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Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/classifiant

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Raoul de La Grasserie propose également un genre classifiant, en se référant expressément à ce que font les langues bantous[1], à savoir répartir les référents, ici les noms, selon des propriétés attribuées aux référés, ici les objets désignés : aspect, utilité, etc. Ce genre fournie donc un complémentaire au genre caractérisant précédemment exposé sur le plan de l’analyse référentiel.

Bien que pour rester proche de l’usage, cette recherche maintien une section dédiée pour les genres faisant référence au trait de la sexualité dans un catégorie de premier niveau, il est évident que le genre classifiant pourrait répertorier un sous-genre sexuel, dont le commun, l’épicène, le féminin, le masculin et le mixte formeraient des sous-sous-genre. Et parmi ces genres de troisième niveau, à la suite de Louise-Laurence Larivière il faudrait encore distinguer[2][3] :

  • les noms monosexués, eux-mêmes à subdiviser entre :
    • noms monogenrés à formes distinctes lorsqu’ils pourvoient une forme distincte pour chacun des sexes : une femme et un homme ;
    • noms monogenrés à suffixes distincts, lorsqu’ils sont formés sur une base commune à laquelle est adjointe un suffixe distinct pour chacun des sexes : une amoureuse et un amoureux ;
  • les noms bisexués ou polysexués dont la forme représente deux ou plusieurs sexes, eux-mêmes à subdiviser entre :
    • les noms multigenrés absolutifs[N 1], lorsqu’ils qui ont une seule forme susceptible de ne prendre qu'un seul genre : un individu, une personne ;
    • les noms multigenrés relatifs, lorsqu’ils qui ont une seule forme susceptible de prendre divers genres selon les circonstances : la pianiste ou le pianiste.

L’analyse qu’elle fournie propose un degré de finesse et de classification qui va même encore au-delà en explicitant pas moins de neuf classes sémantiques distinctes pour les noms s’appliquant à des personnes :

Représentation des noms communs de personnes à l'intérieur de classes sémantiques
Classe sémantique Typologie morphologique Description Caractérisation Exemples
Sexualisante Noms monogenrés absolutifs Noms connotativement neutres ou positifs qui ne s'adressent qu'à des femmes. Ces noms sont coutumièrement[N 2] propres à un sexe, généralement par le fait qu’ils soient par définition liés à des caractéristiques biologiques ou excluant socialement sur cette base. féminin :amazone, lesbienne, nonne, nourrice, parturiente

masculin : contralto

Noms connotativement neutres ou positifs qui ne s'adressent qu'à des hommes. féminin : basse chantante

masculin : archevêque, baryton, cardinal, castrat, curé, eunuque, évêque, pédéraste, ténor, vicaire

Noms péjoratifs qui ne s'adressent qu'à des femmes. Ces termes dénotent péjorativement un trait jugé méprisable vis à vis du stéréotype normatif qui le sous-tend. Ils se construisent donc sur une idée de déviance vis-à-vis d’un individu idéal au regard de cette norme sur divers plans : croyance, esthétique, tempérament, religion, sexualité… féminin : cahba, charmouta, garce, gaupe, gouine, gourgandine, morue, putain, sorcière, truie

masculin : bas-bleu, laideron, lorpidon, souillon, tendron, thon, trottin

Noms péjoratifs qui ne s'adressent  qu'à des hommes féminin : frappe, gestapette, gouape, lopette, tantouzeta, pette

masculin : pédé, zemel

Noms monogenrés par bases distinctes Noms inhérents au sexe. Termes pour lesquels il existe un correspondant pour chaque genre, sans que ceux-ci soient morphologiquement associables en synchronie. commère et compère,

confrère et consœur,

dame et seigneur,

femelle et mâle,

femme et homme,

fille et garçon,

fillette et garçonnet,

jeune fille et jeune homme,

madame et monsieur

Parentélaire Noms relatifs aux liens de parenté ou de lignage. Termes pour lesquels il existe un correspondant pour chaque genre, sans que ceux-ci soient morphologiquement associables en synchronie. bru et gendre,

femme et mari,

fille et fils,

frère et sœur,

grand-mère et grand-père

maman et papa,

marraine et parrain,

mère et père,

neveu et nièce,

oncle et tante

Noms monogenrés par suffixes distincts Déclinable dans chaque genre par une alternance morphologique manifeste. aïeul et aïeule,

cousin et cousine,

épouse et époux,

orphelin et orpheline

Occupationnelle Noms monogenrés à suffixes distincts Noms qualifiant les personnes exerçant un métier ou une profession. Déclinable dans chaque genre par une alternance morphologique manifeste. abatteur et abatteuse,

