Introduction à la science des matériaux/Annexe/Essai de traction normalisé
Dans le chapitre Propriétés mécaniques des matériaux I - Généralités et traction simple, nous avons vu le principe de base de l'essai de traction. Pour garantir sa reproductibilité, et donc que les valeurs publiées — dans des revues technique ou scientifiques ou bien sur les fiches de certificat des matériaux — soient exploitables par tous, les conditions de réalisation de l'essai et d'exploitation des résultats sont normalisés :
- norme ISO 6892 ;
- norme EN 10002-1.
Éprouvette
[modifier | modifier le wikicode]On définit dans l'éprouvette la « partie calibrée » Lc, qui est la partie cylindrique. Au sein de cette partie, on définit la « longueur initiale » L0. C'est cette longueur qui sert à déterminer l'allongement. Elle se trouve dans la partie centrale, hors des zones élargies. On a L0 < Lc, afin d’être sûr d’être en état de contrainte uniaxiale (principe de Barré de Saint Venant). On a
S0 étant l'aire de la section initiale et k un coefficient normalisé pour chaque matériau. Pour un métal, on a
- k = 5,65.
Pour une éprouvette cylindrique, on a donc
- L0 = 5d0
où d0 est le diamètre initial de l'éprouvette.
Étude des grandes déformations
[modifier | modifier le wikicode]De manière conventionnelle, on définit
- « l'extension » ;
- la « charge unitaire » .
Lorsque l’on étudie de manière rigoureuse la déformation, il faut prendre en compte le cumul des déformations. On définit la « déformation vraie longitudinale », ou « déformation rationnelle longitudinale », εI, par la variation de longueur :
soit
- .
Par ailleurs, la section S varie en cours d'essai ; on parle de « section vraie ». En effet, la section se rétrécit lorsque l’on tire sur l'éprouvette. On définit de la même manière une déformation transversale εII :
- pour une éprouvette cylindrique de diamètre nominal d0 et de diamètre sous charge d, on a ;
- pour une éprouvette plate de section nominale a0 × b0 et de diamètre sous charge a × b, on a ainsi que ;
Dans le domaine élastique, la déformation transversale est proportionnelle à la déformation longitudinale, le rapport entre les deux étant le module de Poisson ν (lettre grecque nu) :
- (sans dimension),
ou encore
- .
Pour un métal, on a ν ≃ 0,3. La section vaut alors dans le domaine élastique :
- .
Dans le domaine plastique, le coefficient de Poisson n'intervient plus. Par contre, la déformation se fait à volume V = S × L constant. On a donc
- [1].
On définit ensuite la « contrainte vraie » σ :
- [2].
Pour les petites déformations (εI < 0,001 soit 0,1 %), on retrouve les expressions présentées
et
- .
On peut donc tracer deux courbes de déformation :
- la courbe conventionnelle R = ƒ(e ) ;
- la courbe rationnelle σ = ƒ(εI).
La courbe conventionnelle est la plus couramment utilisée. On ne se sert de la courbe rationnelle que dans le domaine de la recherche.
Exploitation de la courbe
[modifier | modifier le wikicode]Les courbes ductiles pouvant avoir des formes variées, la norme définit à la place de la limite élastique Re :
- pour les courbes montrant un décrochement net à la transition élastique/ductile, une limite élastique haute ReH et une limite élastique basse ReL (low) ;
- pour les courbes ne montrant pas de frontière nette, en particulier pour les matériaux de structure cubique à faces centrées (comme la plupart des aciers inoxydables et l'aluminium), une « limite élastique conventionnelle » correspondant à 0,1 ou 0,2 % de déformation plastique, et notée Rp0,1 ou Rp0,2.
Sur l'éprouvette, on mesure :
- la limite ultime Lu de l'éprouvette, obtenue en mettant bout à bout les deux morceaux d'éprouvette ;
- la section ultime Su mesurée au plus étroit, dans la zone de striction.
On peut ainsi déterminer :
- l'allongement à la rupture % ;
- le coefficient de striction %.
On s'intéresse également à l'allongement sous charge maximale, ou allongement à la striction, Agt. En effet, lorsque l’on fait du formage (laminage, tréfilage, pliage, cintrage, roulage), Agt correspond à la déformation maximale que peut subir la matière avant endommagement. Comme il s'agit d'une valeur en charge, on ne déduit pas le retrait élastique.
Notes
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