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Présentation de la philosophie/Fiche/Dissertation philosophique

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Fiche mémoire sur la dissertation philosophique
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Présentation de la philosophie/Fiche/Dissertation philosophique
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Remarques préalables

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  • Faire un devoir c’est s'adresser à quelqu’un qui ne demande qu’à apprendre, comprendre et être convaincu. Les rôles sont inversés : le temps d'un devoir vous devenez enseignants. Cela implique une expression simple et précise, des affirmations toujours démontrées, des explications développées sans sous-entendu (le correcteur n’est pas dans votre tête et n'a pas lu votre cours), des références commentées et en rapport avec votre propre réflexion, des exemples illustrant vos idées.
  • En philosophie tous les sujets peuvent être interprétés, et donc mal interprétés. Soit que le sens de l'énoncé est ambigu (par exemple, si le terme conscience apparaît, il s'agit de déterminer s'il faut parler de la conscience au sens psychologique ou au sens moral, ou les deux), soit qu’il implique des thèmes auxquels on ne pense pas spontanément (par exemple, des questions concernant la notion de vérité peuvent demander d'étudier des domaines aussi différents que la science, la philosophie, mais aussi l'art, la morale, la politique...) Une recherche préalable au brouillon est donc absolument nécessaire.
  • Un sujet de dissertation aborde toujours une des notions générales traitée en cours (parfois, deux notions sont mises en relation.) Mais, il l'aborde toujours d'un certain point de vue, selon une perspective particulière qui n'a pas été forcément précisée dans un cours. Autrement dit, un sujet de dissertation n'est jamais une question de cours. Il ne s'agit pas de traiter un thème de manière générale, mais il faut toujours proposer une réflexion qui répond précisément à la question telle qu'elle est posée. Une dérive très répandue consiste donc à prendre le sujet comme un prétexte pour développer des connaissances générales (vous serrez alors en « hors-sujet »). Il est impératif de faire exactement le contraire, c'est-à-dire de considérer les idées d'un cours et les références seulement comme des moyens, des outils utilisables pour répondre à une question. Si nous prenons l'exemple d'un sujet comme : « La conscience est-elle forcément malheureuse ? », on ne répondra pas à cette question si l’on se contente de donner la définition de la conscience chez Descartes. Il s'agit plutôt d'expliquer en quoi la définition du cogito cartésien permet de montrer que le fait d’être conscient peut-être à l'origine d'une existence malheureuse.
  • Les apparences comptent. La forme écrite de votre dissertation doit refléter le mouvement même de votre réflexion. Une dissertation se compose de trois parties qui doivent être divisées en différents paragraphes. Chaque partie correspond à un point de vue sur le sujet, une seule idée directrice, et chaque paragraphe correspond au développement d'un argument, d'une idée particulière. Aérez votre présentation.

L'introduction

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Elle possède deux fonctions, et donc deux moments : elle doit définir le sens de l'énoncé proposé comme sujet de dissertation, et doit présenter la problématique contenue dans cet énoncé.

Considérons le premier moment. On ne définit pas le sens d'un énoncé en donnant une liste de vocabulaire, c'est-à-dire en définissant un par un et à la suite les mots qui composent le sujet. Vous devez en vous appuyant sur des définitions communes expliquer ce qui est précisément demandé, quel est l’objet exact de la réflexion, quels sont les thèmes ou les domaines concernés, quelles opinions, quels types de point de vue on rencontre habituellement lorsqu'on aborde cette question... Par exemple, concernant le sujet « Est-il raisonnable d'aimer ? », il ne s'agit de commencer une introduction en juxtaposant les définitions des mots « raisonnable » et « aimer », mais il faut montrer que ces définitions peuvent renvoyer à des propriétés contraires, ce qui explique pourquoi une telle question peut-être posée.

