Mutations des sociétés depuis 1850/Exercices/La fin d'un monde
Deux écrivains évoquent la survie tardive du monde paysan traditionnel dans le Massif central.
« R. Millet : Je me souviens par exemple du premier élévateur à fumier : pour moi qui, dans mon enfance, ai nettoyé des étables à la main, c'était quelque chose d'extravagant et de futuriste ! Il y avait le spoutnik et l'élévateur à fumier […] En tout cas, jusqu'au bout, les paysans de Corrèze sont restés dans le système archaïque qui datait du XIXe siècle. Je prétends de ce fait que Jourde et moi avons vécu dans le XIXe siècle à peu près jusqu'à aujourd'hui. Il n'y avait quasiment aucune différence avec La Terre de Zola, par exemple ! Il y a aussi des rétrécissements des perspectives temporelles qui sont proprement sidérants. Aujourd'hui que ce monde a disparu, ceux qui nous lisent (nos enfants, par exemple), le font comme nous lisons Balzac ou Zola aujourd'hui […]
P. Jourde : J'ai dit tout à l’heure que ce monde changeait peu. C'était encore vrai très récemment. Aujourd'hui, dans quelques hameaux de haute Auvergne, on trouve encore ce mélange d'archaïsme profond et de modernité. Mais la déculturation est là, et les collectivités villageoises se meurent. En fait, il y a certainement plus de choses qui ont changé de l’espace de vingt ans que depuis quasiment le Moyen Âge. »
— Alain Finkielkraut, Qu'est-ce que la France ?
- Quelles sont les conséquences de la modernité chez la paysannerie ?
- Quels sont les secteurs de reconversion des paysans qui quittent l'agriculture ?
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