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Introduction à Epicure et Lucrèce/Epicure : lecture de la lettre à Ménécée

Leçons de niveau 13
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Epicure : lecture de la lettre à Ménécée
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Chapitre no 4
Leçon : Introduction à Epicure et Lucrèce
Chap. préc. :Epicure : conséquence sur le bonheur
Chap. suiv. :Lucrèce : le poète philosophe
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La lettre à Ménécée constitue l'un des rares écrits d'Epicure qui nous soient parvenus. Il vous est conseillé de la lire (de manière générale, en philosophie, il est conseillé de lire directement les textes des philosophes). Elle est disponible sur Wikisource : Lettre à Ménécée . Ménécée est un disciple d'Epicure.

Epicure commence sa lettre par la considération selon laquelle il n'y a pas d'âge pour philosopher. Il opère pour cela une analogie : prétendre que l'on est trop jeune ou trop âgé pour philosopher revient à prétendre que l'on est trop jeune ou trop âgé pour être heureux. Si une analogie est avant tout fondée sur le rapport, et que l'on ne peut déduire, par le seul début de la lettre, que pour Epicure, philosopher et être heureux sont liés, la connaissance d'Epicure invite à penser que pour lui, c'est le cas.

Le fondement de la philosophie d'Epicure (d'après les repères de Terminale origine/fondement) est l'immortalité et la béatitude de la divinité.

On peut alors se demander si ne pas honorer une foule de dieux est impie, comme pourrait objecter un adversaire d'Epicure. Pour Epicure, au contraire, la véritable impiété réside dans le fait de prêter aux divinités des caractères contraires à leur immortalité et à leur béatitude. Un lecteur pourrait reformuler ainsi (bien qu'Epicure ne le dise pas en ces termes) : la personnification ou l'anthropomorphisme, la création de dieux à l'image de l'être humain (rappelons que les dieux grecs vivent des passions humaines : jalousie, colère, orgueil…) sont impies car contraires à la nature divine, immortelle et parfaite des dieux. Craindre leur colère, c’est imaginer qu'un dieu peut ressentir la colère, c'est donc un comportement impie. Bien que les contextes soient différents, on peut se rappeler la célèbre formule de Montesquieu : "Si les triangles faisaient un dieu, ils leur donneraient trois côtés" : on fait un dieu à son image.

La mission, ou démarche philosophique chez Epicure est de s'opposer aux préjugés. Bien qu'encore une fois, les contextes et les finalités ne soient pas les mêmes (par exemple, Descartes commence par rejeter la sensation alors qu'Epicure la valorise), Descartes, dans les Méditations Métaphysiques, rejette aussi les préjugés.

Douleur et plaisir sont des sentiments. Or, la mort est privation de sentiments. Elle n'est donc "rien à notre égard". Rappelons nous le Tetrepharmakon : la mort n’est rien pour nous.

Craindre la mort revient donc à se créer un trouble pour une chose qui ne trouble pas.

L'argument d'Epicure contre la crainte de la mort est le suivant : quand je suis là, elle n'est pas, et quand elle est là, c'est moi qui ne suis plus.

La préférence de la qualité par rapport à la quantité est donnée par analogie avec l'aliment.

Il ne faudrait conclure de l'absence de crainte de la mort que le suicide est une bonne chose : la foule tantôt désire la mort comme le terme des maux, tantôt la redoute. On peut noter ici qu'il est commun d'opposer la foule (ou parfois le "sens commun") au sage et au philosophe. L'attitude suicidaire ou désireuse de la mort n'est donc pas plus sage que l'attitude de crainte de la mort.

Epicure réalise ensuite une typologie des désirs :

  • Les désirs peuvent être superflus ou naturels.
  • Parmi les désirs naturels, il est des désirs nécessaires et non nécessaires.

Donnons quelques exemples : les désirs naturels peuvent être satisfaits. Les désirs naturels nécessaires sont celui de nourriture, de repos… Les naturels non nécessaires sont l'amitié, la variation des plaisirs… Parmi les désirs superflus sont ceux qui, par leur complexité, sont difficiles à réaliser, comme l'argent, la gloire ou le pouvoir, voire impossibles comme l'immortalité. Epicure évoque la nourriture simple, et non la nourriture luxueuse, comme désir à avoir. En matière de nourriture, on pense qu'Epicure était végétarien. L'ascèse d'Epicure, comme mentionné dans le chapitre précédent, est généreuse.

Le plaisir est défini négativement comme l'absence de douleur.

Epicure fait l'éloge de la prudence, qui en grec se dit phronésis et est assimilée à une forme de sagesse. Il conclut sa lettre par les bienfaits de sa philosophie : quiconque la respecte vivra comme un dieu parmi les hommes.