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Recherche:Recherche Responsable

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Colloque N°1 : Responsabilité et irresponsabilité des institutions

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w:Palais du Luxembourg, 15 rue de Vaugirard, Paris 6e

Présentation de la journée

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Mme w:Catherine Bourgain, chercheuse en génétique humaine et statistiques à l’w:INSERM; M. w:Pouria Amirshahi, directeur de w:Politis

Présentation du colloque "Responsabilité et irresponsabilité des institutions" - 6 avril 2018, Paris

Conférence introductive; Pourquoi ces colloques ?

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Regards croisés : M. Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan; M. Dominique Cellier, président de l’association Sciences Citoyennes; M. Pierre Calame, ancien directeur de la Fondation Charles Léopold Mayer;

Première conférence introductive du colloque "Responsabilité et irresponsabilité des institutions"

Deuxième conférence introductive du colloque "Responsabilité et irresponsabilité des institutions"

Troisième conférence introductive du colloque "Responsabilité et irresponsabilité des institutions"


La place des intérêts économiques dans la recherche

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M. w:Joseph Taradellas, professeur d’écotoxicologie à l’w:École polytechnique fédérale de Lausanne ; M. w:Thomas Lamarche, professeur d’économie à l’w:Université Paris-Diderot

(1/2) La place des intérêts économiques dans la recherche

(2/2) La place des intérêts économiques dans la recherche


Justice et injustice cognitive

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Mme w:Florence Piron, anthropologue et éthicienne, professeure à l’w:Université Laval au Québec.

Les savoirs exclus pour les choix scientifiques et techniques

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M. Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, chercheur au CNRS

La production des inégalités dans la nouvelle économie politique de la recherche

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M. Francis Chateauraynaud, sociologue, directeur d’études à l’EHESS

Excellence scientifique et irresponsabilité sociale

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M. w:Arnaud St Martin, sociologue des sciences et techniques, chargé de recherche au CNRS; M. w:Bruno Andreotti, physicien, professeur à l’université Paris-Diderot; Mme w:Heidi Charvin, maître de conférence en neurosciences cognitives différentielles à l’w:Université de Rouen

(1/3) Excellence scientifique et irresponsabilité sociale


(2/3) Excellence scientifique et irresponsabilité sociale


(3/3) Excellence scientifique et irresponsabilité sociale

Synthèse de la journée

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Mme Catherine Bourgain, chercheuse en génétique humaine et statistiques à l’INSERM

Colloque N°2 : Responsabilité et pratiques des chercheurs

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Présentation de la journée

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29 mai 2018, à l'EHESS, Paris.

Conférence introductive : Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités

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(1/3) Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités

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Mme w:Isabelle Attard, chercheuse, directrice de musée et femme politique française;

(Transcription à relire, et poursuivre de "wikifier" et "hyperlinker".)

Bonjour tout le monde. Est ce que vous m'entendez bien d'abord ?

Tout d'abord, merci à l'association citoyenne pour cette invitation à participer à ce deuxième colloque. Je n'ai pas eu la chance d'assister au premier, mais je sais que j'avais quelques collègues qui étaient et j'ai bien pu lire le résumé.

Je sais pas si j'ai tout à fait ma place ici aujourd'hui mais en tout cas je voulais vous faire part d'un ressenti, d'une expérience de quelqu'un qui a la double casquette de chercheur et de député pendant cinq ans. Parce que d'être de des deux côtés du de cette de ce monde politique entre évidemment le la recherche et puis l'assemblée nationale est très intéressant à vivre de l'intérieur. Chercheurs parce que j'appartenais à l'école doctorale du muséum national d'histoire naturelle à Paris et que j'ai pu voir donc pendant pas mal d'années les difficultés de mon propre labo, qui ressemble aux difficultés des autres labos. Je pense pas qu'il y avait énormément de différences entre tout le temps passé par mon directeur de recherche pour trouver des fonds que ce soit pour payer juste le fonctionnement du labo en papier toilette ou bien pour que les étudiants puissent partir à l'étranger mener leur mission. Bref, une expérience assez forte de cette précarité de recherche et puis ensuite une rentrée dans le grand bain de l'assemblée.

Je vais pas rentrer dans (reprise de la phrase) Je ne vais pas vous faire un résumé des cinq ans. Je voulais juste vous dire à quel point c'était (reprise de la phrase rep.) ça n'a pas été forcément très simple, parce que je me suis senti investie d'une certaine mission, arrivait à l'assemblée, puisque je connaissais le milieu de la recherche, je me devais de le défendre. Je me suis donc retrouvée chef de file du projet de loi Enseignement Supérieur et Recherche en 2013, le projet de loi Fioraso, chef de file pour le groupe écologiste. Et j'ai pu soutenir tous ceux qui étaient en lutte à ce moment là : faire des auditions, écouter le maximum de personnes, faire un vrai travail finalement d'élue, en écoutant le maximum de points de vue différents. Sauf que je me suis bien rendue compte que je n'entendais pas tout le monde et que ce n'était pas du tout un réflexe de la part du milieu de la recherche d'aller vers le politique pour exprimer des besoins ou simplement exprimer son point de vue. Je me suis bien rendu compte que j'avais vu que une très faible proportion d'entre vous et qui n'avait qu'une image très partielle de la réalité.

Et puis je me suis surtout rendu compte dans les années qui ont suivi dans les mois qui ont suivi même, ça a été assez assez rapide, d'une immense résignation. Alors justement on est là pour en parler tous ensemble, dont vous pouvez me dire si je me suis je me suis trompé ou pas mais, j'ai senti dans mes (rep) avec mes propres amis chercheurs, le fait de baisser les bras et de se dire "bon ben voilà c'est comme ça" "on n'arrivera pas à avoir plus de financements, on n'arrivera pas avoir plus de postes de chercheurs ou d'enseignants chercheurs". On admet les choses. On encaisse le choc, c'est surtout ça, on encaisse le choc et on essaie de continuer à travailler comme avant avec les moyens qu'on a même s'ils sont moins qu'avant. Et c'est très difficile à vivre, quand vous battez pour des personnes, pour des institutions, pour l'univers de la recherche, parce que vous y croyez profondément, c'est très difficile à vivre le fait que en face de vous, ceux pour qui vous vous battez finalement ont baissé les bras. Et je le comprends, je peux absolument pas le reprocher, parce qu'il n'y a rien finalement pour rester, il y avait rien pour rester optimiste ou pour croire en des avenirs meilleurs. Donc c'est délicat, voilà cette double casquette, c'était absolument pas évidente.

Mais en même temps, j'aurais aimé aussi avoir ce soutien, avoir un groupe soudé en face de moi, avoir des chercheurs qui vont au charbon, c'est-à-dire qu'ils vont chercher les élus, qui donnent leur point de vue même quand on leur demande pas. Alors c'est peut-être pas quelque chose de très habituel, mais de la même façon que en tant que député vous avez besoin d'avoir des informations et vous aller puiser dans les articles scientifiques pour en avoir, pour vous forger votre opinion, j'aurais aimé peut-être que instinctivement des chercheurs viennent nous voir dès que l'actualité parlait d'un sujet où ils avaient leur mot à dire. Et ça je n'ai pas eu la sensation que c'était vraiment un réflexe : "d'aller donner votre avis même quand on vous le demande pas (de façon ... enfin ...) d'entrée de jeu".

Et puis il y a un autre autre sujet c'est ... Aude nous a fait parvenir une invitation, ... enfin une information sur un autre colloque qui s'appelle "Les élus aiment-ils la démocratie ?". Vous allez comprendre pourquoi je vous en parle. J'ai trouvé ce titre génial parce que je me suis posé la question pendant cinq ans aussi. "Est-ce que les élus aiment la démocratie ?" Mais on pourrait imaginer poser la question d'une autre façon en disant "Les élus ont-ils envie de partager le pouvoir ?" Je pense que la clé, la vraie question, elle est là. Et la question que je vous retourne c'est : "Les chercheurs ont-ils envie de partager le savoir ?" Je pense qu'il y a deux facettes, il y a deux faces du miroir et que on peut se poser cette question là "Est-ce que les chercheurs ont envie de partager le savoir ?"

Moi je crois que oui. Mais je suis pas persuadé que tout le monde soit sur la même ... sur la même longueur d'onde. Et je pense que (vous) "on doit partager", parce que je suis comme vous assez fervente d'éducation populaire. Et je pense (que cette et) que la science, le savoir, doit être partagé et que nous sommes (dans un) dans une phase aujourd'hui, dans notre pays, de dépolitisation. Alors quand je parle de politique et de politisation, je parle pas de politique politicienne et de jeux de couloir et de (de) places etc. et d'élections. Je parle de politique au sens de prendre sa place dans les questions de la cité. Et je pense qu'aujourd'hui nous sommes dans une situation, dans notre pays où il y a une dépolitisation majeure. Et où pour inverser les choses, c'est tous ensemble que nous devons nous y mettre. Parce que je ne vois pas comment les élus seuls vont pouvoir changer les choses. Surtout pas je ne pense pas que les chercheurs seuls puissent y arriver. Je ne pense pas non plus que les enseignants seuls où les parents seuls puissent y arriver non plus. Alors on n'est peut-être pas encore au niveau du film "Idiocracy", mais je vous jure que quand on le regarde on peut avoir des sueurs froides.