Le second moment d'une introduction consiste à présenter la problématique. On ne construit pas une problématique en se contentant de formuler différemment la question. La question posée n’est pas problématique, par contre elle sous-entend toujours un problème. Quelle est la différence entre interrogation et problème ? Une question appelle une réponse (oui ou non, il est raisonnable d'aimer...), un problème demande une résolution (tout le problème consiste à comprendre comment la raison peut imposer une mesure à l'amour sans pour autant anéantir cette passion qui par définition est irréfléchie, immodérée... peut-on aimer sans perdre la raison ?) Afin de trouver le problème, il faut se demander pourquoi il n’est pas facile de répondre au sujet, pourquoi ne pouvons-nous pas nous contenter de répondre simplement oui ou non. La plupart du temps, ce qui fait la difficulté d'un sujet est une opposition sous-entendue. Plusieurs cas sont possibles :

  • Soit, les concepts mêmes de l'énoncé s'opposent et le problème consiste alors à résoudre une contradiction (aimer avec raison par exemple);
  • Soit, les opinions qui répondent au sujet s'opposent et le problème consiste à penser une conciliation ou une synthèse (il est vrai de dire que « les goûts sont dans la nature », mais il est vrai aussi de penser qu’il existe des œuvres qui font l'unanimité, les chefs-d'œuvre);
  • Soit, les faits s'opposent et il s'agit alors de trouver nuances, des distinctions de sens concernant une notion (la vérité est une en mathématique, multiple en philosophie, un idéal dans les sciences physiques : comment définir le statut de la vérité dans la connaissance humaine ?);
  • Soit, enfin, le sujet contient un paradoxe, une réponse qui va contre nos habitudes de pensée, et il s'agira alors de dépasser ces habitudes pour penser autrement ou autre chose (par exemple, « le temps peut-il être autre chose que du passé, du présent et de l'avenir ? » : Puisque l'opinion commune constitue le temps avec du néant, il faut penser autrement son existence, à condition qu’il existe).

Le développement

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Une dissertation se compose toujours de trois parties : les deux premières distinguent les différents points de vue selon lesquels on peut aborder la question posée, la troisième est la présentation d'une solution, d'une réponse (synthèse des points de vue analysés précédemment, ou alors un troisième point de vue plus juste, plus judicieux pour répondre au sujet). Exemples de plans :

« Est-il raisonnable d'aimer ? »

Premier plan construit à partir de trois définitions du mot raison :

  • La raison (d'être) de l'amour : justification de la passion amoureuse. Il est raisonnable d’être déraisonnable.
  • L'irrationalité de l'amour : l'amour vécu par un être avant tout doté d'une raison. L'amour comme illusion et souffrance.
  • Les règles de la raison au service de la passion amoureuse : les ruses de la raison pour conduire une passion insoumise.

Deuxième plan construit à partir de trois rapports ou de trois relations possibles entre amour et raison :

  • Quand la raison s'oppose de front à la passion, la passion domine.
  • Quand la raison interpose entre elle et la passion la volonté ou d'autres passions. Toute passion se définit par la force et l'exclusivité.
  • Quand la raison précède la passion : il faut penser une chronologie plutôt qu'une hiérarchie. Choisir entre aimer et être amoureux.

Entre les différentes parties il est impératif de présenter de réelles transitions résumant d’abord les points positifs de la partie qui précède, montrant ensuite les limites de cette dernière afin de justifier le passage à la partie suivante, à un autre point de vue. Au sein même des parties, il est important de relier aussi vos différentes idées par des transitions plus courtes, par exemple sous la forme d'une question. Un dissertation doit être un mouvement unique et fluide, et non la juxtaposition de différentes idées.

Deux types de plans sont à éviter :

  • Premièrement, si un sujet est composé de deux notions, comme par exemple « la liberté est-elle une illusion ? », il ne faut pas traiter dans un premier temps la notion de liberté, dans une seconde partie celle d'illusion, et tenter de les rapprocher seulement dans la troisième partie. C'est la relation entre l’idée de liberté et celle d'illusion qu’il faut étudier tout le long de votre devoir.
  • Deuxièmement, il faut vraiment éviter les plans du type : 1) oui 2) non 3)peut-être (ou oui et non!) Les parties d'un devoir peuvent dire des choses différentes sans se contredire forcément. En général, ceux qui produisent ce genre de plan répondent à la question sans voir le problème, ou alors se contentent de développer des exemples, et donc des contres-exemples. La contradiction est anti-philosophique, la simple multiplication d'exemples n'a aucune valeur philosophique. Il est demandé avant toute chose de la cohérence logique et une réflexion d'ordre conceptuelle.

Elle possède deux moments. Le premier consiste à trouver la formulation la plus précise et la plus synthétique à la fois qui résume votre réponse. Le deuxième doit présenter ce que l’on appelle une ouverture. Il s'agit de montrer que des questions restent encore en suspens, que votre réponse ouvre sur d'autres thèmes…