Rumeurs & Anecdotes/Sur la route de l'Agora
Sur la route de l'Agora
[modifier | modifier le wikicode]Socrate marche.
Il fait froid mais il marche pieds nus dans les rues d'Athènes, les yeux rivés au sol. Il réfléchit.
"Parler, c’est bien, marmonne-t-il, mais encore faut-il savoir ce que parler veut dire."
- Les Athéniens sont des ignorants, Daimon, lâche-t-il soudain. Tu m'entends, des ignorants!
- Voici qui est dit, rit son démon intérieur. Mais que comptes-tu faire pour remédier à cela en vrai philosophe, Socrate ?
- Je vais aller les éveiller à la vertu et à la justice, ces dormeurs! Ils croient savoir quelque chose mais ne savent que peu de choses ou même rien du tout Apologie de Socrate. Je vais leur apprendre ce que c’est que parler. Fini, ce bavardage, ces bourdonnements intempestifs.
- Euh...Ah oui, tout de même!
Socrate émit un large geste d'impatience qui fit sursauter un passant.
- Or, il me faut un outil. Et cet outil, Daimon, sera le dialogue...
- Le dialogue ? s'étonne l'ange-gardien de Socrate. Mais, en cela rien de nouveau, si?
- Si, tu te trompes. Le dialogue dont je parle sera structuré. Il obéira à une logique tout au long de son déroulement. Je questionnerai le peuple jusqu'à obtenir la réponse. Ainsi, ma méthode accouchera les esprits.
- Accouchera les esprits ? répéta sa voix intérieure. Voyons, tu ne peux t'attribuer quelque chose qui ne t'appartient pas! La maïeutique existe déjà, Socrate. Cela dit, le questionnement me semble une bonne idée. En fait, il faudrait amener tes interlocuteurs - en feignant l'ignorance - à retrouver le vrai à partir d'une forme de logique. À reconnaître l'erreur ou la contradiction dans l'opinion qu’ils avaient déjà sur le sujet?
- Excellent!
- Bien, alors ne parlons plus de maïeutique mais d'ironie, qu'en penses-tu?
- Oui, tu as raison. Mais, pourquoi pas un mélange des deux?
- Unir plutôt qu'opposer ? Quelle belle manière de philosopher, ce serait...
Silence, puis :
- ...Mais, j’y pense, Socrate, ne viens-tu pas de dire que les Athéniens étaient des ignorants ? Alors pourquoi voudrais-tu établir un dialogue avec eux ? Après tout, s'ils ne sont-ils pas capables d'apprendre...
- Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Pour moi, tous les hommes détiennent la capacité de pouvoir participer aux dialogues que je souhaite instaurer. Qu'ils soient prêtres ou gens de peu, politiques ou notables, chacun d'eux peut se perfectionner, apprendre à se connaître eux-même... Et, ajouta-t-il, des fausses idées de l'homme, crois-moi Daimon, plus jamais nous ne parlerons.
- Oui, mais, même les sots?
- Même les sots, Daimon. Fais-nous confiance! Ou plutôt porte ta confiance en l'homme.
- Et en la femme?...
1. La réponse était : qu’ils ne connaissent ni le juste ni le vrai.
2. La réponse était : par un mélange de maïeutique et d'ironie.
La maïeutique existait déjà depuis quelques dizaines d'années.
3. La réponse était : la vérité en se fixant uniquement sur tout ce qui est connu pour su.
La vérité doit coller avec la réalité. Les réalités de ceux qui savent.
4. La réponse était : parce qu’il veut que son interlocuteur s'étonne de son savoir et se délivre de ses idées fausses.
Socrate n'était pas une personne prétentieuse. Il disait d'ailleurs de lui qu’il ne savait rien. Il ne voulait qu'éveiller les Athéniens à eux-même, à ce qu’il était sûr qu’ils savaient au fond d'eux-même sans s'en rendre compte (de mettre son savoir à l'épreuve, en somme.à En conclusion, tout ce qui intéressait Socrate, c’était de faire table rase du savoir que l'homme croyait détenir et surtout de faire en sorte qu’il se remette en question.
5. La réponse était : pour que les Athéniens se révèlent à eux-même.
Socrate est un missionnaire (mais non, ce n’est pas un homme d'église...^^ ...Ce que je veux dire, c’est qu’il pense avoir une mission).
Mieux! il se veut médiateur et missionnaire. Tout au long de ses promenades, il persuade, il bouscule! En un mot, Socrate "dérange"... Mais il ne dérange pas les hommes pour les embêter. Non, il le fait uniquement dans le but qu’ils finissent par se connaître eux-mêmes (nous y reviendrons encore et encore...^^ ).
Parfois de la perplexité, son interlocuteur passera par l'étonnement. Parfois de son questionnement, naîtra l'intelligence et de l'intelligence éclora l'exigence d'un savoir. Oui, un peu comme on inocule une maladie pour créer un vaccin, l'Autre en se reconnaissant "intelligent" aura subitement envie de comprendre, de connaître.