Ça c'est pour la partie partage. Et je terminerai par (le) parler des lanceurs d'alertes, tout à l'heure, et (des) du rôle de sciences citoyennes dans finalement l'interpellation des politiques. Moi j'aurais aimé, là c'est (une ...) peut-être un regret, j'aurais aimé par exemple que l'année dernière au moment des élections législatives comme pour w:Anticor qui faisait signer une charte d'engagement aux candidats pour vérifier, enfin pour leur demander, d'avoir des valeurs, de défendre des choses éthiques, contre le cumul des mandats contre la corruption etc. J'aurais presque aimé être sollicitée par la science, par le monde des chercheurs avec des revendications fortes et que vous puissiez demander à chaque candidat : "voilà est-ce que vous vous engagez pour telle et telle chose", pour le fait que la finance n'entre pas dans la recherche, que l'on ne se bat pas uniquement pour trouver des investissements mais qu'on puisse retrouver notre (notre raison) d'être à nous chercheurs, que vous interpelliez les candidats, que vous puissiez faire une liste ensuite de tous ceux qui s'étaient engagés et de vérifier ensuite s'ils tenaient leurs engagements et pouvoir les solliciter à nouveau et d'avoir ce jeu de retours, d'allers-retours, finalement entre la politique et la science. Je n'ai pas eu les gens et je le regrette. Je le regrette vraiment mais je pense que c'est pas trop tard. Il y aura (y aura) d'autres élections, il y aura d'autres (autre) enjeu politique au niveau national ou régional ou même local et je vous encourage à le faire. Voilà merci.

Applaudissements

Proposition de prolongements

Recherche:ANTICOR-Recherche,

Quelles seraient les composantes d'une action telle que celle de l'association w:ANTICOR, cette fois-ci à destination du monde de la "Recherche", du ministère au mastorant en passant par tous les acteurs inclus dans la chaîne de ce travail ?

  • L'université repose pour sa gouvernance sur l’élection de nombreux conseils et responsables, aussi les modalités d'action d'ANTICOR me paraisse au premier abord comme réplicable sur ce terrain.
  • Au delà de l’action envers des "élus", quels devraient être les mécanismes à mettre en place à destination des "personnels" de la fonction publique, en particulier dans le cadre de l'enseignement supérieur et la recherche ? (Déclarations d'intérêts dans les "partenariats", avec examens de ces déclarations. Dépassement des mécanismes purement "déclaratifs" (audit)? etc.)

(2/3) Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités

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M. w:Fabrice Flipo, chercheur en philosophie, épistémologie et histoire des sciences et techniques à l’w:Université Paris 7;

Transcription (à relire et mettre un peu plus en forme au besoin)

On avait convenu que je reparte un petit peu de certains documents autour de la responsabilité des chercheurs, d'un certain nombre de documents qui ont été émis par les institutions ces derniers temps et qui tournent autour de l'éthique et de la responsabilité du chercheur. Alors j'en cite juste quelques uns, le rapport du CNRS qui est sorti en 2014 "Promouvoir une recherche intègre et responsable" voilà juste très rapidement (hein) pour planter un petit peu le décor de ce que dans les documents on appelle recherche responsable, au niveau du chercheur. Vous allez voir un petit peu le contenu c'est vite fait donc on a pour le guide du CNRS :

  • conduire une recherche responsable dans le traitement des données, le GDP notamment le règlement sur la gestion des données personnelles qui est mis en oeuvre actuellement
  • les recommandations en termes de publications
  • les remerciements
  • l'ordre pour les signataires d'une publication, c'est passionnant
  • les droits d'auteur
  • la propriété intellectuelle
  • l'égalité de traitement aussi dans le travail collectif des chercheurs
  • les discriminations
  • l'égalité professionnelle entre hommes et femmes
  • l'encadrement des doctorants
  • le travail collaboratif
  • la souffrance au travail

Qui sont toutes des questions extrêmement importante, mais vous apercevez assez rapidement, je continue un petit peu, qu'on parle pas véritablement du chercheur en société. C'est le chercheur dans le domaine, dans son activité de travail, c'est-à-dire sur le lieu de production, si on veut parler en sociologue du travail. C'est le chercheur sur son lieu de production et quelles sont les bonnes pratiques d'une certaine manière. Dont certaines sont tout à fait, (une bonne partie sont tout à fait) défendable. Je remets pas en cause quelles sont les bonnes pratiques en termes de production de la science. Et puis on a une toute petite partie dans ce guide là, mais c'est pareil dans le guide H2020 au niveau européen, on a une toute petite partie qui fait, deux pages sur les 30 à peu près que compte le document, qui sont :

  • les acteurs de la recherche face à la demande sociétale,
  • communication des lecteurs de la recherche avec les médias publics
  • et l'activité des expertises l'expertise face à une situation de crise, une page ;
  • protection des lanceurs d'alertes, même pas une page
  • et confit d'intérêt, pareil même pas une page.

Ensuite on a d'autres (d'autres) éléments sur les questions de fraude de plagiat de etc. etc. Quand on regarde le document H2020, c'est un peu la même chose en un petit peu plus court en termes de nombre de pages. Mais ça a trait principalement à l'éthique dans la production de la recherche et ça ne questionne pas la finalité de la recherche (hein). Et je pense que ça c'est un point tout à fait central que je voudrais souligner aujourd'hui. Alors quand on regarde les solutions qui sont depuis ... Je précise que je m'intéresse à l'écologie politique. Peut être ça utile de le ... ça n'a pas été dit dans la présentation depuis longtemps. Et que donc ce que je vais vous dire, c'est tirer de tout ce que j'ai pu observer, des débats autour des OGM, du climat, de toutes ces questions dites de développement durable sur lesquels je fais des courts depuis 20 ans à peu près et sur lesquels j'avais pas mal publiées. Donc c'est tirer de ça. On s'aperçoit que il y à 3, disons, attitudes dominantes (hein) des chercheurs par rapport à la société. La première c'est de dire eh bien nous notre employeur c'est l'état. Donc on communique principalement avec l'état. Ce qui explique qu'on n'aille pas chercher les politiques, par rapport à ce qui a été dit tout à l'heure. L'employeur immédiat c'est pas les politiques c'est l'état. La deuxième attitude c'est : "c'est l'industrie". Et comme je suis a "Mine télécom", je peux vous dire que l'industrie est extrêmement présente. Et voilà ça pose pas vraiment de problème. L'industrie est là parce que l'industrie a des problèmes et elle a besoin l'industrie de faire de la recherche pour savoir ce qu'il en est. Et il y a tout un tas de chercheurs qui ont des sujets, qui sont sur des sujets technico scientifique. Et bon, quand on pose les problèmes un peu différemment, ça les interpelle, mais ça leur fait pas forcément changer de trajectoire. Et c'est là dessus que je que je vais arriver. Et puis la troisième position, qu'on a vu beaucoup aussi notamment dans les manifs, sur et autour de la recherche chez c'est disons l'autogestion à c'est-à-dire les chercheurs vont gérer eux mêmes la recherche. Alors si on regarde donc d'un peu plus près ce qui ce qui fait que dans aucune des ces trois solutions finalement la société n'est invitée à participer. C'est la conclusion qui ressort. Il y a une hostilité un peu générale contre les sciences participatives, contre les sciences citoyennes, qui sont caricaturées, qui sont vues d'une manière un peu, disons méprisante. Je pense qu'on va avoir encore une fois une lecture de sociologie du travail et voir dans le fond qu'il s'agit d'un problème de comme on dit sur les questions de croissance et décroissance, il s'agit d'un problème de changement de la recette du gâteau, c'est-à-dire savoir qu'est-ce qu'on veut produire et que dans tout un tas de domaines, savoir ce qu'on veut produire est une question très difficile à poser sur le lieu de production. L'image la plus, disons, de légende un peu d'une certaine manière dans le domaine de l'écologie politique, c'est le "nucléaire socialiste" comme quoi la gestion ou l'autogestion du nucléaire changerait tout au nucléaire, une suivant certaines personnes, certains partis alors que d'autres du point de vue écologistes en général on considère que ça changerait rien de fondamental par rapport au risque nucléaire. Je pense qu'on retrouve en grande partie cette difficulté avec un ensemble de communautés de production, de savoirs, d'outils et de savoir. Qu'ils sont aussi donc comme c'est la production de savoir, des communautés qu'on peut appeler épistémique, qui vont avoir tendance à défendre l'outil de production parce qu'elle en dépendent. Et donc du coup on va avoir, ça c'est lié avec des disons, (un intérêt dans la journée précédente. Il a été évoqué la question de la justice cognitive. À, comment ça se fait que, c'est-à-dire, que on porte l'intérêt de la connaissance sur certains sujets et puis d'autres sujets sont invisibilisé. Si on regarde l'outil de production de la recherche on comprend quand même assez bien, à partir du moment où (je donne souvent l'exemple de l'inra mais on peut donner Mines Télécom aussi)... À partir du moment où il y a surtout des biologistes moléculaires et puis beaucoup d'agronomes, le projet enfin le problème, il va être cadré d'une certaine manière. Et ce n'est pas une question de simplement de financement par l'industrie comme on dit souvent "oui, oui, y'a des conflit d'intérêt parce qu'il y a des financements". Moi je pense que le problème principal est plutôt dans le cadrage cognitif. Et le cadrage cognitif formate les problèmes et fait qu'il y a tout un tas de problèmes, tout un tas de manières de chercher qui sont battu en brèche. Les mouvements actuels enfin ils ont la baisse des financements actuels, a plutôt tendance, me semble-t-il, à accentuer ça. Avec les gens vont se refermer plutôt sur leur communauté épistémique, en essayant de faire de la science aussi bonne que possible. Et la science aussi bonne que possible c'est : "aussi ancrée dans leur paradigme que possible". Et c'est tout ce qui est plus risqué, d'aller sur les bords des paradigmes, passer d'un paradigme à un autre paradigme, faire de l'inter-discipline, du pluri-disciplinaire. C'est plutôt ça qui va qui va être, disons, sacrifié en premier parce que c'est le plus risqué, c'est le moins défendables. Donc on va se replier sur ce qui est le moins critiquable. Mais ce qui est aussi le moins créatif, le moins ouvert, le plus (disons le plus) coeur de métier. Donc la solution, si on va mettre (...) Ça se répercute donc je veux pas être trop long non plus, mais ça se répercute évidemment sur l' expertise puisque à partir du moment où on invite un scientifique dans un rôle d'expertisé, à dire qu'est ce que c'est que l' expertise, et c'est un problème de décisions publiques, donc il y a j'ai une définition possible de l' expertise qui est des la norme nf mais j'utilise en cours et je trouve quand même, qui dit bien ce qu'elle veut dire c'est :

"Ensemble d'activités ayant pour objet de fournir à un client, qui peut être le politique, en réponse à une question posée, une interprétation, un avis ou une recommandation, aussi objectivement fondé que possible, élaboré partir les connaissances disponibles et de démonstrations accompagnées d'un jugement professionnel."

