Le langage/Le langage est-il le propre de l'homme ?
Le langage est le propre de l'homme si on a la bonne définition du langage. Le texte de Descartes (annexe 1) montre que la définition n’est pas évidente car il faut une définition du langage suffisamment large pour recouvrir toutes les langues humaines et, en particulier, non pas simplement les langues parlées mais les langues signées mais il ne faut pas que le concept de langage soit si large qu’il inclut tous les systèmes de communication. La manœuvre de Descartes consiste à donner une définition extérieure du langage par la capacité à transmettre des pensées. Mais si on veut comprendre le langage véritablement, c'est-à-dire en avoir une compréhension scientifique, il faut chercher des propriétés substantielles du langage lui-même qui sont des propriétés communes à toutes les langues et uniquement aux langues humaines. Après Descartes, la linguistique a montré que la parole distingue l'homme le plus hébété et l'animal le plus intelligent. Ainsi Benveniste, à partir des travaux de l'éthologue Frisch sur les abeilles, a montré les ressemblances entre leur communication et la notre : elles vivent en société, produisent et mémorisent des messages. Mais les différences sont essentielles. D'abord, leur communication est uniquement gestuelle, leur message est un signal provoquant une conduite. Ensuite, leur « langage » vise l'action seule et ignore donc la fonction métalangue ( exemple : expliquer une démonstration mathématique). De plus, les abeilles restent collées à la réalité et leur message (danse) est un élément de la réalité annonçant un objet (butin) réel : elles ignorent donc la fonction symbolique du langage et n'utilisent pas des signes valant pour autre chose. Leur message décalque une situation objective précise, alors que le langage est un indicateur de signification et représente tout objet par un signe conventionnel différent de la réalité. Enfin, la communication des abeilles est indécomposable, alors que le langage humain comporte une double articulation (signifiant, signifié) et se laisse donc analyser.