Civilisation turque/Évolution lexicale
Le turc moderne (Yeni Türkçe) provient principalement de l'évolution du vieux turc (Eski Türkçe), mais au travers de son histoire s'est nourrit de vocabulaire apporté par d'autres langues étrangères, les principales étant dans l’ordre d'importance l'arabe, le français, le persan, l'italien, l'anglais, le grec, l'allemand, le russe et l'arménien.
Enrichissements par acquis de civilisation
[modifier | modifier le wikicode]C'est à partir du Xe siècle que les Turcs se sont convertis à l'islam, et ont ainsi commencé à utiliser un alphabet dérivé de l'écriture arabe. Quand les Turcs Seldjoukides prirent le contrôle de la Perse, ils adoptèrent la langue persane, qui avait déjà emprunté un grand nombre de mots à l'arabe. Les Turcs éduqués disposaient ainsi du vocabulaire d'origines turque, perse et arabe.
Lorsque l'Empire ottoman fut fondé sur les ruines de l'État seldjoukide, et étant également successeur de l'Empire byzantin hellénophone, sa langue officielle, l'ottoman (Osmanlıca) disposait ainsi d'un vocabulaire des plus riches. Les Turcs éduqués parlaient tous le grec et l'ottoman, qui était ainsi une langue de cour et de littérature très sophistiquée. Des contacts forts avec l'Occident, notamment les marchands italiens puis français, ont également apporté du vocabulaire européen, en particulier dans les domaines des techniques et des sciences européennes. De nombreux termes français sont ainsi passés en turc en gardant une prononciation proche du français, mais modifiant alors leur orthographe pour les écrire « à la manière turque ».
Retour vers une langue plus « turque »
[modifier | modifier le wikicode]Cependant, le vocabulaire étranger était tellement présent dans la langue ottomane que celle-ci était devenue incompréhensible par le peuple, qui parlait le turc vulgaire (kaba Türkçe). Aussi, lors de la grande Révolution des signes d'Atatürk (le passage à l'alphabet latin) en 1928, la langue turque populaire fut officialisée et l'ottoman abandonné. Une Académie de la Langue Turque
(Türk Dili Kurumu) fut alors crée pour rationaliser la langue, stabiliser sa grammaire, et épurer son vocabulaire. Ce mouvement, très comparable à la katharévousa grecque (Voir sur Wikipédia), prônait un retour vers une langue plus « pur turc ».
La Türk Dili Kurumu a donc proposé un grand nombre de mot et nouvelle racines lexicales
d'origine turque en remplacement des mots d'origine étrangère. Mais ces nouvelles racines étaient très souvent archaïques. De plus, de nouvelles dérivations, à partir de racines turques utilisées couramment ont permis la création de néologismes répondant au besoin de vocabulaire pour de nouveaux objets.
Certaines racines proposées par la Türk Dili Kurumu ont été adopté quotidiennement par les turcophones, et sont rentrées dans la langue courante, effaçant parfois des dictionnaires le mot d'origine étrangère qu’elles remplacent, ou le conservant comme synonyme (créant ainsi des doublons
, comme ak et beyaz qui sont deux mots le blanc, respectivement d'origine turc et arabe). D'autres racines proposées n'ont jamais été utilisées par le peuple turc et ne sont aujourd’hui plus utilisées que par une infime minorité de gens très attachés à la pureté de la langue turque. Enfin une autre partie non négligeable des nouveaux mots proposées ont été adoptés avec un sens légèrement différent que celui originellement proposé, enrichissant le vocabulaire turc d'une nouvelle expression.