La belle au bois dormant/Le magicien

Leçons de niveau 5
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Le magicien
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Chapitre no 5
Leçon : La belle au bois dormant
Chap. préc. :La treizième fée
Chap. suiv. :La fin des rouets
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AINSI la prédiction de la vieille fée sur la destinée de la jeune Princesse devenait moins redoutable, mais elle n'en était pas moins cruelle, et le Roi fit tout ce qu'il put pour qu'elle ne s'accomplît pas.
Son premier soin fut d'appeler auprès de lui tous les magiciens de son royaume et des pays voisins, leur promettant une riche récompense s'ils trouvaient le moyen de déjouer la méchanceté de la vieille fée. Les magiciens vinrent en foule, les uns avec de la barbe tombant jusqu'à leurs pieds, d'autres sans barbe du tout, les uns complètement chauves, les autres avec des cheveux embroussaillés qui paraissaient ne pas avoir été peignés depuis des siècles. Au bout de quelques jours, le Palais était rempli de magiciens et l'on ne pouvait entrer dans aucune chambre sans voir l'un d'eux, assis, plongé dans de profondes réflexions comme ne peut le faire qu'un magicien. Mais ils ne trouvèrent rien, et, au bout de quelques jours, l'un après l'autre, ils repartirent, non sans avoir au préalable réclamé le remboursement de leurs frais de voyage.

Enfin, il vint un sorcier qui était plus savant et plus vénérable que tous les autres. Lorsqu'il eut entendu ce qu'on attendait de lui, il répondit qu'il était nécessaire qu'il allât chez lui afin de consulter ses livres secrets qui contenaient tout ce que la science de la magie avait trouvé depuis la plus haute Antiquité, et qui avaient été composés par le plus grand de tous les magiciens, l'enchanteur Merlin lui-même.
Il retourna donc dans sa cellule, qui était taillée dans le rocher d'une montagne, et, ayant murmuré le mot magique qui faisait ouvrir d'elle-même la porte massive, il pénétra dans sa demeure et commença ses recherches.

Les ouvrages que l'enchanteur Merlin avait écrits sur la Magie étaient très nombreux, et, dans chacun d'eux, les matières étaient classées par ordre alphabétique, ce qui permettait de faciliter les recherches.
Le vieux magicien chercha d'abord le mot Princesse.
Cinq cents pages étaient consacrées à ce sujet et elles contenaient de précieuses informations dans le genre de celles-ci :
PRINCESSE : Comment métamorphoser une petite oie en...
Charme à employer pour entourer la future Princesse de hautes murailles de bronze qui ne peuvent être démolies qu'au moyen du son d'une trompette spéciale A.V. (A.V. sont les premières lettres de deux mots magiques que l'on pouvait trouver dans tous les dictionnaires et encyclopédies de cette époque.)
PRINCESSE.— Un moyen excellent pour faire grandir ou rapetisser une Princesse en lui faisant manger un champignon spécial — avec les indications nécessaires pour trouver l'endroit où poussent ces champignons — et les précautions à prendre de peur qu'en les grignotant trop, elle ne disparaisse complètement.
Et ainsi de suite.
PRINCESSE : Anneau enchanté pour :
Nouvelle méthode perfectionnée permettant de métamorphoser une Princesse en petit faon en même temps que d'autres membres de sa famille selon le besoin, et aussi de les remettre dans leur état habituel.

Mais il n'était question nulle part du cas d'une princesse tombant dans un sommeil enchanté pour avoir été piquée à la main par le fuseau d'une quenouille. Lorsque le magicien eut lu les cinq cents pages qui se rapportaient au mot Princesse, il chercha au mot sommeil avec l'espoir d'avoir plus de succès. Là, en effet, il trouva une quantité d'informations précieuses. Il trouva de très nombreuses recettes pour provoquer le sommeil et un plus grand nombre encore pour empêcher les gens de dormir. Mais, poursuivant sa lecture, le magicien poussa un cri de colère. Il avait cru pendant un moment avoir trouvé ce qu'il cherchait, mais ce ne fut qu'après avoir lu les deux cents pages consacrées au mot sommeil qu'il découvrit que les moyens décrits ne pouvaient être employés que pour combattre les agissements de mauvaises reines sur leurs beaux enfants. Or, il est très facile de faire une erreur en magie, car il s'agit d'une science très compliquée.

