Cendrillon (Arthur Rackham)/La baronne et ses filles

Leçons de niveau 5
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La baronne et ses filles
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Chapitre no 4
Leçon : Cendrillon (Arthur Rackham)
Chap. préc. :Le retour à la maison
Chap. suiv. :Comment Lise devint Cendrillon
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Cendrillon (Arthur Rackham)/La baronne et ses filles
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N'avez-vous jamais remarqué que certaines gens vous sont antipathiques dès le premier abord ?
Eh bien ! La Baronne était de ces gens-là, ainsi que ses deux filles ; elles formaient à elles trois le trio le plus détestable qui soit au monde.
La Baronne entra la première, raide et orgueilleuse, regardant à travers un face-à-main d'écaille suspendu à une longue chaîne. Elle était grosse et bouffie, portait plusieurs mentons, et ouvrait à demi de petits yeux méchants au-dessus d'un fort nez busqué. Ses doigts étaient couverts de magnifiques bagues parmi lesquelles Lise en reconnut une – Oh ! Horreur ! – qui avait appartenu à sa mère. Elle était vêtue d'une robe noire et jaune qui lui donnait l'air d'une bohémienne de foire.
Lise se leva et fit la révérence, tandis que son père la présentait. La Baronne la regardait à travers son face-à-main des pieds à la tête.
« Oh ! c'est votre fille ! dit-elle à la fin d'une voix dure. Comment allez-vous, mademoiselle ? J'ai entendu parler de vous et de la façon dont vous avez été gâtée. Je vous préviens que tout cela va avoir une fin. Vous avez été en pension, je crois.
– Oui, murmura Lise.
– Ne vous a-t-on pas appris à répondre « Madame » lorsque vous parlez à des personnes plus âgées que vous ? Qui vous a dit de mettre cette robe ?
– Personne, dit Lise, en rougissant de honte. C'est une robe que mon père m'a donnée et je l'ai mise parce que je la préfère à toutes les autres.
– Oh ! Vraiment ! Je n'aime pas les petites filles qui se donnent de ces airs-là ! Pourquoi ne saluez-vous pas vos sœurs ? »
Pauvre petite Lise ! Assaillie par les questions, elle n'avait pas vraiment eu le temps de prodiguer les saluts. Pourtant, elle essaya de sourire et de prendre une apparence aimable.
« Comment allez-vous ? demanda-t-elle aux filles de la Baronne. Mon père m'a dit en voiture beaucoup de bien de vous. Je trouve très jolis vos noms ; mais je ne sais pas laquelle est Charlotte et laquelle est Euphrasie.
– Entendez-vous, maman, cria une des jeunes filles. Elle est venue dans une de nos voitures. Elle se croit une véritable dame ! »
Celle qui parlait avait des cheveux rouges et son visage était couvert de fard et de poudre ; aussi Lise pensa que c'était elle qui avait pris possession de sa chambre. En dépit de l'apprêt de sa figure, il n'était pas possible de la trouver jolie. D'abord, elle louchait, et, tandis qu'un œil regardait Lise, l'autre se tournait vers un coin de la chambre. Et comme si ce n'était pas assez d'avoir hérité du gros nez busqué de sa mère, elle avait tout à fait le profil d'un cheval, si tant est qu'un cheval puisse avoir l'expression de maussaderie qui caractérisait la jeune personne.
Sa sœur qui, ainsi que l'apprit plus tard Lise, se nommait Charlotte, était aussi laide qu'elle, mais paraissait beaucoup moins désagréable, quoiqu'elle fût pourvue d'un ridicule petit nez qui se plissait de la façon la plus comique. Lise distingua une lueur d'amabilité dans le regard que Charlotte posa sur elle, et elle dit :
« Je suis fâchée d'être revenue à la maison en voiture, mais mon père m'accompagnait depuis la pension. Ne soyez pas fâchée, j'essaierai de vous être agréable à l'avenir.
– C'est bien, c'est bien, dit le Baron, frappant nerveusement ses mains l'une contre l'autre. Ce n'est pas la faute de cette enfant.
– Taisez-vous, Charles, cria la Baronne en frappant du pied, et sachez que je ne veux pas ici d'une créature orgueilleuse. Elle nous demandera bientôt un salon et ensuite une servante pour elle seule !
– Mais, ma chère... commença le Baron.
– Laissez-moi parler, cria la Baronne en frappant de nouveau du pied avec colère. Nous verrons si, oui ou non, je suis maîtresse dans ma propre maison ! Euphrasie, conduisez cette méchante petite fille dans le grenier et qu'elle y reste jusqu'à ce qu'elle se soit amendée. Quelques jours de solitude et d'un régime à l'eau et au pain sec lui feront certainement du bien.
– Venez, méchante fille, dit Euphrasie en saisissant le poignet de Lise dans sa grosse main, vous apprendrez à vous tenir à votre place. »
Lise sortit du salon. Arrivée à la porte, elle jeta un rapide coup d’œil à son père, mais celui-ci baissait les yeux et ne fit pas un mouvement pour intervenir.
Tandis qu'elle montait l'escalier, elle entendit la Baronne qui faisait une scène à son mari. Enfermée dans le grenier, elle perçut encore des cris qui faisaient songer à une tempête dans le lointain.

Répondre à ces dix questions[modifier | modifier le wikicode]

  1. En début de chapitre, l'écrivain s'adresse directement aux lecteurs, pourquoi ?
  2. Dresser le portrait moral et physique de la belle-mère de Lise.
  3. Quels reproches fait-elle à Lise ?
  4. Quel reproche Euphrasie fait-elle à Lise ?
  5. Portrait moral et physique d'Euphrasie.
  6. Portrait moral et physique de Charlotte.
  7. Le père frappe des ______, la belle-mère des __________ .
  8. Que veut dire s'amender ?
  9. Quel est l'argument utilisé par la baronne pour gagner la bataille ?
  10. Que veut dire faire une scène ?

Réponses[modifier | modifier le wikicode]