Recherche:Sur l’extension des genres grammaticaux en français/⟨issu du latin testimonium⟩
Dans le corpus considéré le latin testimonium débouche sur les désignations ambigus témointe et témoigne et témoignesse ainsi que l'équivoque témoin qui est l'unique alternance aux précédentes.
Réflexions paradigmatiques
[modifier | modifier le wikicode]Dans le corpus considéré, l'alternance de -ointe ou -oigne ou -oignesse avec -oin ne concerne que témointe ou témoigne ou témoignesse avec témoin[1]. De plus témoin est généralement considéré utilisable pour désigner tant des individus femelles que mâles, tout en restant au genre équivoque :
Cette lapine, rescapée de l’élevage intensif, est un témoin oculaire de l’éternel Treblinka contenporain[2].
Toutefois, même là son emploi en ambigu est parfois préféré pour désigné des individus femelles, notamment dans le cas d'êtres humains :
La doyenne de l'humanité est une témoin privilégiée de l’histoire humaine.
La seule alternance où les dérivés ambigus de testimonium ne forment pas une alternance singulière paraît être celle de -ointe et -oint, qui se retrouve également dans adjointe, conjointe, ex-conjointe et maire-adjointe ou mairesse-adjointe ainsi que ointe. Même accointe, qui désigne une personne parente par alliance, se révèle haplogeste et ne connaît pas de pendant comme accoint. Du côté des adjectifs cointe répond bien à coint, mais seul le nom de famille Cointe fourni un nom homonyme. Les autres adjectifs qui corroborent cette alternance sont jointe et ointe.
Les autres termes en -ointe[N 1] et -oint[N 2], comme cache-pointe ou couvre-joint, ne désignent pas en première instance des être sexués, et dans le cas exceptionnel comme contre-pointe et contre-point ou les termes pourraient semblaient former un alternance, leurs sémantiques sont totalement différentes.
Étant donné l'origine latine testimonium dont dérive tous ces termes un suffixe isonèphe en -onium est tout trouvé. Le TLFi présente également des attestations anciennes pour les formes tesmoing, tesmoig, Tesmoing, tesmoins et tesmoings, avec des -s dû au pluriel pour les deux derniers[3]. De là d'autres formes peuvent être imaginées, comme témoingère avec une finale en -oingère à l'instar de foingère qui dérive du verbe foinger.
Une autre piste d'inspiration possible serait le oing, graisse de porc qui était utilisée pour graisser les essieux, qui dérive du latin unctum à l'instar de termes comme un onguent, une onction, une onctuosité, une ointe et un oint ainsi que l'adjectif onctueuse et onctueux. Cela pourrait par exemple conduire à une proposition comme témongue pour l'isonèphe. Cela étant l'étymon -monium issu du nom commun neutre mūnus n'a vraisemblablement jamais produit de dérivés comme -mongue.
En effet mūnus présente une palette de sens et de dérivés assez vaste. Il provient lui-même de l’indo-européen commun *mei-
: changer, échanger dont émanent aussi bien monnaie que mur ou mutation et même sentier[4][5][6][7]. Du côté sémantique mūnus convoie les sens suivant : devoir, office, emploi, fonction, tâche, service public, magistrature, obligation envers l'État, charge, service rendu, bienfait, grâce, faveur, derniers devoirs, honneurs suprêmes, funérailles, sépulture, présent, don, gratification, cadeau, offrande. Du côté des dérivés le français doit entre autres à mūnus : communauté, immunité, matrimoine, patrimoine et rémunération. Donc si la parenté à des termes employant -mon- est étymologiquement probante, elle ne justifie pas à elle seule un saut morphologique vers -mongue.
En revanche cet excursion diachronique fournie une justification solide pour un thélyphène comme témûne ou témûine, et un générique en témǫne ou témǫïne, ainsi que des formes inspirés par -mei-, comme témẽine ou témeìne. Il serait envisageable de proposer un terme comme témiẽne mais l'homophonie à t'es mienne paraît trop flagrante pour qu'elle soit retenue. Aussi et pour en plus préserver un dérivé de -mei- en faveur d'une autre alternance ce sont téméïne, témẽne et témìne qui sont proposées respectivement pour l'isonèphe, l'allophène et l'arrhénophène respectivement.
Références
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ « témoin », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
- ↑ « Un éternel Treblinka, de Charles Patterson | BLOG L214 », sur blog.l214.com (consulté le 22 février 2023)
- ↑ « TÉMOIN : Etymologie de TÉMOIN », sur www.cnrtl.fr (consulté le 6 juin 2024)
- ↑ « munus », dans Wiktionnaire, le dictionnaire libre, (lire en ligne)
- ↑ (en) « Reconstruction:Proto-Indo-European/mey- », dans Wiktionary, the free dictionary, (lire en ligne)
- ↑ (en) « muto », dans Wiktionary, the free dictionary, (lire en ligne)
- ↑ « semitarius », dans Wiktionnaire, le dictionnaire libre, (lire en ligne)
Notes
[modifier | modifier le wikicode]- ↑ Ce qui comprend notamment accointe, adjointe, cache-pointe, chasse-pointe, cherche-pointe, Cointe, conjointe, contre-pointe, courte-pointe, courtepointe, demi-pointe, hyperpointe, pointe, pousse-pointe, témointe, tire-pointe, trépointe.
- ↑ Ce qui comprend notamment adjoint, appoint, arrière-point, bipoint, checkpoint, colourpoint, conjoint, contre-point, contrepoint, couche-point, couvre-joint, embonpoint, ex-conjoint, joint, joint, maire-adjoint, oint, point, pourpoint, PowerPoint, quadripoint, rond-point, rondpoint, serre-joint, serre-point, surpoint, tiers-point, tire-point, trackpoint, tripoint.