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Version du 27 novembre 2013 à 18:26

La Collaboration juive pendant la Seconde Guerre mondiale désigne la collaboration des Juifs avec les forces d'occupation du Troisième Reich durant la Seconde Guerre mondiale. Les fondements de cette collaboration sont liés à la création d'organes juifs d'auto-gouvernement (Judenrat) dans les territoires occupés.

Particularités de la collaboration juive

La collaboration juive, à la différence de la collaboration des non-juifs n'avait jamais en-soi de bases idéologiques. En outre, les judenrats, à la différence d'autres organes de collaboratio locale, étaient la plupart du temps, mis en place dans un contexte obligé [1]

Ainsi, selon Vassili Grossman, à Minsk les Allemands arrêtèrent simplement dans la rue les 10 premiers hommes juifs qui leur tombèrent sous la main et leur firent savoir qu'ils constitueraient le conseil juif, obligé d'obéir aux ordres des Allemands. Girch Smoliar[2], le chef des résistants du Ghetto de Minsk affirme que les Allemands demandèrent seulement au groupe de juifs : «Qui connaît l'allemand?». Ilia Michkin fit un pas en avant et fut nommé chef du ghetto[3]

L'historien Eugène Rozenblat partage les collaborateurs juifs en deux groupes: [4]

  • les partisans d'une stratégie de survie collective.
  • les personnes à la recherche d'une stratégie individualiste de survie.

Le premier groupe s'identifiait à tous les habitants survivants du ghetto et essayait, dans la mesure du possible, d'arriver à un système selon lequel étaient données des chances supplémentaires de survie à toute une catégorie de la population juive. Par exemple, par la tutelle des judenrats sur les familles nombreuses, les nécessiteux, les vieillards, les invalides et les isolés. Les représentants du second groupe s'opposaient aux autres juifs survivants et utilisaient tous les moyens pour trouver des moyens de survie, parmi ceux-ci principalement ceux menant à une détérioration de la situation ou à la mort des survivants.

Dans les territoires de l'Axe et ceux occupés par les nazis, des judenrats furent créés à l'initiative des nazis dans les territoires où vivaient une population juive importante. C'étaient des «conseils juifs» des organes d'auto-administration. Leur compétence s'exerçait sur un ghetto, sur une portion de territoire déterminée, sur une région et même sur tout un pays.


Les pouvoirs du judenrat permettaient l'approvisionnement en produits ménagers et le maintien de l'ordre dans le ghetto, la récolte des moyens financiers, le choix des candidats aux travaux ordinaires et aux travaux forcés du camp, l'exécution des ordres des forces d'occupation. La Police juive était soumise au judenrat et remplissait les fonctions suivantes:[5]

  • Exécution des ordres des Allemands, transmis par l'intermédiaire du judenrat ou directement reçus des occupants.
  • Exécution des ordres du judenrat tels que : récolte des contributions financières ou en valeurs.
  • Satisfaire aux besoins internes de la communauté juive : protection des rues du ghetto, des entrées et des sorties de celui-ci.


Les membres des judenrats collaboraient avec les nazis pour différentes raisons. Certains considéraient que de cette manière ils aidaient la communauté juive à survivre. Cette conception était répandue jusqu'au moment où survinrent les premières campagnes de massacre de masse. Certains collaboraient dans l'espoir de se sauver et de sauver leur famille grâce à leur pouvoir de membres du judenrat ou grâce à des biens matériels[6]. Les membres des judenrats collaboraient souvent secrètement avec les clandestins de la résistance aux nazis , comme par exemple dans le ghetto de Riga. Beaucoup tentaient, par différents moyens, d'alléger le sort des prisonniers du ghettos[7]. Le sort des membres des judenrats s'avéra finalement similaire à celui des autres Juifs : ils furent tués par les nazis[8].

L'enquêteur américain Iashiel Trunk a rassemblé les données suivantes sur le sort de 720 membres de judenrats en Pologne[9]

Police juive dans le ghetto de Varsovie
Sort Nombre Pourcentage
Destitués 21 2,9
Arrêtés 13 1,8
Expulsés pour extermination 182 25,3
Tues ou déportés 383 53,2
Suicides 9 1,2
Mort naturelle 26 3,6
Survivants 86 12
Total 720 100

Les membres des judenrats se comportèrent de différentes manières vis-à-vis de la résistance clandestine armée dans le ghetto. Dans certaines situations ils créèrent des liens et collaborèrent avec les clandestins et les partisans, dans d'autres ils empêchèrent les actions de la résistance craignant que les Allemands ne se vengent sur tous les membres du ghetto.[10].


Collaborateurs connus

L'histoire de Jacob Gens, d'abord chef de la Police juive puis dirigeant du judenrat du Ghetto de Vilnius est un exemple d'ambiguïté et de sort tragique . Pour sauver des habitants du ghetto il livra aux nazis le chef des clandestins, Modèle:Lien. À plusieurs reprises, il envoya au peloton d'exécution des malades chroniques et des vieillards à la place de femmes et d'enfants en expliquant qu'il tentait de sauver «le peuple juif du futur»[11]. Le 14 septembre 1943 Gens fut exécuté par la gestapo pour collaboration avec les clandestins[12].

