Utilisateur:Ambre Troizat/Naissance du "crime envers l'humanité"

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Bibliographie par ordre chronologique[modifier | modifier le wikicode]

Auri Sacra Fames, Raynal Histoire des deux Indes, 1775
Pline l'Ancien (23-79), auteur et naturaliste romain, notamment auteur d'une monumentale encyclopédie intitulée "Histoire naturelle".

« 1 I. Nous allons parler maintenant des métaux, la richesse par excellence, et le signe de la valeur des choses. L'industrie, pour divers motifs, fouille le sein de la terre. Ici elle creuse pour satisfaire l'avarice, et va chercher l'or, l'argent, l'électrum, le cuivre; là, pour satisfaire le luxe, elle poursuit les pierres précieuses employées à décorer les murailles ou à parer les mains; ailleurs, elle sert un courage furieux eu extrayant le fer, plus à gré que l'or même au milieu de la guerre et du carnage. Nous suivons toutes les veinesde la terre,et, vivant sur les excavation s que nous avons faites, nous nous étonnonsque parfois elle s'entr'ouvre ou qu'elle tremble ! comme si l'indignation ne suffisait pour arracher de pareils châtiments à cette mère sacrée! Nous pénétrons dans ses entrailles, nous cherchons des richesses dans le séjour des mânes: ne semble-t-il pas qu'elle ne soit ni assez bienfaisante ni assez féconde là où nos pieds la foulent (1)? Et ce n'est guère pour aller chercher des remèdes que nous entreprenons ces travaux. Quel est en effet celui qui dans de pareilles fouilles s'est proposé la médecine pour but? Et de fait c'est à sa superficie qu'elle produit les substances médicinales, comme les céréales (2), prodigue et facile pour tout ce qui nous est utile. Les substances qu'elle a cachées dans ses profondeurs, qui ne sont pas produites avec rapidité, voilà ce qui nous pousse, voilà ce qui nous conduit dans les régions infernales. En se laissant aller à l'imagination , que l'on calcule combien il faudra de siècles pour mettre fin à ces travaux qui l'épuisent, et jusqu'où pénétrera notre cupidité! Combien notre vie serait innocente, combien heureuse, combien même voluptueuse, si nous ne désirions que ce qui se trouve à la surface de la terre, en un mot, que ce qui est à notre portée I …

III. (i.) Plût aux dieux qu'on pût bannir à jamais de la société cette faim maudite de l'or, pour me servir de l'expression employée par les écrivains les plus célèbres; l'or, objet des invectives de toutes les nobles âmes ; l'or, découvert pour la perte de l'humanité 1 Heureux le siècle où il n'y avait de commerce que de simples échanges en naturel C'est ce qui se pratiquait du temps de la guerre de Troie, s'il en faut croire Homère. Les besoins de la vie avaient, je pense, amené ce commerce; aussi Homère (//., vu, 47 2) dit-il que les uns faisaient des achats (6) avec des cuirs de bœuf, les autres avec du fer, avec des dépouilles enlevées aux ennemis. Toutefois il est lui-même admirateur de l'or; et il rapporte, évaluant le prix des objets, que Glaucus échangea des armes d'or valant cent bœufs pour les armes de Diomède, qui n'en valaient que neuf (//., vi, 234). C'est par le même mede d'évaluation que les amendes portées par les anciennes lois, même à Rome, sont, non pas en argent, mais en bétail. …
I IV. Celui-là commit le crime le plus funeste à la société, qui mit le premier un anneau d'or à son doigt. Quel fut le coupable, la tradition ne le dit pas …
Aujourd'hui il n'y a pas jusqu'aux esclaves qui n'entourent d'or le fer de leurs anneaux; d'autres même en portent d'or pur. …

1 XIII. Le second crime envers l'humanité fut commis par celui qui le premier frappa un denier en or, crime dont l'auteur est également inconnu. »
— Pline l'Ancien, Naturalis historia, Rome antique[1]

