Introduction au Management des opérations/Introduction
Introduction
[modifier | modifier le wikicode]« Depuis son apparition, l’être humain se caractérise par le fait qu’il met les forces de la nature au service de son épanouissement, de sa survie et de sa domination sur les autres espèces vivantes, en découvrant les lois correspondantes par son action sur l’environnement. Au lieu d’être guidé par un instinct implacablement programmé, il agit, cherche à comprendre le pourquoi des choses, réfléchit et crée » selon Georges Ifrah, historien des mathématiques, in Histoire universelle des chiffres, l’intelligence des hommes racontée par les nombres et le calcul .
On dit que l’être humain est un être surnaturé :
• Vint l’outil, ensuite l’outil pour produire des outils…
• Ensuite,… la procédure (orale) pour décrire le processus qui va permettre de produire l’outil…
• Enfin l’outil pour gérer la procédure qui permettra de produire l’outil…
• En parallèle, dans le clan, dans le groupe, dans une société, dans une entreprise, les compétences et les savoir-faire liées aux tâches spécialisées se sont affinées et réparties afin que chacun apporte à l’ensemble sa précieuse contribution.
Mais cessons là, la ‘l’ethnosociologie pour ma petite-fille’… en comprenant que les processus font partie de la condition humaine et se sont développées au prorata de l’avancement de la Science et des Techniques, mais aussi de l’organisation sociale et donc de la philosophie de la vie...
Qu’est-ce que le travail ?
[modifier | modifier le wikicode]Pour David Hume (1711-1776), Homo Sapiens est devenu Homo Faber.
Avec Karl Marx (1818-1883), Homo Sapiens quitte la définition traditionnelle d’Animal Rationale pour devenir Animal Laborans.
Hannah Arendt (1906-1975), la philosophe allemande, réfugiée en France, puis aux USA durant la 2ème guerre mondiale, écrit (in Condition de l’homme moderne) : « [], on trouve d’abord la distinction entre travail productif et travail improductif, et un peu plus tard la différentiation du travail qualifié et du travail non qualifié, et enfin, dominant cette double hiérarchie sous prétexte d’importance fondamentale, la division de toutes les activités en travail manuel et travail intellectuel. De ces 3 distinctions, cependant, celle qui fait le départ entre travail productif et travail improductif est la seule qui aille au fond du problème qui nous motive ici, et ce n’est pas par hasard si les 2 grands théoriciens de ce domaine, Adam Smith et Karl Marx, ont fondé sur ce bipôle "productif / improductif" tout l’édifice de leurs doctrines. C’est à cause de sa ‘productivité’ que le travail, à l’époque moderne, s’est élevé au premier rang,[] ».
Après les ères où l'esclavage et le servage se marient à la domestication et l'exploitation de l'animal, il y eut une période "d'organisation sociale du travail". Une entreprise, cela gouverne d'abord des travailleurs (agricoles, industriels, administratifs, etc.). Les propriétaires "ne font pas dans la dentelle", habitués qu'ils sont à être "seuls, maîtres à bord"... Les rapports sociaux de production sont plus ou moins tendus suivant la période, le pays, le type de gouvernement plus ou moins démocratique... La Loi (le Droit) entérine les avancées sociales acquises par les rapports de force...
Qu’est-ce que le temps ?
[modifier | modifier le wikicode]La révolution industrielle construit un nouveau rapport des hommes non seulement au travail, mais aussi, et surtout, au temps. Le capitalisme industriel a créé le monde moderne, celui où le temps est devenu la rareté suprême… « Avec le capitalisme, les hommes oublient le passé, s'oublient dans le présent et se tournent vers le futur… » Bernard Maris, Anti-manuel d’économie 2-les cigales, Bréal 2006 page 53. (Consulter aussi le tome 1-les fourmis)
Qu’est-ce que la productivité ?