Modèle:Lien Вера после Катастрофы: La foi après la Shoah

«...Toutes les cruautés accomplies par les prisonniers du camp vis-à-vis de leurs camarades , ce sont les Allemands qui en sont responsables et c'est leur plus grand crime. Celui qui compare les policiers du ghetto avec les chefs allemands, ne se rend pas compte de la monstruosité des crimes nazis contre l'humanité. Il existe une énorme différence entre la cruauté du bourreau et la cruauté des victimes. Les premiers sont convaincus d'être les maîtres du monde, engraissés par leurs pillages, qui ont choisi de leur plein gré de choisir le service du mal. Les seconds, malheureuses victimes, dont le moral est brisé avec une barbarie monstrueuse. La cruauté des premiers est contre-nature. Celle des seconds est le résultat naturel de crimes d'une inhumanité inimaginable. . Et, au contraire, il est impossible de comprendre comment la majorité des prisonniers a pu conserver une mentalité humaine jusqu'à la fin et même atteindre un niveau aussi élevé du sens du sacrifice de soi!»

Le chef du ghetto de Varsovie, Adam Czerniaków, est un des représentant les plus connus de la collaboration juive. Il se suicida après qu'il eut appris que les déportations, l'établissement des listes sur lesquelles il apposait sa signature signifiaient la mort de milliers de juifs[13]. Le chef du ghetto de Lodz, Khaïm Roumkovsky, se fit une triste réputation en collaborant activement avec les nazis et en prononçant son discours decvant les prisonniers du ghetto en répétant sans fin : «Donnez-moi vos enfants!» tentant de persuader les prisonniers qu'au prix de la vie des enfants ils sauveraient ceux qui restaient [14].

Une série de collaborateurs avec les nazis ( par exemple Modèle:Lien) furent exécutés par les clandestins juifs. Il est également établi qu'il existe une série d'exemples des juifs-collaborateurs qui ont pris part aux crimes nazis, en ce compris les massacres de masse[15]. Par exemple, Khaïm Sygal, natif de Lvov (son nom complet : «Cyril Nikolaievitch Sygolenko»), peu après le début de la Seconde Guerre mondiale, entra dans les rangs des organisations nationalistes ukrainiennes appelées Sitch de Polésie (UPA-УПА-ПС) et pendant l'été et l'automne 1941, prit une part active à leurs activités (le 18 septembre 1941 il fut nommé chef d'escadron, durant quelques temps il fut adjudant de Taras Borovets (dit «Boulba»). Le 16 novembre 1941, il passa au service des Allemands et travailla comme interprète à la gendarmerie de la ville de Sarny (Oblast de Lvov). De l'été 1942 à 1943, il fut commandant de la police de Doubrovitsy. En 1944-1945 il devint collaborateur actif au sein du Sicherheitsdienst (СД|СД). À plusieurs reprises, il prit part à des fusillades de citoyens soviétiques, parmi lesquelles des tueries massives (comme le 19.11.1941 dans la ville d'Olevsk où il commanda la fusillade de 535 personnes et l'été 1942 quand il commanda de fusiller plus de 70 citoyens soviétiques au cimetière de Doubrovitsy) [16] Après la guerre, il vécut à Berlin-Ouest. En 1951, lors d'une visite en République démocratique allemande (ГДР) il fut arrêté par les services de sécurité allemands et transféré en URSS. Après enquête, il fut fusillé en 1952[17][18].

En Israël, après la guerre, eurent lieu différents procès et inculpation pour des actes de collaboration des judenrats. Environ 40 juifs furent accusés de complicité avec les nazis et condamnés à des peines de prison.[15]. Le nom de Rudolf Kastner, leader des juifs hongrois, fut l'objet d'un retentissement particulier. Bien qu'il fut acquitté par la Cour suprême d'Israël, trois ans après sa mort, lors du procès d'Adolf Eichmann des témoignages furent entendus à propos de l'assistance apportée par Kastner aux nazis : en échange de l'envoi d'environ un millier de juifs en Palestine il accepta la «déportation» d'autres Juifs[19]

Organisation Zagiev

L'organisation Zagiev, créée par les nazis avec les Juifs polonais collabora avec la gestapo dans le but de découvrir des Polonais qui cachaient des Juifs pour leur éviter le ghetto. Beaucoup de membres de «Zagiev» étaient liés au «Groupe 13» d'Abraham Gancwajch. Tadeusz Bednartchik, combattant polonais de la résistance affirme que cette organisation comprenait 1 000 agents de la Gestapo d'origine juive[20] Quelques uns de ces agents étaient autorisés à posséder une arme à feu. Sous le même nom il existait une revue dont le rédacteur était Chain, qui adressait des slogans provocateurs à l'extrême gauche[21].


