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Recherche:Deux rêves messagers

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auto-analyse

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Je dois d’abord dire qu’en juillet 1997, deux mois avant le tremblement de terre qui endommagea gravement la basilique, je me trouvais à Assise. Avec des amis nous allions effectuer une randonnée pédestre d’une semaine en parcourant l’Ombrie. Nous arrivions d’endroits différents, le rendez-vous avait été fixé sur la Grand-Place où nous attendions les derniers arrivants en prenant un pot à une terrasse, avant de parcourir une province chargée d’histoire. Cinq ans plus tard environ, un premier rêve a pour décor cette même Grand-Place d’Assise, mais à une autre terrasse, toute proche, située à angle droit par rapport à la première. À ma gauche est assis mon père, à ma droite ma mère (ils ne sont plus de ce monde). Je leur dis : « Il faut trouver la tombe de Jésus. » Mon père rétorque : « C’est dangereux ça. » Ma mère : « Oui, mais on peut essayer. » Je m’éveille et note tout de suite ce rêve qui me paraît complètement loufoque. Vraiment il est si loufoque, si incompréhensible (mais pourtant si précis) que je suis incapable d'y voir le moindre sens. Par chance je n’ai pas à attendre longtemps, j’ai rendez-vous le lendemain chez mon analyste, à qui je rapporte le rêve. Il me fait une seule remarque : « Dans une tombe, on est allongé. » J’ai tout de suite compris. Il me faut replacer les choses dans leur contexte.

J’étais en analyse depuis plusieurs mois déjà, mais je préférais être assis (et donc sur la défensive) sur un siège plutôt que de m’allonger sur le divan car je trouvais cette position trop vulnérable. En effet, bien avant cette thérapie, après avoir lu le livre d’une psychanalyste écrivant qu’une analyse pouvait être préjudiciable (elle devait faire allusion aux personnes n’ayant pas un moi suffisamment structuré), j’avais conçu, puis entretenu au fil des années une peur panique de la position allongée sur un divan de psy, au cas où j'effectuerais un jour une analyse. Pourtant je pressentais avec grande acuité qu’en position allongée, les muscles complètement détendus, et sans le face-à-face avec l’analyste (gênant autant pour moi que pour lui), je pourrais me relâcher complètement. J'en “rêvais” !, de pouvoir m'allonger sur le divan. Après ces quelques mois d’une thérapie très bénéfique avec un psy que je jugeais très à l'écoute, je me sentais de plus en plus confiant et motivé. Lorsque dans le rêve je dis à mes parents : « Il faut trouver la tombe de Jésus », je soumets mon souhait le plus cher ‘’à eux‘’, mais en fait (c'est implicite dans la formulation du rêve) à moi-même : « Il faudrait que je puisse m’allonger sur le divan. » Car la tombe de Jésus, Jésus symbolisant pour moi la conscience pure (« Je suis celui qui est »), la connaissance parfaite, signifie dans le message à peine voilé du rêve l’acquisition de la connaissance de soi grâce à la position allongée. Peut-être la tombe fait-elle aussi allusion au fait de mourir à soi-même pour renaître plus vivant, se re-susciter. Le travail du rêve, avant que le rêve me parvienne, fut donc extrêmement élaboré comme on le verra aussi par la suite.
Quand mon père dit : « C’est dangereux, ça », c’est mon côté masculin, viril mais prudent !, qui s’exprime. Quand ma mère dit que « oui, mais on peut essayer », c’est mon côté intuitif, féminin et maternel, qui m’encourage : même si ça peut paraître dangereux au premier abord, il vaut la peine d’essayer de faire quelque chose de si extraordinaire : aller voyager, détendu et confiant, dans les profondeurs de mon inconscient pour mieux me connaître. Je crois bien que je me suis dit : « Tous les rêves peuvent donc s’expliquer !, même les plus étranges, les plus extravagants. »