Bon on imagine très bien, que suivant le type de scientifiques et types de communautés épistémique mobilisé, on va avoir une expertise qui varient du tout au tout en suivant le cadrage. Et il est tentant que ce soit du côté du client, de choisir la bonne communauté épistémique : celle qui va donner raison à ce qu'on pensait déjà. Comme il est entendu, côté de l'expert, d'être sollicité, de passer à la télé, on en connaît tous parce que justement c'est le truc qui plaît, qui donne la réponse qu'on a envie d'entendre, il est - ... Tout ça est plus facile à défendre devant l'employeur que de dire : "non quand je suis sur un sujet qui est pas du tout à la mode et je suis marginalisés et tant mieux, mais c'est une question de recherche qui est vachement importante pour la société". C'est beaucoup plus difficile. Et je pense que c'est de ce côté là donc, ça rejoint à toutes ces questions de lanceurs d'alertes, mais je pense qu'il faut aller aussi peut-être plus loin et se rendre compte que pour (disons) "sauver la recherche", c'est un slogan, mais je crois vraiment pour la sauver il faut il faut l'ouvrir. C'est-à-dire arriver à faire participer les citoyens. Seuls les citoyens peuvent amener une (disons) une légitimité sur des cautionnements larges, qui ne soient pas liés à des intérêts immédiats, ni de communautés épistémiques, ni industrielles, ni de partis politiques, qui eux aussi ont leurs agendas, [citoyens qui ont] des questionnements qui sont beaucoup plus large, moins liés à des intérêts cognitif et donc plus susceptibles d'aller dans le sens de la justice cognitive. Je donne juste deux exemples peut-être pour finir. Parce qu'on parle beaucoup de techno science et de biologie physique, mais ça vaut pour les SHS. Vous savez qu'il y a un conflit très fort en économie. Notamment entre les orthodoxes et les hétérodoxes. C'est un exemple, faire entrer les citoyens là dedans serait vraiment un très bon, disons un allié évident pour les hétérodoxes, dans la mesure où si on prend l'exemple du climat, enfin les économistes ont verrouillé complètement le débat autour des taxes et des permis. Je ne sais pas si vous avez lu le bouquin d'Antonin Pottier "Comment les économistes réchauffe la planète" [1]. Mais c'est très en dessous de la réalité. Moi je suis le climat depuis 25 ans. Et c'est en dessous de la réalité, la capacité des économistes à verrouiller tout le débat politique autour de la question climatique est quand même assez hallucinante. Et ça vaut aussi, pour quand on parlait de justice cognitive, d'intérêt cognitive ... Vous savez peut-être, c'est juste des exemples mais c'est pour conclure, que le bouquin de Patrick Boucheron le "L'histoire globale de la France"[1]. "L'histoire la France dans le monde" a été un super succès. Donc c'est bien la preuve que quand on raconte quelque chose qui intéresse les gens(...). Mais le même Patrick Boucheron a été excessivement critiqué en interne non seulement parce qu'il n'a pas fait de l'histoire, "comme il fallait faire" mais en plus parce qu'il a eu du succès. Et je conclurai là dessus.

(3/3) Les rôles sociaux des chercheurs, mythes et réalités

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M. w:Léo Coutellec, chercheur en épistémologie et éthique des sciences contemporaines à l’w:Université Paris Sud

Merci. Merci pour l'invitation et merci pour les deux interventions précédentes.


Alors effectivement je vais finalement m'aligner sur (et ça marche ? bon c'est pas très fort est ce que ça va quand même sinon je parle plus fort alors)..

Je me suis appuyé effectivement pour ce petit propos, très préliminaires évidemment, sur un texte évident comme l'a fait Fabrice, le dernier rapport du COMET, du comité d'éthique du CNRS, que vous avez peut-être lu. Il s'agit pour le COMET de prendre part aux débats sur les fake-news où les vérités alternatives ou in-fox, ça dépend les termes effectivement, quand on lit ce rapport, qui cite beaucoup un sociologue en particulièrement, monsieur Grenet. Lorsqu'on lit ce rapport on est, enfin moi en tout cas je suis, interpellé par quelque chose qui me en tant qu'épistémologue, qui me saute aux yeux, c'est cette idée qu'il existe une communauté scientifique. Et qu'il faudrait la défendre. Face à quoi ? Face à des attaques de l'idéologie, de la morale, de la politique, des religions, des industriels... Et effectivement la voie préconisée pour défendre la communauté scientifique, cette entité ontologique, ça serait de mieux communiquer sur ce que fait cette communauté scientifique, de mieux expliquer. Parce que finalement il y aurait une incompréhension du public, des publics, sur ce qu'est vraiment la science. Et ses attaques sont principalement dus à cette ignorance de ce qu'est la communauté scientifique. Il me semble que si on part là dessus on va pas aller très loin sur des questions de responsabilité. Puisqu'il s'agit de la question d'aujourd'hui. Parce que (je voilà) je considère plutôt, moi en tant qu'épistémologue, que la communauté scientifique n'existe pas, que c'est une fiction. Oui il y a des institutions évidemment qu'ils peuvent la dire la représenter. Mais d'un point de vue des savoirs, moi je me situe vraiment au niveau des savoirs, et des connaissances scientifiques, dans la façon dont elles sont produites, de leur nature de leur portée et de leurs origines il n'y a pas de communauté scientifique. La communauté scientifique et un ensemble de fragments. Elle est fragmentée et il faut prôner la fragmentation de cette communauté, afin de se défaire de ce mythe de la défense ou de sauver la recherche ou de défendre la communauté scientifique. Il me semble que c'est une première étape pour essayer d'aller vers (vers) une précision de ce que pourrait être dans ce contexte de fragmentation l'idée d'une responsabilité du chercheur ou de responsabilité de la science. Alors de mon point de vue qui est très partielle et partiale et évidemment, moi je (je) préconise de prôner la fragmentation de la science pour une raison très précise qui est qu'elle est déjà fragmentée, réellement aujourd'hui, mais que le mythe de l'union, de l'homogénéité, le mythe finalement de la science une et indivisible, empêche de reconnaître son pluralisme constitutif. Et en principe lorsque on s'aventure sur cette question du pluralisme scientifique on met en avant le fait que "Bah Si ! La science et pluriel. Parce que vous voyez, il y a une pluralité de thématiques et une pluralité d'institutions et à une pluralité de discipline". Mais ce niveau-là, cette face visible de l'iceberg scientifique, ne suffit pas pour dire que la science est plurielle et reconnaître cette pluralité. Il faut descendre à des niveaux beaucoup plus bas et un peu (voilà) comme le préconise Fabrice effectivement et de voir comment la science se produit et qu'est ce qu'elle produit, (voilà) en termes de savoir et de connaissances. Donc par rapport à ça, moi je pars du principe que casser le mythe de la science une et indivisible de cette communauté scientifique à défendre face à l'obscurantisme et à l'ignorance d'un public dont on connaît pas d'ailleurs non plus la consistance, elle nous permet de dépasser les deux logiques que vous avez dénoncé à la fondation Sciences Citoyennes depuis de nombreuses années, qui sont les logiques de l'explication et les logiques de l'application. Évidemment, bon, on voit ça, on est OK là dessus. Mais pour aller vers quoi ? Donc effectivement, il y a des critiques sur les logiques participatives, il y a des critiques sur l'ensemble des relations que peuvent entretenir sciences et sociétés. Donc moi je préconise de la logique de l'implication. Bon, qui serait _ qui n'est pas du tout une région de la science, comme les sciences participatives mais qui serait _ ontologiquement (ce que) la façon dont on pourrait penser le rapport de responsabilité que la science entretient avec son environnement, avec son milieu. La logique de l'implication, si je pouvais la formuler en deux mots : c'est penser l'indissociabilité d'une réflexion scientifique et sociale et ou autrement dit d'une réflexion épistémologique et l'éthique. Et cette application, c'est finalement une lutte, faut le prendre vraiment comme un outil de lutte contre l'indifférence, (on en avait parlé). Parce que je crois que le pire des maux aujourd'hui de la recherche scientifique c'est l'indifférence.

  • L'indifférence aux conséquences. Ça a été dit ici. pour moi je l'appelle sa l'implication ontologique. La science produit des connaissances qui changent le monde. Et voilà, le chercheur effectivement a à s'intéresser aux conséquences, qu'elles soient prévisibles ou pas, à court terme et à long terme.
  • Une indifférence au pluralisme. Quand on dit la science est plurielle, Ah bah oui, il y a des disciplines, oui il y a des institutions, oui il y a des thèmes. Mais qu'il y ait des styles de raisonnement scientifique plurielle, qu'il y ait des méthodologies plurielles, qu 'il y ait des temporalités plurielles, qu'il y ait des ingrédients de la démarche scientifique pluriels, ça c'est pas accepté.
  • Et une indifférence face à ce que la science peut produire, créer, dans tout si on respectait vraiment ça cette pluralité de ses ingrédients
  • Et puis une indifférence au contexte. C'est ce que moi j'appelle l'implication axiologique. C'est-à-dire cette idée encore très présente que science et contexte sont deux choses séparées. Alors que évidemment la science influence énormément le contexte tout comme le contexte influence énormément la science. Et ici c'est la question de la place des valeurs dans la production des connaissances scientifiques, valeurs qui n'interviennent pas après lorsqu'il s'agit d'appliquer ou d'expliquer ou de dupliquer la science, mais valeurs qui sont constitutives de la façon dont on produit des connaissances.