[modifier | modifier le wikicode]La productivité c’est une quantité de travail sur une quantité de temps…
Hannah Arendt, toujours étudiant Marx : « Cette productivité ne réside pas dans les produits du travail, mais dans ‘l’énergie’ humaine [la force de travail] qui n’est pas épuisée par la production des moyens de vivre et de subsister du travailleur, qui peut au contraire produire un ‘surplus’, c’est-à-dire plus qu’il ne faut pour la reproduction de sa force de travail ».
Pour Marx et d’autres théoriciens modernes la productivité devait libérer l’être humain des tâches considérées comme peu nobles. A contrario, pour les tenants d’un pouvoir (statutaire, social, économique, religieux,…), il s’agit de maintenir les conditions inégalitaires de position sociale et de s’octroyer le gain des nouvelles richesses produites. La Valeur Capital s'accapare la Valeur Travail.
Aujourd’hui, dans toutes les entreprises, dans tous les projets politiques, il y a la volonté d’augmenter la compétitivité avec en ligne de mire la productivité. Cette volonté s’exprime pour des raisons (l’objet) quelques fois antagonistes, mais aussi pour des finalités tout aussi opposées. Éléments d'explication : L’objet social (inscrit dans les statuts) d’un constructeur de voitures, c’est la production et la vente d’automobiles. La finalité c’est de faire du profit pour distribuer des dividendes aux actionnaires (court terme : Notion de flux) et pour maintenir le cours de bourse (long terme : Notion d'immobilisations et de stocks).
Depuis, selon l'ouvrage de Mireille Bruyère l’insoutenable productivité du travail écrase les gains de performance et augmente la souffrance des salariés même si la pénibilité au travail a diminué au fil des siècles.
Qu’est-ce qu’une machine ?
[modifier | modifier le wikicode]C’est un dispositif dont la fonction est de transporter et surtout de transformer une matière d’œuvre (matière, information, énergie, êtres vivants,…). Sa structure générale comprend un effecteur qui agit sur la matière, un moteur qui consomme une énergie, une interface homme- machine (IHM) plus ou moins évoluée…
La machine moderne contient :
• une partie contrôle-commande qui intègre les savoir-faire nécessaires pour réaliser l’ensemble des actions sur la matière d’œuvre en fonction des retours d’informations captées. Ce système de traitement de l’information a pour but de coordonner les actions de la partie opérative et d’informer l’opérateur.
• Une partie opérative qui reçoit les ordres, l’énergie, et la matière d’œuvre brute qu’elle transforme.
Ce rappel relatif à la machine a aussi pour but de montrer qu’une entreprise peut se modéliser comme une machine et qu’elle possède en son sein une partie opérative : c’est-à-dire un fonctionnement basé sur une liste d’opérations qui agissent sur une matière brute pour la transformer.
Qu’est-ce qu’une institution et donc une entreprise ?
[modifier | modifier le wikicode]Si le temps est « socialement institué, il en est de même des 2 grandes spécificités humaines : Le DIRE et le FAIRE…» Cornelius Castoriadis.
Ce sont les fonctions primordiales ET instrumentales de toutes les institutions…
Rappel : Un signe (un panneau routier) est un signe, pour tous, dans une aire sociale donnée (groupe, institution, entreprise, société,…) que si les possibilités de sa représentation (le symbole et le panneau), de sa reprise (appropriation, mémorisation,…), et de sa reproduction incessantes par les individus (appartenant à l’aire indiquée) est assurée : c’est-à-dire si le signe est enraciné dans l’imaginaire social…
La manifestation la plus importante du FAIRE est la création d’institutions… La praxis consiste à « DIRE comment on va FAIRE » pour faire naître et vivre l’institution, l’organisation, le partage…
Une des manières pour atteindre ce but de vie de l’entreprise, et de croissance de sa compétitivité, est de mettre en place un modèle de management des opérations, pour comprendre, pour analyser, pour relier, pour optimiser… En bref pour être efficient.
