Proche et Moyen-Orient/Annexe/Armes chimiques syriennes

Leçons de niveau 13
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Armes chimiques syriennes
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Annexe 1
Leçon : Proche et Moyen-Orient

Annexe de niveau 13.

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Armes chimiques syriennes

Introduction[modifier | modifier le wikicode]

La Syrie, ou plus exactement la République arabe syrienne, est un pays arabe du Proche-Orient situé sur la côte orientale de la mer Méditerranée : le bassin Levantin. Elle a été ces dernières années au cœur de l'actualité, depuis 1970, après une série de dictatures militaires instables, Hafez el-Assad, alors ministre de la Défense, prend le pouvoir par un nouveau coup d'État. À sa mort en 2000, son fils, Bachar el-Assad, lui succède et maintient le régime instauré par son père, avec un certain relâchement des libertés en début de mandat.

Début 2011 se déclenche la Guerre civile syrienne dans le cadre du Printemps arabe qui se prolonge encore aujourd'hui, et qui a déjà fait plus de 100 000 morts d’après des estimations de l'ONU. Mais un évènement plus troublant s'ajoute à cette hécatombe : l’opposition syrienne accuse le régime de Bachar el-Assad d’avoir eu recours à des armes chimiques, plus précisément à un gaz neurotoxique (le sarin) le mercredi 21 août 2013, lors du bombardement de positions rebelles dans la banlieue de Damas. Ce qui causa de nombreuses victimes sur la population, 1 300 morts selon l'opposition.

Victimes du massacre de Damas.

L'histoire des armes chimiques[modifier | modifier le wikicode]

Commençons par définir le terme d'arme chimique, une arme chimique est une arme utilisant des produits chimiques, toxiques pour les êtres humains. L'arme peut être simplement neutralisante, ou létale dans la plupart des cas, mais peut se révéler aussi toxique pour la faune et la flore.

Dès l'antiquité gréco-romaine, les premières « armes chimiques » ont fait leur apparition lors de différents conflits. D'abord rudimentaires (simples poisons tirés de plantes), elles se sont perfectionnées au fil des siècles - au même titre que l'armement en général - et ont été de plus en plus employées notamment lors de la guerre 1914-18.

À la fin du siècle dernier, les nations ont pris conscience de la nécessité d'interdire l'emploi des armes chimiques. Un certain nombre de conventions et de protocoles d'accord ont ainsi vu le jour. Le dernier acte en date et le plus important est la Convention pour l'Interdiction des Armes Chimiques, entrée en vigueur le 29 avril 1997.

Bref historique[modifier | modifier le wikicode]

  • Puits empoisonnés à l'ergot du seigle (Assyriens et Perses, VIe et IVe siècles avant notre ère)
  • Feu grégeois : fumées toxiques à base de pâte incendiaire inventées par le grec Kallinikos (673). Le « feu grégeois » restera pendant cinq siècles l'arme secrète de Byzance contre les Turcs. Plus tard ceux-ci se l'approprient pour conquérir l'Empire Grec (XIVe siècle).
  • Vapeurs toxiques et somnifères ( Hasan al-Rammah, fin du XIe siècle)
  • Fabrication d'engins plus perfectionnés à l'arsenic, orpiment, plomb, céruse, minium, vert-de-gris, antimoine avec adjonction de belladone, euphorbe, hellébore, aconit, noix vomique et venins (!) (cités par l'auteur militaire allemand Flemming - 1726). On ignore s'ils furent utilisés.
  • Juillet 1917 (premiers usages en 1915) : la guerre chimique atteint son paroxysme avec l’ypérite ou « gaz moutarde » (sulfure d'éthyle dichloré) dans la région d'Ypres - d'où son nom. Son action toxique n’est pas que respiratoire. C'est un vésicant persistant et insidieux, provoquant des brûlures intolérables. L'effet psychologique est désastreux. 9 500 tonnes de ce gaz sont fabriquées.
  • À partir de 1937 et jusqu'en 1941, le Japon, gros producteur d'ypérite et d'arsines, fait usage de toxiques contre la Chine, notamment lors de l'attaque d'Yichang (ypérite et lewisite ; ces produits cesseront d’être utilisés par la suite en raison de la découverte de l'antidote B.A.L.). source ?
  • De 1982 à 1988, l'Irak utilisera des armes chimiques en diverses occasions :
    • guerre Iran-Irak : l'Irak utilise l'ypérite, le cyanure et le tabun contre les troupes iraniennes qui subissent de lourdes pertes (10 000 blessés graves, nombre de morts inconnu). L'affaire d'Hallabjah (1988), « simple opération de maintien de l’ordre », conduira à la mort de 5 000 manifestants ;
    • la guerre du Golfe (1990-1991), « événement majeur de l'histoire de la guerre chimique » constitue le point culminant de la menace qu'a fait peser sur la communauté internationale l'arsenal chimique dont disposait alors Saddam Hussein, mettant l'Irak au 3e rang mondial avec près de 50 000 obus et bombes à l'ypérite, au sarin et sarin cyclohexylique ;
    • de même, contre les Kurdes du Nord et Chiites du Sud, il ne fait plus aucun doute que tabun et ypérite ont été utilisés massivement, faisant des milliers de morts.
  • 1990 : Libye, dans le désert à Tarhunah (65 km de Tripoli), l'usine de Rabta, considérée comme la plus importante usine d'armes chimiques au monde, est détruite à la suite d'un incendie mystérieux
  • 1995 : une attaque terroriste au sarin dans le métro de Tokyo fait des dizaines de victimes (8 morts) ;
  • 2007 : des attentats chimiques à base de chlore sont perpétrés sur le territoire irakien contre la population.
Bombe à dispersion de sarin.