► Pline.- Histoire naturelle, Publiée en latin à Rome, en 1473, par Konrad Sweynheym et Arnold Pannartz, en 7 volumes, (notice BnF no FRBNF31123484s)"Histoire Naturelle de Pline" + "crime envers l'humanité"
► Pline.- Histoire Naturelle, tome dixième, 1778
* 4 occurrences pour "esclave"
* 1 occurrence pour "crime envers l'Humanité" Le fecond crime envers l'humanité fut commis par celui qui le premier frappa un denier en or. Le nom du coupable est incertain.
* Pline l'Ancien (0023-0079), Littré, Émile (1801-1881).- Histoire naturelle (français-latin), 1877, (notice BnF no FRBNF401757901)

Las Casas[modifier | modifier le wikicode]

Florence Gauthier, L'aristocratie de l'épiderme : Le combat de la Société des citoyens de couleur, 1789-1791, Paris, CNRS Éditions, 446  p. (ISBN 978-2-271-06576-6, OCLC 930972212, notice BnF no FRBNF41111507)Voir et modifier les données sur Wikidata, 2007
Devenu prêtre, il (Las Casas) renonça à sa situation de maître, abandonna son "encomienda" et consacra sa vie à dénoncer ce qui, désormais, lui apparaissait comme un crime envers l'humanité. Las Casas ne fut pas le seul à dénoncer l'esclavage[2].

1779 - l'Église accusée de crime envers l'humanité[modifier | modifier le wikicode]

Supplément aux erreurs de Voltaire, ou réfutation complette de son traité sur la tolérance: précédé d'une lettre polémique sur la tolérance chrétienne, chez J.J. Tutot, 1779
On lui a fait un crime envers l'humanité, de son intolérance : on a affecté de la peindre sous les couleurs les plus noires : on a essayé d'en faire peur. Quelle duplicité de vouloir persuader que les intérêts de l'humanité sont inalliables avec soumission due à l'Église.

1782 - Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau : crimes envers la nation & l'humanité[modifier | modifier le wikicode]

« …Je crois enfin qu'il ne reste à la nation des travaux de Louis XIV que le canal de Languedoc qui sans doute est chèremenr acheté. Ici je me rappelle un mot très remarquable de M. de Boisgelin à sa réception à l'académie Il lui reste aujaurd'hui, dit-il, en parlant de Louis XIV, d'avoir rétracté la grande erreur de son règne[3]. Comme homme de lettres, j'admire l'art de M. de Boiſgelin, comme citoyen même j'eſtime ſon courage savoir parlé ainſi dans le Lycée fouillé de tant d'adulations ; mais comme obſervateur auſtere & lecteur de ſang-froid je demande ce que nous a valu cette rétractation de Louis XIV & si elle expie tant de fautes, tranchons le mot, tant de crimes envers la nation & l'humanité ? »
— Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, Des Lettres de cachet et des prisons d'état. Ouvrage posthume, composé en 1778, Hambourg, , 1782[4]

1782 - Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, Des Lettres de cachet et des prisons d'état. Ouvrage posthume, composé en 1778, Hambourg, 

1783 - Obéir est un crime envers l'humanité[modifier | modifier le wikicode]

 Loin de moi, cependant, cette licence impie,
 Qui , pour mieux l'embrafer , invoque la patrie;
 Immuable & sacrée en ces grands intérêts ,
 La loi garde le prince, ainsi que les sujers.
 Mais si , méconnoissant les droirs que la nature
 Imprima dans nos cœurs, sanguinaire & parjure,
 S'il nous ravit nos biens, nos jours , la liberté,
 Obéir est un crime envers l'humanité:
 Lorsqu'un monstre cruel, dans les champs nous dévore ,
 Les cieux ordonnent-ils qu'on le chérisse encore?
 Charles Borde.- Oeuvres diverses, Volume 3, Page 94, 1783

1786 - Discours sur l'esclavage des nègres et sur l'idée de leur affranchissement dans les colonies[modifier | modifier le wikicode]

* 1786 - David Duval de Sanadon, Discours sur l'esclavage des nègres, et sur l'idée de leur affranchissement dans les colonies, édition de 1786, Hardouin et Gattey, 126  p. (notice BnF no FRBNF34136332, lire en ligne)Voir et modifier les données sur Wikidata, "Les premières Loix sur cet objet faites sous Louis XIII renouvelées et étendues sous son Successeur en 1685 fixe la quantité de vivres que le Maître doit leur fournir|p. 73". 