Bibliographie

  • Isaiah Trunk: Judenrat: the Jewish councils in Eastern Europe under Nazi occupation|éditeur :University of Nebraska Press|année :1972|allpages=663|ISBN :9780803294288.
  • Михман Д. (Mikhman. D): Еврейские лидеры и еврейское сопротивление.(les leaders juifs dans la résistance)-Катастрофа европейского -La Shoah Tel-Aviv|éditeur :Université ouverte d'Israël- Открытый университет Израиля|année :2001|том=4|pages : 263|ISBN :965-06-0233-X.
  • Розенблат Е. С.(Rozenblat E.) :Юденраты в Беларуси: проблема еврейской коллаборации.-(problèmes de la collaboration juive : les judenrats en Biélorussie).éditeur:Ковчег (Kovtheg)|année :2009 .ISBN :978-985-6756-81-1.

Liens



Références

  1. Розенблат Е. С.(Rozenblat.E): Юденраты в Беларуси: проблема еврейской коллаборации (problème de la collaboration -les judernats en Biélorussie)|lien=http://homoliber.org/ru/uh/uh010202.shtml%7Cиздание=Уроки Холокоста: история и современность -auteur Басин, Яков Зиновьевич |éditeur:Ковчег/2009 -isbn=978-985-6756-81-1
  2. (ru) « Григорий Давидович Смоляр в Минском гетто (Grigori Davidovitch Smoliar dans le ghetto de Minsk ) », sur minsk-old-new.com
  3. Михман Д.(Mikhman D.)|часть=Еврейские лидеры и еврейское сопротивление|заглавие=Катастрофа европейского еврейства|издание=1|Tel-Aviv|éditeur : université ouverte d'Israël) -издательство=Открытый университет Израиля|année=2001|том=4|страницы=263|ISBN : 965-06-0233-X
  4. Розенблат Е. С.: Юденраты в Беларуси: проблема еврейской коллаборации|lien=http://homoliber.org/ru/uh/uh010202.shtml%7Cиздание=Уроки Холокоста: история и современность -auteur Басин, Яков Зиновьевич |éditeur:Ковчег/2009 -isbn=978-985-6756-81-1
  5. Юденраты и еврейская полиция, История антисемитизма и катастрофа. Consulté le 2011-04-02
  6. Modèle:ЭЕЭ
  7. Беркнер С., « Евреи в борьбе с немецким фашизмом в тылу врага ». Consulté le 2010-03-25
  8. Юденраты и еврейская полиция, Учебные материалы по истории антисемитизма и Шоа. Consulté le 2011-04-02
  9. Кардаш А.(Kardache):Judenrat-Юденрат|lien=http://gazeta.rjews.net/udenrat.shtml%7Céditions Вести (газета, Израиль-revue, Israël)|Вести revue 2006}}
  10. Розенблат Е. С.: Юденраты в Беларуси: проблема еврейской коллаборации|lien=http://homoliber.org/ru/uh/uh010202.shtml%7Cиздание=Уроки Холокоста: история и современность -auteur Басин, Яков Зиновьевич |éditeur:Ковчег/2009 -ISBN :978-985-6756-81-1
  11. Телушкин, Джозеф (Joseph Télouchkine) Катастрофа (Shoah). Глава 190. Judenrat -Юденрат. Капо|заглавие=Еврейский мир|ссылка=http://jhist.org/teacher/07_190.htm%7Cответственный=пер. с англ. Н. Иванова, В. Владимирова|éditeur :Мосты культуры|année 2009|страниц=623|ISBN:978-5-93273-292-2|тираж=2000
  12. cite web|url=http://www.nationalassembly.ru/4829FD5798996/486A2DB9E6B19.html%7Ctitle=Уточнения к статье Ю. Мухина|author=Ихлов, Евгений Витальевич|Ихлов Е. В.|accessdate=2010-03-23|archiveurl=http://www.webcitation.org/6157cuhSp%7Carchivedate=2011-08-20
  13. Modèle:ЭЕЭ
  14. Rumkowski's "Give Me Your Children" Speech, datasync.com. Consulté le 2011-10-22
  15. 15,0 et 15,1 Шехтман Г.(G.Chekhtman : В паутине свастики: евреи-коллаборационисты (collaboration juive)|ссылка=http://www.jew.spb.ru/ami/A404/A404-041.html%7Cтип=газета%7Cиздание=Народ мой|место=Modèle:СПб|année 30.08.2007|выпуск=16 (404)
  16. dont 69 étaient juifs /при этом, 69 расстрелянных являлись местными жителями, евреями по национальности
  17. Чекисты рассказывают / сб., сост. В. Листов, ред. И. Стабникова. Книга 6. М., «Советская Россия», 1985. стр.146-155
  18. Сергей Чуев. Диверсионные службы третьего рейха против СССР // Сб. «Диверсанты третьего рейха», М., «Эксмо», «Яуза», 2003. стр.381-400
  19. Савельева Я., « Рудольф Кастнер: негодяй или герой? », Jewish.ru, ФЕОР, 28 октября 2009. Consulté le 2010-07-03
  20. en icon. Tadeusz Piotrowski| titre :Poland's Holocaust: Ethnic Strife, Collaboration with Occupying Forces and Genocide… | year =1997 | editor = | pages = p. 74 |publisher =McFarland & Company | location = Jefferson, NC and London| id =ISBN 0-7864-0371-3
  21. Все мы — солдаты страшного фронта. М. В. Алексеев


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