Alors face à cette série d'indifférences, l'application peut être un moyen de lutte. Pourquoi ? Pour une lutte pour la reconnaissance, la reconnaissance dans la science de son pluralisme constitutif et donc c'est lutter ici contre toutes les formes de monisme[2] ou d'idéalisme scientifique selon lesquels effectivement il n'y aurait qu'une seule façon de faire de la science, il y aurait des disciplines maîtresses et des sous disciplines etc. Enfin toutes les choses que vous connaissez.

Mais pour préciser ici le moyen pratique et pragmatique de lutte contre cette indifférence au pluralisme, moi ce que je préconise c'est une démarche, une approche orientée objet. C'est-à-dire, c'est de défaire la suffisance disciplinaire. Parce que, je crois qu'aujourd'hui, c'est ce qui bloque.

  • Le climat n'est pas l'objet de la climatologie
  • le paysage n'est pas l'objet de l'écologie scientifique
  • l'obésité n'est pas l'objet de la diététique ou de "l'épidémio"
  • la maladie d’Alzheimer n'est pas l'objet de la neurologie

Quand on aura compris que les objets auxquels nous avons à faire ne sont pas des productions d'une discipline, une théorie... Je travaille beaucoup sur la maladie d’Alzheimer. Aujourd'hui la maladie d’Alzheimer est piégée en tant qu'objet au sein d'un paradigme théorique qui est l'hypothèse de la cascade amyloïdes. Et du coup toutes les pluralités disciplinaires stylistiques temporelles et méthodologiques qui pourraient faire en sorte qu'on comprenne mieux cet objet sont piégés dans cet objet qui est contraint et fort clos par un cadre théorique bien précis. Donc une reconnaissance du pluralisme scientifique demande en d'épistémologie de sortir d'une approche théorique théorico-centrée et ou disciplinairo-centrée pour aller vers une approche orientée objet. Je pense que ça, ça ouvre vraiment la science à la société. Parce qu'on va aller chercher précisément des fragments. Je suis pour une épistémologie des fragments.

Reconnaissance des savoirs pertinents et ici ça va rejoindre les questions d'éthique de la recherche. Reconnaissance des savoirs pertinent pour lutter contre l'indifférence notamment aux conséquences. Et ici il me semble qu' 'il faut distinguer, ce que ne font pas les rapports effectivement sur l'éthique de la recherche, robustesse méthodologie, pertinence sociale et légitimité politique. C'est-à-dire redéfinir les critères de qualité des connaissances. Lorsque l'on regarde aujourd'hui des études qui commence à essayer de faire des corrélations entre des scores de pertinence d'une connaissance pour l'action, par exemple la conservation des abeilles sauvages... Il y a une étude qui est sortie il y a deux ans là dessus. Lorsqu'on établit des scores de pertinence de connaissances qui sont produites sur la préservation des abeilles sauvages et qu'on essaie de les corréler avec l'Impact Factor (r) de revue qui ont vérifié, enfin, qui ont essayé d'apporter des preuves scientifiques à ses connaissances, on voit que la corrélation est très faible. Donc la robustesse méthodologique d'un cadre de publication bien précis n'est pas fortement corrélé (C'est pas décorrélé attention. C'est pas décorrélé mais c'est faiblement corrélé.) On pouvait s'attendre à que ça soit fortement corrélé puisque tout le système de reconnaissance académique est basé sur l'impact factor. Mais c'est faiblement corrélé au score de pertinence. C'est-à-dire à ce que ses connaissances pourraient apporter réellement pour une action précise ici d'importance, c'est quand même la conservation des abeilles sauvages, qui est un sujet éminemment important. Et enfin une reconnaissance des responsabilités de la science, pour ici concevoir des mécanismes de vigilance d' alerte et de réflexivité. J'insiste sur les trois termes les mécanismes d'alerte sont importants mais ils ne suffisent pas il faut absolument prenez aussi des mécanismes de réflexivité pour s'interroger sur les pratiques concrètes des scientifiques. Et là, ici moi ce que ce que j'essaye de défendre, en recherche et puis dans les actions c'est l'université Paris-Sud, Paris-Saclay, c'est une autre conception de l'éthique de la recherche, qu'effectivement la conception anglo-saxonne, qui a été sacralisée en France, dans les guides que tu as cité [Léo Coutellec faisant un geste en direction de Fabrice Flipo, intervenant précédant.] c'est-à-dire une éthique de la recherche essentiellement centrée sur l'intégrité du scientifique. Alors moi je crois beaucoup à l'intégrité scientifique. Je crois que toutes ces questions de publication, de plagiat, d'erreur de construction des données, sont très importantes et elles ont un lien direct avec la responsabilité sociale des sciences. Mais il faut que l'on arrive à penser une éthique de la recherche comme indissociabilité d'une réflexion on va dire communautaire même si effectivement cette communauté est éclatée, c'est-à-dire une réflexion sur l'intégrité scientifique d'un corps, d'un corps éclaté de pratiques scientifiques, une réflexion sur la responsabilité sociale des sciences et les deux ensemble pour faire une éthique de la recherche qui essayent évidemment d'avoir une approche réflexive sur les valeurs et les finalités de toute procédure, tout processus de production des connaissances scientifiques. Donc aujourd'hui je crois que les mouvements comme la fondation Sciences Citoyennes et globalement les mouvements critiques des sciences doivent s'emparer de cette question d'éthique de la recherche pour qu'elle ne soit pas kidnappée par l'approche anglo-saxonne de l'intégrité du scientifique et que l'on arrive à faire en sorte de penser l'éthique de la recherche comme quelque chose qui permet de composer entre des matériaux différents, qui sont : les matériaux de l'intégrité scientifique, globalement les principes et les normes ; les matériaux de la responsabilité sociale des sciences, globalement les conséquences et le contexte ; et les matériaux propres à proprement parler stricto sensu de l'éthique qui sont les valeurs et les finalités. Je pense qu'une éthique de la recherche qui composent entre normes, principes, valeurs, finalité, contexte et conséquences aujourd'hui dans une approche participative au sein de la science et dans ses interfaces avec la société est une approche à défendre. Et qui pourrait nous permettre, voilà, d'assumer peut-être mieux ses responsabilités que moi j'appelle épistémologique, que j'ai exposés précédemment voilà dix minutes. Je peux pas faire plus.

De quoi les scientifiques peuvent-ils être tenus pour responsables ?

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M. w:Jean-Marc Lévy-Leblond, physicien, essayiste, épistémologue, professeur émérite de l’w:Université de Nice

(à relire et mettre en forme)

Alors évidemment je ne vais pas répondre à cette question, mais je vais plutôt essayer de questionner la question elle-même sous deux ou trois de ses aspects. Je commencerai simplement par me poser la question "Que peut-on dire quand on parle de recherche responsable ?" puisque c'est le surtitre général.

Nous sommes tous bien conscients que c'est une expression un peu bizarroïdes dans la mesure où une activité à désigner de façon abstraite comme "la recherche" ne peut évidemment pas être responsable ni responsable. La responsabilité est une affaire de sujets. Il faut qu'il y ait un sujet qui dispose d'une relative autonomie, d'une relative liberté, pour qu'il puisse être considérée comme responsable. Donc parlons de responsabilité de la recherche, mais nous savons bien que ce que nous pensons par dessous c'est la responsabilité des chercheurs, de sujets individuels ou collectifs. Alors si on dit responsabilité des chercheurs, il me semble que là encore la formulation prête à confusion. La question, parce que je la trouve à la fois, trop large et trop restreinte.

Trop large, trop globale, parce que, et ça a déjà été évoqué par Léo Coutellec tout à l'heure, il n'y a pas d'homogénéité de ce qui serait une communauté de chercheurs. Il y a une collectivité. Ce qui n'est pas la même chose, mais il est une telle diversité au sens strict du terme diversité sociale, diversité d'intérêt, diversité de pouvoir, que il me semble que il serait tout à fait erroné de parler de la responsabilité des chercheurs en général, en mettant dans le même panier le jeune doctorant et le patron de labo qui au surplus exercent des responsabilités à la tête d'une institution. Et donc si effectivement on ne prend pas en compte cette extrême diversité des postures on arrive à quelque chose qui est très abstrait "la responsabilité des chercheurs en général". Ce qui à mon avis n'a pas grand sens dans la mesure où la grande majorité des chercheurs a si peu de liberté et d'autonomie, qu'on ne voit pas comment on pourra leur demander d'être responsables de ce qu'ils font. Vous ne pouvez être responsable que si vous avez une certaine marge de décision sur ce que vous faites ou ne faites pas d'ailleurs. Et quand vous voyez un jeune chercheur qui rentrent dans un laboratoire comme doctorant, le jeune chercheur, il a extrêmement peu de choix. Le seul choix qu'il a eu c'est-à-dire je vais faire de la recherche ou je vais pas en faire, mais une fois qu'il rentre dans un laboratoire ces sujets lui sont imposées, ce n'est pas lui qui maîtrise les financements, les modes d'organisation etc. Et donc, il y à là vrai risque que j'ai vu opéré moi sur des jeunes chercheurs quand on leur parle de cette thématique générale de responsabilité de la recherche, ils disent "Mais moi qu'est ce que tu veux que je fasse ? Je suis ... quel est mon degré de liberté dans ce monde là." Et il y a un risque auquel je crois que nous devrions être attentifs de culpabilisation, qu'il faut éviter. Tout à l'heure, moi j'étais un peu gêné d'entendre dans la bouche de Kévin Jean le mot de servitude. Parce que il est assez lourd, et trop lourd à mon avis, pour les _ ceux à qui je pense à ce moment _ pour les jeunes chercheurs en particulier. Alors ceci est d'autant plus vrai que les chercheurs à supposer qu'ils aient une certaine responsabilité quand il arrive à un certain niveau dans leur carrière n'ont de toute façon pas été ni formés ni évalués en fonction de la façon dont ils font face à leurs responsabilités et que c'est quelque chose qui leur tombe dessus ou pas, à un certain moment et qu'ils sont très peu préparés à affronter. C'est le premier point.