1788 - Jacques Pierre Brissot, Discours sur la nécessité d'une société pour l'abolition de la traite et de l'esclavage des nègres[modifier | modifier le wikicode]

  • 1788 - Jacques Pierre Brissot, Discours sur la nécessité d'établir à Paris une société pour concourir, avec celle de Londres, à l'abolition de la traite et de l'esclavage des nègres ; prononcé le 19 février 1788, dans une société de quelques amis rassemblés à Paris, à la prière du comité de Londres, 32  p. (notice BnF no FRBNF37262539)Voir et modifier les données sur Wikidata

1789 - Réclamations et observations des colons[modifier | modifier le wikicode]

  • 1789 - David Duval de Sanadon, Réclamations et observations des colons sur l'idée de l'abolition de la traite et de l'affranchissement des nègres, Seconde édition (notice BnF no FRBNF30391078, lire en ligne)Voir et modifier les données sur Wikidata

1791 - Louis XVI.- Décret d'abolition de l'esclavage du 16 octobre 1791[modifier | modifier le wikicode]

* 1791 - Décret d'abolition de l'esclavage du 16 octobre 1791, signée par Louis XVI, promulgué par l'Assemblée constituante de 1789-1791 — Louis XVI, Loi portant que tout homme eſt libre en France, & que, quelleque ſoit ſa couleur, il y jouit de tous les droits de Citoyen, s’il a les qualités preſcrites par la ConſtitutionVoir et modifier les données sur Wikidata
** Loi N.° 1396, 28 septembre 1791 & 16 octobre 1791,  portant :  Article premier : "Tout individu eſt libre auſſitôt qu’il eſt entré en France" ;  Article II : tout homme eſt libre en France, & que, quelleque ſoit ſa couleur, il y jouit de tous les droits de Citoyen, s’il a les qualités preſcrites par la Conſtitution.

1845 - Jean-Baptiste Rouvellat de Cussac.- Mais, c'est un crime de lèse humanité[modifier | modifier le wikicode]

« Les colons sont loin de vouloir qu'on y touche et qu'on y porte la moindre atteinte ; au contraire , ils le défendent avec toute leur énergie . Mais c'est un crime de lèse humanité que de le laisser subsister plus longtemps… »
— Jean-Baptiste Rouvellat de Cussac.- Situation des esclaves dans les colonies françaises : urgence…, page 218, 1845[5]

1848 - Le suicide est un crime contre l'Humanité[modifier | modifier le wikicode]

Louis Bertrand.- Traité du suicide, considéré dans ses rapports avec la philosophie, la théologie, la médecine et la jurisprudence : ouvrage couronné par l'Académie impériale de médecine, dans sa séance solennelle du 5 décembre 1848, Paris, 1857
Le suicide est un crime contre l'Humanité ...Le précepte qui nous ordonne d'aimer notre prochain comme nous mêmes c'est-à-dire de faire à autrui ce que nous voudrions qui nous fût fait et de ne pas lui faire ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fît ce précepte dis-je nous impose des devoirs à remplir envers l'humanité. L'amour du prochain ou la charité produit la fraternité et la fraternité est le partage réciproque du cœur du travail et des biens[6] L'homme qui volontairement renonce à la vie renonce donc aussi à l'accomplissement de ses devoirs de fraternité. Et cependant ces devoirs sont si sacrés que si Dieu en dehors de toute doctrine positive n'avait pas gravé dans notre nature l'amour instinctif de nos semblables qui nous porte à remplir ces devoirs l'humanité ne subsisterait pas un seul moment. 

1875 - … et y verra-t-on un crime de lèse-humanité ? D'ailleurs l'esclavage aussi n'est-il pas un crime envers l'humanité …[modifier | modifier le wikicode]

* 1875-1876 - Joseph Cooper, Un continent perdu, ou L'esclavage et la traite en Afrique (1875) : avec quelques observations sur la manière dont ils se pratiquent en Asie et dans d'autres contrées sous le nom de système contractuel de la main-d'oeuvre, Hachette et Longman, Paris et Londres,  
** COOPER (Joseph).- Un continent perdu ou l’esclavage et le traite en Afrique (1875) avec quelques observations sur la manière dont ils se pratiquent en Asie et dans d’autres contrées sous le nom de Système Contractuel de la Main-d’Oeuvre, Hachette & Cie, Paris,1876. In-8°, 160 pages 1 carte dépliante en couleurs. Internet Archive
** Joseph Cooper.- Un continent perdu; ou, L'esclavage et la traite en Afrique, 1876.