avocat et avocate,

banquier et banquière,

barman et barmaid,

habilleur et habilleuse,

jazzman et jazzwoman[N 3],

laborantin et laborantine,

recteur et rectrice,

zootechnicien et zootechnicienne

Noms multigenrés relatifs Seules les éléments satellites employé conjointement à ces noms, comme un déterminant ou un adjectif, peuvent potentiellement en expliciter le genre référentiel sexualisant. architecte, bibliothécaire, cinéaste, diplomate, ecclésiastique, flexographe, géologue, héroïnomane, interne, jockey, juge, kinésithérapeute, lad, logopède, ministre, naturopathe, orfèvre, peintre, philosophe, pilote, queux[4], reporter[N 4], responsable, styliste, topographe, ventriloque, vétérinaire, vigile, webmestre, xylophoniste, yogi, zoologue[N 5]
Noms monogenrés par bases distinctes Cas le plus rare pour cette classe sémantique. Elle comprend notamment les noms composés où l’un des termes est porteur du trait sémantique femelle ou mâle. femme de chambre et vallet de chambre[5][6],

fille de salle et garçon de salle[7][8]

Rangique Noms monogenrés à suffixes distincts Noms relatifs à des grades ou titres employés dans des domaines sociaux divers : de fonctions, de noblesse, honorifiques, religieux, militairesg, universitairesg[N 6] Déclinable dans chaque genre par une alternance morphologique manifeste. doyen et doyennef,

comte et comtessen,

chevalier et chevalièreh,

moine et monialer,

amiral et amiralem,g,

bachelier et bachelièreu,g

Noms multigenrés relatifs Comme précédemment, en notant qu’il n’existe pas de titres de noblesse ni de titres religieux qui soit ainsi multigenrés. Seules les éléments satellites employé conjointement à ces noms, comme un déterminant ou un adjectif, peuvent potentiellement en expliciter le genre référentiel sexualisant. capitaine, chef[N 7], maître ès arts
Gentiléenne Noms monogenrés à suffixes distincts Noms désignants des gentilés[N 8]. Déclinable dans chaque genre par une alternance morphologique manifeste. Danois et Danoise
Noms multigenrés relatifs Seules les éléments satellites employé conjointement à ces noms, comme un déterminant ou un adjectif, peuvent potentiellement en expliciter le genre référentiel sexualisant. Belge
Qualitativo-statutaire Noms monogenrés à suffixes distincts noms de qualité,

bonnes et mauvaises, ou d'état

Déclinable dans chaque genre par une alternance morphologique manifeste. sain, saine
Noms multigenrés relatifs Comme précédemment, y compris les sacres substantivés. Seules les éléments satellites employé conjointement à ces noms, comme un déterminant ou un adjectif, peuvent potentiellement en expliciter le genre référentiel sexualisant. sans-abri, tabarnac
Générique Noms multigenrés absolutifs Noms qui réfèrent à des personnes indépendamment du sexe sous un unique genre entier. Aucune distinction morphologique dans l’emploi coutumier des termes, même lorsque des syntagmes juxtaposés renseignent sur l’attribution d’un genre quelconque. Coutumièrement féminin :

autorité, connaissance, caution, créature, dupe, notabilité, ouailles, personnalité, personne, relation, victime

Coutumièrement masculin :

ange, ascendant, descendant, être, individu, gens, parent

Métonymique Noms qui ont changé de désignation, référant initialement à une chose, pour en venir à référer à une personne. Coutumièrement féminin :

estafette, étoile, figure, ordonnance, recrue, sentinelle, star, vedette, vigie, Son Altesse, Son Éminence, Son Excellence,

Sa Grâce, Sa Grandeur, Sa Majesté,

Sa Sainteté

Coutumièrement masculin :

as, génie, modèle, phénix, quartier-maître, Son Honneur, Votre Honneur;

Péjorative Noms qui constituent généralement des insultes et tout au moins connotant un trait dépréciatif ou négatif dans leur désignation initiale[N 9]. Coutumièrement féminin :

andouille, brute, canaille, crapule, fripouille, mauviette, sainte nitouche

Coutumièrement masculin :

assassin, bandit, brigand, charlatan, despote, escroc, filou, goinfre, monstre, saligaud, voyou

Pour aller plus loin, il sera pertinent de consulter les références afférentes notamment sur le sujet du genre dans les noms de métiers[9][10][11][12][13][14][15][16].


