Fonctions mentales/Concentration
Apparence
Concentration
[modifier | modifier le wikicode]La concentration se présente toujours comme une fonction en servitude de la fonction volontaire. Je pourrais donc considérer que ces deux fonctions n'en font qu'une, mais d'une part leur pouvoir respectif est très différent l'un de l'autre, d'autre part la puissance de la concentration est cyclique et qu'elle est très affectée par le stress, la douleur, la fatigue, les bouffées d'énergie de la fonction pathologique, alors que la fonction volontaire ne l'est pas. Je ne peux donc que les considérer comme deux fonctions séparées. La concentration possède le pouvoir de retenir dans la durée du sens dans la conscience. Elle paraît donc s'opposer au flux naturel du sens qui s'écoule dans la mémoire, mais c'est un trompe l’œil, ce flux continue à s'écouler normalement et sans entrave. Ce qui se passe précisément c'est que la concentration par la continuité de son émergence provoque un effet de duplication en continu d'une certaine masse de sens dans le présent de la conscience. Ce n'est pas elle-même qui définit cette masse, c'est la fonction volontaire, c'est pourquoi la fonction volontaire est toujours inséparable de la concentration qui opère en créant un lien qui l'attache à cette masse et déclenche son émergence. La puissance de ce lien opératif est directement déterminée par sa propre puissance donc aussi sa fragilité. Première conséquence de la concentration, comme celle-ci charge à chaque instant de sa propre énergie la même masse de sens, et que celle-ci s'écoule à chaque instant de la conscience à la mémoire, l'énergie de cette masse s'accumule et augmente dans la mémoire et avec elle sa puissance et sa pérennité. C'est quelque chose de très banal que vivent tous les jours les élèves sur les bancs d'école. Deuxième conséquence, c'est de pouvoir maintenir dans la conscience une masse de sens fixe et constante dans la durée pour les besoins des autres fonctions mentales, en particulier pour la remémoration, la fonction motrice, l'analytique et les besoins propres de la fonction volontaire, en échappant ainsi aux difficultés qui résultent de la fugacité du flux mental. A noter que cela ne marche bien qu'avec du sens structuré, cela ne marche pas avec les images brutes de nos fonctions sensorielles, mais avec les images structurées que l'analytique en a saisi d'elles, mais je peux toujours fixer mon attention sur le même objet avec le même résultat. J'imagine bien que cette faculté décuple les pouvoirs de la fonction volontaire et l'efficacité des synergies dans lesquelles elle s'implique, sans elle je serais bien démuni, pas seulement pour retenir des textes, mais aussi pour analyser du sens et bien d'autres choses encore. Donc si à première vue c'est une petite fonction modeste, en réalité son importance est capitale, d'autant plus qu'elle est exploitée d'une façon savante par la fonction volontaire. En effet la fonction volontaire peut à chaque instant modifier cette masse de sens, la réduire à son essentiel, l'augmenter d'autres sens, de concepts, d'architectures, et aussi passer d'une masse de sens à l'autre, d'un sens à l'autre, tout en restant assistée par la remémoration et l'analytique, mettant ainsi en œuvre toute la puissance d'une synergie mentale. Elle me montre qu'elle n'est pas seulement une fonction volontaire mais une organisatrice extrêmement rapide et subtile, une organisatrice de premier plan. C'est dans ce jeu qu'elle exerce avec ses deux facettes simultanées, direction et jugement, qu'elle présente toute la délicatesse et la puissance de son art. Évidemment, la taille de cette masse de sens ne peut pas augmenter à l'infini. Cependant tout en restant dans le cas ordinaire de la méditation dynamique, compte tenu des qualités particulières du sens, de ses liens, de son aura floue riche en sens diffus, de sa capacité à agréger des catégories, à retenir à lui comme élément d'une structure tous les autres éléments de cette structure ou de cette architecture, et donc des astuces qu'il offre pour en repousser les limites, la taille de cette masse peut devenir assez grande et ce n'est pas nécessairement un souci pour ce que je veux faire. Car si la fonction volontaire utilise une synergie de cette façon, c'est toujours pour faire quelque chose, réaliser un objectif, et ses objectifs peuvent être très variés, du plus trivial au plus noble. Quand il s'agit de réaliser une tâche relativement triviale par des procédés et méthodes répétitifs, bien connus, la concentration ne se fixe que sur le sens de cet objectif pendant toute la durée et jusqu'à la fin de cette tâche, et c’est tellement ordinaire que je ne prends pas la peine de remarquer, que je conserve pendant toute la durée de cette tâche, la conscience diffuse de tous les éléments qui me sont nécessaires pour l'accomplir. Quand les objectifs sont plus nobles, quand elle cherche quelque chose, une solution, la sortie d'une difficulté, elle utilise davantage toute l'étendue de ses talents.