Nous ne sommes pas ici dans un environnement uniquement économique... Il faut donc voir aussi les aspects techniques, programmatiques, humains (l’individu), sociaux (les groupes), et politiques. L'économie n’est pas une science pure, c’est à dire déliée du reste des problématiques.
Nous ne sommes pas ici dans un environnement uniquement rationnel. L'économie n’est donc pas une science exacte. C’est une science sociale.
Nous ne sommes pas ici dans un environnement uniquement empirique. D’ailleurs méfions-nous, les faits de l’expérience ne parlent pas d’eux-mêmes, il faut les penser, les verbaliser. Si je regarde les faits : La Terre est plate et immobile, le soleil tourne autour de la Terre, et les rails du tramway se croisent à 100 mètres !!!...
Néanmoins, si l'économie n'est pas une science exacte mais sociale, des efforts sont consentis pour rendre la science économique la plus proche du Réel...
Qu'est-ce que la valeur ?
[modifier | modifier le wikicode]Dans le cadre de cet enseignement, il s'agit le plus souvent de la notion comptable ou financière de valeur ajoutée. Quelques fois il s'agira de la valeur pour l'actionnaire.
Qu'est-ce que le management ?
[modifier | modifier le wikicode]Le management ?, c'est l’art de produire des actions.
Le manager ne produit pas ou ne fait pas produire des tâches mais des actions. Et ce, sur 3 axes pour lesquels il utilise les outils de pilotage :
- des opérations sur l'axe opérationnel, avec le reporting,
- des rôles sur l'axe organisationnel, avec l'analyse du fonctionnement,
- des missions sur l'axe stratégique avec l'appréciation des résultats obtenus par rapport aux objectifs affichés.
En "toile de fond", le terrain d'action du management est la culture : Langage, histoire, récit, scénarios et mythes, us et coutumes, image et style, modèles de représentation, expériences et retours, modèle relationnel, modèle décisionnel, valeurs et éthique,...
- Terminologie
- Établir et modifier une mission c'est faire de la Politique,
- Découper en domaines, spécifier et préciser des résultats attendus (technique, organisationnel, économique, humain) , c'est faire de la Stratégie,
- Définir des actions (collective, individuelles), c'est mettre en place une Tactique,
- Définir des moyens c'est faire de la Logistique.
Ne pas confondre : Effectivité, efficacité, efficience...
Qu'est-ce que la responsabilité ?
[modifier | modifier le wikicode]Il y a effectivité de la responsabilité si :
- le rôle du responsable (souverain) est connu de lui et de tous. (Un rôle est affecté : affectation),
- sa mission et ses objectifs afférents sont définis. (Une mission est déléguée : délégation),
- son statut est en accord. (un statut fait l'objet d'une nomination),
- son autorité est reconnue. (on parle de l’investiture de l'autorité).
Faire face à une responsabilité, c'est avoir notamment à :
- résoudre des problèmes,
- déjouer des imbroglios, voire des blocages,
- traiter des objections, (qui ne doivent pas être considérés a priori comme des refus !)
- positionner, impliquer, motiver, féliciter, récompenser, faire passer la justice.
Qu’est-ce que l’être humain ? Qu’est-ce qu’un individu ?
[modifier | modifier le wikicode]Il nous faudrait développer… Mais… Ceci est « une autre histoire ! »… objet d'autres enseignements !!! Juste quelques questions et commentaires…
Pourquoi / en quoi cela vous concerne-t-il ?
