Voix/Quelques aspects phonétiques
La voix humaine est produite par l'appareil phonatoire, qui se développe après la naissance. C'est (en partie) ce qui explique l'incapacité à parler des petits enfants (d'ailleurs, in-fans signifie étymologiquement, d'après le latin, dépourvu de parole). Pourtant, l'on ne peut dire que l'appareil phonatoire "sert" à parler et à chanter : aucun organe ne permet spécifiquement de parler, et tous ont au moins une autre fonction (digestive, respiratoire…). Parler (et encore moins chanter !) ne sont donc pas des actions vitales, contrairement à la respiration.
Le larynx, où se situent les plis vocaux (nom donné aux cordes vocales) se trouve au milieu du cou, est un conduit entre les cordes vocales et la trachée, et permet aux aliments et boissons de ne pas entrer dans la trachée. Il est constitué :
- du cartilage cricoïde, uni à la trachée, fixe.
- de l'aryténoïde qui permet la phonation.
- du thyroïde. Plus avancé chez les hommes, il constitue la "pomme d'Adam".
- de l'os hyoïde.
- du cartilage épiglottique.
Lors de l'inspiration, la glotte s'ouvre. Les cordes vocales se rapprochent. L'air passe et fait vibrer les plis vocaux. C'est la vibration des cordes vocales qui détermine le voisement d'un son : toutes les voyelles et certaines consonnes sont voisées. Par exemple, [b] est l'équivalent voisé (ou sonore) de [p] non-voisé (ou sourd).
Les consonnes sont déterminées par leur mode de production, leur lieu d'articulation et leur voisement. Le lieu peut être bilabial (au niveau des lèvres, comme [p] ou [b]), labio-dental, dental, alvéolaire, palatal, vélaire (voile du palais), uvulaire, glottal. Le mode peut être, par exemple, occlusif (occlusion, c'est-à-dire explosion après un rapprochement des organes (alors en contact) puis un relâchement) ou fricatif (rapprochement sans contact entre organes de la phonation, de manière à laisser un flux d'air, comme le [s]). Une consonne peut être orale ou oralo-nasale (bien que l'on puisse dire "nasale", la cavité nasale n’est pas la seule à résonner).
Les voyelles, en français (d'autres langues comptent d'autres critères, comme les tons en mandarin ou en vietnamien, ou la longueur), sont déterminées par quatre caractéristiques : l'aperture (ouverture de la bouche), l'antériorité ou la postériorité (leur lieu d'articulation, moins précis que pour les consonnes), l'arrondissement des lèvres (le [y] de "rue" est l'équivalent arrondi de [i], dans "riz") et la nasalisation.
Dans le département de Sciences du Langage (faculté de sciences cognitives), un mode d'emploi de l'Alphabet Phonétique International est disponible pour plus de détails.
En français, en chant lyrique, il arrive souvent que le r uvulaire soit roulé. Du fait de la position des cordes vocales en chant et du choix de voiser, le r uvulaire est difficile à prononcer et peu souhaitable. Il arrive parfois que les interprètes ne roulent pas le r : il n'existe pas d'études statistiques ni d'échographies à ce sujet. En revanche, plusieurs articles furent écrits sur le rapport entre chant et phonétique.
Une voix humaine peut se caractériser par sa hauteur, son timbre… La hauteur sera due à la fréquence fondamentale et le timbre aux harmoniques.
Il existe plusieurs registres, du plus grave au plus aigu :
- La voix de gorge, utilisée dans le chant traditionnel mongol ou inuit.
- La voix de poitrine, très répandue. Les hommes et le registre grave des femmes l'utilisent en musique classique occidentale. Le passage entre voix de poitrine et voix de tête se fait dans les premières notes de l'octave 3 (par exemple, Fa3) et se nomme passaggio.
- La voix de tête utilise les résonnateurs de tête, utilisés par les femmes et les hommes quand ils chantent dans l'aigu.
- La voix de sifflet, extrêmement aigue, est notamment utilisée dans les vocalises par les soprano colorature (voir le chapitre 2 sur la typologie des voix). La Reine de la Nuit (la Flute Enchantée de Mozart), dans ses deux airs, est un exemple typique de voix de sifflet.
La classification des registres est utile pour la typologie des voix, objet du chapitre suivant.