Recherche:Apprendre à analyser ses rêves

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auto-analyse

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  • Tout rêve, selon Freud, est l’accomplissement d’un désir (réprimé), et pour parler simplement, disons que le rêve sert à intégrer, sans effort de volonté, dans le jour qui suit la nuit du rêve, le vécu du jour précédent. Le rêve est indispensable à l'équilibre mental. Oublié, il crée le lien nécessaire entre le désir réprimé et notre être profond, en tissant, grâce à sa préparation (le travail du rêve), un pansement complexe et puissant. En somme il ne fait que rapiécer, raccommoder, pour que nous puissions rester en accord avec nous-même et continuer à vivre cahin-caha.
  • Le mathématicien Alexandre Grothendieck (1928-2014) est l'auteur d'un long texte intitulé La Clef des songes, parfois évoqué par des mathématiciens. Dans cette œuvre puissante et originale il relate l'étude de ses rêves, rêves qui lui ont permis de résister avec une conviction et une force peu communes aux préjugés, fausses croyances et avis officiels les plus académiques.
  • « Mais il arrive que le message d’un grand rêve apparaisse d’emblée dans son évidence, à une tierce personne à qui on en fait le récit. La raison en est, bien sûr, qu’en cette tierce personne, qui n’est pas directement concernée par le message, il ne se produit pas de levée en masse des résistances contre le renouvellement. Pour tous les rêves messagers qui me sont venus et que j’ai sondés, il m’a fallu des heures, et parfois des jours de travail, pour en saisir le message. » Alexandre Grothendieck, La Clef des songes, page 24, note de bas de page.
  • Savoir que quelqu'un qui a fait une analyse ou même une psychothérapie analytique, fera ensuite beaucoup plus facilement des rêves, parfois très importants pour la personne, et qui potentialiseront, continueront de compléter au fil du temps, le travail déjà effectué (ou en cours) en thérapie. L'un et l'autre travaillent de concert, ils s'entraident pourrait-on dire.

Si ayant pris l'habitude de noter le plus rapidement possible nos rêves, au moins dans les grandes lignes, nous faisons ensuite l'effort de nous les remémorer pour tenter d'en reconstituer la trame et les interpréter au mieux, nous pourrons à force d’expérience nous approcher de plus en plus de notre être le plus profond, devenir plus lucides. À la solution de facilité d'une première option (se laisser vivre en laissant chaque nuit le subconscient rafistoler nos blessures psychologiques afin de permettre au vieux juge intérieur, forgé au cours de l’enfance par l’éducation, de reprendre les rênes de notre conduite), se substitue dans la seconde option un travail actif de connaissance de soi – et par là même, des autres.

Comme beaucoup d'analysants j'imagine, je poursuis toujours ce travail par une auto-analyse. Dès que l'on a trouvé, par la force des choses, parfois par nécessité vitale (ce fut mon cas) la clef du trésor en soi, on la garde précieusement. La plus grande leçon que j'ai tirée de la longue et enrichissante étude de mon cas personnel, et par extension des cas les plus désespérés, c'est que plus une situation d'où on aura réussi à se sortir aura été grave, et mieux nous percevrons la puissance formidable de la vie. N'imaginez pas que je n'ai, moi aussi, des moments de doute, de révolte ou de mélancolie, mais me connaissant assez bien maintenant, ayant au fil des ans, des plus grandes contrariétés comme des plus grandes joies, créé mon propre ‘’programme antivirus‘’ (voir Retrouver une sérénité), qui souvent se met à jour automatiquement, il est toujours arrivé un moment où mon logiciel interne commençant à patiner, j'ai dû admettre que j'avais accepté l'intrusion d'un virus très parasite. Dans ces cas-là je me sens obligé, parfois après un peu de temps, de lancer le programme antivirus à sa puissance maximale. Le résultat peut être très surprenant, toujours apaisant, et en passant, l'antivirus est devenu encore plus performant.

Le Grand rêveur en soi, quand il sent le moment propice pour délivrer un message, fait preuve lors du travail du rêve de toute sa bienveillante intelligence, ménageant avec beaucoup de délicatesse le Petit rêveur (dans le quasi-conscient) : au cours de ses aller-retour entre conscient et inconscient, il discerne tout ce qui pourrait effrayer, puis soit à l'aide de jeux de mots soit par tout autre moyen il prend soin de ne pas nous révéler brutalement un message trop explicite et bouleversant, en le codant d'une manière particulièrement astucieuse. Libre à nous ensuite de laisser tel quel son travail de compensation, ou de nous mettre au travail pour tenter de les interpréter. S'habituer à étudier ses rêves les plus bénins, facilite la venue de rêves messagers importants.