[modifier | modifier le wikicode]« Suis-je une ressource ?, fût-elle humaine ? »…
« Êtes-vous celui que vous pourriez être ? »… Les notions d’individuation, d’individualisation, de conscience, d’autonomie, de libre arbitre, de volonté, de liberté et de responsabilité, etc… et aussi d’éthique et de professionnalisme…
« Savoir (sur…) » ne crée pas « conscience (de…) »… Il faut un projet pour s’approprier un savoir et en faire une connaissance. Le « devenir » n’est pas un « temps à passer », c’est une expérience personnelle, une réflexion personnelle, une action personnelle, un changement personnel de soi sur soi, une satisfaction d’avoir progressé,…
« Quel être humain veux-je être ? » et donc « Quel être humain ai-je été ? »…
« Quel professionnel veux-je être ? » et donc « Quel professionnel ai-je été ? »…
La vie propose des « choses »… Les circonstances adviennent mais il faut personnellement être ouvert à « l’idée du passage du train de la vie » et se motiver, s’engager pour « monter dans le train de la vie »… C’est ce choix et cet engagement qui font le « devenir »…
Conclusion
[modifier | modifier le wikicode]Durant votre formation vous allez recevoir « un discours sur le monde ». Parmi ces discours, certains vous feront prendre conscience que ce discours sur le monde est aussi « un discours sur soi-même et sur l’Autre »…
Soi | Autrui | |
---|---|---|
Capter : écouter, voir, | S’écouter, ressentir ses propres émotions, se réfléchir | Écouter, voir, ressentir l'Autre et l'Environnement : Empathie |
Résister | Inhiber des processus internes automatiques, habituels, archaïques (Houdé Olivier, in Apprendre à résister, 2014. Le raisonnement, 2018) | S’indigner (Stéphane Hessel, Edgar Morin). Résister |
Expérimenter | Accroitre le champ des possibles | Entreprendre, rencontrer… |
Persévérer | Développement personnel patient | Non-violence… |
A vous de faire de ces « discours sur le monde » une exigence personnelle, un « connais-toi toi-même »,…
En bref :
a) Vous êtes entrés et/ou vous allez entrer dans différentes entreprises de diverses industries. Vous y trouverez une situation acquise dans un certain état de l’organisation et de l’environnement, des techniques de gestion, des tendances d’évolution et des vitesses de changement. Il vous faut donc ‘apprendre à lire’ dans ce nouvel ‘écosystème’. Quel que soit le métier que vous exercerez, vous aurez à connaître l’existence d’au moins une des composantes du management des opérations, ne serait-ce que celui de la direction/ département/ Équipe de travail qui vous emploie…
b) Ensuite, vous allez découvrir qu’il faut encore progresser dans cette quête de la croissance de l’indicateur phare de l'organisation (pouvant être un indicateur autre que celui de la productivité). Pour cela, il vous faudra contribuer à tous les travaux d’audit de l’existant, de choix d’un processus cible, d’analyse de la concurrence, d’analyse des éventuelles offres de consultants et fournisseurs, de conception du nouveau processus, de mise en place et du suivi… et son lot de décisions…
Ambitieux que vous êtes, plein d’entrain pour cette entreprise qui vous intéresse ou qui vient de vous embaucher, vous allez arpenter les bibliothèques, vider les bacs des médiathèques, consulter et les sites et les tutoriels et les MOOC ’s sur internet (Massive On line Open Course : outil pédagogique moderne à caractère universitaire. Le webinaire : équivalent professionnel),… à la recherche ‘Du Média Qui Dit Ce Quil n'Ya Ka Faire’ pour en faire votre « livre de chevet »…
C’est une bonne approche, nécessaire, mais pas forcément suffisante… N’oubliez pas que, dans les livres et les sites internet, trop souvent, vous allez aussi trouver :
• ce qui se faisait dans le passé et qui a été souvent formalisé sans livrer les meilleures pratiques, les astuces, les pièges à éviter ;
• ce qui n'est pas soumis au secret industriel ;
• et aussi, des opus formatés restrictivement pour que l’auteur conserve son ‘avantage concurrentiel’ ;
• ou, pire que tout, du mauvais plagiat…
D’autre part, comment imaginer trouver dans un média - fut-il une boule de cristal - ce que sera... le futur des méthodes et ou des opérations quand l’expérience montre que les produits, les métiers et le type d’organisation de demain n’existent pas encore aujourd’hui ?