D'ailleurs l'esclavage aussi n'est-il pas un crime envers l'humanité, et à ce titre tous les hommes et tous les pays n'ont-ils pas le droit d'exercer contre lui leur autorité morale? Enfin quelques personnes se plaisent à décrire l'esclavage comme …

« Mais la traite aujourd'hui est en Afrique une institution nationale : faudra-t-il contester la justice des efforts tentés par tous les peuples pour la réprimer, et y verra-t-on un crime de lèse-humanité ? D'ailleurs lesclavage aussi n'est-il pas un crime envers l'humanité, et à ce titre tous les hommes et tous les pays n'ont-ils pas le droit d'exercer contre lui leur autorité morale ? »
— Joseph Cooper, Un continent perdu, ou L'esclavage et la traite en Afrique (1875) : avec quelques observations sur la manière dont ils se pratiquent en Asie et dans d'autres contrées sous le nom de système contractuel de la main-d'oeuvre, Hachette et Longman, Paris et Londres, , 1875-1876[7].

1879 - Laisser expirer de besoins son frère est un crime envers l'humanité[modifier | modifier le wikicode]

Louis Jean Baptiste de Tourreil.- Religion fusionienne, ou, Doctrine de l'universalisation réalisant ..., 1879, page 426
...c'est imiter l'avare qui laisse expirer de besoins son frère près de lui, quand il pourrait le conserver à la vie en lui donnant un peu de ce qu'il a en abondance. Une pareille conduite est un crime envers l'humanité, un crime envers Dieu : et quiconque a compris la véritable loi de solidarité que nous enseignons, ne voudrait pas pour tout l’or du monde s'en rendre coupable.


1923 - Crime envers l'humanité et envers l'histoire[modifier | modifier le wikicode]

"Le rajah de Kolapur, de ce crime envers l'humanité et envers l'histoire". Jules Gervais-Courtellemont, La Civilisation. Histoire sociale de l'humanité, Le Vasseur et cie, Paris et Courtrai, , Volume 3, page 351, 1923

2021 - collectif, Le Lexique des réparations de l'esclavage[modifier | modifier le wikicode]

  • 2021 - collectif, Le Lexique des réparations de l'esclavage, Karthala, 148  p. (ISBN 2-8111-2904-9)Voir et modifier les données sur Wikidata

« Dans les travaux préparatoires au décret d'abolition de l'esclavage de 1848, celui-ci est présenté comme une « réparation au crime de lèse-humanité » qu'a constitué l'esclavage. »
— 2021 - collectif, Le Lexique des réparations de l'esclavage, Karthala, 148  p. (ISBN 2-8111-2904-9)Voir et modifier les données sur Wikidata, p. 31.

  1. Pline l'Ancien, Désiré Nisard.- Histoire naturelle de Pline, Volume 2, Livre XXXIII, page 399 & ss., 1850.
  2. Florence Gauthier.- L’aristocratie de l’épiderme : Le combat de la Société des Citoyens de Couleur, 1789-1791.
  3. Jean de Dieu-Raimond Boisgelin de Cuce.- Discours prononcés dans l'Académie françoise, le jeudi 29 février 1776, à la réception de M. De Boisgelin, archevêque d'Aix, 1776 : Il lui reste aujourd'hui d'avoir perfectionné les Lois, d'avoir favorisé les Lettres, & d'avoir rétracté la grande erreur de son règne, page 6
  4. Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau, Des Lettres de cachet et des prisons d'état, page 315
  5. Jean-Baptiste Rouvellat de Cussac.- Situation des esclaves dans les colonies françaises
  6. R.P. Lacordaire, ouvrage cité T II p. 107
  7. Joseph Cooper.- Un continent perdu ou l’esclavage et le traite en Afrique, 1875.