Le langage (programme français de 2019)/Langage, morale et politique

Leçons de niveau 13
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Langage, morale et politique
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Chapitre no 3
Leçon : Le langage (programme français de 2019)
Chap. préc. :Langage, existence humaine et culture
Chap. suiv. :Question du rapport entre pensée et langage
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L'aspect moral et politique du langage se matérialise dans les discours politiques et les plaidoiries d'avocat, par exemple. Maîtriser la norme linguistique confère du pouvoir et du prestige. Un énoncé dit performatif constitue une action sur le monde : "je vous déclare unis par les liens du mariage", "je te le promets", "je déclare l’accusé coupable" (il existe un livre intitulé "Quand dire, c'est faire"). Alors que dans le langage courant, langage et action sont souvent opposés (avec, souvent, une nuance péjorative envers la parole : beaucoup de vains discours et peu d'action !), le langage peut aussi être envisagé comme une forme d'action.

Eloquence[modifier | modifier le wikicode]

Aristote, qui écrivit à propos de sujets très variés (analyse littéraire, logique, métaphysique, biologie…) aborda notamment l'art oratoire dans sa Rhétorique. Il y établit une typologie des discours : ethos, le discours d'ordre moral ou éthique, sur le bien et le mal, logos, le discours rationnel fondé sur le vrai et le faux, et pathos, le discours qui véhicule des émotions et des passions. Aristote analyse les facteurs auxquels il convient de veiller pour produire ce dernier discours : l'intonation, la hauteur, le rythme… Aristote admet que ce n'est pas une bonne chose, mais que l'on ne peut faire autrement : il expose une conception pragmatique de l'art oratoire. Ce dernier persuade plutôt que de convaincre (voir les repères). Croyance et savoir s'opposent : ainsi, un professeur de géométrie n'aura pas recours à l'art oratoire, car il cherche à convaincre et non persuader.

Discours et normes sociales[modifier | modifier le wikicode]

Dans l'Ordre du Discours, leçon inaugurale de Michel Foucault au Collège de France, le langage est "contrôlé, sélectionné, organisé et redistribué" par des procédures : il ne s'agit pas de la loi, mais des normes sociales. Les interdits de langage, les "tabous", sont la sexualité et la politique. La sexualité (Foucault fait ici référence à la psychanalyse) apparaît dans le discours, qui constitue un objet de désir. Quant à la politique, le discours ne se limite pas à la domination mais est aussi "ce pour quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s’emparer".

La conception du pouvoir de Foucault se fonde sur les "micro-pouvoirs", ce qui est cohérent avec ce texte : les différentes institutions (prison, école, institutions politiques) d'où émanent les micropouvoirs sont multiples.

Y a t-il lieu d'opposer discours et action ?[modifier | modifier le wikicode]

Comme écrit au début de ce chapitre, l'opposition répandue entre parole et action peut être débattue. Ainsi, Paul Ricoeur, dans Du texte à l'action, revient sur cette opposition. Il y oppose langue et discours. Le discours se réalise dans le présent, c'est un évènement (là où la langue est hors du temps). La production du discours (instance du discours chez Benveniste) fait référence à elle-même. Le discours suppose l'existence d'un monde. Ainsi, le discours est une actualisation de la langue (en acte/en puissance sont les repères à consulter). Ricoeur traite de l'opposition entre compétence et performance linguistiques : la compétence désigne le savoir linguistique et la performance, la réalisation concrète de la compétence en acte de communication (d'après Universalis).

Cette opposition peut rappeler celle de la langue et la parole, établie par Saussure. La parole est individuelle, la langue collective, la langue est générale, la parole particulière. Alors que la linguistique de Saussure délaisse la parole au profit de la langue, d'autres courants plus récents, notamment la sous-discipline de la sociolinguistique, prennent la parole et le locuteur individuel en compte.