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Fonctions mentales/Efficacité

Leçons de niveau 18
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Efficacité
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Chapitre no 8
Leçon : Fonctions mentales
Chap. préc. :Jugement arbitraire
Chap. suiv. :Direction volontaire
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Fonctions mentales/Efficacité
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    Le jugement arbitraire, n'est pas la seule de mes fonctions mentales à émettre des jugements, à leur manière la fonction pathologique et la foi le font mais elles ne sont pas régies par un principe de liberté. La fonction pathologique se distingue par ses émotions et son jugement de plaisir mais ce sont des phénomènes déclenchés par l'automatisme de ses structures, et j'ai difficilement prise sur eux. La foi s'exprime par une adhésion péremptoire, là où justement plus aucun jugement n'est possible, alors que l'arbitraire reste maître de ses jugements. Le principe de la liberté a pour contrepartie la présence permanente du doute, c'est ce qui distingue entre autres l'arbitraire de la foi. La liberté, le choix, le doute : c'est cette trialité complémentaire qui fait la spécificité de la fonction volontaire.
    Le jugement arbitraire juge à chaque instant tout ce qui se passe aussi bien à l'extérieur de moi, dans mon environnement, les situations, les événements, les choses, les gens (les comportements, les discours, les idéologies, etc.), que dans mon corps et bien sûr tout ce qui se passe dans ma vie mentale, l'activité de toutes mes fonctions y compris elle-même et tous leurs produits, et en particulier les propositions de l'analytique qui propose mais ne juge pas. La plupart de ces jugements ne prennent qu'un bref instant à peine conscient, ils participent pleinement à la fluidité de ma vie mentale, mais d'autres, quand le doute domine, réclament plus d'attention et donc plus de durée, le secours de la concentration et de l'analytique, la collaboration de la direction volontaire qui seule alors peut décider de poursuivre les investigations, de différer ou de faire l'impasse, voire en dernier recours de faire appel à la foi.
    Je suis conscient d'avoir hérité ce jugement des animaux qui nous ont précédés, pour eux c'est un jugement de survie, un outil indispensable pour permettre au vivant de remplir sa mission fondamentale, immédiate, qui est de survivre. Pour moi, citadin inséré dans un milieu social et économique qui me protège, la survie n'est plus en général aussi prégnante et ne se pose que dans des circonstances exceptionnelles, ce jugement est devenu un jugement d'efficacité. Ainsi je juge toutes choses, et en particulier mes comportements, pour ce qu'elles m'apportent au-delà de ma survie à la réalisation des objectifs que je me suis fixé. Je tiens évidemment des choses pour (grossièrement) vraies, morales et justes, et je les juge comme telles, mais si je les juge comme telles c'est qu'elles me servent, qu'elles sont utiles à mes objectifs. La vérité est une qualité formelle que crée l'analytique, elle n'est pas nécessairement utile, aussi sa valeur est variable et reste à déterminer par le vivant. Les logiciens de l'École de Vienne ont montré qu'aucun système logique ne pouvait être consistant et c'est le paradoxe de la consistance, tout ce qui est inconsistant est formellement faux ou indécidable. L'histoire des connaissances montre un progrès mais aussi une succession de fautes et d'insuffisances et encore récemment : l'éther, les noirceurs, mais ces insuffisances n'ont jamais empêché les techniques de les exploiter efficacement. Collectionner des connaissances qui ne serviraient à rien s'apparenterait au dilettantisme d'un excentrique. Je sais que ce monde n'est  pas tel que je me le représente mais peu m'en importe réellement car je juge ces représentations pour ce qu'elles m'apportent et plus elles m'apportent plus je les valorise, telle est la logique du jugement d'efficacité. Les connaissances de Christophe Colomb étaient globalement fausses, mais il les jugeait suffisantes pour prendre des risques et elles lui ont permis de découvrir l'Amérique. De même, j'estime la morale et la justice parce que je sais qu'elles nous permettent de mieux vivre ensemble, là encore elles nous servent, elles garantissent notre sécurité, nous protègent de la barbarie et de son cortège de souffrances. Et là encore, plus elles nous protègent, plus nous les valorisons, plus nous les jugeons efficaces et plus nous les respectons. Nous avons compris que certaines règles, pactes ou conditions internationales consolidaient la paix et que d'autres déclencheraient la guerre, ce qui est bon consolide la paix ce qui est mauvais déclenche la guerre.
    Par ses jugements de valeur cette fonction crée une qualité qui s'ajoute et enrichit le sens des éléments qu'ils ont visés  et leur reste indissociable dans ma mémoire. Le jugement arbitraire crée du sens dont la valeur est particulièrement importante pour le vivant aussi sa pérennité dans la mémoire est remarquable. Chaque fois que c'est nécessaire ce sens remonte dans ma mémoire, de fait la plupart du temps cette fonction ne se donne pas la peine de s'attarder sur tout ce qui se présente et se contente de constater rapidement ce qu'elle connaît déjà, elle fusionne en quelque sorte avec sa propre nature. Par contre elle s'attache à tout ce qui présente un caractère nouveau, à tout ce qui présente une lacune qu'elle détecte immédiatement. Je remarque que l'analytique me signale automatiquement avec une grande fiabilité tout ce que je rencontre pour la première fois, tout ce qui n'existe pas ou même tout ce qui n'existe que rarement dans ma mémoire. Ces expériences nouvelles sont particulièrement valorisées pour le potentiel qu'elles représentent même si elle ne sait pas très bien les évaluer. Pour ce faire cette fonction utilise des échelles de valeur et de qualité que l'analytique lui apporte et sont inscrites dans ses structures comportementales. Compte tenu qu'elle reste toujours encadrée par la trialité : liberté, choix, doute, ses jugements ne sont pas nécessairement précis mais sont toujours un peu flous. Sur des échelles qui vont du pire au meilleur, elle détermine une zone probable, plus ou moins large, plus ou moins acceptable ou non, plus ou moins suffisante, tout en écartant franchement ce qui lui paraît inutilisable et stérile. C'est une experte en matière de flou et de nuances. Ses verdicts ne sont jamais définitifs, ni aussi péremptoires que la foi, ils peuvent toujours être facilement remis en question, c'est aussi ce qui caractérise l'ensemble de la fonction volontaire, elle se situe dans un domaine de liberté donc par excellence dans le mouvant.