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Le siècle des totalitarismes/Dénazification et procès de Nuremberg

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Dénazification et procès de Nuremberg
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Chapitre no 3
Leçon : Le siècle des totalitarismes
Chap. préc. :Points communs et spécificités des totalitarismes
Chap. suiv. :Sortie progressive du totalitarisme en URSS
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La dénazification de l'Allemagne et le procès de Nuremberg

La dénazification

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Le projet de dénazification, destiné à éradiquer toute influence nazie des institutions, de la société, de l'économie et de la politique allemandes, s'amorce dès 1943 avec la constitution d'une liste de criminels de guerre nazis susceptibles d’être jugés après guerre.

Un déclenchement spontané pendant la guerre

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La haine à l'égard des Allemands se focalise sur les soldats de la Waffen-SS, « soldats politiques » fanatisés par des années d'endoctrinement. Le choc moral provoqué par la découverte des camps de concentration et des camps d'exterminations renforce alors la détermination à punir les nazis. À l'Ouest de l'Allemagne, les armées alliées capturent des centaines de milliers de prisonniers et appliquent la convention de Genève qui leur reconnaît des droits.

À l'Est, les armées soviétiques vouent une haine idéologique viscérale à la doctrine nazie et veulent se venger des massacres commis par les armées nazies sur leur territoire. N'appliquant pas la convention de Genève, ils déportent beaucoup de nazis dans les Goulags de Sibérie, d'où très peu reviendront après la guerre.

La dénazification programmée d'après-guerre

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La conférence de Potsdam (juillet-août 1945) réunit les pays vainqueurs de l'Allemagne nazie. Ils décident alors d'appliquer les « quatre D » : Démocratiser, Démilitariser, Décartelliser l’économie et Dénazifier l'Allemagne. Il s'agit d'interdire le Parti nazi (8,5 millions de membres) et de punir les principaux cadres du régime hitlérien sans provoquer d'épuration massive. Le procès de Nuremberg juge vingt-quatre responsables du IIIe Reich, accusés de crimes contre l'humanité (terme créé spécialement pour la situation), de crimes contre la paix et de crimes de guerre.

Presque toutes les élites allemandes ont plus ou moins collaboré avec le régime hitlérien. Les résistants allemands antinazis, minoritaires, sont trop peu nombreux pour pouvoir gérer le pays. Français et Britanniques, après avoir épuré les principaux responsables, vont donc utiliser industriels et ingénieurs, même anciennement associés au Parti nazi, pour relancer la machine économique allemande. Dans la zone d'occupation américaine, les autorités veulent procéder à une dénazification administrative à l'aide d'un questionnaire, rapidement abandonné à cause de sa complexité.

Dans la zone soviétique, outre une traque féroce contre les nazis, la dénazification est un prétexte pour arrêter les personnes jugées hostiles aux communistes ; mais, rapidement, Staline ralentit la traque pour ménager les masses populaires qu’il espère faire adhérer au communisme.

Les limites de la dénazification

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La dénazification est vécue en Allemagne comme une « punition injuste ». La loi de décembre 1949 prévoit une amnistie. La plupart sont innocentés et réhabilités. Parmi les 2,5 millions de nazis jugés, seul 1,4% sont reconnus coupables. Un tiers des dossiers n'aboutissent pas. De plus, beaucoup d'anciens nazis échappent à la justice. Certains fuient vers l'Amérique latine, d'autres entrent en clandestinité. Seuls les « chasseurs de nazis » ou le Mossad (Services secrets israéliens) traquent sans relâche les anciens responsables nazis.

La Guerre froide met fin à la dénazification : la menace soviétique et la crise de Berlin provoquent la création de deux États allemands et les alliés occidentaux redoutent une invasion soviétique. Ils autorisent donc la création d'associations d'anciens combattants allemands, qui pourraient, en cas d'invasion, constituer des réseaux de résistance. De ce fait, quelques nazis sortent de prison.

Finalement, en 1968, le code pénal allemand provoque l'arrêt des enquêtes judiciaires. La société allemande tente alors de tourner la page sans pour autant oublier cette période douloureuse.

Le procès de Nuremberg

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L'idée de juger les principaux responsables nazis s'impose pendant la guerre. Cette idée, sans précédent dans l'histoire, s'explique par le caractère total du conflit. Le procès commence officiellement le 20 novembre 1945 et se termine le 1er octobre 1946. Il est alors suivi par le monde entier.

Le premier tribunal international de l'histoire

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En juin 1945 à San Francisco pour la fondation de l’ONU, les pays vainqueurs décident de traduire les grands criminels de guerre devant un tribunal international avec des juges américains, français, anglais et soviétiques. Le choix de la ville est symbolique : en 1935, elle avait été le lieu du triomphe du Parti nazi et de la proclamation des lois qui avaient déchu les Juifs de la citoyenneté allemande et les avaient exclu de la communauté nationale. Les États-Unis sont les initiateurs des chefs d'accusation de complot et de crime contre la paix. Les Français et les Soviétiques, encore traumatisés par les massacres commis par les nazis sur les populations civiles, ajoutent le crime de guerre et le crime contre l'humanité. Le terme génocide est employé pour définir l'extermination de 6 millions de juifs, de Tsiganes, d'homosexuels et de handicapés mentaux.

Le déroulement du procès

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Le procès concerne vingt-quatre responsables politiques (dont le numéro deux du régime hitlérien, Hermann Goering, chef de la Luftwaffe), militaires et économiques. Il concerne aussi quatre organisations : les SS et le SD (service de sécurité de la SS). À l'annonce des accusations, tous plaident non-coupables, invoquant soit leur absence de responsabilité personnelle, soit leur devoir d'obéissance aux ordres. La « solution finale » est alors évoquée, appuyée sur des témoignages des victimes qui avaient réussi à survivre à l’holocauste. Au cours du procès, d'innombrables atrocités sont présentées devant un public choqué. Un nombre considérable de documents incontestables signés par les accusés prouve leur responsabilité.

La plupart des nazis nient l'évidence et la réalité des faits. À propos de la Shoah, certains nazis « ne savaient pas qu’il existait une politique visant à l'extermination des Juifs » et se contentent de reconnaître les « abus » de cette période. Les Soviétiques cherchent à faire porter la responsabilité du massacre de Katyn aux responsables nazis (22 000 officiers polonais y furent exécutés au printemps 1940 par le NKVD). Ce n'est qu'en novembre 2010 que la Russie en reconnaît la responsabilité.

Un procès pour la mémoire collective de l'humanité

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Les sentences sont rendues le 1er octobre 1946 : 12 condamnations à mort par pendaison (Goering échappe à l’exécution en se suicidant la veille) ; des peines de prison variant de 10 ans à la perpétuité pour la plupart ; 3 acquittements. Le NSDAP, la Gestapo, les SS et le SD sont jugés « organisations criminelles » la réalité incontestable du génocide est remise en cause par les révisionnistes qui s'efforcent de décrédibiliser la valeur des témoignages des survivants ou encore par les négationnistes qui nient l’existence même du génocide.

Malgré tout, l'« esprit » de Nuremberg a survécu : impossible à mettre en place pendant la Guerre froide, deux tribunaux internationaux ont été créés depuis la fin de cette période. Ils ont jugé les criminels de guerre de l'ex-Yougoslavie en 1993 et du génocide rwandais en 1994. La Cour pénale internationale a été créée en 2002 à la Haye.