  1. H. Beaunis, « De la Grasserie De l'expression de l'idée de sexualité dans le langage », L'Année psychologique, vol. 11, no  1, 1904, p. 641–643 [texte intégral (page consultée le 2021-07-03)]
  2. Louise-L. Larivière, « Typologie des noms communs de personne et féminisation linguistique », Revue québécoise de linguistique, vol. 29, no  2, 2001, p. 15–31 (ISSN 0710-0167 et ISSN 1705-4591) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-04)]
  3. « La féminisation linguistique », sur www.cybersolidaires.org (consulté le 4 août 2021)
  4. « Lexique des métiers anciens - lettre Q — Geneawiki », sur fr.geneawiki.com (consulté le 8 août 2021)
  5. « Liste de 2000 noms au masculin et au féminin | VD.CH », sur www.vd.ch (consulté le 8 août 2021)
  6. « VALET/FEMME DE CHAMBRE chez Mercure Luxembourg Kikuoka à Canach », sur Moovijob.com (consulté le 8 août 2021)
  7. « FILLE ET GARCON DE SALLE », sur accueil (consulté le 8 août 2021)
  8. « Offre d'emploi Burkina Faso : Garçon ou une Fille de salle - Banfora », sur www.emploiburkina.com (consulté le 8 août 2021)
  9. Marie-Anne Paveau, « La féminisation des noms de métiers : résistances sociales et solutions linguistiques », Le français aujourd'hui, vol. 136, no  1, 2002, p. 121 (ISSN 0184-7732 et ISSN 2107-0857) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-08)]
  10. La féminisation des noms de métiers, Académie de Montpellier — Cercle d’études Langue, 1 février 2021
  11. Michèle LENOBLE-PINSON, « Mettre au féminin les noms de métier : résistances culturelles et sociolinguistiques », Le français aujourd'hui, vol. 163, no  4, 2008, p. 73 (ISSN 0184-7732 et ISSN 2107-0857) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-08-08)]
  12. « Banque de dépannage linguistique - Les noms épicènes », sur bdl.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le 8 août 2021)
  13. Femme, j’écris ton nom… – Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions, 1999, Bernard CERQUIGLINI, Anne-Marie BECQUER, Nicole CHOLEWKA, Martine COUTIER, Marie-Josèphe MATHIEU, Josette FRÉCHER, centre national de la recherche scientifique institut national de la langue française
  14. Mettre au fémininguide de féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre, 3e édition, Marie-Louise Moreau et Anne Dister, 2014
  15. Colette Grinevald, « Typologie des systèmes de classification nominale », Faits de langues, vol. 7, no  14, 1999, p. 101–122 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-14)]
  16. Alexandre François, « L'illusion des classificateurs », Faits de langues, vol. 7, no  14, 1999, p. 165–175 [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2021-12-14)]
  1. Ici la terminologie s’écarte de celle employée de Louise-Laurence qui parle de noms epicènes bigenrés et de noms épicènes monogenrés. Par soucis de généricité et de traitement séparé des cas épicène, ces termes n’ont pas été repris ici.
  2. Dans cette recherche le terme coutumièrement est préféré à uniquement, car en pratique il est rare que des exceptions n’existe aucunement, furent-elles des hapax issus de lapsus.
  3. Le fait de classer ce type d’alternance dans la simple suffixation est discutable, dans la mesure ou man et woman représentent des mots autonomes, tout au moins en anglais, contrairement aux autres morphes utilisés pour ce type d’alternance.
  4. Le terme reportrice, strictement féminin, est cependant également en usage. Le même phénomène s’observe sur la plupart des emprunts à l’anglais avec suffixe en -er qui sont a priori utilisable aussi bien au féminin qu’au masculin. Des variantes avec des suffixes féminisant variés sont cependant souvent employés par example hacker est alterné en hackeuse. L’alternance peut aller plus loins, comme dans le cas de webmaster alterné en webmistress.
  5. Cette liste non exhaustive démontre que cette classe sémantique couvre un emploi varié, avec des termes de A à Z et des terminaisons hétérogènes.
  6. Les g en exposant indique les cas où des grades sont opérants, dans les exemples ci-après en exposant est donné l’initiale de chacune des catégories correspondantes
  7. L’emploi de cheffe et cheffesse est cependant attesté.
  8. L’étude précise que même si ces noms sont considérés comme des noms propres dans les grammaires, parce que, contrairement aux autres noms propres, ces noms connaissent la variation en genre et font partie de la nomenclature des dictionnaires généraux de langue.
  9. Ce trait peut éventuellement s’estomper ou se renverser. Ainsi un monstre sacré désigne une personne dont l’immense talent peut paraître presque anormal, et que peu de gens oseraient critiquer, et l’aspect péjoratif y sert seulement à figurer une éloge d’autant plus révérencieuse qu’elle contraste avec la profonde aversion dont elle se démarque.