Le deuxième point c'est que quand on parle de responsabilité des chercheurs, c'est l'inverse. C'est que il me semble que le cadre est cette fois ci trop restreint. Parce que il identifie, c'est un sorte de tendance quasiment automatique de nos jours, il identifie la science et la recherche. Pour moi la science ça n'est pas seulement la recherche. Ce que je considère comme la science, pour autant qu'on puisse employer un mot aussi vagues, c'est à la fois la production du savoir, disons effectivement recherche, c'est sa production, mais c'est aussi son partage et c'est aussi sa mise en oeuvre. Et donc il me semble, on ne peut parler de responsabilité des scientifiques que si l'on considère que ce qui font de la science ne sont pas seulement des chercheurs mais sont aussi pour une partie d'entre eux, aussi, les enseignants, enseignants-chercheurs dans les universités, mais aussi enseignant de sciences dans le système éducatif. La science, je répète pour moi, c'est produire partager et appliquer le savoir. Et de ce point de vue là, on pourrait dire que d'une certaine façon les enseignants chercheurs _ limitons nous pour l'instant aux cadres universitaires _ ont peut-être une responsabilité plus grande que les chercheurs seuls, dans la mesure où ce sont eux les formateurs des futurs chercheurs et donc leurs carences, qui ne pas ne sont pas des carences individuelles mais qui sont les carences du système de formation, les grandes responsables de l'irresponsabilité de ceux qu'ils ont formé. Et il me semble qu'il y a là une grande responsabilité collective de la part surtout des enseignants chercheurs, quant au fait que la formation des scientifiques aujourd'hui est totalement décontextualisés. Rares sont les endroits où les jeunes chercheurs vont être exposés à un minimum, je dis bien minimum, d'histoire de leur discipline, d'économie, de sociologie, de politique de leur discipline. Comment s'étonner alors qu'ils soient si mal préparés à faire face à ce qu'on leur attribuerait comme responsabilité. Je ne peux pas m'empêcher ici de rappeler, parce que vu l'heureuse jeunesse d'un certain nombre de beaucoup d'entre vous et puisque nous sommes au cinquantenaire trop, trop, célébré de mai 68, il y a eu dans les années de l'immédiat après 68, pour ce qui nous concerne, au milieu il y a eu quelque chose de très important qui a ensuite disparu de l'agenda et qui était la chose suivante. C'était que le syndicat national de la recherche scientifique le SNCS et le syndicat national de l'enseignement supérieur qui à l'époque étaient sur, tous les deux, sur des lignes que on qualifierait aujourd'hui de gauchiste voir ultra gauchiste avait formulé une revendication commune, qui était celle du corps unique des enseignants et des chercheurs. Et moi je suis toujours resté attaché à cette idée là, parce que elle évite, c'est une des façons d'éviter, l'enfermement des chercheurs dans leurs seuls laboratoires, de le mettre en contact avec la réalité sociale beaucoup plus large qui sont 'ceux qui sont enseignés', les étudiants au premier chef et donc de leur donner une possibilité d'interactions sociales beaucoup plus grande qui du coup leur permettrait d'exercer une responsabilité plus efficace. Moi je reste très attaché à cette idée que le métier permanent et à plein temps de chercheur aujourd'hui a des effets pervers graves. Qu'il a remplit une fonction historique certes tout à fait importante dans les débuts de la seconde moitié du 20e siècle, mais aujourd'hui ses inconvénients l'emportent très largement sur ses avantages. Et d'ailleurs, il se passe quelque chose que je trouve _ alors je fais simplement d'une expérience personnelle auprès soit de mise anciens étudiants soient plus familial avec certains de mes petits enfants _ j'insiste à quelque chose qui me surprend beaucoup qui est pour ceux d'entre eux qui s'intéressent à la science qui sont motivés pour parce que c'est ça qui veulent faire de la chimie, de l'astronomie ou de l'informatique, celui que pour ma génération le but évident est le plus noble c'était de rentrer dans l'université dans la recherche et de faire ce travail là. Et bien aujourd'hui j'assiste au fait que cette valeur, cette valeur du savoir académique, savoir spéculatif de l'université est en chute libre. Il est en chute libre parce que cette idée que "Il n'y aurait rien de plus noble que de faire de la recherche pure est fondamentale", les jeunes gens d'aujourd'hui _ Alors je ne fait pas de statistiques je sais pas dans quelle mesure ces représentatif ou pas, mais _ nombre de jeunes gens d'aujourd'hui ne sont actuellement plus dupes de ce système de valeurs et on assiste à quelque chose de très étrange, c'est que un grand nombre d'entre eux finalement préfère aller dans le privé et dans l'industrie. Et de façon on pourrait dire cynique, mais moi je dis simplement réaliste, parce que de toute façon où ils savent _ que je parle même pas de la crise institutionnelle financière et organisationnelle du système académique mais _ ils savent que au fond ils ne sont pas plus libre pas plus autonomes pas plus maîtres de leurs décisions, en rentrant au CNRS que en étant recruté, je sais pas moi, chez google ou ou une firme de ce genre là. Presque au contraire, parce que pour ceux d'entre eux qui ont eu une bonne formation universitaire, sur des ingénieurs qui ont fait une grande école, leur liberté de choix professionnel est beaucoup plus grande. Ce sont des gens, d'abord ils sont mieux payés que s'ils rentraient au CNRS, ils peuvent aisément et moi je les vues sur certains de mes petits-fils, s'ils sont dans une boîte au bout de deux ans ils se sentent pas à l'aise, ils ont aucun problème pour changer, trouver un boulot ailleurs qui sera aussi bien payé. Et c'est quelque chose de tout à fait paradoxale pour ma génération de voir que c'est du côté de l'activité scientifique privé que il y a finalement peut-être plus de liberté de choix et moins d'illusions en même temps sur les questions de la responsabilité.

Pour terminer je dirai qu'il y a quelque chose qui me préoccupe. C'est que je me demande si parfois _ mais ça c'est l'âge qui conduit à ce pessimisme _ je me demande s'il n'est pas trop tard. Je vous le dis de la façon la plus brutale qui soit j'espère que tel n'est pas le cas et que vous démontrerez qu'il y a d'autres possibilités _ Ce que je veux dire par là, c'est que, le mot a déjà été prononcée, et tout le monde est d'accord là dessus, nous sommes passés de la science telle qu'elle a été conçue pendant mettons deux siècles à la techno-science, c'est-à-dire que le couplage entre la mise en œuvre du savoir et sa production est devenue tellement fort que il devient extrêmement difficile ne fût-ce que empiriquement quand vous rentrez dans un laboratoire de savoir si vous êtes un laboratoire de recherche fondamentale ou si vous êtes dans un laboratoire industriel. D'abord visuellement c'est pareil. Tout le monde est devant un écran. Donc ça se voit que c'est la même chose. Et la pratique y compris de la recherche qui se dit fondamentale, sauf rares exceptions et qui sont je crois en voie de, sinon disparition, du moins d'extinction et de minoration, la pratique de la recherche est gouvernée par des impératifs à court terme, qui sont liés à des financements sur contrats, à la compétitivité acharnée qu'il y a dans ce milieu là. Ce qui fait que il y a une, je crois un grand hiatus entre une conception implicite de la science, y compris dans les milieux scientifiques, comme cette noble activité de production d'un savoir non instrumentalisé, qui peut être plus tard trouvera des applications pour le progrès de l'humanité. Mais c'est pas comme ça que, ça n'est plus comme ça, que ça fonctionne. Il n'est pas du tout évident que il soit à court terme possible de faire marche arrière. Et pour forcer le trait et dire ça de façon un peu provoquante. Je crois qu'on peut très bien imaginer une société où biensur le mot science, le mot recherche, resteraient utilisé, en activité, mais revêtiraient une réalité extraordinairement différentes et où vu de loin _ Moi j'aimerais bien lire les ouvrages d'histoire des sciences dans trois siècles où on dirait "Bah, il y a quelque chose qui s'est arrêtée au tournant du xxème et xxième siècle"_ la science classique dans lequel avait émergé au début du 17ème avec cette idée qui d'ailleurs a mis un bon bout de temps avant de prendre forme que comme disait Bacon "savoir c'est pouvoir". Il le dit au début du XVIIe siècle, mais il faudra attendre la fin du 18ème pour que ça commence à être vrai. Ça a été à peu près vrai pendant deux siècles. Pendant deux siècles nous avons été capables à la fois de produire du savoir, de connaître le monde et d'agir sur lui. Aujourd'hui il me semble clair que l'action à court terme sur le monde l'emportent très largement sur notre capacité à le connaître. Il y a énormément de domaines où nous savons faire sans savoir pourquoi. En physique, je pourrais prendre la physique des matériaux par exemple où il y a des tas de matériaux nouveaux que l'on sait fabriquer. On ne comprend pas comment ils marchent. Je prendrais juste l'exemple de la supraconductivité à haute température misant en évidence il y a maintenant 20 sinon 30 ans. On comprend toujours pas comment ça fonctionne. Pas de bonne théorie de la chose. Bon, mais ça fait rien on fait. Et donc là l'application technique ne demande pas dans certains domaines des demandes de moins en moins une compréhension théorique. Ce qui veut dire que la science telle qu'on l'a conçue est en voie sinon d'extinction du moins de relégation. Je dirai juste par provocation ultime que nous n'avons aucune preuve même les preuves du contraire de lire que ont une société une civilisation tout à fait viable _ je ne porte pas de jugement de valeur _ viable et fonctionnelle peut exister sans s'intéresser à ce que nous avons appelé encore une fois pendant trois quatre siècles la science. Exemple typique si je vous demande de me citer le nom de grands savants grecs n'aurez que l'embarras du choix par dizaines immédiatement. Et puis maintenant, le nom d'un grand savant romain, un seul nommément. Il n'y en a pas, tout simplement pas. Rome qui est une civilisation qui va dominer le bassin méditerranéen pendant quatre siècles ne s'intéresse pas à la science fondamentale. Ça l'empêche pas de dominer très largement pendant quelques siècles. Et on pourrait trouver d'autres exemples. Donc la question que je pose c'est : "Ne sommes nous pas dans une mutation historique d'une telle ampleur que les questions même que nous sommes en train de nous poser aujourd'hui... bah peut-être que c'est trop tard ?"