Rêver souvent et se souvenir de ses rêves n’est pas à la portée de tout le monde. Les diverses méthodes de relaxation ou les psychothérapies peuvent beaucoup aider. Il est utile d’avoir toujours un carnet de notes à portée de main durant le sommeil. Avant de s'endormir, on peut décider de se souvenir de ses rêves, ou même ‘’demander un rêve important’’. Si effectivement un tel rêve survient et provoque un réveil anticipé, faire l’effort d’en noter tout de suite les principaux aspects sur le carnet. Il arrive que l’on parvienne dès ce premier réveil à en faire émerger la trame principale. Si ce n’est pas le cas, lire au matin le plus rapidement possible, les notes prises, y réfléchir, chercher quels aspects du rêve pourraient avoir un rapport avec des événements récents, ou des préoccupations, ou des décisions difficiles à prendre : des indices sont toujours présents dans le rêve (ils sont parfois tellement visibles qu'on passe complètement à côté). Si le message transmis est important, il peut faire l’objet de plusieurs rêves consécutifs espacés de quelques jours. Le premier peut être beaucoup plus bref que les suivants, préparant le terrain. Ceux qui suivent semblent n'avoir absolument aucun rapport entre eux alors qu'au contraire l'un d'entre eux permettra au second d'advenir, et aidera à le déchiffrer.

Un personnage du rêve représente toujours le rêveur lui-même, c'est une clé importante pour permettre le décryptage. D'ailleurs ce sont très souvent plusieurs personnages, si ce n'est tous, à des degrés divers, qui figurent le rêveur lui-même. Par exemple j'ai fait il y a bien longtemps un rêve très court. J'étais en période de recherche, j'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose, une donnée importante dirons-nous. Comme je suis croyant, avant de me coucher je m'agenouille et je dis : « Mon Dieu, donnez-moi un rêve important  ». Si vous n'êtes pas croyant vous pouvez demander un tel rêve à l'Univers par exemple, ça peut fonctionner tout aussi bien. La nuit qui a suivi j'ai effectivement reçu un rêve important, le voici ::
Je suis dans la nature (une plaine), derrière moi brille la lumière d’une explosion nucléaire, aveuglante pour les hommes. J'ai le dos tourné à cette lumière. À quelques mètres devant moi, quelques personnes regardent dans ma direction et donc aussi dans celle de l’explosion. Écartant les bras en signe de danger, je leur dis : « Ne regardez pas, vous allez devenir aveugles. » Au réveil et pensant à ce rêve, je m'en donne l'explication suivante : « Mais c'est tout simple, tu ne peux avoir un accès immédiat à la Connaissance, comme ça, gratuitement, tu te brûlerais ; modère un peu tes ambitions. » Plus tard, une amie peut-être, ou moi même, je ne m'en souviens pas, fera cette remarque : « L’Éternel dit : tu ne pourras pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre. » (Exode 33.20.) Tout fier d’avoir obtenu une réponse à une question importante pour moi, je restai quelque temps sur cette explication, qui suscitait plutôt la fausse humilité et la passivité. Puis une meilleure explication me vint à l’esprit : et si tout simplement de peur de me « brûler » (explosion nucléaire) je n'osais pas affronter suffisamment la vie, regarder la vérité en face – ma vérité intérieure la plus profonde par peur tout simplement, peur de l'inconnu ? Peut-être que je n’osais pas (pouvais pas, avant ce rêve) assez regarder en moi, tirer des conclusions, trouver de nouvelles motivations et prendre de nouvelles décisions. Est-ce que je n'osais pas assez demander à la vie ? Décidément cette interprétation me parut plus proche de la vérité. Je crois me souvenir que je la pris en compte en allant refaire un petit tour sur le divan. On voit particulièrement bien dans ce rêve que tous les personnages figurent une seule et même personne, le rêveur.

Plus récemment j'ai fait un rêve qui m'a semblé assez long, en fait il était très touffu et étrange, certains protagonistes se comportaient très bizarrement. Le rêve survenait en toute fin de nuit et il m'a fallu plusieurs minutes pour recouvrer mes esprits. L'avantage fut que je m'en souvenais exactement, je pus en faire une assez bonne première analyse. Mais c'est seulement quelques heures plus tard, sur la fin d'une longue promenade en forêt, que je pus réaliser que le personnage le plus important du rêve, qui n'avait absolument aucun rapport avec moi, c'était bien moi. Plus un rêve est étrange, plus il gagne à être étudié. Car le Grand rêveur en soi se préoccupe avant tout de notre aptitude à assimiler ; c'est cette aptitude et surtout ce désir, en fin de compte, qui décideront de ce qu'on fera du rêve.

Si l'on parvient à faire un rêve très dense, certainement il doit être important, parvenir à le décoder et le comprendre (pourquoi ne pas en parler à un/une ami-e ayant l'esprit ouvert, non concerné-e, ce sera un avis extérieur au "problème", sans résistances psychologiques), sera aussi un encouragement et un entraînement qui favoriseront la venue de nouveaux rêves importants. Un rêve est parfois si étrange et si hermétique que seule une tierce personne, extérieure à la situation pourra le déchiffrer, parfois avec l'aide du rêveur. Ca m'est arrivé au moins une fois, en analyse ; jamais je n'aurais pu le déchiffrer tout seul... alors que c'était très simple et si évident - après coup... Je l'ai relaté ici : Deux rêves messagers, c'est le premier des deux. Un “dictionnaire des rêves” peut être utile si l'on a déjà une bonne expérience de l'analyse des rêves, mais est très loin d'être suffisant... Concluons en rappelant que pour Freud (et pour bien d'autres) le rêve est la voie royale d'accès à l'inconscient.

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