Décidément il faudra bien un jour que je m’allonge sur le divan. Les terrasses des deux cafés, formant entre elles un angle droit, ont-elles la même signification ? (puisque pour passer de la position assise à la position allongée je dois faire effectuer à mon corps un angle droit). Je n’en suis pas du tout certain car cet ‘’angle droit’’ est apparu dans d’autres rêves, je pense plutôt que ce changement de perspective est dû au nouveau contexte (le rêve) par rapport à une situation vécue, la différence de position entre l'état de veille dans la journée, debout ou assis, et l'état de sommeil, allongé. Le lendemain matin me vient une idée qui jusque là ne m'avait même pas effleuré : pour que mon rêve soit le plus apaisant possible, le travail du rêve a bien fait les choses : tout à fait au ras des pâquerettes pour ne pas effaroucher ma pensée consciente, il a placé le rêve à Assise. Qu’il est rassurant ce mot, non seulement par son symbolisme spirituel, apaisant pour moi, et me rappelant de bons souvenirs de vacances), mais parce qu’il fait ami-ami avec cette position assise et sans danger dans le contexte d’un rêve qui par son sens caché (encore assez “dangereux” pour moi à l’époque) mais profond, m’encourage à m’allonger sur le divan pour mieux me détendre. Dans le rêve d’ailleurs, je suis assis, entouré de parents protecteurs.
Juste avant ce rêve j'avais fait un bref rêve de préparation : je demandais à ma mère quel plat on pouvait assaisonner avec le basilic. Elle me répondit : ‘‘La viande’’– à l'époque, je pensais qu'il en était ainsi, mais je voulais en avoir confirmation. Notons que la viande est réputée pour être très nourrissante. « Ma mère sait des choses que j’ignore, je peux donc lui faire confiance. »

Deux nuits plus tard je fis un second rêve. Je suis accroupi dans une tranchée profonde d’environ deux mètres, occupé à trier à grand peine d’innombrables débris d’assiettes (j’avais dans mon enfance visité la Maison Picassiette à Chartres) recouverts de quelques millimètres d’eau, afin de les ré-assembler. Ce travail interminable est épuisant. Puis le rêve sans transition se poursuit, je suis maintenant debout sur la terre ferme, face un monticule où s’empilent différentes strates. Au sommet et à hauteur de mes yeux (« c'est devant tes yeux »), la strate est en minerai d’or.
– Mon premier réflexe : « De l’Or ! (Waouh !) »
– Mon deuxième : « Mais il n’est pas pur… »
– Mon troisième : « Mais on peut l’extraire. »
Je rapporte ce rêve à mon analyste et dans la foulée me dirige vers le divan. Ma dernière phrase avant de m’y allonger : « Se coucher devant l’autorité ! » – pas fou le garçon, l’analyste avait intérêt à être gentil avec moi ! Clin d'œil

Un autre arrangement avec les mots, que je n’aurais jamais soupçonné, en relation avec “Maison Picassiette”, me fut plus tard signalé : "(pic)-Assis-Ȇtes’’. J'en suis resté coi pendant plusieurs jours. Pour lever une intense angoisse, entretenue durant de longues années, l'esprit profond, devant ma motivation, avait jugé impératif d'effectuer un travail d'orfèvre dans un très subtil cryptage. Deux messages très denses, très courts afin d'être faciles à déchiffrer. Ce furent mes deux plus beaux rêves. Il m'est impossible de vous transmettre quelle fut ma joie d'avoir fait ces deux rêves. Il faut avoir eu de ces rêves très puissants pour l'imaginer. J'en garde encore très fort le souvenir, la beauté et l'importance s'en sont encore accrues par tout ce qu'ils m'ont apporté par la suite.

Face aux prodigieuses aptitudes de l'inconscient à nous délivrer très délicatement les plus importants messages, on comprend comment le mathématicien Alexandre GROTHENDIECK, qui étudiait scrupuleusement tous ses rêves, a pu être autant aidé dans sa réflexion mathématique.