[Applaudissements]

Tension entre liberté de recherche et responsabilité

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Mme w:Isabelle Stengers, philosophe, professeure à l’w:Université libre de Bruxelles

Lors du colloque du mois d'avril Sara Aguiton nous a rappelé qu'au début des années 2000 les pouvoirs publics annonçaient le grand projet d'institution d'une démocratie technique. Les choix scientifiques et techniques seraient ouverts aux préoccupations et demandes du public. Et elle a décrit pour ceux qui n'étaient pas là certaines des raisons de l'abandon de ce projet désormais considéré par ces mêmes pouvoirs publics comme un échec. Et elle a souligné que de leur point de vue en fait, il s'agissait d'abord de désamorcer les mouvements de contestation, la méfiance publique envers certains développements technoscientifiques. Il fallait d'abord éviter que se répète un événement comme celui de la résistance aux OGM.

Je voudrais maintenant souligner un autre aspect de cet échec. Le fait que pour beaucoup de chercheurs mobilisés autour de thèmes porteurs d'innovation, ce genre d'ouverture est vu comme une demande encombrante imposée par des idéologues qui ne connaissent rien à la science. Ainsi les chercheurs en sciences sociales qui furent embarqués, attachés à des groupes de recherche porteurs d'innovation afin de les sensibiliser aux questions touchant les conséquences de leur travail ont été le plus souvent accueillis avec indifférence. Ils s'en sont plaint avec amertume. Ils ont été accueillis parce qu'il le fallait bien. "Faites comme chez vous. Voilà votre bureau. Mais ne nous faites pas perdre notre temps." Pour beaucoup de chercheurs l'idée d'une science responsable, promue aujourd'hui par les pouvoirs publics, communique à nouveau avec une exigence de plus imposée par les politiques pour assurer un public heureux ou pour éviter qu'il se mêle de ce qui ne le regarde pas. Et lorsque nous posons ici la question d'une recherche responsable nous devons savoir que les chercheurs, alors même qu'ils se sentent trahis par les pouvoirs publics, qu'ils en appellent au public pour sauver la recherche de sa marchandisation, ne seront pas davantage aujourd'hui qu'hier nos alliés. Pour caractériser la tension prévisible entre la liberté de rechercher à laquelle tiennent les chercheurs et la responsabilité qui leur semblent hors propos, le manifeste proposé par Sciences Citoyennes a décrit la liberté obtenue par les communautés académiques comme un pacte faustien. Le mot est dur. Faust vend son âme pour avoir accès aux secrets de l'univers. Pouvons nous dire que pour conserver sa liberté, la science a elle aussi vendu et donc perdu son âme ? Quelque chose frappe lorsque l'on entend bien des chercheurs défendre le droit d'une science libre et desintéressée, à ne pas avoir à rendre des comptes, à ne pas se poser de questions comme celle de la responsabilité de ce qu'elle rend possible. C'est en fait la pauvreté stéréotypée de leurs arguments. On entend "C'est à la société de décider." Mais c'est une pauvre abstraction. Personne ne s'intéresse parmi ceux qui disent ça aux moyens pour cette décision au rapport de force qui éventuellement prévaudront etc. Pauvre abstraction. La possibilité que les choix de recherche puissent constituer une question politique suscite une défense tout aussi et stéréotypée. On entend encore parler de l'affaire lyssenko. Toute mise en conséquence reconnu comme indésirable se verra régulièrement opposée, "Bah, celui qui a inventé la hache sera-t-il responsable de ce que frappe son voisin". Et toute mise en cause plus générale du type de développement techno industrielle auquel les sciences participent entraînera à, évidemment, l'argument "Vous voulez nous ramener à l'age des cavernes!" et ça encore aujourd'hui à l'époque où ce développement met en danger la terre. Je ne parle pas ici des personnes avec ce problème de stéréotypie, mais plutôt de ce que l'institution fait aux personnes _ L'institution ou le collectif des chercheurs _. J'honore le collectif des chercheurs parce que dans certaines sciences, il rend les personnes plus exigeantes qu'elles le seraient isolément. Sauf que au niveau de la responsabilité il lors les personnes plus bêtes et plus muettes que ce qu'elle me serais usuellement. Elles sont notamment tenues de ne pas protester lorsque l'un de leurs collègues produit au nom de tous ce genre d'arguments stéréotypes et ineptes. Ineptie, en fait on pourrait dire aussi caquètements. Car la figure d'une poule qui caquettent sempiternellement la même ritournelle me semble s'imposer ici. Et c'est, on y arrive, la figure de la célèbre poule aux oeufs d'or. C'est une figure qui n'est pas récente. Elle habite la science depuis les dernières décennies du 19e siècle. Cette époque où ce qu'on appelle la technoscience prenait toute sa puissance avec la symbiose entre la recherche et les industries (Pensons à la chimie et à la physique aussi) Et où des scientifiques se sont inquiétés de la possibilité que la symbiose deviennent capture. C'est-à-dire que la recherche soit soumise directement aux intérêts du développement technico-industriel. "Si elle l'était" ont-ils affirmé, "elle s'embourberait dans des questions mal posées et ne ferait plus avancer la connaissance". La servir, la mettre au service d'intérêts socio économique, ce serait donc tuer la poule aux oeufs d'or. Seule la libre avancée d'une science desintéressée peut créer les moyens du développement et assurer le progrès de l'humanité. C'est ce qu'on a plaidé dès cette époque. Et depuis près d'un siècle et demi, la même ritournelle est reprise, adressée à ceux pour qui les oeufs de la recherche libre 'peuvent valoir de l'or. "Dans votre intérêt ne tuez pas la poule aux oeufs d'or ! Et elle est devenue aujourd'hui un gémissement. "Vous tuez la poule aux oeufs d'or !" Mais elle habite toujours l'imaginaire des scientifiques que je voudrais si dissocier radicalement de leur imagination. L'imagination est active axée sur les possibles est réservée pour les chercheurs à la recherche proprement dite. Alors que l'imaginaire est passif stéréotypé et fixé sur une image qui lui tient lieu de pensée. C'est cet imaginaire que l'on peut associer à la perte d'âme, au déni aveugle des questions et des incertitudes qui nous animent, qui nous font hésiter, penser, imaginer, lutter. La poule s'est retranché dans un rôle qui exige qu'elle dénie toute responsabilité. Elle s'est engagée à ne pas se mêler de la manière dont ses oeufs seront transformés en or. Elle doit se consacrer toute entière à l'avancé de la connaissance. Le reste ne la regarde pas. Pire c'est une tentation à laquelle elle doit résister, car cela lui ferait perdre son temps, c'est-à-dire trahir sa seule vraie mission. Elle doit se désintéresser de tout ce qui n'est pas l'avancée de la connaissance. Mais c'est le même imaginaire, c'est bien un imaginaire, mais qui fait que tout le reste est charge, contrainte, douleur et "fait n'importe comment", mais c'est le même imaginaire qui nourrit une relation de connivence avec ceux pour qui les oeufs scientifiques peuvent valoir de l'or. Car ce sont eux qui ont le pouvoir d'articuler l'avancée du savoir, du produit cet imaginaire, du savoir auquel elle même se consacre et le progrès humain qui lui vaudra, à cette poule, le respect et la gratitude publique. Toute possibilité de mise en communication d'une avancée scientifique avec un développement technico-industriel sera envisagée par les experts, disons "instruit à décharge" et envisagée comme une opportunité positives allant dans le sens du progrès. Et les experts qui travaillent à ce transfert seront considérés par leurs collègues avec bienveillance et compréhension. Même s'il est admis qu'ils ne font pas de la vraie science, ils se dévouent pour la science. Leur rôle, indépendamment de tout conflit d'intérêt, est en effet d'abord d'examiner une innovation du point de vue de sa faisabilité et pas de sa désirabilité sociale et collective. Ils étudieront les objections comme des obstacles et non avec la neutralité desintéressée à laquelle prétend la science. Quant, et c'est peut être plus grave, quant aux scientifiques qui travaillent dans le privé, aucune solidarité n'existera avec eux, aucune obligation commune, qui par exemple impliquerait un devoir de lancer des alertes, n'est reconnue. Il est admis que ce sont des travailleurs comme les autres vendant leur force de travail au service des employeurs et que le vrai scientifique ne doit pas chercher noise aux feuseurs d'or. Perdre son âme ce serait donc alors refuser de penser et d'imaginer, tenir à distance les questions posées de par le monde. Les poules se donnent le droit de considérer ce monde qu'elles contribuent à transformer du seul point de vue du progrès que cette contribution devrait rendre possible. C'est aussi refuser de penser les questions gênantes. Ainsi les scientifiques qui oeuvrent dans un domaine où l'art de la preuve demande effectivement de l'imagination et de la passion veulent ignorer qu'ailleurs _ Je reviens au problème du pluralisme soulevé par Coutellec _ veulent ignorer qu'ailleurs la preuve est définie comme exigible et n'a donc rien à voir avec une tête aventureuse neutre des intéressés. Chacun sait que les approches fondées sur les faits donc exigible, privilégie le quantifiable, le reproductible, objectivable. Mais ce qu'on oublie trop facilement est que ce privilège légitime le plus souvent les prétentions des industries qui fonctionnent le plus souvent sur le même mode et que ces approches font taire ceux qui voient détruits leurs mondes, leurs métiers, leurs attachements. Les chercheurs aujourd'hui en savent quelque chose, puisque la machine à évaluer et prouver c'est désormais retourner contre eux. Oh, qu'est-ce qu'ils se plaignent. Aujourd'hui les chercheurs se sont effectivement trahis. Et de fait tout se passe comme si leurs anciens alliés avaient découvert qu'ils n'avaient plus besoin des oeufs de la recherche. Les premières innovations les plus mirobolantes suffisent à nourrir la machine économique, à attirer les investisseurs et à séduire les pouvoirs publics. Tout ce qui brille peut désormais valoir de l'or. Mais les scientifiques préfèrent trop souvent dénoncer une société qui ne les comprendrait pas, ou alors s'adapter à la demande de manière cynique et pleines de ressentiment. Abdiquer de toute responsabilité y compris quant à l'avancée des savoirs qu'ils avaient défendu comme leur mission exclusive. "Si c'est de la merde que vous voulez, vous allez en avoir." Dans ce contexte la question de la responsabilité risque bien d'être assimilée par les chercheurs à une contrainte de plus imposée par des politiques qui ne comprennent rien à la science et à laquelle il faut se plier avec résignation mais a minima et en ricanant entre collègues. Si nous voulons que les chercheurs s'intéressent véritablement aux conséquences une attention aiguisée me semble devoir être portée à tout ce qui traduit l'emprise de l'imaginaire qui leur enjoint de ne pas poser ce genre de questions. Et notamment faire attention, ne pas laisser passer sans s'arrêter, ralentir, des termes comme "avancé de la connaissance", "recherche libre et désintéressée", "objectivité", qui fonctionnent comme des mots d'ordre demandant un consensus immédiat comme un réflexe et qui bloque la pensée. Cela ne signifie pas qu'il faut les dénoncer. Si j'insiste sur l'imaginaire pauvre et stéréotypé auquel se heurte ceux qui demandent des sciences plus inclusives, qui plaident notamment pour ce que Florence Piron appelait une justice cognitive, c'est pour souligner que l'imaginaire ne se dénonce pas. Les dénonciations rebondissent sur la carapace qu'il constitue. Vaincre cette imaginaire c'est plutôt s'attacher à repeupler l'imagination des chercheurs, une imagination dévastée par leur mode de formation et d'évaluation. Affaiblir un mot d'ordre c'est le faire bégayer, lui faire perdre son évidence, c'est faire penser ce qu'il définit comme allant de soi. C'est par exemple demander aux chercheurs _ Ici je rêve. Mais je me demande si, on a parlé de la nouvelle génération qui préfèrent aller dans le privé. J'en connais aussi beaucoup qui préfère ne pas faire les sciences pour ne pas entrer dans un monastère asséché. Donc les jeunes générations sont une inconnue de nos questions. _ demandez aux chercheurs qu'il se rende capable de discuter avec précision et lucidité de ce qui dans leur champ, celui auquel ils se préparent, où le travail, et pas surtout pas en général, donc de ce s'entend par savoir desintéressé, ou par avancé, ou de ce que l'objectivité dont ils se prévalent leur demande d'ignorer. Car rien ne va de soi lorsqu'il est question par exemple d'intérêt. Lorsqu'un écotoxicologue _ nous avons entendu parler Tarradellas il y a un mois _ examine les effets éventuellement redoutables du cocktail de molécules qui nous contamine tous, est-il intéressé ou désintéressé ? Et lorsqu'un agronomme passe des années sur le terrain à tenter de comprendre si et comment ses recherches peuvent rencontrer l'intérêt des agriculteurs, participe-t-elle à l'avancé de la connaissance ? De même pour les sciences qui sont attachées à un terrain et apprennent à reconnaître les interdépendances multiples et toujours singulières entre ceux qui le peuplent, (sont-ils) participent-ils à cette avancée vers une connaissance toujours plus puissantes ? À l'inverse, Comment évaluer l'objectivité à laquelle prétendent les sciences qui procèdent par extraction de leur objet de telle sorte que leur définition puisse prétendre valoir quelles que soient les circonstances ? Ce sont le genre de questions qui peuvent déranger les chercheurs, mais qui peuvent intéresser le public et peut être les jeunes générations. Lorsque ces questions peuvent intéresser le public, parce qu'elles le font sortir de leur rôle de consommateur bénéficiaire confiant dans le progrès rendue possible par les sciences. C'est-à-dire le fait sortir du rôle que lui assigne l'imaginaire de la figure de la poule aux oeufs d'or. Cela a été notamment le cas, cette sortie de rôle, avec la sphère des OGM. Lorsque le degré d'ignorance des biologistes les plus prestigieux, quant à la différence entre un OGM étudié dans les conditions abstraites du laboratoire et un OGM dans les champs, est devenu une affaire publique. La contestation a gagné en efficacité lorsqu'il est devenu apparent que les OGM dans les champs impliquaient des questions que les chercheurs faisant autorité ne posaient pas, qu'ils considéraient comme ne les regardant pas, car elle ne faisait pas avancer la connaissance.

