "i".
- evel [e'vɛl] (comme) → eñvor ['ẽ:vor] (mémoire)
- fazi ['fa:zi] (erreur) → faezhiñ ['fɛ:zĩ] (abattre)
- La nasalisation de "i" semble se faire en général dans le Breton Vannetais.
- soja ['so:ʒa] (soja) → soñjal ['sõ:ʒal] (penser)
- pusun ['pysyn] (poison) → puñs [pỹs] (puits)
- bleunienn ['blø:njɛn] (fleur) → bleuñv ['blø̃:w] (floraison)
Voyelles doubles
[modifier | modifier le wikicode]On appelle « voyelles doubles » deux voyelles qui à l'écrit symbolisent un son, par exemple en français : ai /ɛ/ (haie), eu /ø/ (heureux) et /œ/ (heurter), oi /wa/ (poire).
Les voyelles doubles bretonnnes sont eu et ou.
- EU /ø/ ((fr) deux)
- • azeuldi [a'zø:ldi] (temple) • beure ['bø:re] (matin) • cheuc'h ['ʃøx] (chic) • deur ['dø:r] (tracas) • eurvezh ['ø:rvɛs] (durée d'une heure)
- EU /œ/ ((fr) neuf)
- • feurm ['fœrm] (loyer) • meurdezus [mœr'de:zys] (majestueux) • peurbadus [pœr'bɑːdys] (éternel) • teurvezout [tœr'vezut] (daigner)
- EU /œ̃/ ((fr) brun)
- • deun ['dœ̃ːn] (fond) • geun ['gœ̃ːn] (marais) • leun ['lœ̃ːn] (plein)
- OU /u/ ((fr) doux)
- • bouc'hal ['buhal] (hache) • chouchenn ['ʃuʃɛn] (hydromel) • dour ['du:r] (eau) • gouriz ['gu:ris] (ceinture) • koumoul ['kumul] (nuages)