Ce savant magicien, bien que déçu, était persévérant. Se rendant compte que les livres savants de l'enchanteur Merlin ne lui donnaient aucune satisfaction, il chercha d'autres moyens d'apprendre ce qu'il désirait et consulta son oracle.
Cet oracle était un crocodile empaillé suspendu au plafond de sa cave. Quand il l'interrogea, le crocodile lui répondit de répéter la formule magique. La formule magique est une sentence composée de tous les sons étrangers au langage ordinaire et effrayante à entendre. Elle est aussi très épuisante à formuler, si bien que le vénérable magicien fut obligé de se reposer plusieurs heures après l'avoir répétée. Alors, il se leva, et sur le sol de sa cave, traça les signes du zodiaque, des triangles et des cercles selon les rites. Il se plaça ensuite au milieu de tous ces signes en faisant des gestes cabalistiques mais sans pouvoir obtenir le moindre résultat.
Il ne se découragea pourtant pas ; il se rendit dans des lieux mystérieux pour cueillir au clair de lune des herbes étranges. À son retour il mit ses herbes dans un brasier ; la fumée, les nuages, les flammes, tout fut inutile, rien ne provoquait en lui la moindre inspiration. Il interrogea encore ses flacons de cristal, ainsi que l'encre versée dans le creux de sa main, et fit encore toutes les choses qu'il avait appris à faire depuis que, tout petit garçon, il s'était initié à la magie.
Comme il était désespéré, une pensée subite traversa son esprit ; il poussa un cri de joie, il avait enfin découvert ce qu'il cherchait. Ceci prouve qu'avec de la patience et de la persévérance, on arrive au but malgré tous les obstacles.

Aussitôt il se rendit au Palais du Roi et demanda une audience. Il fut immédiatement introduit, car on ne peut pas cacher que le Roi attendait son retour avec une grande anxiété.
– " Ah ! " s'écria-t-il en voyant le magicien, " avez-vous trouvé un remède à mon malheur ? "
– " Oui," répondit le vieillard. " Mon art ne m'a pas trompé !"
Et il tendit au Roi un parchemin sur lequel étaient inscrits quatre vers. Ils étaient en latin, ce qui leur donnait infiniment plus de valeur, mais, il faut bien le dire, ce n'était pas en très bon latin, pour la raison que le vénérable magicien avait commencé à travailler dès son jeune âge et, qu'en conséquence, son éducation classique avait été quelque peu négligée.
Mais voici quelle était la signification de ces vers :


Le fuseau piquera-t-il ? — Alors il faut le brûler,
Ne plus avoir de fil et ne plus tourner les roues.
S'il n'y a pas de fuseau et si les roues ne tournent pas,
Le doigt ne pourra pas se piquer.


Le Roi frappa joyeusement sur sa cuisse.
– " Naturellement ! " s'écria-t-il. " Comment n'ai-je pas pensé plus tôt à une solution aussi simple. Il me semble, Magicien, que vous avez gagné facilement vos mille couronnes ! "
– " Ah ! Majesté," répondit le magicien, " toute chose est simple lorsqu'on la connaît."
Et sa réponse était pleine de sagesse.

Répondre à ces dix questions[modifier | modifier le wikicode]

  1. Quel est le rôle de ce chapitre, absent de toutes les autres versions, dans le conte ?
  2. Quel effet est provoqué par la description des magiciens... et leur demande de remboursement ?
  3. Qui est l'enchanteur Merlin ?
  4. Quel est le mot magique qui permettait d'ouvrir et de fermer la caverne d'Ali-Baba ?
  5. Les informations sur les princesses sont-elles précieuses ?
  6. L'allusion au champignon fait référence à quelle héroïne ?
  7. Que veut dire cabalistique au sens figuré ?
  8. Quel rôle jouent l'oracle et sa formule magique ?
  9. Pourquoi le latin avait-il de la valeur au Moyen Âge ?
  10. Le roi est-il reconnaissant envers le sorcier ?

Réponses[modifier | modifier le wikicode]