Guerre froide/La détente

Leçons de niveau 10
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La détente
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Chapitre no 2
Leçon : Guerre froide
Chap. préc. :La Guerre froide de 1947 à nos jours
Chap. suiv. :Le retour de la tension
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La "coexistence pacifique"[modifier | modifier le wikicode]

De nouvelles règles[modifier | modifier le wikicode]

La mort de Staline (5 mars 1953) entraîne un dégel dans les rapports des blocs. La guerre de Corée vient de se finir et l’Autriche renaît en tant qu'État. De nouveaux dirigeants, Nikita Khrouchtchev à l’Est et Dwight Eisenhower à l’Ouest font leur apparition, avec une nouvelle atmosphère venant d'URSS. En effet, Khrouchtchev abandonne la doctrine Jdanov coupant le monde en 2 blocs hermétiques et commence à "déstaliniser". C’est le début d’une sorte de condominium États-Unis/URSS sur les affaires du monde. On a, par exemple, la crise de Suez en 1956 dans laquelle la France et la Grande-Bretagne, des puissances moyennes, cèdent face aux 2 superpuissances alors qu’elles voulaient reprendre le contrôle du canal de Suez en Égypte. C’est cette même année que Nikita Khrouchtchev propose la "coexistence pacifique".

Ce concept est en fait une doctrine diplomatique qui limite l’affrontement avec les États-Unis pour préserver la possibilité d’une victoire finale du communisme. Les 2 camps se savent adversaires mais ne s’attaquent pas d’où la dénomination "coexistence pacifique".

Les États-Unis s’adaptent alors. Ils passent de la théorie des représailles massives ("massive retaliation") à celle de la "riposte graduée" ("flexible response"). On ne répond plus à une attaque en frappant n’importe où mais en ripostant de façon adaptée à l’agression subie. Le fait que l'URSS devienne équipée de la bombe atomique met en place "l'équilibre de la terreur".

Le coté soviétique poursuit alors toujours son ouverture sur le monde extérieur, on voit même Nikita Khrouchtchev voyager aux États-Unis en 1959. C’est une sorte de repli tactique pour combler le fossé économique qui se creuse avec l’Occident mais sans renoncer à l’emprise sur l’Europe de l’Est. En 1953 des émeutes contre le communisme à Berlin sont sévèrement réprimées et en 1956 en Hongrie une révolte pour la liberté à Budapest est en quelque sorte écrasée par les chars.

Chaque camp dispose de missiles inter-continentaux et les niveaux militaires s'équilibrent. En fait, les rivalités se déplacent vers de nouveaux terrains comme l’espace. En 1957, l'URSS lance son premier satellite : Spoutnik, en 1961 elle organise le premier vol habité avec Youri Gagarine. De son coté, les États-Unis et son président Kennedy répliquent en lançant les missions "Apollo" aboutissant, huit ans plus tard à l'alunissage en 1969 de Neil Armstrong et Buzz Aldrin.

Les crises graves[modifier | modifier le wikicode]

En 1961 à Berlin, l’exode massif de milliers d’Allemands vers l’Ouest est plus fort que jamais et devient très préoccupant pour les dirigeants soviétiques qui demandent le rattachement de Berlin Ouest à la RDA. Les Occidentaux refusent d’où la construction d’un mur dans la nuit du 12 au 13 août séparant les 2 Berlin, c’est le fameux Mur de Berlin.

L’image pour le communisme est alors désastreuse, on parle de "mur de la honte". Le président Kennedy prononcera un discours célèbre à ce sujet avec la phrase "Ich bin ein Berliner" ("Je suis un Berlinois"). Cela fige la situation en Allemagne.

À Cuba, Fidel Castro a chassé le dictateur Batista alors corrompu par les États-Unis, il y instaure le communisme. Les avions U2 d’espionnage américains révèlent l’existence de rampes de lancement de missiles nucléaires pointés vers le territoire américain proche de l'île. Kennedy, après l'échec d’une tentative de débarquement dans la baie des Cochons, décide d’un blocus naval et envisage publiquement une riposte nucléaire. Le monde semble alors au bord d’un cataclysme nucléaire mais la crise est en fait gérée en secret par les 2 présidents. Elle s’arrêtera à temps avec le demi-tour des bateaux soviétiques juste avant qu’ils n’enfreignent le blocus naval. L'URSS démantèlera finalement ses bases après que les États-Unis aient accepté de faire de même en Turquie.