Je dirais donc, pour finir, qu'une recherche responsable me semble demander une formation qui activent l'imagination là précisément où elle est asséchée par les mots d'ordre. Et cela ne peut se faire par des cours généraux d'éthique ou d'épistémologie. Les étudiants, on le sait, savent qu'ils doivent apprendre et restitués puis sont autoriser à oublier de tels cours. Nous avons besoin que les étudiants et chercheurs soient activement sensibiliser à la pauvreté et à la partialité des arguments, de ceux qui ont défendu ou défendent une innovation comme solution enfin rationnelle à un problème d'intérêt commun. Nous devons ou pouvoir exiger d'eux _ Je rêve, mais la responsabilité est également un rêve. Donc autant faire des rêves qui mordent. _ Nous le devons pouvoir exiger d'eux qu'ils apprennent à percevoir et caractériser sans indulgence les manières dont un argument peut devenir psuedo-scientifique, lorsqu'il définit les contestations comme des obstacles au progrès. Nous avons besoin d'épreuves évaluatives, portant sur leur lucidité à propos de l'environnement social économique qui sera concerné par leurs recherches. Nous avons besoin d'une véritable culture normative demandant que les experts réclament les contres experts susceptibles de témoigner de ce qu'eux mêmes ignorent. Et nous avons besoin donc aussi d'une communauté scientifique qui dénoncent publiquement les simplifications abusives et les arguments d'autorité avec lesquels certains de leurs collègues défendent une innovation. Une telle culture ne s'obtiendra évidemment pas sans lutte. Mais je voudrais le souligner elle ne se fera pas contre les sciences, mais contre une institution pour laquelle ces sciences doivent être protégés d'un public défini tout à la fois comme bénéficiaire, comme devant être tenus à distance et comme devant être rassurés. Une telle culture demande une institution scientifique qui favorise et active des dispositifs ou les chercheurs seraient tenus de rencontrer, écouter, négocier avec ceux que leurs propositions concernent, comme ils savent le faire avec ceux dont ils dépendent collègues et commanditaires. Elle demande une institution à laquelle les leçons que ces chercheurs tirent de telles rencontres importent autant que les autres collaborations qu'ils engagent, une institution qui définirait la fiabilité des propositions, l'esprit critique et l'indépendance des chercheurs, comme des valeurs qui doivent être prolongées partout où ces chercheurs s'expriment en tant que tels. Je vous remercie.

[Applaudissements]

Obligations déontologiques et responsabilité

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Indicateurs de la recherche et évaluation : enjeux et responsabilité

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M. w:Rémi Barré, ancien professeur au CNAM, chercheur associé à l’w:IFRIS

Pourquoi, où et comment publier ? Enjeux éthiques et politiques de la publication scientifique

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Mme w:Florence Piron, chercheuse en éthique, professeure à l’w:Université de Laval

La tragique fin des experts

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w:Constructivisme_(épistémologie)


Échange avec la salle

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Questions - Propositions

  • (piste 30B mai 2018) retranscription à suivre. Minutage 1:1'50" à 1:5' La question des langues, de l’anglais plus particulièrement, comme problématique culturelle (politique) plus de "communication"
  • (piste 30B mai 2018) retranscription à suivre. Minutage 1:5’ à
    • "À charge ou à décharge vis à vis de l’expertise"
    • w:Nathalie_Heinich à repointer dans la présentation pour situer le "tacle" mentionné dans l’intervention
    • "C'est extrêmement difficile et délicat d'à la fois critiquer l'exercice que l’on est train de soit même produire. Et je pense que c'est l'une des caractéristiques de notre métier. Il ne faut pas hésiter et de craindre de tomber dans une je ne sais quel schizophrénie, [...] produire une recherche mais être capable de la critiquer. Évaluer ses conflits d'intérêts, c'est pas facile à faire, mais ça fait partie de notre éthique. Peut-être que ça s'apprend ...
  • (piste 30B mai 2018) retranscription à suivre. Minutage 1:8’ à
    • question en lien avec ce que Rémi Barré avait mentionné "Où est-ce que vous voyez les espaces de réflexivité dans l’institution ?"
    • Où est-ce qu'on peut se poser cette question de la responsabilité, à l'échelle individuelle, collective et institutionnelle
  • (piste 30B mai 2018) retranscription à suivre. Minutage 1:8’45" à
    • Fake-News, faits et valeurs. Critique en "aberration" de la construction académique d'un espace "post-vérité". Un retour jugé démoralisant par l’intervenante (en salle)

Réponses des intervenant-e-s (tribune) (piste 30B mai 2018) à partir de 1:10'29"

Les chercheurs face aux appareils normatifs. "Table Ronde"

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[2]


Premier intervenant. Rudy PATARD

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Papa, époux, chercheur, ingénieur de 30 ans. Ex- consultant en ingénierie, ex- doctorant, méthodologiste sur l’évaluation dite environnementale, et actuellement travailleur libre, j’ai choisi de ne pas défendre ma thèse en 2016 pour qu’elle puisse être lu de toutes et tous et un jour être défendue convenablement.

