Seigneurs et seigneurie/Débats historiographiques autour de la seigneurie
- La seigneurie, élément d'oppression ou cadre de l'essor paysan ?
Certains historiens parlent d'"extorsion seigneuriale systématique"[1]. Depuis quelques années, les chercheurs remettent en cause la présentation de la seigneurie comme "un système oppressif de domination et d'exploitation du labeur paysan"[2] largement inspirée des théories marxistes de lutte des classes, cette vision ne résiste pas à l'examen attentif des sources et des situations réelles. Au XIe siècle, le seigneur ne dispose pas de suffisamment de moyens pour faire respecter une autorité absolue. Les paysans eux-mêmes ne représentent pas une classe uniforme ; les situations juridiques et économiques varient grandement d'une personne à l'autre. Il existe de nombreux témoignages de ce "terrorisme seigneurial" si l’on suit l’expression de Pierre Bonnassie. Les abus de pouvoir des châtelains sont importants dans les premiers temps. Mais les paysans ne se laissent pas faire : ils s'opposent parfois violemment aux mauvaises coutumes et à l'arbitraire de leur seigneur : ils portent plainte, ils s'organisent en communautés villageoises qui permettent de faire pression sur le seigneur et d'obtenir des compromis (franchises).
- La définition de la "propriété" au Moyen Âge pose également problème. La tenure ou le fief sont des terres qui sont "assujetties à des droits, des usages ou des services partagés entre plusieurs individus et institutions"[3]. Le paysan ou le vassal ne sont donc par propriétaires de la terre mais seulement usufruitiers. Les droits de mutation et le renouvellement de l'hommage démontrent bien cette qualité. Le seigneur dispose d'un droit éminent sur la terre, alors que le paysan en retire un droit utile.
Références
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ D. Barthélémy, L'ordre seigneurial ..., p. 89
- ↑ Leturcq Samuel, La vie rurale ..., p. 110
- ↑ Leturcq Samuel, La vie rurale ..., p. 116