Qu'est-ce que le sarin ?[modifier | modifier le wikicode]

Le sarin est un gaz neurotoxique extrêmement virulent se propageant dans l'air, inodore, incolore, et volatile il a été mis au point en 1939 par les Allemands et utilisé a Tokyo en 1995 dans le métro par la secte Vérité suprême d'Aum.

Quelques symptômes :

  • nez douloureux et enflé;
  • hypersialorrhée (sécrétion surabondante de salive) ;
  • dyspnée (difficultés respiratoires) ;
  • myosis (pupilles contractées) ;
  • nausées, vomissements ;
  • incontinence, perte de conscience, coma ;
  • à un stade avancé, convulsions avant la mort par asphyxie.

Gaz organophosphoré comme le soman ou le tabun, mais 500 fois plus toxique que le cyanure, le sarin bloque la transmission de l'influx nerveux, entraînant la mort par arrêt de la respiration et du cœur. Agissant même à doses infimes, il pénètre par voie respiratoire ou par simple contact avec la peau, selon la Fédération des scientifiques américains (FAS).

Quand il ne tue pas, il laisse de graves séquelles neurologiques. Une tonne de sarin ferait entre 300 et 700 morts par kilomètre carré pour une densité de 3 000-10 000 personnes par kilomètre carré, s'il est vaporisé par un avion de jour clair, ensoleillé avec un vent modéré, 400 à 800 pour une nuit claire avec un vent modéré, 3 000 à 8 000 de nuit et dans des conditions idéales de températures et de vent.

Son origine[modifier | modifier le wikicode]

Le sarin fut découvert en 1939 à Wuppertal-Elberfeld dans la vallée de la Ruhr en Allemagne, dans les laboratoires de l'IG Farben, par quatre chimistes allemands à la recherche de meilleurs pesticides.

Ces 4 chimistes tombèrent sur la "substance 146", bien plus létale que le cyanure, d'une efficacité redoutable pour ébranler le système nerveux. Répondant au nom chimique d'isopropyl-methyl-fluorophosphate, elle fut rebaptisée « sarin », en piochant quelques lettres dans les noms de chacun des quatre chimistes qui l'inventèrent. L'un d'eux, Otto Ambros, fut condamné pour crime de guerre au procès de Nuremberg, mais libéré au bout de quatre ans d'emprisonnement. Il rejoignit les États-Unis, où il servit au programme de recherche d'armes chimiques. Ainsi, si l'armée allemande n'utilisa jamais de sarin pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne s'y intéressèrent de près pendant la guerre froide. Non sans en payer le prix : en 1953, un test de sarin sur un jeune chimiste se solda par sa mort.

Le sarin est proche, par sa structure et ses effets, d'insecticides tels que le malathion ou le carbaryl. Il est également proche de médicaments tels que la pyridostigmine, la néostigmine et l'antilirium.

Comment se protéger ? Et que faire si exposition au sarin ?[modifier | modifier le wikicode]

Fichier:M17 Gas Mask.jpg
Masque à gaz américain modèle 17.

Il est possible de se remettre d’une exposition au sarin en se faisant traiter, mais les antidotes doivent être utilisés très rapidement pour être efficaces. La meilleure chose à faire est donc d’éviter l’exposition :

Quittez l’endroit où le sarin a été dégagé et cherchez de l’air frais. Se rendre rapidement vers un lieu où il y a de l’air frais est une façon très efficace de réduire les chances de mourir des suites d’une exposition à la vapeur de sarin. Il ne faut pas oublier que le masque à gaz (on dit plutôt masque anti-gaz) protège seulement les voies respiratoires. Comme évoqué précédemment le gaz sarin peut également être absorbé par la peau (tenue NBC indispensable) ou ingéré…

Pour la protection respiratoire du gaz sarin, il est recommandé un masque gaz complet avec une cartouche filtrante type ABEK2-P3 (codifiée également A2B2E2K2-P3) couvrant un large spectre de menaces. Chaque cartouche filtre est qualifiée selon un ensemble de lettres (le type de protection : A-B-E-K-P) et de chiffres (les classes d’absorption : 1-2-3) :

  • A : gaz et vapeurs organiques (solvants) à point d’ébullition supérieur à 65° C ;
  • B : gaz et vapeurs inorganiques (chlore, sulfure d'hydrogène, cyanure d'hydrogène) ;
  • E : gaz et vapeurs acides, tels que dioxyde de soufre ;
  • K : ammoniac et dérivés organiques ;
  • P : particules solides et liquides, particules radioactives et hautement toxiques, bactéries et virus.

