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Recherche:Laboratoire d'écologie collaborative/Fiche/Ecologie évolutive - Evolution des organisations sociétales

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Fiche mémoire sur l'évolution des organisations sociétales
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Écologie évolutive - Évolution des organisations sociétales :

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De nombreuses espèces sont grégaires. Pour survivre, certaines espèces animales ont formé des groupes au sein desquels les individus remplissent des fonctions plus ou moins complexes. Néanmoins, pour que cela fonctionne, chez ces espèces des interactions et une communication entre individus ont du se développer. Ce passage de la vie solitaire à la vie en groupe est très important dans l’Évolution.

Les différents groupes d’individus
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Dans le domaine de la biologie des populations, une « population » est un ensemble d'individus de la même espèce vivant sur une même zone géographique et pouvant se reproduire. Elle forme une continuité génétique.

La société , tout comme la population, est un ensemble d’individus de la même espèce, mais ces individus se sont réunis pour des raisons autres que la reproduction ou la parentalité.
Parfois une société peut engendrer une coordination des individus pour certaines tâches (différenciation des rôles).

Tous groupe d’animaux ne forme pas nécessairement une société ; certains regroupements sont dus à des raisons environnementales, ce qui n’empêche pas ces individus de communiquer entre eux lors de ces rassemblements.
Par eexemple : un regroupement d’insectes autour d’un lampadaire la nuit est un rassemblement uniquement dû à la présence de lumière, source d'attraction pour ces insectes ; ici la cause est environnementale et non sociétale.

Les différents degrés de socialité (du plus faible au plus fort)
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  • Solitaire : les individus solitaires n’ont aucune interaction avec d’autres animaux, même de leur espèce, sauf pour la reproduction. Exemple : l’ours blanc.
  • Grégaire : les espèces grégaires interagissent entre elles mais de façon très simple. Exemple : les blattes se regroupent lors de l’émission de phéromones ou encore un troupeau de moutons.
  • Subsocial : les individus subsociaux développent des comportements parentaux. Exemples : le crapaud accoucheur conserve ses œufs autour de ses pattes jusqu’à leur éclosion. Les mammifères sont également des animaux subsociaux car ils allaitent leurs petits.
  • Colonial : les animaux coloniaux, en plus des caractéristiques précédentes, élèvent leur progéniture sur un même lieu. On parle de site d’élevage ; plusieurs individus mâles et femelles y sont présents, mais chaque couple élève seul son ou ses petit(s). Exemple : les pingouins forment de grandes colonies, ce qui favorise la protection des petits contre d’éventuels prédateurs et préserve l’espèce.

Communal: les espèces communales coopèrent lors de l’élevage des petits. Cependant, chaque individu ne se spécialise pas dans une tâche donnée. Exemple : les femelles de coléoptères nécrophages peuvent nourrir des larves qui ne leur sont pas apparentées.

Eusocial : les animaux eusociaux sont les plus évolués dans l’organisation sociétale. Au sein d’une telle société, sont présentes au moins deux générations et les individus coopèrent pour élever les petits. On peut voir, parfois, une spécialisation des tâches pour des groupes d’individus, même en ce qui concerne la reproduction. Exemple : les fourmis et les abeilles forment des sociétés très évoluées ; chaque individu tient un rôle précis (des différenciations morphologiques peuvent apparaître) et seuls certains d’entre eux peuvent se reproduire (les autres étant stériles).

Organisation sociétale chez les vertébrés
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Les sociétés formées par les vertébrés sont un peu plus complexes puisque 3 autres facteurs s’ajoutent :

  1. la territorialité [[w:fr:Territorialisme],|
  2. une reproduction variable (monogamie, polygamie…) et
  3. une hiérarchie sociale (diminution importante des conflits).

Exemple : une meute] de loups, ou encore une troupe de lions, est constituée d’espèces territoriales mais fonctionne selon une hiérarchie.

Un exemple d’évolution sociétale chez les vertébrés : La meute de loups

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Meute de loup et bisons américains ; dans les deux troupes (prédateurs et proies) le nombre d'individu a de l'importance[1]
Une société basée sur la quête de nourriture
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Le regroupement du loup ( [[w:fr:Canis_lupus]||Canis lupus) en meute semble coïncider avec l’avènement des grands cervidés] en Europe, il y a deux millions d’années (Lambry, 2001). A cette époque, va se créer une association proies-prédateurs durable entre les deux espèces (Victor & Lavrière, 1990).

Le loup est un prédateur de taille moyenne qui, seul, ne peut chasser de grosses proies.
Une hypothèse est qu’un jour deux loups, tolérant la proximité de congénères sur leur territoire, ont pu se rassembler. Cela leur aurait permis de s’attaquer aux grosses proies qui venaient d’apparaître en Europe. La possibilité de trouver de la nourriture plus facilement est un facteur clé dans la |sélection naturelle, car deux loups qui dépensent moins d’énergie lors de chasses collectives ont plus de chance de se reproduire, et ainsi transmettre leurs caractères à leur descendance.
Ces loups étaient ainsi mieux capables de survivre dans les régions froides où les grands herbivores (cervidés notamment) vivaient, contrairement à d’autres prédateurs. Ce qui diminuait la compétition pour cette ressource alimentaire.

