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Le siècle des totalitarismes/Points communs et spécificités des totalitarismes

Leçons de niveau 12
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Points communs et spécificités des totalitarismes
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Chapitre no 2
Leçon : Le siècle des totalitarismes
Chap. préc. :Genèse des régimes totalitaires dans l'entre-deux-guerres
Chap. suiv. :Dénazification et procès de Nuremberg
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Les régimes totalitaires (soviétique, fasciste et nazi) dans l'entre-deux-guerres : points communs et spécificités

Au XXe siècle, l'Europe a connu plusieurs régimes totalitaires, notamment trois faisant figure de « modèles » : en Italie avec comme dictateur Mussolini, en Allemagne avec Hitler et en Union soviétique (URSS) avec Lénine puis Staline. On peut se demander quels sont les points communs et les différences entre ces projets totalitaires.

Les points communs de ces trois régimes totalitaires

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Des États tout-puissants qui ne supportent aucune opposition politique

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Tous sont dirigés par un chef charismatique (Mussolini et Hitler sont des orateurs de talent, Staline moins), faisant l'objet d'un véritable culte de la personnalité (portraits, propagande à travers toutes sortes de médias, dans les écoles, etc.). Dès leur arrivée au pouvoir, les trois hommes ont tout d'abord veillé à s'assurer de la fidélité de leurs fonctionnaires et à éliminer les opposants potentiels (en Allemagne, Hitler procède ainsi à une véritable épuration de l'administration en excluant les juifs et les communistes). Le pouvoir est fortement centralisé (les Länder allemands perdent leur indépendance).

En Italie et en Allemagne, les anciennes institutions sont conservées mais n'ont plus de pouvoirs réels (le roi d'Italie et le Parlement italien ne peuvent plus qu'enregistrer les décisions prises par le gouvernement ; de même pour le Reichstag allemand). Mussolini, Hitler et Staline concentrent les pouvoirs entre leurs mains et gouvernent en s'appuyant sur un cercle restreint de proches : « Grand Conseil du fascisme » pour Mussolini ; cadres du Parti nazi (NSDAP) pour Hitler, qui s'applique à entretenir des rivalités entre eux pour mieux les diriger ; cadres du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) aux ordres de Staline.

Hitler, Staline et Mussolini s'appuient sur de puissants partis uniques qui quadrillent littéralement le pays (les syndicats indépendants sont par exemple abrogés et remplacés par les syndicats officiels des partis). Dans les trois cas, des polices politiques sont chargées de réprimer toute forme de contestation et toute velléité de pluralisme. Le NKVD en URSS (il deviendra le KGB), la Gestapo dans le Troisième Reich, l'OVRA dans l'Italie fasciste constituent des réseaux d'informateurs et encouragent la délation pour repérer les opposants. En Italie, les opposants sont emprisonnés ou exilés, mais dans l'Allemagne nazie des camps de concentration sont ouverts dès 1933 et on y déporte les communistes, les socialistes, et tous ceux considérés comme des « ennemis politiques » qui « souillent le corps allemand ». En URSS, Staline ordonne une première vague de terreur entre 1929 et 1932 avec la « dékoulakisation » : 1,8 million de paysans soviétiques « aisés » sont déportés dans des camps (le Goulag) en Sibérie ou dans des régions éloignées de l'URSS. Une seconde vague de répression, « la grande terreur », se déroule entre 1936 et 1938 (procès de Moscou ; 700 000 personnes exécutées par le NKVD). 15 millions de Soviétiques seront déportés dans les camps du Goulag entre 1917 et 1953.

Une société sous contrôle (vie quotidienne, culture, loisirs)

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Les régimes totalitaires veulent contrôler et surveiller tous les aspects de la vie des populations, depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont enrôlés dans des groupes maîtrisés par les partis : jeunesses hitlériennes (Hitlerjugend), Ballilas en Italie, pionniers soviétiques en URSS. Les programmes scolaires sont remaniés de manière à inculquer à la jeunesse les valeurs du régime et à former les cadres obéissants des nouvelles sociétés auxquelles aspirent les dictateurs.

Les adultes également doivent adhérer aux syndicats officiels des partis ou aux associations de loisirs s'ils ne veulent pas subir de pression de la société où la délation et le contrôle mutuel sont encouragés. En URSS, c'est l'État qui organise les vacances des ouvriers « les plus méritants ».

Toute la société est soumise à une importante propagande d'État qui contrôle tous les médias, y compris le domaine artistique. Des styles artistiques « officiels » voient ainsi le jour alors qu'à l'inverse on interdit « l'art dégénéré ». En Allemagne, des autodafés ont lieu en place publique (des buchers sont dressés pour y brûler des milliers de livres interdits). Les autorités organisent également de grands rassemblements où les leaders font des discours enflammés devant des milliers de personnes. Dans tous les cas, les populations sont partagées entre consentement (certains par conviction, beaucoup parce qu'ils n'ont pas le choix) et résistance (mais cette dernière reste modérée ; ainsi en URSS, les paysans finissent par obtenir un lopin de terre privé en 1935).

