Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/-reuss-, -reuf-

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L'argot n'opère pas ici un simple renversement de sœur et frère.

De son côté frère passe d'abord par la métathèse primordiale du verlan et se voit renversé en reufré, et continue sa transformation métaplasmique par une apocope qui le tronque en reuf.

Pour sa part sœur passe d'abord sans trop de surprise par le renversement des consonnes extrêmales. Cette première transformation conduit à rœus, qui est parfois employé en l'état[1]. Cette forme peut cependant n'être qu'intermédiaire, et le verlan opère une substitution simplificatrice du -œu- vers -eu-, qui n'a pas de motivation phonétique, et dérive possiblement de l'influence de keuf, meuf, peuf, reuf, seuf et teuf. À noter d'ailleurs que l'existente de seuf comme verlan de fesse réfrène la possibilité d'employer ce même terme comme mutation générique de sœur. La gémination du s maintenant final pour rendre compte de son caractère prononcée en aboutissant à reuss n'est pas tout à fait unique puisqu'elle apparaît aussi dans keuss, verlan de sec. D'ailleurs cette même influence du rendu phonétique fournie la graphie alternative reusse.

L'isonèphe est proposé ici par calque analogique des transformations opérées sur reuss et reuf, en partant du terme adelphe (/a.dɛlf/). Un renversement simple conduit à /dɛl.fa/, qui pourra être grafié delpha ou dans plus dans l'esprit de la crypto-simplification argotique delfa. Pour le rapprocher un peu plus de ses pairs monosyllabiques une apocope triviale en delf est possible, auquel l'absence de collision lexicale laisse toute latitude à l'influence de keuf, meuf, peuf, reuf et teuf qui charriera donc plutôt vers deuf.

  1. Henri Boyer, « Le français des jeunes vécu/ vu par les étudiants. Enquêtes à Montpellier, Paris, Lille », Langage et société, vol. 95, no  1, 2001, p. 75–87 (ISSN 0181-4095) [texte intégral lien DOI (pages consultées le 2024-04-30)]