Avec l’avènement des grands troupeaux de mammifères et la compétition avec les autres prédateurs pour les ressources alimentaires, l’évolution a conduit à la sélection des loups les plus grégaires, ayant la possibilité de tuer de grandes proies.

Si cette association est durable, c’est aussi qu’elle a permis de diminuer les épidémies, la surpopulation et les dégénérescences chez les herbivores, le loup jouant le rôle d’agent sanitaire et régulant leur population.

Cette quête de la nourriture, et par conséquent de la survie de l’espèce, conditionne également une grande partie des caractéristiques de la meute : le nombre d’individus, la taille de son territoire, son organisation sociale.

La meute : une organisation sociale dédiée à la survie
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Une meute se compose dans la majorité des cas de proches parents. On y trouve un couple reproducteur central, des descendants des années précédentes et des louveteaux de l’année.

La raison du nombre d’individus par meute tient autant de l’étendue du territoire nécessaire à une meute, que de l’abondance de gibiers. En effet, plus le gibier est abondant, plus le nombre de loups peut être élevé, et la surface réduite, proportionnellement au nombre d’individus dans la meute. Exemple : une petite meute de 4 à 6 individus possède un territoire de 200 à 300 kilomètres carrés, si les proies sont peu nombreuses, ce territoire augmente.

Autre exemple, si dans un territoire, le gibier est gros mais peu abondant, les loups préfèrent s’établir en petits nombres. Le couple dominant s’entoure de 2 à 4 loups, généralement des louveteaux de l’année précédente, afin de l’aider aux printemps à nourrir la progéniture.

Un couple de loup peut très bien survivre seul en ne mangeant que des petites proies, telles que des campagnols. Mais en hiver et au printemps, les loups préfèrent tuer de grosses proies, ce qui nécessite la présence dans la meute d’autres congénères en âge de chasser. L’espèce Canis lupus est aujourd’hui une espèce eusociale, en conséquence les loups sont en compagnie de leurs congénères ou la recherche. Donc, lorsqu’un mâle solitaire et une femelle solitaire ayant tout deux, soit quittés, soit étaient chassés de leur meute respective, se rencontrent, ils reforment en général une meute.

Les loups évitent, par leur structure sociale, de se battre entre eux. Ce sont des animaux puissants, et intraitables avec leurs adversaires, et si les membres d’une même meute devaient se combattre quotidiennement, le nombre de blessés, grièvement ou mortellement, mettrait en péril la survie de l’espèce. L’établissement d’un système hiérarchique permet donc de réduire le nombre de conflits entre les individus.

L’ordre de dominance établit une place et un rang à chaque membre du groupe. Les rangs s’établissent essentiellement autour de l’âge des membres et de leur force, mais aussi de leur caractère. Lorsqu'un loup d’un rang inférieur est en désaccord avec un loup d’un rang supérieur, l’ordre de dominance lui implique de se soumettre pour éviter l’affrontement et des blessures infligées par son dominant. On distingue principalement 2 places, aux antipodes l’une de l’autre, dans la hiérarchie, les alpha et l’oméga. Les appellations pour les loups de rangs intermédiaires sont contestées dans le monde des |éthologues, cependant, on peut dire que chaque loup à sa place et qu’aucun autre n’est au même niveau que le sien. Un peu comme un escalier hiérarchique ou l’on trouverait un seul loup par marche.

Le couple alpha : La meute est dirigée par un mâle et une femelle, dit alpha. Ce sont les membres les plus importants dans la meute, car c’est eux qui permettent sa pérennité. En effet, ils sont les seuls membres à pouvoir se reproduire. Ils décident des mesures à prendre pour préserver la meute et protéger leur territoire. C’est eux qui décident de son étendu, et c’est le mâle alpha qui marque le premier le territoire.

Les loups intermédiaires : Il s’agit généralement de jeunes individus. En effet, les loups ont une maturité sexuelle tardive, vers l’âge de 2 ou 3 ans, ils restent donc longtemps auprès de leurs parents. Ils aident à la chasse et à l’éducation des louveteaux.

L’oméga : Le loup oméga possède une place ingrate et pourtant indispensable à la meute. Son rôle de bouc-émissaire permet de dissiper les tensions de la meute et c’est sur lui que converge toute l’agressivité de celle-ci. Il évite les disputes entre les membres de rangs supérieurs et rétablit l’équilibre au sein du groupe.

Les louveteaux : Les louveteaux sont des enfant-roi. Ils ne subissent aucune contrainte hiérarchiques jusqu’à l’âge de 6 mois. À partir de 8 mois, ils participent à la chasse et commence à devoir se plier à la domination des plus âgés. A 1 an, ils deviennent des louvarts, et passent dans la catégorie des loups subalternes.