Intervention convenue en préparation

  "Le texte que vous auriez entendu si j'avais (Rudy) fait un autre choix"                                       

<<

J’aurais pu vous dire :

Dans mon parcours universitaire, j’ai eu pour obstacles qui font la norme du milieu et de mon champs :

  • Les conflits d'intérêts variés avec espèces sonnantes et trébuchantes,
  • l'obstacle à la pensée critique de la mono-disciplinarité - découpage de la science ;
  • la lucrativité de la production scientifique malgré l'alternative ;
  • la recherche par appel à projet ;
  • l'usage du financement de la recherche publique pour les intérêts privés dans le cadre des PIA et CIR ;
  • et enfin la précarisation du cognitariat et la violence qui l'accompagne, dont on se demande si elle a pour fonction de muselé une jeunesse capable de produire des savoir critiques.

Mais ça c’est pour la bande son et je suis là pour incarner. Alors voilà, il y a 5 ans j’étais ingénieur. Je développais des produits industriels et n’étais pas convaincu du traitement dans l’industrie des questions environnementales et sociales. Alors je me suis dis Rudy, saute le pas, va chez les gens sérieux, va faire de la recherche, la vrai.

Et me voici dans les rangs des précaires de l’ESR, en 2013, signant une subordination reconductible annuellement sous réserve de l’accord de mes supérieurs hiérarchiques sans quoi c’est une démission de fait[3]. Je suis heureux, je vais enfin faire sérieusement de l’Analyse en Cycle de Vie. C’est à dire étudier les impacts environnementaux sociaux et économiques de produits de l’extraction des ressources nécessaires à leurs élaborations jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’interaction humaine avec ce qu’il reste d’eux après la poubelle.

Je vais comprendre les problèmes de la méthode que j’étais sensé appliquer, en faire la liste et les traiter. Je souligne l’antériorité de cela en littérature, de ces problèmes, les conflits d’intérêts avec l’environnement marchant qui sature le champ : pour les ‘clients des prestations’ mais aussi au bénéfice de ceux qui vendent données, logiciels, formations, prestations de déclarations environnementales et conseils ainsi que le lien avec l’ESR. Je me suis défendu comme j’ai pu d’être chercheur et non pas le prestataire praticien de l’ACV face à l’ADEME, rayant des lignes de livrable et justifiant la subvention double PIA-CIR des industriels ‘partenaires’ et récoltant colères et insultes. Critiquant un manque d’interdisciplinarité, avec des éléments ‘résolus’ dans les champs voisins non pris en compte en ACV, je mets le doigt sur le ‘radotage’ de mes pairs « manque de données » et « problèmes méthodologiques », alors qu’ils sont plus actifs en application de la méthode que pour produire des données ou des articles libres d’accès et d’exploitation pour résoudre ces problèmes…

J’ai alors proposé une alternative au modèle lucratif de publication scientifique : nativement ouvert, en écriture, d’accès, d’exploitation, à moindre coût qu’actuellement, machine-readable, le Journal Scientifique Libre. « Spoiler »:

  • a°) ça ne vaut pas juste pour l’ACV
  • b°) ça n’a pas plus à beaucoup dans l’ESR, surtout dans ma hiérarchie.

Après l’enterrement du comité de suivi pluridisciplinaire et après qu’on m’ait proposé la super opportunité d’un manuscrit confidentiel et d’une défense à huis-clos, j’ai choisi la seule alternative qui me semblait ‘responsable’. J’ai refusé de défendre avec mon ancienne direction et mis mes travaux sur le net. Faute d’une nouvelle direction de thèse, je fais maintenant comme je peux avec l’ARE pour contribuer aux thématiques que je juge déterminantes, notamment sur le développement de Low-Tech. Je suis coopérateur en CAPE dans la CAE Optéos, maintenant précaire hors ESR.

>>

Ce qui a été fait
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L'intervention a pris la forme de questions à mains levées vers l’assemblée, conclue par un appel à contribution en pad et wiki.

Composition de l'assemblée

  • Environ 90 personnes (comptage le jour même)
  • 85% ESR
    • Une moitié de l'assemblée est composée de titulaires, enseignant-e-s chercheur-se-s, ingénieur de recherche et d'études et émérites (retraités)
    • Un tiers de l'assemblée se déclare précaires, non-titulaires (de l’étudiant-e au post-doc, ATER, vacataire etc.)

Questions Avez-vous subit des violences ?


Lesquelles[4] ?

  • création de fraudes découvert a posteriori
  • (quasi)-obligation à l'expatriation[5]

Avez vous provoqué des violences ? Lesquelles ?


"Avez vous en tête, l'idée, le germe d'une action, contre l'irresponsabilité individuelle de la personne chercheuse ?"

Les idées d'actions:

  • adhérer à Sciences Citoyennes ;-)
  • donner des postes fixes titulaires (ce qui devrait induire moins de fraude)
  • Inclure dans les Appels à Projet pour financement un volet « impact environnemental de la recherche » au sens large (impact de l’objet de la recherche, impact des déplacements en avion…)
  • Évaluer les projets de recherche financés comparativement aux promesses mises en avant dans les demandes de financement


Comme ce que j’ai fait n'était pas prévu, cela a entraîné des discussions. Pour ceux qui auront saisi l'orientation des questions vers l’assemblée "Pour une recherche responsable et une recherche citoyenne" dont 85% de l’assemblée est en fait du personnel de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (actif ou à la retraite), que cela se déroule dans l’université (plus précisément dans l’École des Hautes Études en Sciences Sociales), comme pour ceux qui n'auraient pas été saisi de la contradiction des moyens et des fins... Un lien vers le développement : "Pourquoi j'ai fait ça ?"

Seconde intervenante. Elen RIOT

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Elen Riot est enseignant-chercheur à l’université de Reims Champagne Ardenne, membre actif de Sciences en Marche.

Lien vers le rapport (et le contre rapport) sur le CIR (svp): (intervention d' Elen)

De quelques millions à 6 milliards d'Euros (graphe / histogramme du CIR ?) url svp

Données sur la "dépense" en effort de recherche : ex de requête : http://data.uis.unesco.org/index.aspx?queryid=65

Question des Scop, CAE Coopetic[6] comme autre espace de production de la recherche.

[7]

Dernière intervenant. André CICOLLELLA

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M. w:André Cicolella, chimiste, toxicologue et président du Réseau Environnement Santé.


André Cicolella est chimiste-toxicologue, ancien conseiller scientifique à l’Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques (INERIS).

Enseignant à l’École des Affaires Internationales Sciences Po Paris,

Président-Fondateur de la Fondation Sciences Citoyennes en 2002,

Président-Fondateur du Réseau Environnement Santé en Mars 2009.


INERIS (https://fr.wikipedia.org/wiki/Institut_national_de_l%27environnement_industriel_et_des_risques ) norme explicite et norme implicite ; la contradiction. Norme implicite : pas de vague.

Le cas des éther de glycol (https://fr.wikipedia.org/wiki/Éther_de_glycol#Toxicologie ) Faute lourde : > jurisprudence > url svp (fondation de la notion de lanceur d'alerte. cas de la bronchite chronique bataille sur les perturbateurs endocriniens Expertise véreuse Malgré la pression des chimistes (BASF etc.) > vote unanime 'gauche-droite'

OSM : discussion sur l'épidémie mondiale de maladie chronique http://www.who.int/publications/list/chp_advocacy/fr/

BANP : infertilité > URL svp Replacer la question de la survie de l'espèce. (bataille idéologique sur l'enjeu de la recherche)

Synthèse de Pierre Point de vue : (jugé extérieur, bien que pensant avoir été chercheur toute sa vie) Laïcisation de la science. Théorie des décalages [vers référence svp]

Synthèse de la journée

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M. Pierre Calame, ancien directeur de la Fondation Charles Léopold Mayer

Notes et Références

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  1. [3] (Histoire mondiale de la France)
  2. Dépôt direct sous framapad https://mensuel.framapad.org/p/Recherche-Responsable Réemployable le 13 septembre
  3. " Si l'inscription en doctorat n'est pas renouvelée, il est mis fin de plein droit au contrat de doctorant contractuel au terme de la première ou de la deuxième année du contrat ..." Article 3 https://fr.wikibooks.org/wiki/Contrat_doctoral#Article_3
  4. "Lesquelles ?" ajout de l'auteur Rémi F. au pad, en séance.
  5. ajout au pad en auteur anonyme, en séance
  6. https://www.coopetic-recherche.com/index.php/qui-sommes-nous/une-cooperative-de-service-pour-la-recherche-et-l-innovation
  7. ? https://www.laboscop.fr/