L'économie est au service de l'État

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En Italie et en Allemagne, les fascistes et les nazis sont arrivés au pouvoir avec l'aide des milieux d'affaires qui continuent de les soutenir lorsqu'ils sont au pouvoir. En contrepartie, la propriété privée est maintenue, et les industriels peuvent continuer à s'enrichir avec l'aide des appareils d'État. Ainsi, en Allemagne, certains industriels profitent de la main-d'œuvre des camps de concentration.

Les réformes sociales ne font plus partie des programmes politiques des deux États. En revanche, Hitler et Mussolini savent que pour maintenir la paix sociale ils doivent faire en sorte d'en finir avec le chômage. Ils lancent donc des programmes de grands travaux, souvent à la gloire de leur régime, qui permettent d'employer des milliers de personnes même si les caisses des États se vident. Leur ambition est de développer l'autarcie économique de l'Italie et de l'Allemagne.

En URSS, Staline veut collectiviser l'économie et développer l'industrie lourde (il se méfie des campagnes, trop conservatrices de son point de vue). L'État met en place des plans quinquennaux ambitieux qui fixent les objectifs de production à atteindre. Alors que l'Union soviétique était en retard du point de vue industriel, elle devient la troisième puissance industrielle du monde en 1937 (en ayant également recours au travail forcé du Goulag). Les progrès sont considérables, mais ils se font au détriment de l'agriculture (les coopératives officielles (kolkhozes) et les fermes d'État (sovkhozes) ne seront jamais vraiment productives, car les paysans ne seront pas motivés par le travail sur des terres collectivisées. L'industrie de biens de consommation est également sacrifiée.

Les différences de ces trois régimes

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Mussolini est obsédé par le modèle de l'Empire romain. Il veut mettre en place un État autoritaire encadrant et façonnant la population italienne pour favoriser l'émergence d'un homme nouveau, « viril, agressif et conquérant », sur ce qu'il estime être le modèle antique. Dans l'Italie fasciste, l'État est au-dessus de tout et domine une population qu'il faut remodeler sur ce principe. L'Italie fasciste n'est cependant pas un État raciste à l'origine, même si elle finit par adopter des législations racistes en 1935 (interdiction des mariages mixtes en Éthiopie) et des lois antisémites en 1938 (sous l'influence de l'Allemagne).

Hitler est fasciné par l'Italie fasciste. Il reprend l'idée d'un État autoritaire et veut également refondre la société allemande. Mais l'originalité de sa politique est que cette transformation est dictée par l'obsession d'atteindre « la pureté de la race » : le racisme est au cœur de l'idéologie nazie. Il s'appuie lui aussi sur de prétendues références à l'Antiquité lointaine et à une « race aryenne » qui aurait dominé l'Europe dans des temps anciens avant d'être pervertie par le métissage et le mélange « des sangs » avec les autres peuples européens jugés « inférieurs ».

Hitler n'hésite pas à détourner des théories scientifiques comme le darwinisme pour justifier son projet : y compris au sein de la « race aryenne », ce sont les plus forts qui doivent dominer et être servis par les plus faibles et les peuples inférieurs (cette idée est au cœur de la politique de « l'espace vital » ou Lebensraum). Hitler pense également que les découvertes scientifiques peuvent aider l'Allemagne à atteindre cette pureté de la race et la domination de l'Europe : il ordonne des dizaines de pseudo-expériences scientifiques dans les camps, envoie des archéologues à la recherche d'objets mythiques, a même recours aux sciences occultes. Pendant ce temps, les malades (physiques ou mentaux) sont stérilisés ou éliminés.

Hitler interdit également tout mariage mixte et ordonne à Himmler de mettre en place une politique eugéniste de reproduction des « meilleurs éléments », obéissants aux critères de la « race aryenne », dans des centres destinés à cet effet : les Lebensborn.

L'URSS de Staline est fondamentalement différente des autres totalitarismes. En Italie et en Allemagne, l'existence d'une hiérarchie et d'une inégalité entre les hommes va de soi, et est même glorifiée : il y a des forts dominants et des faibles dominés travaillant pour les plus forts, que ce soit pour des raisons sociales ou raciales (dans le cas de l'Allemagne). Au contraire, Staline veut imposer le communisme et une société sans classes sociales où tous les Soviétiques seraient en théorie égaux. Son objectif final est la disparition de l'État et de la « dictature du prolétariat », et veut une société égalitaire capable de « s'autogérer ». Mais il estime que pour atteindre ce but, il faut d'abord qu'un État autoritaire transforme les anciens Russes, héritiers de siècles d'asservissement et trop attachés aux biens matériels et à la mesquinerie de l'ancien régime, en Soviétiques défenseurs de la nouvelle société communiste. Il se méfie en particulier des campagnes trop conservatrices à son goût (il en vient). C'est cette analyse qui poussera paradoxalement les dirigeants soviétiques à imposer à leur population un système totalitaire fondé, en théorie, sur l'égalité de tous mais dominé en réalité par une caste de cadres du PCUS, la Nomenklatura.

Notes et références

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