Si contacte physique avec le sarin : retirez rapidement les vêtements pouvant être contaminés au sarin liquide. Tout vêtement qui doit être passé pardessus la tête doit être coupé pour être retiré plutôt que tiré pardessus la tête. Si possible, scellez les vêtements dans un sac en plastique. Scellez ensuite ce sac dans un deuxième sac en plastique. En retirant et en scellant ainsi les vêtements, vous protégerez d’autres personnes contre tout produit chimique qui pourrait encore se trouver sur les vêtements.

Dès que possible, se laver à l’eau et au savon peut aider à protéger une personne contre les produits chimiques sur son corps. Rincez les yeux à l’eau claire pendant 10 à 15 minutes s’ils brûlent ou si la vision est brouillée.

Brûlures au contact d'une armes chimiques sur un jeune de 15 ans à Gaza.

Les différents types de munitions d'armes chimiques[modifier | modifier le wikicode]

Les munitions explosives utilisent des explosifs brisants pour diffuser la substance chimique sur la cible. Elles ne sont pas particulièrement efficaces car les substances qu’elles contiennent sont généralement détruites par l'explosion et elles ne permettent pas de contrôler la granulométrie. Elles sont néanmoins faciles à produire et ne coûtent pas cher puisqu'elles découlent de munitions classiques courantes.

Les munitions thermiques utilisent, quant à elles, des moyens pyrotechniques pour diffuser la substance toxique sous forme d'aérosol. Elles sont plus efficaces que les munitions explosives car elles peuvent mieux contrôler la granulométrie. Il n'empêche que la plupart des substances toxiques sont très sensibles à la chaleur et se dégradent rapidement lorsqu'elles sont surexposées.

les munitions de pulvérisation diffusent, elles, un produit chimique toxique sous forme aérosol. Elles présentent l'avantage de permettre un excellent contrôle de la granulométrie et sont particulièrement efficaces pour couvrir des zones entières. Les fines gouttelettes d'aérosol peuvent cependant s'évaporer ou être emportées par le vent avant d'atteindre la cible, à moins d’être utilisées à de faibles altitudes.

Bombe chimique américaine AM-M78 1.

Les différents types de fabrications d'armes chimiques[modifier | modifier le wikicode]

La fabrication d'agents hémotoxiques (à définir) et de suffocants est relativement simple et ne nécessite pas de matériel ni d'installations autres que ceux d'une simple base industrielle chimique. Nombre de ces agents sont déjà fabriqués à travers le monde dans le cadre d'activités industrielles commerciales et peuvent être facilement achetés sur le marché.

La fabrication d'agents vésicants est légèrement plus difficile en raison d'un risque d'accident supérieur, sans être pour autant terriblement complexe. Les agents vésicants sont fabriqués depuis la première guerre mondiale et leurs processus de fabrication sont bien compris et documentés.

À la différence des agents hémotoxiques, des agents vésicants et des suffocants, les agents neurotoxiques sont beaucoup plus difficiles à produire. Ils nécessitent des processus complexes de fabrication et un équipement spécialisé très résistant à la corrosion.

Les toxines sont généralement extraites des organismes vivants qui les fabriquent. Le processus d'extraction peut être complexe, mais reste plus simple que la fabrication d'agents neurotoxiques. Les toxines peuvent aussi être produites artificiellement, mais c’est difficile pour de très grandes quantités.

Les avantages et inconvénients de l’utilisation des armes chimiques dans le monde[modifier | modifier le wikicode]

Les armes chimiques sont utilisées contre des cibles militaires, mais aussi civiles. Leur utilisation présente des avantages et des inconvénients. Sur le plan des avantages, les armes chimiques :

  • coûtent moins cher que les armes classiques ;
  • peuvent être utilisées contre des cibles dispersées ou fortifiées, contre des cibles dont la position exacte est inconnue ;
  • peuvent interdire l'accès à certaines zones ;
  • attaquent les personnes, mais laissent intacts les équipements et les infrastructures ;
  • peuvent servir à lancer des opérations terroristes ou des attaques surprise.

Sur le plan des inconvénients, les armes chimiques :

  • nécessitent des capacités opérationnelles complexes ;
  • ont des effets imprévisibles et peuvent ne pas se limiter à la zone visée ;
  • ne détruisent pas le matériel, ce qui signifie qu'en cas d'échec de l'attaque les forces ennemies restent intactes ;
  • ont des effets externes négatifs, leur utilisation compliquant la conduite des autres opérations militaires ;
  • peuvent entraîner une sanction internationale car leur emploi constitue une violation du droit international.