Paradoxe sémantique/Du signe

Leçons de niveau 18
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Du signe
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Chapitre no 2
Leçon : Paradoxe sémantique
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Du signe linguistique[modifier | modifier le wikicode]

Hiéroglyphes Obélisque Louxor Paris 3

Le signe est une microforme, une consistance qui lui permet d'exister d'une façon équivalente dans les substances physique et mentale. Si au plan physique son architecture est concrète, au plan mental elle est virtuelle. C'est cette architecture que les êtres vivants peuvent associer à du sens afin de tenter d'exprimer leur pensée et de la communiquer. Si tous les supports d'architecture sont potentiellement susceptibles de constituer des signes linguistiques communicables, et s'il existe une communication chimique chez certaines plantes et certaines espèces d'insectes sociaux, c'est le support sonore et infrasonore qui fut privilégié et développé par les animaux supérieurs, les mammifères terrestres et marins et les oiseaux, et en particulier chez les hominiens avec la parole articulée. Ce n'est que tardivement, il y a environ cinq mille ans que l'homo sapiens, notre espèce, a commencé à utiliser un support graphique, l'écriture, un code paralinguistique substitut et auxiliaire de la langue articulée, afin de pouvoir conserver des signes dans la durée et de constituer des bibliothèques pérennes de signes. Une multitude d'autres codes sémiotiques sont apparus ː pavillons, morse, sémaphore, prosodiques, kinésique, pratiques et programmatiques, comme le code de la route, tous dérivent plus ou moins de la langue articulée et en conservent au moins partiellement la structure et la syntaxe.

Nous associons volontairement, plus ou moins consciemment, des signes à notre champ sémantique. Cette opération automatique est injective univoque, non réciproque, c'est-à-dire que la relation du sens au signe est faible. C'est ainsi, qu'un signe préalablement associé nous suggère immédiatement du sens, même s'il est flou et paradoxal, alors que du sens peut ne nous évoquer aucun signe (Nous disons alors que nous avons le mot sur la langue ǃ.. Et s'il nous revient ː Ah ǃ Mais oui, c'est bien sûr ǃ Suis-je bête ǃ). Notre champ sémantique s'étend dans des espaces virtuels qualitatifs continus de sens, alors que les signes sont une multitude d'éléments discontinus. Ce sont deux formes essentiellement différentes, il ne peut donc pas y avoir de relation réduplicative du sens au signe.

Le signe linguistique ne porte en lui aucun sens intrinsèque, sauf par la suggestion d'une image s'il est pictographique ou idéogrammatique, comme le sont les écritures anciennes, telles que les hiéroglyphes ou la première écriture chinoise. C'est la relation d'indépendance du signifiant au sens, conventionnelle, même si cette relation floue peut être dans certains cas plus ou moins implicite. Plus qu'un désignatif de sens, le signe est un miroir du sens présent et constituant notre champ sémantique, son sens implicite serait donc en contradiction et une altération du sens qu'il réfléchit. Le signe ne peut réfléchir que ce qui est présent dans notre champ sémantique, et non ce qui y est absent, dans ce cas il y a psittacisme, c'est à dire du signe vide de sens pour notre personne, sans préjuger d'autrui. Il est une évidence que le sens réfléchi par le signe n'est pas immuable, mais évolue avec le champ sémantique qui ne cesse de s'enrichir de nos expériences successives.

Nos signes sont trop peu nombreux relativement aux indénombrables contenus de notre champ sémantique, pour pouvoir être associés à notre événementiel. Aussi, nous les associons aux sens généraux de nos catégories de sens, telles qu'elles résultent de la distinction de notre fonction analytique. Un événement ou un contenu particulier devra donc être exprimé par un groupe de signes, une proposition complexe. Par ailleurs à côté de cette association volontaire, il existe un système de codification interne formel qui préside à l'architecture et au rangement de notre champ sémantique au sein de notre mémoire.

Il nous faut bien comprendre que les signes que nous utilisons pour nous exprimer sont associés à notre propre sens, présent dans notre champ sémantique, que ce champ est unique au monde du fait de notre altérité, et que nous ignorons tout du sens auquel les autres associent les mêmes signes, dont nous ne pouvons formellement pas avoir accès car ce sont des qualia personnels intimes.