La détente (1962 — 1975)[modifier | modifier le wikicode]

Un besoin partagé[modifier | modifier le wikicode]

Chacun des 2 Grands est contesté chez lui.

L'URSS fait face à des critiques de la Chine de Mao Tse-Toung et connaît de graves difficultés économiques. Leonid Brejnev succède à Khrouchtchev en 1964. Il réprime la révolte pour la liberté du Printemps de Prague emmenée par Alexander Dubček et son "socialisme à visage humain" en août 1968. S’instaure alors la doctrine Brejnev sur laquelle tout repose, il y dit:"Nous ne pouvons rester indifférent au sort de la construction socialiste dans d’autres pays", c’est-à-dire que l'URSS peut intervenir dans la politique intérieure d’un pays frère (pays satellite de l'URSS) si le socialisme y est menacé.

Les États-Unis s’enlisent dans la guerre du Viêt-Nam et sont notamment critiqués par la jeunesse de leur pays avec les mouvements hippies. Ils sont aussi vivement critiqués par la France de De Gaulle qui ira jusqu'à quitter le commandement intégré de l'OTAN en 1966. Le pays est aussi victime d’un important déficit budgétaire, leur monnaie n’est plus directement convertible en or, ce métal quitte les États-Unis, le dollar est en baisse alors que les autres devises augmentent. Cette baisse générale de la croissance du pays s’opère jusqu'en 1971 sous la présidence de Richard Nixon.

Il y a alors un besoin de dialogue entre les 2 camps pour dépasser la coûteuse course aux armements.

Manifestations de la détente : le duopole États-Unis/URSS[modifier | modifier le wikicode]

La détente est un besoin mutuel décidé par les 2 Grands dès 1963 à cause du risque que fait courir la course aux armements et alors que les conflits périphériques (Viêt-Nam, Moyen-Orient) ont lieu.

En 1963, les 2 blocs interdisent les essais nucléaires atmosphériques même si la France et la Chine, alors en pleine expérimentation refusent cet accord. En 1968, un traité de non-prolifération des armes atomiques est signé, le monopole nucléaire est alors réservé aux 2 grands. En 1972 sont signés les accords S.A.L.T. (Strategic Arms Limitation Talks). Pour la première fois au monde, on limite le nombre de missiles par pays. On a alors des échanges commerciaux entre les blocs qui reprennent avec notamment des céréales. En 1979, il y a même un vol commun dans l’espace Soyouz/Apollo. En même temps, les États-Unis favorisent l’intégration de la Chine de Mao à l’ONU, place alors occupée par la Chine nationaliste de Taïwan, qui sera cédé en 1971. En février 1972, il y a même une rencontre Nixon/Mao à Pékin.

Ces rapprochements sont ce qu'on appelle le "linkage" de la doctrine Nixon décrite par Kissinger dans ses Mémoires : 'il faut négocier tous les problèmes avec l'URSS pour que les concessions se compensent".

Détente en Europe[modifier | modifier le wikicode]

Willy Brandt, chancelier de RFA, propose l’Ostpolitik qui est une politique de normalisation avec le bloc soviétique. Il accepte les frontières issues de la Seconde Guerre mondiale et en particulier la ligne Oder/Neisse avec la Pologne et propose une reconnaissance mutuelle entre RFA et RDA. Les 2 Allemagnes entrent d’ailleurs ensemble à l’ONU en septembre 1973.

La détente culmine en 1975 avec les accords d'Helsinki. Ceux-ci disent que les pays de l’Ouest acceptent le tracé des frontières européennes issues de la Seconde Guerre mondiale. En échange, l'URSS reconnaît la nécessité de faire respecter les droits de l'homme. En plus, il y a eu la possibilité d’une coopération économique Est/Ouest. Ces accords seront cependant sans portée réelle sauf pour les dissidents de l'URSS qui purent revendiquer plus de liberté.