À noté, que les hiérarchies entre les mâles et les femelles d’un même groupe se distinguent. En effet, même si la place d’un mâle se situe nécessairement soit au dessus, soit en dessous de celle d’une femelle, il est très rare qu’il puisse y avoir conflit entre ces deux individus. Chez les femelles, on observe une hiérarchie linéaire très marquée, c'est-à-dire que la femelle alpha exerce son influence sur la deuxième femelle, qui elle-même va exercer sa domination sur une femelle qui lui est directement inférieure, et ainsi de suite jusqu’au loup oméga. Cette hiérarchie est beaucoup moins marquée chez les mâles, c’est l’alpha qui régule la position hiérarchique de chacun. L’oméga, lui, est soumis à tous les membres de la meute, indifféremment de son sexe.


Un pour tous, tous pour la meute
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Si la hiérarchie des loups est si efficace, c’est qu’elle est basée sur la nature sociable du loup. C'est-à-dire que le loup n’est pas individualiste, il n’agit pas en tant qu’individu isolé dans un groupe, mais uniquement dans l’intérêt du groupe. Le but étant toujours la survie de l’espèce et la pérennité du groupe, et ceux dans chaque actions quotidiennes.

La distribution de la nourriture, par exemple, est totalement inéquitable. Ce sont les loups alpha qui se nourrissent à leur faim, et les autres loups se partagent le reste de la nourriture. De cette façon, les alpha sont bien nourris et peuvent se reproduire plus facilement. De même que les subalternes moins nourris pousseront le groupe à repartir en chasse. Les loups qui n’arrivent jamais à se nourrir quitteront d’eux même la meute, c’est que celle-ci devenait trop importante pour la quantité de nourriture présente sur le territoire.

Si seuls les alpha peuvent se reproduire, c’est aussi pour permettre à la meute de survivre. La femelle alpha régule ainsi le nombre de louveteaux (jusqu’à arrêter complètement sa |gestation) en fonction de la quantité de nourriture disponible. En effet, les louveteaux sont le cœur de la meute et les loups n’ont de cesse de chasser pour satisfaire la faim des louveteaux car ils sont l’avenir de la meute. Si leur nombre n’était pas régulé, la meute se tuerait pour les nourrir. De même, les louveteaux sitôt sevrés (vers 3 à 4 mois) ne différencient plus leur mère du reste des loups. Il ne s’agit pas des louveteaux du couple alpha, mais des louveteaux de la meute. C’est d’ailleurs le plus souvent un ou une louve subalterne qui prend en charge les louveteaux jusqu’à ce qu’ils puissent chasser.

Dans cette notion de survie, tout est fait pour la survie du couple alpha et des louveteaux. Si l’un des membres ne respecte pas ces principes (ces règles hiérarchiques), il est sévèrement réprimander, jusqu’à être chasser par le couple alpha s’il refuse toujours l’autorité. Dans le même ton, si l’un des alpha ou les deux n’ont plus la force et la fermeté nécessaire pour diriger la meute, ils sont remplacés.


Une société remise en question ?
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Les compétitions pour des territoires de plus en plus petits, et la réduction du nombre de proies, accentuent la tendance naturelle du loup à former des petites meutes, de seulement quelques individus. De plus, la présence toujours plus importante de l’homme empêche la colonisation de nouveaux territoires et donc la création de nouvelles meutes.

Les statistiques montrent que le nombre de loups solitaires aux abords des zones peuplées augmentent considérablement. En effet, le caractère opportuniste du loup le pousse à aller chercher sa nourriture dans les décharges plutôt que de se fatiguer en chassant des proies difficiles à tuer. Tout comme il le pousse à attaquer des troupeaux d’élevage sans défense plutôt que des proies sauvages, difficiles à attraper.

Mais sans la chasse de grands herbivores, le regroupement des loups ne représente plus de réel intérêt pour la survie de l’espèce. Il en deviendrait même un handicap. On peut donc se demander si l’influence anthropique n’ira pas jusqu’à affecter le comportement social du loup et le pousser à reprendre une vie solitaire.


Écologie évolutive - Évolution des organisations sociétales
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  • Cours de Cédric Sueur – Université de Strasbourg
Un exemple d’évolution sociétale chez les vertébrés : La meute de loups
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  • Huet P. – 2001 – Le monde des loups, 1ère édition – Edition Hesse, France – 118p.
  • Landry J.M. – 2001 – Le loup – Delachaux et Niestlé, Paris – 240p.
  • Victor P.E. & Lavrière J. – 1990 – L’empire des loups, 2ème édition – Duculot, Paris – 181p.
  • règle de la vie en meute– consulté le 21/01/2017
  • La Meute – consulté le 21/01/2017
  • La revanche des loups – National géographique - 2009



  1. MacNulty, D. R., Tallian, A., Stahler, D. R., & Smith, D. W. (2014). Influence of group size on the success of wolves hunting bison. PLoS One, 9(11), e112884. Doi:10.1371/journal.pone.0112884