En raison de limitations techniques, la typographie souhaitable du titre, « Devoir : Méthode de Tschirnhaus Équation du troisième degré/Devoir/Méthode de Tschirnhaus », n'a pu être restituée correctement ci-dessus.
Les questions a) à d) de la partie Ⅰ de ce devoir exposent fidèlement les calculs (en latin) de
Tschirnhaus, « Methodus auferendi omnes terminos intermedios ex data aequatione », Acta Eruditorum, mai 1683, p. 204-207 [texte intégral]
(traduction en anglais : R. F. Green, « A method for removing all intermediate terms from a given equation », ACM SIGSAM Bulletin, vol. 37, no 1, mars 2003 [texte intégral]),
fournissant une autre méthode de résolution des équations du troisième degré que celle de Cardan vue au chapitre 4.
Elle étend celle vue au chapitre 4 qui permet, par translation de la variable, de ramener une équation de degré à une équation de même degré mais de coefficient nul en degré . Ce résultat étant acquis, on se contentera d'appliquer la méthode de Tschirnhaus aux équations du troisième degré de la forme . On écartera le cas trivial .
Cette méthode est largement généralisable. On en verra un exemple dans la partie Ⅱ, qui donne une méthode pour résoudre les équations de degré 4.
a) Recalculer le résultant (vu au chapitre 2) dans le cas particulier de deux équations de la forme
en le présentant par puissances décroissantes de .
Solution
Si alors .
Par conséquent, le système
est équivalent au système
et son résultant est :
b) On cherche à résoudre l'équation (avec ) en introduisant une variable auxiliaire et une nouvelle équation, de la forme . Quelle équation polynomiale (à présenter par puissances décroissantes de ) doit lier les paramètres , et pour que les deux équations
aient une solution commune ?
Solution
D'après la question précédente, la condition est
,
soit
.
Il n'est pas indispensable mais peut être commode pour la suite de remarquer que le terme constant, vue la question précédente, s'écrit aussi :
.
c) Comment et doivent-ils être choisis pour que cette équation soit de la forme ?
Montrer qu'alors, avec défini (au signe près) par , on a :
;
;
;
.
Solution
car . On a même : .
.
d) En déduire un algorithme pour résoudre (avec ).
Solution
On fixe et comme ci-dessus, on calcule une racine cubique de , et l'on pose pour (). Pour chacune de ces trois valeurs, on calcule les deux solutions de l'équation , de discriminant . On obtient ainsi en général 6 valeurs distinctes , dont les 3 solutions de font nécessairement partie. Il suffit, pour conclure, de tester les 6 valeurs.
e) Appliquer cet algorithme pour résoudre .
Solution
Pour et , on trouve .
.
.
.
Les trois solutions de sont . Cette équation aurait pu être résolue bien plus rapidement en remarquant la racine évidente (c'est d'ailleurs ce qui nous a permis, en « trichant », de « deviner » les racines carrées des ).
f) On revient au cas général (avec, toujours, ). Démontrer que (pour choisis comme ci-dessus) les trois propriétés suivantes sont équivalentes :
.
Que remarque-t-on lorsqu'elles sont satisfaites ?
Solution
Comme et , on a :
, puisque ;
si alors ;
réciproquement, si , alors donc .
Dans ce cas, on n'a plus 6 candidats mais seulement 2 : les solutions de , qui sont et . On peut vérifier que ces deux candidats sont effectivement solutions de (respectivement simple et double).
g) Si (avec choisis comme ci-dessus), montrer (en reprenant les calculs du début du devoir) qu'à chacune des trois racines cubiques de correspond une solution de — s'exprimant comme une fonction homographique de — et que les trois solutions ainsi obtenues sont distinctes. (Ceci affine l'algorithme de la question d).)
Solution
D'après les calculs du début du devoir, le système
est équivalent au système
et admet une solution (par choix de ).
D'après la question précédente, si alors , donc cette solution est .
Cette fonction homographique est injective car .
— Ⅱ —
a) Calculer le résultant des deux équations
en le présentant par puissances décroissantes de .
Solution
Si alors .
Par conséquent, le système
est équivalent au système
et son résultant est :
b) On cherche à résoudre l'équation (avec ) en introduisant une variable auxiliaire et une nouvelle équation, de la forme . Quelle équation polynomiale (à présenter par puissances décroissantes de ) doit lier , et pour que les deux équations
aient une solution commune ?
Solution
D'après la question précédente, la condition est
,
soit
avec
,
,
.
c) Comment et doivent-ils être choisis pour que cette équation soit de la forme ?
Exprimer alors , , et comme des polynômes du second degré en (on pourra poser ).
Solution
d) Déduire de ce qui précède un algorithme pour résoudre (si ).
Solution
On choisit une solution de , on calcule et par les formules de la question précédente, et l'on résout l'équation bicarrée . Pour chaque solution (), on résout , de discriminant , ce qui donne 2 valeurs . On obtient au total 8 valeurs , dont les 4 solutions de font nécessairement partie. Il suffit, pour conclure, de tester ces 8 valeurs.
e) Résoudre par cet algorithme l'équation :
.
Solution
Pour , et , on a et .
Une racine « évidente » de est , et l'on trouve alors
.
Les quatre valeurs pour sont donc .
Parmi ces 8 candidats, les 4 solutions de sont .
f) Montrer (en reprenant les calculs du début de cette partie) qu'en général, à chacune des quatre solutions de correspond une seule solution de , s'exprimant comme une fraction rationnelle de . Vérifier sur l'exemple précédent l'efficacité de cette amélioration de l'algorithme.
Solution
D'après les calculs du début de cette partie, le système
est équivalent au système
avec et
et admet une solution (par choix de et ).
Si , cette solution est .
Remarquons que et que (car ).
.
Dans l'exemple précédent, et donc .
Au lieu de calculer (péniblement) quatre puis de tester 8 candidats , on trouve ainsi directement la solution associée à chaque :